les deux leçons de Vladimir Poutine aux Européens
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les deux leçons de Vladimir Poutine aux Européens
Puissance et appartenance : les deux leçons de Vladimir Poutine aux Européens
• le 5 mars 2022 Le JDD Par Edouard Gaudot
• Article interessant
Dans cette actualité tragique, alors que le spectre de la guerre, et son cortège de souffrances, d’angoisses et de destructions, est revenu hanter notre continent, il peut paraître illusoire de trouver des raisons d’espérer.
Cependant, le bruit des bombes et la progression des colonnes blindées russes sur le sol ukrainien semblent avoir secoué les Européens d’une trop longue complaisance à l’égard des puissances hostiles qui les menacent.
Parmi les conséquences relativement inattendues et encourageantes de la sanglante agression d’un pays souverain par Vladimir Poutine, l’unité et la réactivité des Etats membres de l’UE, des institutions européennes et des citoyens européens dans leur grande majorité offrent cependant quelques branches pour freiner la brutalité de ce retour aux dures réalités géopolitiques.
Le langage de la puissance
En cette fin d’hiver, la subordination de nos industries et de nos foyers aux fournitures d’énergies fossiles russes unit les Européens par delà les degrés de leur dépendance, totale pour certains comme les Tchèques ou les Roumains, relative pour les Allemands et Italiens, et négligeable pour les Irlandais et les Portugais. En ce début de printemps, se font aussi sentir sur les marchés agricoles et notre sécurité alimentaire les conséquences d’une guerre entre deux des principales puissances agricoles européennes.
Enfin, la menace nucléaire globale envoyée à ses adversaires occidentaux par un président russe dont on ne sait plus s’il bluffe ou s’il s’est affranchi de la rationalité commune, est venue renforcer le sentiment de solidarité européenne dans la crise – et les réalignements géopolitiques internes à l’UE, dont celui de l’Allemagne, longtemps principal maillon faible de la fermeté à l’égard de Moscou.
En rupture avec la proverbiale prudence des années Merkel, les complicités coupables de Schröder et des élites sociales-démocrates à l’égard de Poutine et les priorités énergétiques d’une économie industrielle exportatrice, Berlin a basculé.
Après une décennie de balbutiements, depuis qu’elle a décidé d’être une actrice plutôt que spectatrice de la scène mondiale, l’UE réapprend le langage de la puissance.
Dans nos imaginaires politiques, la puissance est légitime si elle se met au service de la communauté de laquelle on se sent membre et solidaire.
Or partout dans l’UE, les Européens redécouvrent leur frontière orientale sous un autre jour.
Les atteintes régulières, délibérées et profondes des gouvernements polonais et hongrois à l’Etat de droit et au pluralisme de leur système politique n’ont pas cessé, malheureusement – on en voit même une malsaine illustration dans la perception et le traitement différencié des réfugiés.
Mais la solidarité sous la menace commune a bouleversé les priorités.
Réveillées au son du canon, les peurs ancestrales de l’impérialisme russe et la mémoire vive de l’écrasement des révoltes populaires par les chars soviétiques ont eu raison des sympathies poutiniennes de Viktor Orban, contraint de choisir Bruxelles contre Moscou.
Une opinion continentale se forge
Comme en 1956 à la frontière austro-hongroise, comme en 1968 après le Printemps de Prague, comme dans les années 1980 en soutien aux Polonais de Solidarnosc en lutte...
Finalement, les occidentaux découvrent que oui, ils en connaissent des Lituaniens – et aussi des Ukrainiens, des Roumains, des Tchèques…
L’afflux des familles ukrainiennes et leur accueil fraternel aux frontières de l’UE renforcent le sentiment d’appartenance commune.
De part et d’autre de cette frontière européenne qui sépare la guerre et la paix, c’est une communauté politique que cristallise Vladimir Poutine.
Diverse et pluraliste, une opinion publique continentale se forge au feu de la guerre de Poutine contre les Ukrainiens.
En 2003 l’opposition à la guerre en Irak, expédition néocoloniale décidée par les Etats-Unis de G.W. Bush en violation du droit international, avait traversé l’Europe et mobilisé un grand mouvement d’opinion. Mais fragilisé par la distance émotionnelle, et le tropisme atlantiste de certains Etats, membres ou futurs membres, de l’UE, le mouvement s’était rapidement éteint.
Vingt ans après, les réactions de solidarité avec l’Ukraine témoignent d’une plus grande convergence.
En outre, au-delà de toutes les propagandes, les débats sur les origines de la guerre et les réponses qu’elle doit susciter témoignent d’une opinion plus mature et plurielle.
Dans l’enchainement des crises, c’est l’européanisation de nos sociétés qui progresse. Certes, il est trop tôt encore pour parler d’un espace public européen. Mais sous le coup de l’agression russe, c’est un sentiment d’appartenance européenne qui se construit un peu plus – progressivement.
Puissance et appartenance : deux des ambitions sous lesquelles la Présidence Française du Conseil de l’UE avait placé son action.
La pédagogie de Poutine est brutale et condamnable, mais ses leçons semblent avoir été entendues.
• le 5 mars 2022 Le JDD Par Edouard Gaudot
• Article interessant
Dans cette actualité tragique, alors que le spectre de la guerre, et son cortège de souffrances, d’angoisses et de destructions, est revenu hanter notre continent, il peut paraître illusoire de trouver des raisons d’espérer.
Cependant, le bruit des bombes et la progression des colonnes blindées russes sur le sol ukrainien semblent avoir secoué les Européens d’une trop longue complaisance à l’égard des puissances hostiles qui les menacent.
Parmi les conséquences relativement inattendues et encourageantes de la sanglante agression d’un pays souverain par Vladimir Poutine, l’unité et la réactivité des Etats membres de l’UE, des institutions européennes et des citoyens européens dans leur grande majorité offrent cependant quelques branches pour freiner la brutalité de ce retour aux dures réalités géopolitiques.
Le langage de la puissance
En cette fin d’hiver, la subordination de nos industries et de nos foyers aux fournitures d’énergies fossiles russes unit les Européens par delà les degrés de leur dépendance, totale pour certains comme les Tchèques ou les Roumains, relative pour les Allemands et Italiens, et négligeable pour les Irlandais et les Portugais. En ce début de printemps, se font aussi sentir sur les marchés agricoles et notre sécurité alimentaire les conséquences d’une guerre entre deux des principales puissances agricoles européennes.
Enfin, la menace nucléaire globale envoyée à ses adversaires occidentaux par un président russe dont on ne sait plus s’il bluffe ou s’il s’est affranchi de la rationalité commune, est venue renforcer le sentiment de solidarité européenne dans la crise – et les réalignements géopolitiques internes à l’UE, dont celui de l’Allemagne, longtemps principal maillon faible de la fermeté à l’égard de Moscou.
En rupture avec la proverbiale prudence des années Merkel, les complicités coupables de Schröder et des élites sociales-démocrates à l’égard de Poutine et les priorités énergétiques d’une économie industrielle exportatrice, Berlin a basculé.
Après une décennie de balbutiements, depuis qu’elle a décidé d’être une actrice plutôt que spectatrice de la scène mondiale, l’UE réapprend le langage de la puissance.
Dans nos imaginaires politiques, la puissance est légitime si elle se met au service de la communauté de laquelle on se sent membre et solidaire.
Or partout dans l’UE, les Européens redécouvrent leur frontière orientale sous un autre jour.
Les atteintes régulières, délibérées et profondes des gouvernements polonais et hongrois à l’Etat de droit et au pluralisme de leur système politique n’ont pas cessé, malheureusement – on en voit même une malsaine illustration dans la perception et le traitement différencié des réfugiés.
Mais la solidarité sous la menace commune a bouleversé les priorités.
Réveillées au son du canon, les peurs ancestrales de l’impérialisme russe et la mémoire vive de l’écrasement des révoltes populaires par les chars soviétiques ont eu raison des sympathies poutiniennes de Viktor Orban, contraint de choisir Bruxelles contre Moscou.
Une opinion continentale se forge
Comme en 1956 à la frontière austro-hongroise, comme en 1968 après le Printemps de Prague, comme dans les années 1980 en soutien aux Polonais de Solidarnosc en lutte...
Finalement, les occidentaux découvrent que oui, ils en connaissent des Lituaniens – et aussi des Ukrainiens, des Roumains, des Tchèques…
L’afflux des familles ukrainiennes et leur accueil fraternel aux frontières de l’UE renforcent le sentiment d’appartenance commune.
De part et d’autre de cette frontière européenne qui sépare la guerre et la paix, c’est une communauté politique que cristallise Vladimir Poutine.
Diverse et pluraliste, une opinion publique continentale se forge au feu de la guerre de Poutine contre les Ukrainiens.
En 2003 l’opposition à la guerre en Irak, expédition néocoloniale décidée par les Etats-Unis de G.W. Bush en violation du droit international, avait traversé l’Europe et mobilisé un grand mouvement d’opinion. Mais fragilisé par la distance émotionnelle, et le tropisme atlantiste de certains Etats, membres ou futurs membres, de l’UE, le mouvement s’était rapidement éteint.
Vingt ans après, les réactions de solidarité avec l’Ukraine témoignent d’une plus grande convergence.
En outre, au-delà de toutes les propagandes, les débats sur les origines de la guerre et les réponses qu’elle doit susciter témoignent d’une opinion plus mature et plurielle.
Dans l’enchainement des crises, c’est l’européanisation de nos sociétés qui progresse. Certes, il est trop tôt encore pour parler d’un espace public européen. Mais sous le coup de l’agression russe, c’est un sentiment d’appartenance européenne qui se construit un peu plus – progressivement.
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La pédagogie de Poutine est brutale et condamnable, mais ses leçons semblent avoir été entendues.
archange 64- Impétrant
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Date d'inscription : 13/01/2022
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