Charles Robin définie la Liberté avec un grand L.
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Charles Robin définie la Liberté avec un grand L.
Si on met ses lubbies et obsession complotistes avec le PCC, il reste un grand philosophe.
https://philitt.fr/2015/01/30/entretien-avec-charles-robin-cette-culture-libertaire-du-liberalisme-est-une-nouvelle-forme-desclavage/
PHILITT : Rousseau ne s’inscrit donc pas, selon vous, dans le mouvement des Lumières ?
Charles Robin : En effet, contrairement aux Lumières – qui n’envisageaient la problématique de la liberté que du point de vue de l’individu – Rousseau, quant à lui, voyait essentiellement dans cette dernière une aspiration collective et un projet commun (ce en quoi il représente, selon moi, le dernier penseur véritable du problème politique). Je ne m’étendrai pas ici sur sa notion politique centrale d’ « intérêt général », qui ne pourra que heurter la sensibilité individualiste de tout libéral authentique, qui n’admet, par définition, que le bien-fondé et la toute-puissance du « droit privé ». Daniel Cohn-Bendit n’est-il pas celui qui nous a rappelé, récemment, que la démocratie consistait dans « la défense des minorités contre la majorité » ? Lorsque de telles insolences dialectiques se retrouvent permises, on n’ose à peine imaginer le sort qu’aurait réservé notre intelligentsia libérale à ce pauvre Rousseau !
PHILITT : Selon vous, le libertarisme est, dès le départ, un élément constitutif du libéralisme. Mais peut-on vraiment mettre Proudhon, Bakounine et Kropotkine dans le même sac que Serge July et Daniel Cohn-Bendit ?
Charles Robin : Il convient d’abord de s’entendre sur le sens des mots. Par l’adjectif « libertaire », j’entends caractériser le discours qui érige la « liberté individuelle » et le « droit privé » au rang de norme politique, sociale et culturelle suprême, et qui, partant, fait de la contestation de toutes les structures et de toutes les normes symboliques et collectives existantes un idéal anthropologique et un impératif pratique. Or, ce qu’il me semble important de noter, c’est que dès lors qu’on redéfinit la liberté comme le droit offert à l’individu de satisfaire sa tendance – supposée naturelle et inévitable – à poursuivre son intérêt et son désir, il est clair que le but atteint n’est pas ce que Marx nommait, à son époque, la « liberté réelle ». C’est, au contraire, la soumission grandissante des individus aux exigences capitalistes de « libération pulsionnelle » et de « satisfaction libidinale », en vue d’une extension indéfinie des sphères de la consommation. Soit l’exact antithèse de la conception des sages grecs de l’Antiquité, qui voyaient dans la liberté cette capacité proprement humaine à la retenue et à la « maîtrise des passions » (ce que les philosophes grecs appelaient la sophrosyne : la tempérance, et qu’ils opposaient à l’hybris : la démesure). On est donc loin, selon ce critère, de ce que notre cher Rousseau appelait, dans ses Lettres écrites de la montagne, un « état libre », dans lequel, disait-il, la liberté de chaque individu est subordonnée à la liberté du groupe !
https://philitt.fr/2015/01/30/entretien-avec-charles-robin-cette-culture-libertaire-du-liberalisme-est-une-nouvelle-forme-desclavage/
PHILITT : Rousseau ne s’inscrit donc pas, selon vous, dans le mouvement des Lumières ?
Charles Robin : En effet, contrairement aux Lumières – qui n’envisageaient la problématique de la liberté que du point de vue de l’individu – Rousseau, quant à lui, voyait essentiellement dans cette dernière une aspiration collective et un projet commun (ce en quoi il représente, selon moi, le dernier penseur véritable du problème politique). Je ne m’étendrai pas ici sur sa notion politique centrale d’ « intérêt général », qui ne pourra que heurter la sensibilité individualiste de tout libéral authentique, qui n’admet, par définition, que le bien-fondé et la toute-puissance du « droit privé ». Daniel Cohn-Bendit n’est-il pas celui qui nous a rappelé, récemment, que la démocratie consistait dans « la défense des minorités contre la majorité » ? Lorsque de telles insolences dialectiques se retrouvent permises, on n’ose à peine imaginer le sort qu’aurait réservé notre intelligentsia libérale à ce pauvre Rousseau !
PHILITT : Selon vous, le libertarisme est, dès le départ, un élément constitutif du libéralisme. Mais peut-on vraiment mettre Proudhon, Bakounine et Kropotkine dans le même sac que Serge July et Daniel Cohn-Bendit ?
Charles Robin : Il convient d’abord de s’entendre sur le sens des mots. Par l’adjectif « libertaire », j’entends caractériser le discours qui érige la « liberté individuelle » et le « droit privé » au rang de norme politique, sociale et culturelle suprême, et qui, partant, fait de la contestation de toutes les structures et de toutes les normes symboliques et collectives existantes un idéal anthropologique et un impératif pratique. Or, ce qu’il me semble important de noter, c’est que dès lors qu’on redéfinit la liberté comme le droit offert à l’individu de satisfaire sa tendance – supposée naturelle et inévitable – à poursuivre son intérêt et son désir, il est clair que le but atteint n’est pas ce que Marx nommait, à son époque, la « liberté réelle ». C’est, au contraire, la soumission grandissante des individus aux exigences capitalistes de « libération pulsionnelle » et de « satisfaction libidinale », en vue d’une extension indéfinie des sphères de la consommation. Soit l’exact antithèse de la conception des sages grecs de l’Antiquité, qui voyaient dans la liberté cette capacité proprement humaine à la retenue et à la « maîtrise des passions » (ce que les philosophes grecs appelaient la sophrosyne : la tempérance, et qu’ils opposaient à l’hybris : la démesure). On est donc loin, selon ce critère, de ce que notre cher Rousseau appelait, dans ses Lettres écrites de la montagne, un « état libre », dans lequel, disait-il, la liberté de chaque individu est subordonnée à la liberté du groupe !
Dernière édition par Plaristes le Ven 19 Aoû 2022 - 2:15, édité 1 fois
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Charles Robin définie la Liberté avec un grand L.
Il y a deux types de libertariens, pour les uns l'enfer c'est les autres, et il faut s'en protéger ... pour les autres l'enfer c'est sans les autres.
Edouard de Montmonrency- Vénérable
- Messages : 20645
Date d'inscription : 02/01/2022
Re: Charles Robin définie la Liberté avec un grand L.
Va falloir envoyer la sainte inquisition faire une petit purge stalinienne pour se débarrasser des premiers.
Goulag auto-géré. On verra comment ils font pour se démerder seul.
Goulag auto-géré. On verra comment ils font pour se démerder seul.
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Charles Robin définie la Liberté avec un grand L.
... Oui le clivage moral est: l'hyper-narcissime -versus- le non hyper-narcissisme.
Edouard de Montmonrency- Vénérable
- Messages : 20645
Date d'inscription : 02/01/2022
Re: Charles Robin définie la Liberté avec un grand L.
Vulcain contre narcisse.
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Edouard de Montmonrency aime ce message
Re: Charles Robin définie la Liberté avec un grand L.
Bonne synthèse des savoirs-être.Plaristes a écrit:Vulcain contre narcisse.
Edouard de Montmonrency- Vénérable
- Messages : 20645
Date d'inscription : 02/01/2022
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