Bien définir le néolibéralisme
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Bien définir le néolibéralisme
Le terme « néolibéral » est couramment employé pour dénoncer certaines politiques économiques et sociales. Toutefois, cette vulgarisation s’accompagne d’un flou autour de son sens, flou exploité par les thuriféraires du néolibéralisme. Il convient donc de réintroduire rigueur et précision quant à sa signification.
Le mot « néolibéralisme » désigne un complexe constitué de deux composantes : un bloc idéologique d’une part, et un ensemble de pratiques de l’autre.
a. Un bloc idéologique divisé en courants hétérogènes
S’il fallait faire la généalogie du néolibéralisme, celle-ci débuterait dans l’entre-deux guerres au sein du domaine des sciences sociales, plus particulièrement celui de la science économique, et il aurait comme génitrices ce qu’il est de coutume d’appeler l’Ecole Autrichienne d’Economie et l’Ecole de Fribourg, auxquelles viendra s’ajouter à partir des années 60 l’Ecole de Chicago. Toutefois, il ne faut pas commettre l’erreur de penser que le néolibéralisme est l’agrégat de ces trois écoles ni même une synthèse de celles-ci, tant il existe des divergences fondamentales entre elles sur les plans épistémologique et méthodologique1 (place de l’État, nature et fonction de la monnaie, rôle des Banques centrales, usage des statistiques, des modèles mathématiques et des études empiriques dans la science économique, par exemple) . C’est plutôt l’ensemble des croyances, postulats et principes qui constituent le noyau idéologique partagé par ces trois Ecoles.
Croyances et postulats :
- Le marché est le meilleur moyen d’allocation des ressources
- Le secteur privé est plus efficient que le secteur public
- La concurrence est le processus optimal pour réguler les échanges marchands et les relations inter-individuelles
- Il existe une inégalité entre individus intrinsèque, il y a ceux capables d’action, d’invention (les producteurs) et les autres (les assistés)
- Il existe des « lois naturelles » qui gouvernent l’économie
Principes :
- Célébration de la propriété privée qui doit être à tout prix protégée.
- Préférence pour le contrat par rapport à la loi
- Interprétation des relations inter-individuelle comme relation contractuelle
- Culte de l’entrepreneur, du self-made-man, capable de forger son destin et surtout d’élever le reste de la population grâce à ses idées, sa production.
- « Naturalisation » de la propriété privée, du marché, de la concurrence, des inégalités.
b. La praxis néolibérale
J’ai dit précédemment que l’idéologie néolibérale affirmait que la propriété privée, le marché, la concurrence, les inégalités étaient des phénomènes naturels et que l’économie obéissait à des lois elles aussi naturelles (qu’elles soient purement logiques ou empirico-logique). Paradoxalement cela permet au néolibéralisme de justifier des politiques en prétendant qu’il n’y en a pas d’autres possibles, discours symbolisé par l’emblématique TINA (There Is No Alternative) de Margaret Thatcher.
Je dis « paradoxalement » car il est évident que si les choses étaient aussi « naturelles » que le prétendent les néolibéraux, ils n’auraient pas besoin de mettre en place, ou de faire pression pour mettre en place, les politiques qu’ils affectionnent comme la libéralisation des échanges, la flexibilisation du droit du travail, la compression du coût du travail, la dérégulation des flux financiers.
La prédilection de la praxis néolibérale pour les dispositifs bureaucratiques2 censés améliorer ou permettre le bon fonctionnement du marché contredit également la conception naturalisante évoquée précédemment. Par « dispositifs bureaucratiques », je fais référence à ces organismes publics, semi-publics ou privés chargés de faire en forte et vérifier que la concurrence soit bien « libre et non faussée », de définir des normes afin de rendre l’environnement économique conforme aux règles du marché et propice à l’entreprise (pensons aux normes ISO de l’Organisation internationale de normalisation, organisme public ou bien aux normes IFRS de l’International Accounting Standards Board, organisme privé), de délivrer des certifications (cabinets d’audit privés), ou encore au juridisme qui accompagne les contrats d’externalisation ou les dossiers d’appels d’offre (et qui a donné naissance à des entreprises spécialisées dans ces domaines).
Le néolibéralisme a également bouleversé les rapports au sein du monde de l’entreprise en instaurant une compétition (faussement appelée « concurrence ») entre les salariés, les services et les établissements d’un même groupe. Concrètement cela passe par la rémunération dite au mérite et à la performance (il ne s’agit plus pour le salarié de simplement effectuer les tâches prévues dans son contrat mais de les accomplir en faisant « mieux » que la moyenne), par les contrats précaires, la sous-traitance ou le recours à l'auto-entreprenariat (pour exercer une pression à la baisse sur les salaires et le droit du travail). Paradoxalement ce mode de management a pour corollaire un surcroît de bureaucratie via le juridisme accompagnant les contrats d'externalisation, la mise en place d’indicateurs standardisés, de procédures formelles qui vont « découper » le réel en catégories bureaucratiques et empêcher d’en saisir la complexité (pensez aux questionnaires de satisfaction standardisés, ou les appels sur des lignes téléphoniques pour un info ou un dépannage qui obéissent à un protocole ultra-normé) afin de pouvoir évaluer la "performance" et classer les salariés.
Une autre tendance inhérente au néolibéralisme est sa propension à étendre et imposer le modèle marché-concurrence-entreprise à tous les pans de la vie économique et sociale.
Prenons le cas emblématique du secteur public, qui est par nature un secteur hors-marché. Au sein de celui-ci s’est imposé le New Public Management (NPM) qui a importé les techniques de management évoqué ci-dessus.
Autre illustration, celui de l’économie ironiquement nommée « de partage », pensez par exemple aux applications web de covoiturage (type Blabacar), de location (type Air’Bnb) ou de vente d’occasion (type Leboncoin). Contrairement à ce que laisse entendre le mot « partage », ces services obéissent totalement à l’ordre marchand. Il n’y a en réalité aucun partage, seulement des transactions monétaires, une offre , une demande et des prix libres. On retrouve également la concurrence-compétition caractéristique du néolibéralisme notamment via les systèmes de notation mis en place par les plateformes obligeant ainsi chaque acteur à être « le meilleur »pour que la transaction se fasse au meilleur prix possible. Un système qui, on le voit, n’a pas grand-chose de commun avec les valeurs qui viennent à l’esprit lorsqu’on évoque le partage : la confiance, le désintéressement, le profit inexistant, la transaction non-monétaire, parmi d’autres. Ceci étant, il existe des plateformes vraiment de partage mais elles n’ont pas la notoriété de celles précédemment citées.
Enfin, pour montrer à quel point la praxis néolibérale a envahi nos vies, même dans des domaines auxquels on ne pense pas spontanément comme obéissant à l’ordre marchand, quoi de mieux que de s’intéresser aux relations amoureuses. Ce n’est pas tant la multiplication des sites web ou applications de rencontre amoureuses ou érotiques que leur mode de fonctionnement qui fait penser à celui du marché néolibéral : une offre, une demande, une concurrence-compétition qui passe par un certain nombre de codes et règles informelles plus au moins tacites ou encore par un filtrage algorithmique des profils des utilisateurs (pour trouver « le meilleur »). Et s’il n’y a pas de transactions monétaires directes entre les personnes, il n’en reste pas moins qu’en règle générale les services sont payants, tout au moins certaines fonctionnalités qui permettent d’améliorer les chances de rencontre.
La dernière caractéristique de la praxis néolibérale que je vais évoquée concerne le domaine de l’éducation. Je m’appuie pour cela sur les travaux de Christian Laval et plus particulièrement sur son livre La Nouvelle école capitaliste dans lequel il montre que le néolibéralisme transforme l’institution scolaire tant dans sa fonction sociale que dans le contenu pédagogique et les méthodes d’apprentissage. Il explique que jusqu’aux années 90, l’Ecole disposait d’une certaine autonomie vis à vis des intérêts économiques ainsi que du monde de l’entreprise et de l’industrie et conservait comme mission, peut-être idéalisée, de former l’esprit, la réflexion en général, dans un but d’émancipation de l’individu (idéal hérité des Lumières et notamment de Nicolas de Condorcet3). Or, depuis, une série de réforme a brisé cette relative indépendance en conférant à l’Ecole une mission qui va supplanter les autres : fabriquer et développer l’employabilité des élèves-futurs-travailleurs.
Cette irruption du néolibéralisme dans le monde de l’éducation est symbolisé par l’avènement de la notion de compétence, importée de la pratique managériale. Il ne s’agit plus pour les enseignants de partager, diffuser des savoirs mais de faire en sorte que les élèves acquièrent des capacités d’action afin de résoudre des problèmes censés refléter des situations de la vie réelle et plus particulièrement de la vie professionnelle. Ce basculement découle du développement de la notion de « capital humain » par le sociologue et économiste américain Gary Becker au cours des années 1960-19704. L’expression est censée désigner le « stock » composé des connaissances, des qualifications et des atouts personnels de chaque individu. Il s’agit alors pour ce dernier de faire fructifier ce capital, en d’obtenir un rendement maximal monétaire (revenu) et non monétaire (satisfaction dans le métier, stabilité de l’emploi, tout ce qui est susceptible d’augmenter le bien-être). Principale conséquence de cette nouvelle conception : les établissements scolaires deviennent de banales entreprises spécialisées dans la production de « compétences ». Pour reprendre une expression célèbre, l’individu doit devenir « entrepreneur de lui-même ». L’élève doit se considérer le plus tôt possible comme une marchandise à la recherche d’un acheteur et apprendre à se vendre.
Revenons maintenant sur l’Ecole par compétences. Pour améliorer leur employabilité, les élèves doivent être « sensibilisés » à la « culture d’entreprise », convertis aux vertus du marché, aux bienfaits de la mondialisation et aux « valeurs de l’entreprise ». Cela passe aussi bien par un lobbying pour modifier les programmes de Sciences Economiques, que par des partenariats Ecole-entreprise plus nombreux, notamment via des interventions en milieu scolaire, des visites d’entreprises ou carrément des stages5. L’OCDE va même jusqu’à promouvoir ce qu’elle nomme « l’éducation finanicère »6 aussi tôt que possible dans le cursus scolaire au plus grand plaisir de Citigroup (mastodonte financier) qui propose « des programmes de qualité et d’efficacité reconnues, qui débutent dès le jardin d’enfants et vont jusqu’à l’âge adulte »7 ou encore au CIC qui, il y a quelques années, proposait un jeu à destination de collégiens et lycéens dans lequel les élèves étaient placés dans le rôle d’ »experts boursiers », « de petits génies de la finance »8. Enfin, pour devenir un employé modèle et comme explicité dans la notion de compétence (à travers ce qui est nommé de façon pontifiante « savoir-être ») l’élève va devoir apprendre à avoir le « bon » comportement qui lui permettra de se valoriser sur le marché du travail et au sein du monde de l’entreprise, l’attitude adéquate attendue de tout employé au sein du monde de l’entreprise : « autonomie, sociabilité, initiative, « bon esprit », etc.
J’ai tenté d’apporter un peu de clarté et de rigueur à cette notion maintes fois employée mais trop peu souvent bien définie qu’est « néolibéralisme ». J’espère que le lecteur en sera satisfait. Il est évident que toute critique, remarque ou élément permettant de préciser ou d’améliorer ce qui vient d’être écrit sera le bienvenu.
Notes :
1 Pour davantage de détails on pourra lire Les Paradigmes du néolibéralisme de Serge Audier.2 Sur le sujet on pourra lire l’excellent lire de Béatrice Hibou La Bureaucratisation du monde à l’ère néolibérale, publiée aux éditions La Découverte.
3 Esquisse d’un tableau historique des progrès humains, Nicolas de Condorcet, 1795.
5 Gary Becker, Human Capital. A theorical and empirical analysis with special reference to education, The Chicago University Press, 1975.
5 Christian Laval donne les exemples d’Accor, Veolia et Total dans La Nouvelle école capitaliste, La Découverte, 2012, p. 199. Un autre exemple (Coca-Cola) est donné par Christian Laval et Régine Tassi dans Enseigner l’entreprise. Nouveau catéchisme et esprit scientifique, Comprendre et Agir, 2005, p. 62-63.
6 Pour de meilleures compétences financières. Principes, programmes et bonnes pratiques, OCDE, Paris, 2005 in C. Laval, op.cit
7 Propos rapportés par L’Observateur de l’OCDE, n° 255, mai 2006.
8 Christian Laval et Régine Tassi, Enseigner l’entreprise. Nouveau catéchisme et esprit scientifique, Comprendre et Agir, 2005, p. 62.
Le mot « néolibéralisme » désigne un complexe constitué de deux composantes : un bloc idéologique d’une part, et un ensemble de pratiques de l’autre.
a. Un bloc idéologique divisé en courants hétérogènes
S’il fallait faire la généalogie du néolibéralisme, celle-ci débuterait dans l’entre-deux guerres au sein du domaine des sciences sociales, plus particulièrement celui de la science économique, et il aurait comme génitrices ce qu’il est de coutume d’appeler l’Ecole Autrichienne d’Economie et l’Ecole de Fribourg, auxquelles viendra s’ajouter à partir des années 60 l’Ecole de Chicago. Toutefois, il ne faut pas commettre l’erreur de penser que le néolibéralisme est l’agrégat de ces trois écoles ni même une synthèse de celles-ci, tant il existe des divergences fondamentales entre elles sur les plans épistémologique et méthodologique1 (place de l’État, nature et fonction de la monnaie, rôle des Banques centrales, usage des statistiques, des modèles mathématiques et des études empiriques dans la science économique, par exemple) . C’est plutôt l’ensemble des croyances, postulats et principes qui constituent le noyau idéologique partagé par ces trois Ecoles.
Croyances et postulats :
- Le marché est le meilleur moyen d’allocation des ressources
- Le secteur privé est plus efficient que le secteur public
- La concurrence est le processus optimal pour réguler les échanges marchands et les relations inter-individuelles
- Il existe une inégalité entre individus intrinsèque, il y a ceux capables d’action, d’invention (les producteurs) et les autres (les assistés)
- Il existe des « lois naturelles » qui gouvernent l’économie
Principes :
- Célébration de la propriété privée qui doit être à tout prix protégée.
- Préférence pour le contrat par rapport à la loi
- Interprétation des relations inter-individuelle comme relation contractuelle
- Culte de l’entrepreneur, du self-made-man, capable de forger son destin et surtout d’élever le reste de la population grâce à ses idées, sa production.
- « Naturalisation » de la propriété privée, du marché, de la concurrence, des inégalités.
b. La praxis néolibérale
J’ai dit précédemment que l’idéologie néolibérale affirmait que la propriété privée, le marché, la concurrence, les inégalités étaient des phénomènes naturels et que l’économie obéissait à des lois elles aussi naturelles (qu’elles soient purement logiques ou empirico-logique). Paradoxalement cela permet au néolibéralisme de justifier des politiques en prétendant qu’il n’y en a pas d’autres possibles, discours symbolisé par l’emblématique TINA (There Is No Alternative) de Margaret Thatcher.
Je dis « paradoxalement » car il est évident que si les choses étaient aussi « naturelles » que le prétendent les néolibéraux, ils n’auraient pas besoin de mettre en place, ou de faire pression pour mettre en place, les politiques qu’ils affectionnent comme la libéralisation des échanges, la flexibilisation du droit du travail, la compression du coût du travail, la dérégulation des flux financiers.
La prédilection de la praxis néolibérale pour les dispositifs bureaucratiques2 censés améliorer ou permettre le bon fonctionnement du marché contredit également la conception naturalisante évoquée précédemment. Par « dispositifs bureaucratiques », je fais référence à ces organismes publics, semi-publics ou privés chargés de faire en forte et vérifier que la concurrence soit bien « libre et non faussée », de définir des normes afin de rendre l’environnement économique conforme aux règles du marché et propice à l’entreprise (pensons aux normes ISO de l’Organisation internationale de normalisation, organisme public ou bien aux normes IFRS de l’International Accounting Standards Board, organisme privé), de délivrer des certifications (cabinets d’audit privés), ou encore au juridisme qui accompagne les contrats d’externalisation ou les dossiers d’appels d’offre (et qui a donné naissance à des entreprises spécialisées dans ces domaines).
Le néolibéralisme a également bouleversé les rapports au sein du monde de l’entreprise en instaurant une compétition (faussement appelée « concurrence ») entre les salariés, les services et les établissements d’un même groupe. Concrètement cela passe par la rémunération dite au mérite et à la performance (il ne s’agit plus pour le salarié de simplement effectuer les tâches prévues dans son contrat mais de les accomplir en faisant « mieux » que la moyenne), par les contrats précaires, la sous-traitance ou le recours à l'auto-entreprenariat (pour exercer une pression à la baisse sur les salaires et le droit du travail). Paradoxalement ce mode de management a pour corollaire un surcroît de bureaucratie via le juridisme accompagnant les contrats d'externalisation, la mise en place d’indicateurs standardisés, de procédures formelles qui vont « découper » le réel en catégories bureaucratiques et empêcher d’en saisir la complexité (pensez aux questionnaires de satisfaction standardisés, ou les appels sur des lignes téléphoniques pour un info ou un dépannage qui obéissent à un protocole ultra-normé) afin de pouvoir évaluer la "performance" et classer les salariés.
Une autre tendance inhérente au néolibéralisme est sa propension à étendre et imposer le modèle marché-concurrence-entreprise à tous les pans de la vie économique et sociale.
Prenons le cas emblématique du secteur public, qui est par nature un secteur hors-marché. Au sein de celui-ci s’est imposé le New Public Management (NPM) qui a importé les techniques de management évoqué ci-dessus.
Autre illustration, celui de l’économie ironiquement nommée « de partage », pensez par exemple aux applications web de covoiturage (type Blabacar), de location (type Air’Bnb) ou de vente d’occasion (type Leboncoin). Contrairement à ce que laisse entendre le mot « partage », ces services obéissent totalement à l’ordre marchand. Il n’y a en réalité aucun partage, seulement des transactions monétaires, une offre , une demande et des prix libres. On retrouve également la concurrence-compétition caractéristique du néolibéralisme notamment via les systèmes de notation mis en place par les plateformes obligeant ainsi chaque acteur à être « le meilleur »pour que la transaction se fasse au meilleur prix possible. Un système qui, on le voit, n’a pas grand-chose de commun avec les valeurs qui viennent à l’esprit lorsqu’on évoque le partage : la confiance, le désintéressement, le profit inexistant, la transaction non-monétaire, parmi d’autres. Ceci étant, il existe des plateformes vraiment de partage mais elles n’ont pas la notoriété de celles précédemment citées.
Enfin, pour montrer à quel point la praxis néolibérale a envahi nos vies, même dans des domaines auxquels on ne pense pas spontanément comme obéissant à l’ordre marchand, quoi de mieux que de s’intéresser aux relations amoureuses. Ce n’est pas tant la multiplication des sites web ou applications de rencontre amoureuses ou érotiques que leur mode de fonctionnement qui fait penser à celui du marché néolibéral : une offre, une demande, une concurrence-compétition qui passe par un certain nombre de codes et règles informelles plus au moins tacites ou encore par un filtrage algorithmique des profils des utilisateurs (pour trouver « le meilleur »). Et s’il n’y a pas de transactions monétaires directes entre les personnes, il n’en reste pas moins qu’en règle générale les services sont payants, tout au moins certaines fonctionnalités qui permettent d’améliorer les chances de rencontre.
La dernière caractéristique de la praxis néolibérale que je vais évoquée concerne le domaine de l’éducation. Je m’appuie pour cela sur les travaux de Christian Laval et plus particulièrement sur son livre La Nouvelle école capitaliste dans lequel il montre que le néolibéralisme transforme l’institution scolaire tant dans sa fonction sociale que dans le contenu pédagogique et les méthodes d’apprentissage. Il explique que jusqu’aux années 90, l’Ecole disposait d’une certaine autonomie vis à vis des intérêts économiques ainsi que du monde de l’entreprise et de l’industrie et conservait comme mission, peut-être idéalisée, de former l’esprit, la réflexion en général, dans un but d’émancipation de l’individu (idéal hérité des Lumières et notamment de Nicolas de Condorcet3). Or, depuis, une série de réforme a brisé cette relative indépendance en conférant à l’Ecole une mission qui va supplanter les autres : fabriquer et développer l’employabilité des élèves-futurs-travailleurs.
Cette irruption du néolibéralisme dans le monde de l’éducation est symbolisé par l’avènement de la notion de compétence, importée de la pratique managériale. Il ne s’agit plus pour les enseignants de partager, diffuser des savoirs mais de faire en sorte que les élèves acquièrent des capacités d’action afin de résoudre des problèmes censés refléter des situations de la vie réelle et plus particulièrement de la vie professionnelle. Ce basculement découle du développement de la notion de « capital humain » par le sociologue et économiste américain Gary Becker au cours des années 1960-19704. L’expression est censée désigner le « stock » composé des connaissances, des qualifications et des atouts personnels de chaque individu. Il s’agit alors pour ce dernier de faire fructifier ce capital, en d’obtenir un rendement maximal monétaire (revenu) et non monétaire (satisfaction dans le métier, stabilité de l’emploi, tout ce qui est susceptible d’augmenter le bien-être). Principale conséquence de cette nouvelle conception : les établissements scolaires deviennent de banales entreprises spécialisées dans la production de « compétences ». Pour reprendre une expression célèbre, l’individu doit devenir « entrepreneur de lui-même ». L’élève doit se considérer le plus tôt possible comme une marchandise à la recherche d’un acheteur et apprendre à se vendre.
Revenons maintenant sur l’Ecole par compétences. Pour améliorer leur employabilité, les élèves doivent être « sensibilisés » à la « culture d’entreprise », convertis aux vertus du marché, aux bienfaits de la mondialisation et aux « valeurs de l’entreprise ». Cela passe aussi bien par un lobbying pour modifier les programmes de Sciences Economiques, que par des partenariats Ecole-entreprise plus nombreux, notamment via des interventions en milieu scolaire, des visites d’entreprises ou carrément des stages5. L’OCDE va même jusqu’à promouvoir ce qu’elle nomme « l’éducation finanicère »6 aussi tôt que possible dans le cursus scolaire au plus grand plaisir de Citigroup (mastodonte financier) qui propose « des programmes de qualité et d’efficacité reconnues, qui débutent dès le jardin d’enfants et vont jusqu’à l’âge adulte »7 ou encore au CIC qui, il y a quelques années, proposait un jeu à destination de collégiens et lycéens dans lequel les élèves étaient placés dans le rôle d’ »experts boursiers », « de petits génies de la finance »8. Enfin, pour devenir un employé modèle et comme explicité dans la notion de compétence (à travers ce qui est nommé de façon pontifiante « savoir-être ») l’élève va devoir apprendre à avoir le « bon » comportement qui lui permettra de se valoriser sur le marché du travail et au sein du monde de l’entreprise, l’attitude adéquate attendue de tout employé au sein du monde de l’entreprise : « autonomie, sociabilité, initiative, « bon esprit », etc.
J’ai tenté d’apporter un peu de clarté et de rigueur à cette notion maintes fois employée mais trop peu souvent bien définie qu’est « néolibéralisme ». J’espère que le lecteur en sera satisfait. Il est évident que toute critique, remarque ou élément permettant de préciser ou d’améliorer ce qui vient d’être écrit sera le bienvenu.
Notes :
1 Pour davantage de détails on pourra lire Les Paradigmes du néolibéralisme de Serge Audier.2 Sur le sujet on pourra lire l’excellent lire de Béatrice Hibou La Bureaucratisation du monde à l’ère néolibérale, publiée aux éditions La Découverte.
3 Esquisse d’un tableau historique des progrès humains, Nicolas de Condorcet, 1795.
5 Gary Becker, Human Capital. A theorical and empirical analysis with special reference to education, The Chicago University Press, 1975.
5 Christian Laval donne les exemples d’Accor, Veolia et Total dans La Nouvelle école capitaliste, La Découverte, 2012, p. 199. Un autre exemple (Coca-Cola) est donné par Christian Laval et Régine Tassi dans Enseigner l’entreprise. Nouveau catéchisme et esprit scientifique, Comprendre et Agir, 2005, p. 62-63.
6 Pour de meilleures compétences financières. Principes, programmes et bonnes pratiques, OCDE, Paris, 2005 in C. Laval, op.cit
7 Propos rapportés par L’Observateur de l’OCDE, n° 255, mai 2006.
8 Christian Laval et Régine Tassi, Enseigner l’entreprise. Nouveau catéchisme et esprit scientifique, Comprendre et Agir, 2005, p. 62.
Sagesse Libérale- Postulant
- Messages : 217
Date d'inscription : 03/08/2021
Re: Bien définir le néolibéralisme
- Le secteur privé est plus efficient que le secteur public
Morale officielle, en vérité c'est plus compliqué, car tous les stratagèmes sont bon pour récolter de l'argent publique, voler l'état.
- « Naturalisation » de la propriété privée, du marché, de la concurrence, des inégalités.
La côté naturaliste/physiocrates de l'idéologie est le point qui méritrait d'être le plsu dévloppé.
Non seulement car elle produise un comportement de prédateur, un retour à l'instinct animal, en plus de justifier par le mathusianisme des positions OBJECTIVEMENTS amorales/immorales.
Mais parce-qu'on est obligé d’obéir aux lois "naturelles" du marché, c'est comme si Einstein ou Newton nous demandait de respecter la gravité.
Cela démontre les limites de ce qu'il appellent liberté, et l'aspect pseudo scientifique donc scientiste de leur "science économique."
Et pour ça que Karl Popper s’attaque à l'ignoble Dialectique de Hegel Marx voir carrément celle de Kant pour lui substituer l'empiriocriticisme.
Source de tout scientisme. Tout ça dans le but que cette pseudo science ne soit pas bouleversé chamboulé et contredite.
D'ailleurs j'attends toujours qu'Esculape vienne débattre de l'empirisme logique avec moi !
Morale officielle, en vérité c'est plus compliqué, car tous les stratagèmes sont bon pour récolter de l'argent publique, voler l'état.
- « Naturalisation » de la propriété privée, du marché, de la concurrence, des inégalités.
La côté naturaliste/physiocrates de l'idéologie est le point qui méritrait d'être le plsu dévloppé.
Non seulement car elle produise un comportement de prédateur, un retour à l'instinct animal, en plus de justifier par le mathusianisme des positions OBJECTIVEMENTS amorales/immorales.
Mais parce-qu'on est obligé d’obéir aux lois "naturelles" du marché, c'est comme si Einstein ou Newton nous demandait de respecter la gravité.
Cela démontre les limites de ce qu'il appellent liberté, et l'aspect pseudo scientifique donc scientiste de leur "science économique."
Et pour ça que Karl Popper s’attaque à l'ignoble Dialectique de Hegel Marx voir carrément celle de Kant pour lui substituer l'empiriocriticisme.
Source de tout scientisme. Tout ça dans le but que cette pseudo science ne soit pas bouleversé chamboulé et contredite.
D'ailleurs j'attends toujours qu'Esculape vienne débattre de l'empirisme logique avec moi !
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Bien définir le néolibéralisme
Dans l'ensemble c'est bien définit quoi que un peu long et vu sous l'angle principalement économique. Un extrait ou deux à critiquer:
Le néolibéralisme si c'est la partie pratique que vous décrivez, alors il y'a toujours un décalage énorme entre la théorie et la pratique. La politique utilise le terme de compétitivité repris à l'économie.
Concrètement la concurrence est tellement faussée que je ne comprends toujours pas pourquoi on part de modèles économiques basés sur une concurrence pure et parfaite ou non faussée.
La science économique est tellement obsolète sur toutes les questions de rapports économiques soit disant parce qu'elle cherche à être la plus objective possible. Même les statistiques ou mathématiques qui doivent donner le sérieux à cette discipline sont parfois tellement idiotes et relèvent de fantasmes d'universitaires, d'académiciens qui se confortent dans leurs théories ou leurs pratiques parce qu'elles sont empiristes et utilisées.
Revenons au centre du sujet, effectivement le libéralisme impose également à l'éducation ses modèles car sa vocation peut parfois remplacer le privé par le public. Son omniprésence fait non seulement un remplacement mais une disparition des méthodes de transmission, le public se calquant même sur le privé pour ensuite diffuser son idéologie.
Vous prenez l'exemple de Blabla car, la start-up nation résume bien l'idée fixe de la novlangue qui consiste à "marchandiser" tout échange, transaction, entre le consommateur et le producteur de services.
Point important, le citoyen n'est plus un citoyen mais un consommateur potentiel, voyez à nouveau l'emprise de l'économie sur la socialisation de l'individu. Des sociologues comme Durkheim parlait déjà de l'importance de la sociologie de l'individu dans l'entreprise, de son aspect organisationnel et du rôle de la formation.
Rappelons que le libéralisme détruit toute capacité créatrice dont parlait également Schumpeter. La destruction créatrice qui s'appliquait aux produits au XXème siècle montrait qu'il fallait à un moment T détruire pour innover. Appliquez-le maintenant à l'individu et vous êtes alors dans la destruction de la valeur ajoutée de l'individu afin de créer à nouveau une nouvelle valeur ajoutée. Dans cette logique, l'Université n'a plus sa place et il faudrait supprimer l'ensemble des universités qui ne répondent plus aux exigences du marché libéral.
Ensuite vous dîtes, l'élève doit se vendre, donc l'école avant même l'obtention d'un diplôme extra scolaire doit faire de l'écolier une marchandise. On retombe à nouveau dans la valeur marchande que Marx et Hegel exposaient déjà dans le manifeste du parti communiste.
Le Néo-libéralisme s'étend à la fois avec les politique étatiques et les entreprises privées (vous avez dit lobbying). Ce que les lecteurs de journaux ou électeurs etc.. ne comprennent pas c'est qu'ils participent à cette exploitation libérale par le bais même de leurs impôts. L'impôt qui avait auparavant pour objectif de donner un sentiment démocratique et d'une justice car proportionnelle n'a plus de sens dans ce système biaisé.
D'un autre côté, il parait normale (mot libéral légitime) de préparer des élèves en leur inculquant des compétences professionnelles mais cette aspect existait déjà avec le bac professionnel. Ce qui pose problème c'est de croire qu'un système privé sera plus bénéfique qu'un système public alors que l'essentiel se joue sur le développement de compétences spécifiques à un métier.
La spécialisation des compétences relève tantôt de concours sélectif mais également sur une forme méritocratique et/ou de réseau et/ou de cooptation. Le sociologue Becker lorsqu'il parle de capital humain ne prend pas en compte l'ensemble des paramètres qui définissent une société ou la concurrence est non faussée, ou le rapport social définit la place de l'individu, il parle de capital culturel comme le sociologue Bourdieu.
Le capital culturel n'est qu'un leurre, le capital culturel peut être rattrapé par une mémorisation continue d'un ensemble catégoriel déjà définit lors d'un concours administratif par exemple. L'essentiel des dysfonctionnements pour reprendre un terme politique, est principalement social. La place qu'occupe un individu dans la société ne dépend pas uniquement de ses compétences mais de la renommé de son école, du prestige de ses enseignants et du réseau qu'elle a su tisser à travers le temps. Ce qui transpire c'est le choix d'une société binaire ou d'un côté vous avez les moyens d'obtenir une place plus ou moins importante sur le marché du travail et de l'autre, vous n'avez pas les moyens d'obtenir cette place et vous devez passez par le crédit.
Et vous revenez au système de crédit qui enrichit à nouveau ce système libéral. On constate ainsi l'auto alimentation du libéral
Sagesse liberale a écrit:Le néolibéralisme a également bouleversé les rapports au sein du monde de l’entreprise en instaurant une compétition (faussement appelée « concurrence ») entre les salariés, les services et les établissements d’un même groupe. Concrètement cela passe par la rémunération dite au mérite et à la performance (il ne s’agit plus pour le salarié de simplement effectuer les tâches prévues dans son contrat mais de les accomplir en faisant « mieux » que la moyenne), par les contrats précaires, la sous-traitance ou le recours à l'auto-entreprenariat (pour exercer une pression à la baisse sur les salaires et le droit du travail).
Le néolibéralisme si c'est la partie pratique que vous décrivez, alors il y'a toujours un décalage énorme entre la théorie et la pratique. La politique utilise le terme de compétitivité repris à l'économie.
Concrètement la concurrence est tellement faussée que je ne comprends toujours pas pourquoi on part de modèles économiques basés sur une concurrence pure et parfaite ou non faussée.
La science économique est tellement obsolète sur toutes les questions de rapports économiques soit disant parce qu'elle cherche à être la plus objective possible. Même les statistiques ou mathématiques qui doivent donner le sérieux à cette discipline sont parfois tellement idiotes et relèvent de fantasmes d'universitaires, d'académiciens qui se confortent dans leurs théories ou leurs pratiques parce qu'elles sont empiristes et utilisées.
Revenons au centre du sujet, effectivement le libéralisme impose également à l'éducation ses modèles car sa vocation peut parfois remplacer le privé par le public. Son omniprésence fait non seulement un remplacement mais une disparition des méthodes de transmission, le public se calquant même sur le privé pour ensuite diffuser son idéologie.
Vous prenez l'exemple de Blabla car, la start-up nation résume bien l'idée fixe de la novlangue qui consiste à "marchandiser" tout échange, transaction, entre le consommateur et le producteur de services.
Point important, le citoyen n'est plus un citoyen mais un consommateur potentiel, voyez à nouveau l'emprise de l'économie sur la socialisation de l'individu. Des sociologues comme Durkheim parlait déjà de l'importance de la sociologie de l'individu dans l'entreprise, de son aspect organisationnel et du rôle de la formation.
Rappelons que le libéralisme détruit toute capacité créatrice dont parlait également Schumpeter. La destruction créatrice qui s'appliquait aux produits au XXème siècle montrait qu'il fallait à un moment T détruire pour innover. Appliquez-le maintenant à l'individu et vous êtes alors dans la destruction de la valeur ajoutée de l'individu afin de créer à nouveau une nouvelle valeur ajoutée. Dans cette logique, l'Université n'a plus sa place et il faudrait supprimer l'ensemble des universités qui ne répondent plus aux exigences du marché libéral.
Ensuite vous dîtes, l'élève doit se vendre, donc l'école avant même l'obtention d'un diplôme extra scolaire doit faire de l'écolier une marchandise. On retombe à nouveau dans la valeur marchande que Marx et Hegel exposaient déjà dans le manifeste du parti communiste.
Le Néo-libéralisme s'étend à la fois avec les politique étatiques et les entreprises privées (vous avez dit lobbying). Ce que les lecteurs de journaux ou électeurs etc.. ne comprennent pas c'est qu'ils participent à cette exploitation libérale par le bais même de leurs impôts. L'impôt qui avait auparavant pour objectif de donner un sentiment démocratique et d'une justice car proportionnelle n'a plus de sens dans ce système biaisé.
D'un autre côté, il parait normale (mot libéral légitime) de préparer des élèves en leur inculquant des compétences professionnelles mais cette aspect existait déjà avec le bac professionnel. Ce qui pose problème c'est de croire qu'un système privé sera plus bénéfique qu'un système public alors que l'essentiel se joue sur le développement de compétences spécifiques à un métier.
La spécialisation des compétences relève tantôt de concours sélectif mais également sur une forme méritocratique et/ou de réseau et/ou de cooptation. Le sociologue Becker lorsqu'il parle de capital humain ne prend pas en compte l'ensemble des paramètres qui définissent une société ou la concurrence est non faussée, ou le rapport social définit la place de l'individu, il parle de capital culturel comme le sociologue Bourdieu.
Le capital culturel n'est qu'un leurre, le capital culturel peut être rattrapé par une mémorisation continue d'un ensemble catégoriel déjà définit lors d'un concours administratif par exemple. L'essentiel des dysfonctionnements pour reprendre un terme politique, est principalement social. La place qu'occupe un individu dans la société ne dépend pas uniquement de ses compétences mais de la renommé de son école, du prestige de ses enseignants et du réseau qu'elle a su tisser à travers le temps. Ce qui transpire c'est le choix d'une société binaire ou d'un côté vous avez les moyens d'obtenir une place plus ou moins importante sur le marché du travail et de l'autre, vous n'avez pas les moyens d'obtenir cette place et vous devez passez par le crédit.
Et vous revenez au système de crédit qui enrichit à nouveau ce système libéral. On constate ainsi l'auto alimentation du libéral
nik0- Postulant
- Messages : 473
Date d'inscription : 13/06/2021
Re: Bien définir le néolibéralisme
Marx quand à lui prouve que la concurrence "libre et non faussée" est déloyale et la porte ouverte à l'epxloitation.
C'est simplement une course entre le lièvre et la tortue, il n'y a pas d'égalité.
En faîtes beaucoup de ses modèles ne marchent que si la concurrence tourne malgré certains monopoles naissants.
Les néolibéraux on tendance à dire que l'exploitation des travailleurs n'est possible que si une entreprise monopolise le marché du travail.
Marx réponds que non c'est justement quand il y a concurrence libre et non faussée que l'exploitation a lieu.
Un empiriocriticisme (empirisme logique) qui fait fit des sciences politiques et sociales.
La faiblesse de Dukheim est de se limiter à étudier les choses en soi et non les relations qu'ils y a entre ces dîtes choses.
Ce''nest pas plus vrai maintenant qu'aujourd'hui.
Mauvaise interprétation des destruction de capitaux nécessaire pour faire remonter le taux de profit.
Une éducation publique solide avec un bon programme peut remédier à ce genre de problèmes.
École de Friedman, c'est lui qui pousse jusqu'au bout la stratégie de profiter de l'état un maximum (même si ce n'est pas nouveau.)
Hayek voulait une aristocratie de sang.
Si vous êtes marxiste vous savez que les compétence c'est du savoir être la qualification du savoir faire les systèmes privés sont surtout là pour évaluer des compétences, même s'il y a exception.
C'est tout le programme de l'OCDE.
C'est simplement une course entre le lièvre et la tortue, il n'y a pas d'égalité.
En faîtes beaucoup de ses modèles ne marchent que si la concurrence tourne malgré certains monopoles naissants.
Les néolibéraux on tendance à dire que l'exploitation des travailleurs n'est possible que si une entreprise monopolise le marché du travail.
Marx réponds que non c'est justement quand il y a concurrence libre et non faussée que l'exploitation a lieu.
Nik0 a écrit:La science économique est tellement obsolète sur toutes les questions de rapports économiques soit disant parce qu'elle cherche à être la plus objective possible. Même les statistiques ou mathématiques qui doivent donner le sérieux à cette discipline sont parfois tellement idiotes et relèvent de fantasmes d'universitaires, d'académiciens qui se confortent dans leurs théories ou leurs pratiques parce qu'elles sont empiristes et utilisées.
Un empiriocriticisme (empirisme logique) qui fait fit des sciences politiques et sociales.
Niko a écrit:Des sociologues comme Durkheim parlait déjà de l'importance de la sociologie de l'individu dans l'entreprise, de son aspect organisationnel et du rôle de la formation.
La faiblesse de Dukheim est de se limiter à étudier les choses en soi et non les relations qu'ils y a entre ces dîtes choses.
Niko a écrit:Rappelons que le libéralisme détruit toute capacité créatrice dont parlait également Schumpeter. La destruction créatrice qui s'appliquait aux produits au XXème siècle montrait qu'il fallait à un moment T détruire pour innover. Appliquez-le maintenant à l'individu et vous êtes alors dans la destruction de la valeur ajoutée de l'individu afin de créer à nouveau une nouvelle valeur ajoutée. Dans cette logique, l'Université n'a plus sa place et il faudrait supprimer l'ensemble des universités qui ne répondent plus aux exigences du marché libéral.
Ce''nest pas plus vrai maintenant qu'aujourd'hui.
Mauvaise interprétation des destruction de capitaux nécessaire pour faire remonter le taux de profit.
Niko a écrit:Ensuite vous dîtes, l'élève doit se vendre, donc l'école avant même l'obtention d'un diplôme extra scolaire doit faire de l'écolier une marchandise. On retombe à nouveau dans la valeur marchande que Marx et Hegel exposaient déjà dans le manifeste du parti communiste.
Une éducation publique solide avec un bon programme peut remédier à ce genre de problèmes.
Niko a écrit:Le Néo-libéralisme s'étend à la fois avec les politique étatiques et les entreprises privées (vous avez dit lobbying). Ce que les lecteurs de journaux ou électeurs etc.. ne comprennent pas c'est qu'ils participent à cette exploitation libérale par le bais même de leurs impôts. L'impôt qui avait auparavant pour objectif de donner un sentiment démocratique et d'une justice car proportionnelle n'a plus de sens dans ce système biaisé.
École de Friedman, c'est lui qui pousse jusqu'au bout la stratégie de profiter de l'état un maximum (même si ce n'est pas nouveau.)
Hayek voulait une aristocratie de sang.
Niko a écrit:D'un autre côté, il parait normale (mot libéral légitime) de préparer des élèves en leur inculquant des compétences professionnelles mais cette aspect existait déjà avec le bac professionnel. Ce qui pose problème c'est de croire qu'un système privé sera plus bénéfique qu'un système public alors que l'essentiel se joue sur le développement de compétences spécifiques à un métier.
La spécialisation des compétences relève tantôt de concours sélectif mais également sur une forme méritocratique et/ou de réseau et/ou de cooptation. Le sociologue Becker lorsqu'il parle de capital humain ne prend pas en compte l'ensemble des paramètres qui définissent une société ou la concurrence est non faussée, ou le rapport social définit la place de l'individu, il parle de capital culturel comme le sociologue Bourdieu.
Si vous êtes marxiste vous savez que les compétence c'est du savoir être la qualification du savoir faire les systèmes privés sont surtout là pour évaluer des compétences, même s'il y a exception.
C'est tout le programme de l'OCDE.
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Bien définir le néolibéralisme
Plaristes a écrit:École de Friedman, c'est lui qui pousse jusqu'au bout la stratégie de profiter de l'état un maximum (même si ce n'est pas nouveau.)
Hayek voulait une aristocratie de sang.
L'aristocratie de sang revient quasiment au système d'hyper sélection et l'on sait qu'un fils d'agriculture à 10 fois moins de chance de réussir à un concours élitiste qu'un fils de cadre ou un fils de haut fonctionnaire. Dans ce sens on peut parler de capital culturel mais pas uniquement, c'est bien un favoritisme culturel et une image inculquée entre les évaluateurs qu'il ne faut pas ternir et entretenir un semblant de diversité sociale.
Profiter de l'Etat c'est encore le cas avec la privatisation des entreprises nationales. Oui ils évaluent en prenant leur part bien généreuse. Prenez par exemple une entreprise privée qui recoure massivement à la sous-traitance. Le privé n'est pas l'unique responsable, l'entreprise publique participe à cette sur facturation. D'un côté l'entreprise privée recrute des emplois précaires pour faire baisser le coût du travail et de l'autre l'entreprise publique augmente les salaires de ses salariés. On a donc un partenariat public privé qui se gave sur le dos des travailleurs, créé du chômage de masse et entretient ce système précaire car aucun recrutement sur une longue durée ne s'effectue.
Oui, Marx a raison, la libre concurrence, la dérégulation des marchés
mais ces idiots de postulats que sagesse xxxxx (aucune sagesse dans le libéral) nous dit plus haut :
La concurrence est le processus optimal pour réguler les échanges marchands et les relations inter-individuelles
- Il existe une inégalité entre individus intrinsèque, il y a ceux capables d’action, d’invention (les producteurs) et les autres (les assistés)
- Il existe des « lois naturelles » qui gouvernent l’économie
représentent une putréfaction dans le rapport social des individus. La concurrence ne sera jamais un processus optimal car la concurrence n'est pas humaine, elle n'est pas constructive, elle détruit l'autre et le rapport qu'il a avec le travail.
Réduire les inégalités aux inventeurs et aux autres, c'est comme mener une politique qui favorise ceux qui ont eux une cuillère en argent dans la bouche et n'ont pas du se battre pour obtenir leur emploi et ceux qui justement sont toujours dans un travail précaire parce que leur situation de départ ( par exemple un fils d'immigré ) n'a pas permis cette élévation dans cette échelle sociale. Echelle ayant totalement disparue dans beaucoup de métiers depuis l'apparition de cette concurrence déloyale faussée mais libérale. Car elle peut être les deux.
- Code:
Revenons maintenant sur l’Ecole par compétences. Pour améliorer leur employabilité, les élèves doivent être « sensibilisés » à la « culture d’entreprise », convertis aux vertus du marché, aux bienfaits de la mondialisation et aux « valeurs de l’entreprise »
La culture d'entreprise est un leurre, la culture d'entreprise c'est comme passer sous le bureau pour avoir son boulot, sortir d'une école dont les frais de scolarité sont payés par un crédit qui sera remboursé dans 5 ou 10 ans. C'est donner l'impression qu'une entreprise vous recrute parce que vous adhérez à ces valeurs, c'est majoritairement du vent. Elle vous recrute pour exploiter votre force de travail et vous jeter quand elle n'aura plus besoin de vous car vous êtes remplaçable à souhait par quelqu'un qui demandera sûrement un salaire moins élevé.
La politique libérale prône le chômage de masse pour mieux exploiter les travailleurs et les asservir plus facilement en donnant la majorité du pouvoir à l'employeur au lieu de donner davantage de pouvoir à l'employé pour équilibrer le rapport de force.
- Code:
Je m’appuie pour cela sur les travaux de Christian Laval et plus particulièrement sur son livre La Nouvelle école capitaliste dans lequel il montre que le néolibéralisme transforme l’institution scolaire tant dans sa fonction sociale que dans le contenu pédagogique et les méthodes d’apprentissage
Nul besoin de vous appuyer sur Laval, vous n'avez qu'a regarder les programmes scolaires pour comprendre le décalage et le fait de forcer des programmes sans aucune discussion avec les enseignants. La robotisation s'effectue aussi sur l'humain dès le jeune âge et le privé permet justement de placer ceux qui ont reçu un enseignement capitaliste car étant le fruit d'une reproduction capitaliste.
Non par contre, il faut constater que beaucoup d'universités sont producteurs de connaissances scientifiques de bonne qualité mais dont la majorité ne sont pas reconnues par le monde du travail et sont ainsi producteurs de chômage. Dans ces conditions, elles doivent disparaître car elle ne génère aucune valeur pour la société.
Dernière édition par nik0 le Mar 24 Aoû - 6:48, édité 2 fois (Raison : uc)
nik0- Postulant
- Messages : 473
Date d'inscription : 13/06/2021
Re: Bien définir le néolibéralisme
Ou plus une question d'héritage.
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
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