Un musulman répond à toute vos questions.
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Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Oui, tu as raison, ils n'ont jamais été capables de rien, mais en attendant, ils nous em... quand même bien, propagent chez nous la violence et veulent nous imposer leurs mœurs.Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Tu es si gentil, Panda !Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Bonne question !Elena de Chanteplume a écrit:C´est qui "on" Edgar ??Edgar de Phelps a écrit:On rigole on taquine un peu Rachid parce que on l aime bien,
En langue française familière, on veut dire nous, c'est-à-dire "toi, vous et moi", or, pour moi, c'est non.
A oui moi c est façon de parler vous aimez pas taquiner Rachid , moi j aime bien je le trouve comique
Te rends-tu compte que le musulman s'impose sur un forum qui se proclame chrétien exactement comme sa religion de conquête le lui demande ; il s'infiltre pour proclamer la gloire de son coran, et nous montrer qui seront bientôt les nouveaux maîtres de l'Europe.
Ils seront jamais maître de rien, les pays où ils sont majoritaire sont invivable sous développé eux même cherche à les fuire comme ont fuis la peste . y a juste les pays du golf qui grâce à leurs pétrole et gaz peuvent ce pays le lux et notre technologie ce qui font que c est des pays moderne d apparence parce que l argent a tout acheter .
Paulette- Maître
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Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Paulette a écrit:Oui, tu as raison, ils n'ont jamais été capables de rien, mais en attendant, ils nous em... quand même bien, propagent chez nous la violence et veulent nous imposer leurs mœurs.Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Tu es si gentil, Panda !Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Bonne question !Elena de Chanteplume a écrit:C´est qui "on" Edgar ??Edgar de Phelps a écrit:On rigole on taquine un peu Rachid parce que on l aime bien,
En langue française familière, on veut dire nous, c'est-à-dire "toi, vous et moi", or, pour moi, c'est non.
A oui moi c est façon de parler vous aimez pas taquiner Rachid , moi j aime bien je le trouve comique
Te rends-tu compte que le musulman s'impose sur un forum qui se proclame chrétien exactement comme sa religion de conquête le lui demande ; il s'infiltre pour proclamer la gloire de son coran, et nous montrer qui seront bientôt les nouveaux maîtres de l'Europe.
Ils seront jamais maître de rien, les pays où ils sont majoritaire sont invivable sous développé eux même cherche à les fuire comme ont fuis la peste . y a juste les pays du golf qui grâce à leurs pétrole et gaz peuvent ce pays le lux et notre technologie ce qui font que c est des pays moderne d apparence parce que l argent a tout acheter .
C'est l'occident athée qui veut imposer ses moeurs barbares alors que la France est chrétienne
El Rachid Ibn Youssoufi- Maître
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Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Paulette a écrit:Oui, tu as raison, ils n'ont jamais été capables de rien, mais en attendant, ils nous em... quand même bien, propagent chez nous la violence et veulent nous imposer leurs mœurs.Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Tu es si gentil, Panda !Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Bonne question !Elena de Chanteplume a écrit:C´est qui "on" Edgar ??Edgar de Phelps a écrit:On rigole on taquine un peu Rachid parce que on l aime bien,
En langue française familière, on veut dire nous, c'est-à-dire "toi, vous et moi", or, pour moi, c'est non.
A oui moi c est façon de parler vous aimez pas taquiner Rachid , moi j aime bien je le trouve comique
Te rends-tu compte que le musulman s'impose sur un forum qui se proclame chrétien exactement comme sa religion de conquête le lui demande ; il s'infiltre pour proclamer la gloire de son coran, et nous montrer qui seront bientôt les nouveaux maîtres de l'Europe.
Ils seront jamais maître de rien, les pays où ils sont majoritaire sont invivable sous développé eux même cherche à les fuire comme ont fuis la peste . y a juste les pays du golf qui grâce à leurs pétrole et gaz peuvent ce pays le lux et notre technologie ce qui font que c est des pays moderne d apparence parce que l argent a tout acheter .
Y a des musulman qui sont bien j ai un ami musulman turque il est moderne pour lui chacun est libre du moment qu on ce respect qu on laisse le libre choix il a raison. Après y a des gens malade des gens qui accepte pas que tu puisse croire à autre chose que eux ça les rends malade de te voire heureux dans une autre religion. C est psychiatrique c est des gens qui ont des problèmes mentaux sûrement ils sont fanatisé dans la religion ne parle que de ca et son obséder par ça , pour moi chacun est libre c est un choix personnel du moment que tu respect mes droit moi je respect le droit des autre mais ça doit aller dans les 2 sens .
Dernière édition par Edgar de Phelps le Dim 21 Jan - 21:24, édité 1 fois
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Edgar de Phelps- Vénérable
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Re: Un musulman répond à toute vos questions.
donc tu reconnais qu'elle ne sera jamais musulmane ???El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:Paulette a écrit:Oui, tu as raison, ils n'ont jamais été capables de rien, mais en attendant, ils nous em... quand même bien, propagent chez nous la violence et veulent nous imposer leurs mœurs.Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Tu es si gentil, Panda !Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Bonne question !Elena de Chanteplume a écrit:C´est qui "on" Edgar ??Edgar de Phelps a écrit:On rigole on taquine un peu Rachid parce que on l aime bien,
En langue française familière, on veut dire nous, c'est-à-dire "toi, vous et moi", or, pour moi, c'est non.
A oui moi c est façon de parler vous aimez pas taquiner Rachid , moi j aime bien je le trouve comique
Te rends-tu compte que le musulman s'impose sur un forum qui se proclame chrétien exactement comme sa religion de conquête le lui demande ; il s'infiltre pour proclamer la gloire de son coran, et nous montrer qui seront bientôt les nouveaux maîtres de l'Europe.
Ils seront jamais maître de rien, les pays où ils sont majoritaire sont invivable sous développé eux même cherche à les fuire comme ont fuis la peste . y a juste les pays du golf qui grâce à leurs pétrole et gaz peuvent ce pays le lux et notre technologie ce qui font que c est des pays moderne d apparence parce que l argent a tout acheter .
C'est l'occident athée qui veut imposer ses moeurs barbares alors que la France est chrétienne
Frère Barnabé- Vénérable
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Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Moi je suis chrétiens je suis heureux d appartenir à cette religion. J adors les église les basilique les chants la communauté chrétienne a donner beaucoup de grand personne elle apporter beaucoup je suis fière en plus le message du christ je le trouve magnifique c était un révolutionnaire à son époque. Un homme juste , un homme qui a acceptez toute les pire souffrance et humiliation, quelle homme accepterai ça ? Si je dois croireet faire confiance à une seul personne dans ce monde c est à lui . Maintenant si c était un brigand un criminel un gars injuste j aurais jamais cru en lui , je crois parce que par sa vie a été un exemple de ce qui est juste il m’a convaincu .
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Edgar de Phelps- Vénérable
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Date d'inscription : 13/12/2022
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
On peut changer le titre de ce fils, il est trompeur !!
Beaucoup de questions restent sans réponse de notre ami musulman...
Publicité mensongère !! Bon de la part d'un musulman, c'est pas étonnant...
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Minos de Rhadamanthe- Sage
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Localisation : Oise
Frère Barnabé, ztylo et Ombeline de Beaurivage aiment ce message
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
cher Minos
le jour ou tu recevras une réponse franche de la part d'un musulman ,prends un grand parapluie car il pleuvra des vaches
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Ombeline de Beaurivage- Expert
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Date d'inscription : 27/11/2023
Minos de Rhadamanthe aime ce message
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Ben oui pourquoi pas. On a bien changé le titre d´un de mes sujets soi disant offensant pour une certaine personne ici.Minos de Rhadamanthe a écrit:On peut changer le titre de ce fils, il est trompeur !!
Beaucoup de questions restent sans réponse de notre ami musulman...
Publicité mensongère !! Bon de la part d'un musulman, c'est pas étonnant...
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mais par ceux qui les regardent sans rien faire.» (Albert Einstein)
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Elena de Chanteplume- Sage
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Re: Un musulman répond à toute vos questions.
El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:Anaëlle de Saint-Bris a écrit:
Les femmes musulmanes n'ont pas le choix. Alors soit elles sont satisfaites de leur condition, soit elles la subissent, parfois durement.
C'est ce que j'aurais aimé que vous reconnaissiez.
Tu racontes n'importe. Tu as qu'à aller à la mosquée le vendredi et dire aux femmes musulmanes ce que tu dis. Elles vont rigoler et te prendre pour une malade mentale
Je n'ai jamais nié qu'une partie des femmes musulmanes était satisfaite de sa condition. Je vous parle de la partie que vous méprisez, celle qui n'adhère pas à la loi coranique, mais qui la subit et qui tente parfois de se rebeller.
Les femmes musulmanes n'ont pas le choix.
Anaëlle de Saint-Bris- Maître
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Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Anaëlle de Saint-Bris a écrit:El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:Anaëlle de Saint-Bris a écrit:
Les femmes musulmanes n'ont pas le choix. Alors soit elles sont satisfaites de leur condition, soit elles la subissent, parfois durement.
C'est ce que j'aurais aimé que vous reconnaissiez.
Tu racontes n'importe. Tu as qu'à aller à la mosquée le vendredi et dire aux femmes musulmanes ce que tu dis. Elles vont rigoler et te prendre pour une malade mentale
Je n'ai jamais nié qu'une partie des femmes musulmanes était satisfaite de sa condition. Je vous parle de la partie que vous méprisez, celle qui n'adhère pas à la loi coranique, mais qui la subit et qui tente parfois de se rebeller.
Les femmes musulmanes n'ont pas le choix.
C'est contradictoire ce que vous dites! D'un côté vous dites musulmanes et d'un autre côté vous dites: "celle qui n'adhère pas à la loi coranique"
Il faut faire le ménage dans vos idées.
merci de Posez les questions d'une manière intelligente
El Rachid Ibn Youssoufi- Maître
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Date d'inscription : 14/10/2023
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Ombeline de Beaurivage a écrit:cher Minos
le jour ou tu recevras une réponse franche de la part d'un musulman ,prends un grand parapluie car il pleuvra des vaches
je réponds clairement à vos attaques islamophobes.
El Rachid Ibn Youssoufi- Maître
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Date d'inscription : 14/10/2023
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:
C'est contradictoire ce que vous dites! D'un côté vous dites musulmanes et d'un autre côté vous dites: "celle qui n'adhère pas à la loi coranique"
Il faut faire le ménage dans vos idées.
merci de Posez les questions d'une manière intelligente
Rien de contradictoire, une partie des musulmanes adhère par force à la loi coranique, elle la subit. Vous le savez parfaitement.
Vous cherchez un moyen pour fuir la question.
Anaëlle de Saint-Bris- Maître
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Date d'inscription : 04/01/2021
Paulette aime ce message
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Oui, tu as raison, ils n'ont jamais été capables de rien, mais en attendant, ils nous em... quand même bien, propagent chez nous la violence et veulent nous imposer leurs mœurs.Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Tu es si gentil, Panda !Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Bonne question !Elena de Chanteplume a écrit:C´est qui "on" Edgar ??Edgar de Phelps a écrit:On rigole on taquine un peu Rachid parce que on l aime bien,
En langue française familière, on veut dire nous, c'est-à-dire "toi, vous et moi", or, pour moi, c'est non.
A oui moi c est façon de parler vous aimez pas taquiner Rachid , moi j aime bien je le trouve comique
Te rends-tu compte que le musulman s'impose sur un forum qui se proclame chrétien exactement comme sa religion de conquête le lui demande ; il s'infiltre pour proclamer la gloire de son coran, et nous montrer qui seront bientôt les nouveaux maîtres de l'Europe.
Ils seront jamais maître de rien, les pays où ils sont majoritaire sont invivable sous développé eux même cherche à les fuire comme ont fuis la peste . y a juste les pays du golf qui grâce à leurs pétrole et gaz peuvent ce pays le lux et notre technologie ce qui font que c est des pays moderne d apparence parce que l argent a tout acheter .
Y a des musulman qui sont bien j ai un ami musulman turque il est moderne pour lui chacun est libre du moment qu on ce respect qu on laisse le libre choix il a raison. Après y a des gens malade des gens qui accepte pas que tu puisse croire à autre chose que eux ça les rends malade de te voire heureux dans une autre religion. C est psychiatrique c est des gens qui ont des problèmes mentaux sûrement ils sont fanatisé dans la religion ne parle que de ca et son obséder par ça , pour moi chacun est libre c est un choix personnel du moment que tu respect mes droit moi je respect le droit des autre mais ça doit aller dans les 2 sens .
Un vrai musulman est bien!
El Rachid Ibn Youssoufi- Maître
- Messages : 2376
Date d'inscription : 14/10/2023
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Anaëlle de Saint-Bris a écrit:El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:
C'est contradictoire ce que vous dites! D'un côté vous dites musulmanes et d'un autre côté vous dites: "celle qui n'adhère pas à la loi coranique"
Il faut faire le ménage dans vos idées.
merci de Posez les questions d'une manière intelligente
Rien de contradictoire, une partie des musulmanes adhère par force à la loi coranique, elle la subit. Vous le savez parfaitement.
Vous cherchez un moyen pour fuir la question.
Ceux qui adhère forcé à l'islam ne sont pas musulmans. Raisonnez un peu.
Merci de poser correctement vos questions
El Rachid Ibn Youssoufi- Maître
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Re: Un musulman répond à toute vos questions.
El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Oui, tu as raison, ils n'ont jamais été capables de rien, mais en attendant, ils nous em... quand même bien, propagent chez nous la violence et veulent nous imposer leurs mœurs.Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Tu es si gentil, Panda !Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Bonne question !Elena de Chanteplume a écrit:C´est qui "on" Edgar ??Edgar de Phelps a écrit:On rigole on taquine un peu Rachid parce que on l aime bien,
En langue française familière, on veut dire nous, c'est-à-dire "toi, vous et moi", or, pour moi, c'est non.
A oui moi c est façon de parler vous aimez pas taquiner Rachid , moi j aime bien je le trouve comique
Te rends-tu compte que le musulman s'impose sur un forum qui se proclame chrétien exactement comme sa religion de conquête le lui demande ; il s'infiltre pour proclamer la gloire de son coran, et nous montrer qui seront bientôt les nouveaux maîtres de l'Europe.
Ils seront jamais maître de rien, les pays où ils sont majoritaire sont invivable sous développé eux même cherche à les fuire comme ont fuis la peste . y a juste les pays du golf qui grâce à leurs pétrole et gaz peuvent ce pays le lux et notre technologie ce qui font que c est des pays moderne d apparence parce que l argent a tout acheter .
Y a des musulman qui sont bien j ai un ami musulman turque il est moderne pour lui chacun est libre du moment qu on ce respect qu on laisse le libre choix il a raison. Après y a des gens malade des gens qui accepte pas que tu puisse croire à autre chose que eux ça les rends malade de te voire heureux dans une autre religion. C est psychiatrique c est des gens qui ont des problèmes mentaux sûrement ils sont fanatisé dans la religion ne parle que de ca et son obséder par ça , pour moi chacun est libre c est un choix personnel du moment que tu respect mes droit moi je respect le droit des autre mais ça doit aller dans les 2 sens .
Un vrai musulman est bien!
mohamet avait niké des esclaves après avoir assassiné leurs maris et enfants du sexe masculin, bref illicite le rendre licite, la vie de mahomet a fini dans la gehenne eternel tout comme les libertin(e)s et les fornicateurs de ce monde !!!
Frère Barnabé- Vénérable
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Re: Un musulman répond à toute vos questions.
El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:Anaëlle de Saint-Bris a écrit:El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:
C'est contradictoire ce que vous dites! D'un côté vous dites musulmanes et d'un autre côté vous dites: "celle qui n'adhère pas à la loi coranique"
Il faut faire le ménage dans vos idées.
merci de Posez les questions d'une manière intelligente
Rien de contradictoire, une partie des musulmanes adhère par force à la loi coranique, elle la subit. Vous le savez parfaitement.
Vous cherchez un moyen pour fuir la question.
Ceux qui adhère forcé à l'islam ne sont pas musulmans. Raisonnez un peu.
Merci de poser correctement vos questions
La mauvaise foi chez vous c'est inné ou acquis ?
Vous croyez vous être débarrassé de la question la tête haute. Je suis gênée pour vous tant vous êtes ridicule.
Anaëlle de Saint-Bris- Maître
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Paulette aime ce message
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Anaëlle de Saint-Bris a écrit:El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:Anaëlle de Saint-Bris a écrit:El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:
C'est contradictoire ce que vous dites! D'un côté vous dites musulmanes et d'un autre côté vous dites: "celle qui n'adhère pas à la loi coranique"
Il faut faire le ménage dans vos idées.
merci de Posez les questions d'une manière intelligente
Rien de contradictoire, une partie des musulmanes adhère par force à la loi coranique, elle la subit. Vous le savez parfaitement.
Vous cherchez un moyen pour fuir la question.
Ceux qui adhère forcé à l'islam ne sont pas musulmans. Raisonnez un peu.
Merci de poser correctement vos questions
La mauvaise foi chez vous c'est inné ou acquis ?
Vous croyez vous être débarrassé de la question la tête haute. Je suis gênée pour vous tant vous êtes ridicule.
Bonjour Annaëlle!!!
Lui il ne l'est pas (génée) ,il pratique le taqiya!!!
c'est courant (normal)dans le coran
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Frère Barnabé- Vénérable
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Paulette aime ce message
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Merci de surveiller votre orthographe et votre syntaxe.El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:Anaëlle de Saint-Bris a écrit:El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:
C'est contradictoire ce que vous dites! D'un côté vous dites musulmanes et d'un autre côté vous dites: "celle qui n'adhère pas à la loi coranique"
Il faut faire le ménage dans vos idées.
merci de Posez les questions d'une manière intelligente
Rien de contradictoire, une partie des musulmanes adhère par force à la loi coranique, elle la subit. Vous le savez parfaitement.
Vous cherchez un moyen pour fuir la question.
Ceux qui adhère forcé à l'islam ne sont pas musulmans. Raisonnez un peu.
Merci de poser correctement vos questions
Merci de respecter votre interlocutrice en évitant de la prendre pour une inférieure comme votre secte vous y invite.
Merci de considérer que tous ceux qui sont musulmans ne le sont pas forcément de leur propre chef : chez vous, les parents imposent leur religion à leurs enfants et dans vos pays "de paix et d'amour", l'apostasie est punie de mort.
Paulette- Maître
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Frère Barnabé et Anaëlle de Saint-Bris aiment ce message
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Oui, tu as raison, ils n'ont jamais été capables de rien, mais en attendant, ils nous em... quand même bien, propagent chez nous la violence et veulent nous imposer leurs mœurs.Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Tu es si gentil, Panda !Edgar de Phelps a écrit:Paulette a écrit:Bonne question !Elena de Chanteplume a écrit:C´est qui "on" Edgar ??Edgar de Phelps a écrit:On rigole on taquine un peu Rachid parce que on l aime bien,
En langue française familière, on veut dire nous, c'est-à-dire "toi, vous et moi", or, pour moi, c'est non.
A oui moi c est façon de parler vous aimez pas taquiner Rachid , moi j aime bien je le trouve comique
Te rends-tu compte que le musulman s'impose sur un forum qui se proclame chrétien exactement comme sa religion de conquête le lui demande ; il s'infiltre pour proclamer la gloire de son coran, et nous montrer qui seront bientôt les nouveaux maîtres de l'Europe.
Ils seront jamais maître de rien, les pays où ils sont majoritaire sont invivable sous développé eux même cherche à les fuire comme ont fuis la peste . y a juste les pays du golf qui grâce à leurs pétrole et gaz peuvent ce pays le lux et notre technologie ce qui font que c est des pays moderne d apparence parce que l argent a tout acheter .
Y a des musulman qui sont bien j ai un ami musulman turque il est moderne pour lui chacun est libre du moment qu on ce respect qu on laisse le libre choix il a raison. Après y a des gens malade des gens qui accepte pas que tu puisse croire à autre chose que eux ça les rends malade de te voire heureux dans une autre religion. C est psychiatrique c est des gens qui ont des problèmes mentaux sûrement ils sont fanatisé dans la religion ne parle que de ca et son obséder par ça , pour moi chacun est libre c est un choix personnel du moment que tu respect mes droit moi je respect le droit des autre mais ça doit aller dans les 2 sens .
Un vrai musulman est bien!
Oui mais sont quand même dans le jugement, les reproches . Puis c est un croyance qui amène vite à une forme d over dose , toujours à dire la même chose , on dirai qui répète toujours les même phrase par cœur comme des gens qui ont l esprit laver, c est un genre de lavage de cerveaux, pour finir tu parles à des personne qui raisonne pas qui donne pas leurs avis mais qui récite tout un bla-bla de par cœur , alors certain ça va ils arrivent à faire la part des chose avoir des activité et pas être toute la journée à parler de religion. Donc tu peux parler d autre truc , mais certain sont comme des droguer à ça , croit tout savoir mieux que tout le monde alors ça deviens vite désagréable.
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Edgar de Phelps- Vénérable
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Paulette aime ce message
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Frère Barnabé a écrit:Bonjour Annaëlle!!!
Lui il ne l'est pas (génée) ,il pratique le taqiya!!!
c'est courant (normal)dans le coran
J'ai bien cerné le personnage, et sa religion. Ca me fait encore plus aimer la mienne.
Anaëlle de Saint-Bris- Maître
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Paulette aime ce message
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Beaucoup vivent dans un monde parallèle dissent des truc qui correspond en rien à ce que tu vois de tes propre yeux , alors si déjà tu constate qui a plein de chose fause sur des petit sujet de la vie courante , alors tu vas pas t aventurer sur des truc religieux qui sont des croyance que tu peux pas vérifier à moins d avoir une machine à remonter le temps . La confiance sa s accorde pas à n importe qui c est très dure de faire confiance. Alors ta des gens qui font vite confiance et qui ce font vite avoir aussi ce font vite manipuler ou dépouiller
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Edgar de Phelps- Vénérable
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Frère Barnabé aime ce message
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
El Rachid Ibn Youssoufi a écrit:Ombeline de Beaurivage a écrit:cher Minos
le jour ou tu recevras une réponse franche de la part d'un musulman ,prends un grand parapluie car il pleuvra des vaches
je réponds clairement à vos attaques islamophobes.
1. NON, VOUS ne répondez pas, j'ai au moins 3 questions SANS réponses...
2. Mes Question ne sont islamophobe QUE dans votre tête, que ces questions ne vous plaisent pas, c'est une chose, que vous ne soyez pas en mesure d'y répondre n'en font pas des questions islamophobe, sauf à considérer que tout ce qui est hors de portée de la compréhension des islamiste est islamophobe... dans ce cas...
Minos de Rhadamanthe- Sage
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Re: Un musulman répond à toute vos questions.
il répond a mes commentaires islamophobes MDR lui qui est anti chrétien et antisémiteAnaëlle de Saint-Bris a écrit:Frère Barnabé a écrit:Bonjour Annaëlle!!!
Lui il ne l'est pas (génée) ,il pratique le taqiya!!!
c'est courant (normal)dans le coran
J'ai bien cerné le personnage, et sa religion. Ca me fait encore plus aimer la mienne.
attendre des réponses franches et claires d'un musulman c'est comme attendre qu'un pommier donne des poires
faire confiance à ce genre d'olibrius ce serait comme si on confiait une de nos églises à un islamiste
Ombeline de Beaurivage- Expert
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Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Ombeline de Beaurivage a écrit:il répond a mes commentaires islamophobes MDR lui qui est anti chrétien et antisémiteAnaëlle de Saint-Bris a écrit:Frère Barnabé a écrit:Bonjour Annaëlle!!!
Lui il ne l'est pas (génée) ,il pratique le taqiya!!!
c'est courant (normal)dans le coran
J'ai bien cerné le personnage, et sa religion. Ca me fait encore plus aimer la mienne.
attendre des réponses franches et claires d'un musulman c'est comme attendre qu'un pommier donne des poires
faire confiance à ce genre d'olibrius ce serait comme si on confiait une de nos églises à un islamiste
Et athéeophobe
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Edgar de Phelps- Vénérable
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Paulette aime ce message
Re: Un musulman répond à toute vos questions.
Chez les musulman c est comme les chrétiens tu trouves de tout tu trouve des personnes radicalisées comme des personne musulmanes par origine ils sont musulman mais vivent pas trop comme musulman beaucoup boivent sont pratiquant une fois au bout d une lune d autre sont ouvert vive leur foie pour eux . Juste que les proportion son différente les chrétiens depuis un bon siècle on a une façon moins intégriste de la religion c est devenu une religion plutôt personnel qu une religion etatique comme avant une religion de groupe ou tout le monde surveille tout le monde obligé et c est mieux comme ça d un côté. C est d abord une recherche personnel pour ceux qui ressente le besoin.
Moi je suis pas non plus un saint ni un croyant 100% a font de ça, juste que de toute les religion c est le christianisme avec lequel je me sent plus connecter , par son message la culture les rites …..
Après oui j ai déjà été travailler par des musulman qui essaie de te convaincre de leurs religion est vrai ça arrive de temps en temps, après c est pas interdit juste la façon de faire desfois c est tellement insistant que ça te rends presque malade par moment , les gens essaie de te mettre en défaut te sors des histoire sans preuve genre te dire que leurs religion est écrite dans la Bible tu demande le verset on te répond pas y a une forme de charme de marchandage certain sont convertie par mariage par exemple j en connais 2 des chose fait pour t attirer vers eux , c est les tentations c est ce que le christ a vécu dans le désert à un niveau plus élever. Et c est là que tu dis et prend conscience de ce que la Bible dit. Même si tu es pas croyant la Bible as une telle logique sur beaucoup de chose de la vie elle dit des chose très sensée qu on peut constater dans plein domaines de la vie. En tout cas elle te fait réfléchir sur plein de chose et te remettre en question aussi .
C est un peu longt mais ça raconte les tentation du christ dans notre vie on subi plein de tentation de plein de type différente.
Le désert comme lieu du manque qui ouvre à la rencontre
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Lc 4 1Jésus, rempli d’Esprit Saint, revint du Jourdain et il était dans le désert, conduit par l’Esprit, 2pendant quarante jours, et il était tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et lorsque ce temps fut écoulé, il eut faim.
10Je vous amène au désert… Jésus, ai-je dit, nous y attend déjà. Pour y être tenté par le diable. Il y a été conduit par l’Esprit, d’après l’Évangile selon Matthieu (Mt 4,1). Dans son évangile, Luc souligne davantage encore le rôle de l’Esprit, par une répétition peu élégante mais qui marque une insistance : « Jésus, rempli d’Esprit Saint, revint du Jourdain et il était dans le désert, conduit par l’Esprit » (Lc 4,2). Non seulement Jésus est poussé ou conduit par l’Esprit pour aller au désert, mais il est animé intérieurement par cet Esprit, qui lui a été accordé au Baptême et qui scelle le lien intime l’unissant au Père. Ce n’est pas le diable qui conduit Jésus au désert, il y va sous l’inspiration de l’Esprit qui l’habite ; mais ce sera le diable, et non pas Dieu lui-même, qui va le tenter et l’éprouver. De la même façon, on pourrait dire que c’est le Satan et non Dieu qui éprouva le pauvre Job.
11Au désert, Jésus passe quarante jours. Le chiffre quarante est évidemment suggestif. Comment ne pas penser au peuple d’Israël qui « fut condamné à errer quarante ans dans le désert » (Nb 14,34) ? Comment ne pas penser à Moïse et au don de la Loi [7]
[7]
« Le Seigneur dit à Moïse : “Inscris ces paroles car c’est sur… ? Comment ne pas penser au prophète Élie qui « marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu, l’Horeb » avant la fameuse théophanie (1 R 19,8) ?
12Si l’on creuse la symbolique du chiffre quarante, l’on peut aussi penser que le texte veut évoquer toute l’histoire du monde. Dans son livre Jésus de Nazareth, Joseph Ratzinger rappelle que « les Pères ont considéré le chiffre quarante comme le chiffre cosmique, le chiffre du monde dans son ensemble : les quatre points cardinaux délimitent le tout, et dix est le nombre des commandements. Le chiffre cosmique multiplié par le nombre de commandements devient l’expression symbolique de l’histoire du monde [8]
[8]
Joseph Ratzinger, Jésus de Nazareth, t. I : Du baptême dans le… ». Ainsi, en errant quarante jours dans le désert, Jésus ferait une nouvelle fois le parcours exodique du peuple d’Israël, mais assumerait également les errements et les errances de toute l’histoire humaine. Pour certains théologiens, les quarante jours du récit des tentations sont plutôt « le symbole de toute la vie de Jésus », qui « sera une longue tentation durant laquelle le Fils de Dieu sera soumis au pouvoir de Satan en attendant – cela n’est pas dit explicitement, mais supposé – de pouvoir le vaincre définitivement » [9]
[9]
Georges Minette de Tillesse, Le Secret messianique dans….
13On peut aussi penser que la référence aux quarante jours est simplement une manière de parler d’une longue période de temps. Comme l’écrit Xavier Thévenot,
14
il est relativement facile de tenir bon dans une zone de turbulences, même intenses, quand la traversée est brève. Par contre, quand celle-ci se prolonge, on ne peut plus se divertir et faire semblant d’ignorer les questions de fond posées par la souffrance intérieure. On est amené, de gré ou de force, à regarder avec lucidité qui l’on est et ce que l’on désire vraiment [10]
[10]
Xavier Thévenot, « Conflit de conditions filiales », La vie….
15Évoquer une durée de quarante jours serait une manière de suggérer que Jésus se trouve engagé dans une véritable opération-vérité, l’obligeant à s’exposer à ses illusions intérieures. Plus minimalement encore, l’évocation des quarante jours du désert souligne l’inscription de Jésus dans la temporalité, la durée, l’histoire humaine. À l’inverse, le diable – méconnaissant l’écart entre le désir et sa satisfaction – est tout entier dans l’instantanéité, le surgissement spontané, la temporalité abolie.
16L’épreuve des quarante jours, donc l’épreuve de la durée, ne se passe pas n’importe où. Elle se passe au désert. L’avez-vous oublié ? Nous sommes au désert. Qu’est-ce à dire ? Le désert… on pense, bien sûr, à la longue traversée du désert, à la sortie d’Égypte, telle que racontée dans les livres de l’Exode, du Lévitique, des Nombres et du Deutéronome, et qui constitue l’un des événements fondateurs d’Israël. Le désert, un lieu « grand et terrible », si l’on croit les paroles prêtées à Moïse au premier chapitre du Deutéronome (Dt 1,19). Le désert, ce lieu où le peuple a affronté la faim et la soif, mais aussi les attaques des serpents, et surtout le découragement. Jésus aussi, mais seul. Dans la Bible, le désert est un lieu hostile, « terre aride et ravinée, terre sèche et sinistre, terre où personne n’est jamais passé, où aucun homme n’a jamais habité » (Jr 2,6). C’est un lieu dangereux, peuplé de bêtes menaçantes, « pays […] de la lionne et du lion rugissant, de la vipère et du dragon volant » (És 30,6).
17Le désert est le lieu du manque, l’épreuve du manque : manque de nourriture, manque d’eau et, dans le cas de Jésus, manque de compagnie. Le désert est aussi un lieu où les divertissements sont peu nombreux. Cette absence de divertissements, on peut le supposer, redouble la solitude, l’accentue : dans le désert, on est pris avec soi-même. Mais en cela, le désert peut aussi être un lieu de discernement, un lieu pour faire des choix importants, une sorte de voie d’accès à la vérité, à sa vérité. Le désert peut être un lieu pour changer, pour se convertir, pour mener une petite révolution intérieure. Tout le contraire de l’orgie, qui est « cet espace et ce lieu imaginaire où l’on vit pour un temps restreint l’envers des contraintes et des codes de la vie réelle dans un déchaînement des instincts, qui ne survit précisément que parce qu’il ne dure pas [11]
[11]
Jean Le Du, La tentation de Jésus ou l’économie des désirs,… ». Alors que l’orgie est conservatrice – « rien de ce que les désirs ont appris dans le lieu clos de la fiction n’est autorisé à contaminer l’organisation de la vie quotidienne [12]
[12]
Ibid., p. 56. » –, le désert apparaît comme un lieu de changement, de transformation ou, du moins, d’approfondissement et de validation intérieure.
18Dans le désert, je l’ai dit, on est pris avec soi. Mais on peut aussi parfois y rencontrer l’Autre, Dieu, qui parle au désert. En hébreu, le désert se dit midbar. Le désert n’est pas qu’un lieu aride, c’est aussi, selon le Talmud, le lieu où Dieu medaber, c’est-à-dire où Dieu parle (dabar). Winogradsky souligne que cette « interprétation talmudique est capitale dans le judaïsme : Dieu parle dans le désert et l’homme, contraint au dépouillement, est alors capable d’écouter la Parole de son Créateur. Le fidèle est capable de suivre l’enseignement que Dieu lui prodigue : il peut apprendre les desseins de Dieu [13]
[13]
Alexandre Winogradsky, Paroles d’Évangile, mémorial d’Israël,… ». On sait que le titre usuel du livre des Nombres, qui relate les événements qui se sont déroulés entre la sortie d’Égypte et l’arrivée dans la terre promise est, en hébreu, bemidbar, ce qui signifie « dans le désert ».
19Dans l’Ancien Testament, le désert est le lieu de la Révélation, le lieu où Dieu parle à ses prophètes. Ainsi : « Dans le désert du Sinaï, le Seigneur parla à Moïse dans la tente de la rencontre » (Dt 1,1). Le désert est le lieu où Dieu parle au cœur de l’humain, où il lui parle « cœur à cœur », pour reprendre une expression du livre d’Osée : « C’est pourquoi, mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur » (Os 2,16).
20Dans le désert, on est aussi confronté à ses démons. À cet égard le désert, c’est un peu l’enfer, comme l’écrit Karl Barth : « Le désert est en effet, d’après la conception ancienne, un lieu qui, comme la mer, possède une grande affinité avec le monde infernal – la demeure même des démons. C’est précisément pour affronter les démons que Jésus y est conduit [14]
[14]
Karl Barth, Dogmatique, IV, 1*, trad. Fernand Ryser, Genève,…. » Au désert, pendant une longue période de temps, Jésus est conduit à affronter ses pulsions, ses fantasmes. Oui, il faut le dire, le désert est aussi le lieu de l’illusion, un lieu où l’on hallucine, quand on y est privé d’eau et de nourriture. Le vide et l’absence, la désertion des objets, stimulent, ou du moins peuvent stimuler le champ (illimité) de l’imaginaire. Une fois que l’on est au désert, comment même savoir ce qui s’y passe de réel ? Plus minimalement encore, l’évocation du désert (que l’on atteint à partir du Jourdain) souligne l’inscription de Jésus dans un lieu précis, un espace donné, une géographie humaine, identifiable. À l’inverse, le diable surgit de nulle part et semble se déplacer selon des lois surnaturelles, surhumaines.
21« Il ne mangea rien durant ces jours-là… » Jésus jeûne au désert. Il se prive par là du nécessaire. Il fait l’expérience de la faim. Il éprouve le manque dans son corps. Y a-t-il là une forme d’ascèse, une manière de nier le corps et ses besoins, pour se faire ange, ou pour se faire dieu, pour se hisser à la hauteur d’une puissance divine ? Ou n’est-ce pas plutôt une tout autre figure de l’ascèse qui se dessine ici, visant, comme l’écrit Jean-Daniel Causse, « l’incarnation, l’inscription dans une condition humaine et ce qui s’éprouve dans le corps [15]
[15]
Jean-Daniel Causse, « La pratique ascétique : une divine… » ? Autrement dit, poursuit Causse, « à l’idée d’une mort à soi-même comme condition de l’accès à une jouissance divine, s’oppose une forme de l’ascèse qui soutient à l’inverse qu’il faut mourir à une jouissance divine pour accéder à soi-même [16]
[16]
Ibid. ». C’est bien dans cette forme de l’ascèse, me semble-t-il, que Jésus s’engage, une ascèse qui le ramène à sa condition humaine, qui lui fait éprouver – c’est-à-dire épouser – son corps. Connaître la faim, c’est se connaître et se reconnaître comme corps [17]
[17]
Je me permets de renvoyer le lecteur à mon petit ouvrage :….
La tentation de réduire la vie à la besogne
22
Lc 4 3Alors le diable lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » 4Jésus lui répondit : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra. »
23C’est au moment où Jésus éprouve la faim que le diable arrive pour lui parler de pain. Le diable arrive, mieux il surgit, il survient, il apparaît tout d’un coup, comme un fantôme, comme un spectre. Il émerge. De nulle part. Comme l’écrit Joseph Caillot, « le diable arrive brutalement dans le texte (moins comme accompagnateur intérieur que comme voix extérieure qui brouille tout) [18]
[18]
Joseph Caillot, « Le passant de la liberté », in Id. et al.,… ». Le diable prend Jésus par surprise, pendant que la garde est baissée, cherchant à exploiter une vulnérabilité. Sans crier gare, le diable se rend présent, impose sa présence et interpelle Jésus.
24Il s’adresse à lui pour le tenter, en se situant sur le plan même de sa filialité, le plan de ce qui définit le Christ dans sa vérité propre : « Fils d’Adam, fils de Dieu », selon la formule de la généalogie. « Si tu es le fils de Dieu… », dit le diable. Mais il ne cherche manifestement pas à « conforter le Christ dans la confiance en son Père » ; il l’invite plutôt – diaboliquement, c’est-à-dire selon la voie de la division et de la séparation – à « refuser la finitude humaine qui est le lieu où se déploient en vérité les liens d’amour entre Dieu et l’homme » [19]
[19]
X. Thévenot, « Conflit de conditions filiales », art. cit., p.….
25Dans son interprétation des tentations de Jésus, Thomas d’Aquin fait remarquer que la
26
tentation qui vient de l’ennemi se fait par mode de suggestion. Or, on ne propose pas à tous de la même manière une suggestion : on le fait à partir de ce à quoi chacun est attaché. Voilà pourquoi le démon ne tente pas l’homme spirituel tout de suite avec des péchés graves, mais il commence par des choses légères pour le conduire ensuite à des choses graves [20]
[20]
Thomas d’Aquin, Somme théologique, III, qu. 41, art. 4..
27Le Docteur angélique me semble affirmer quelque chose d’extrêmement important lorsqu’il écrit que l’on est tenté « à partir de ce à quoi chacun est attaché ». Le diable me connaît mieux que moi-même, et il m’atteint là où le bât blesse, c’est-à-dire là où je suis sensible, au cœur de mes désirs les plus intimes et les plus puissants. Je suis moins d’accord avec Thomas d’Aquin lorsqu’il soutient l’idée d’une sorte de gradation des tentations et qualifie la tentation du pain de « chose légère ». Au contraire, j’ai plutôt tendance à penser que cette tentation est radicale. En effet, est-il possible de vivre sans manger ? Entre mourir de faim ou manger et vivre, qui choisira la mort ? La radicalité de la tentation du pain est qu’elle touche un besoin réel. Qui préférerait la faim à la nourriture ? Il faut bien manger.
28Sur la base d’un besoin réel, le diable suggère au fils de Dieu en personne d’être à la hauteur de la puissance divine, et de faire l’économie des limites humaines et des résistances de la réalité. Et cela pour une noble cause (comment le nier ?) : nourrir le corps, combler le besoin de la faim. En lui suggérant d’ordonner que la pierre se change en pain, le diable invite le fils de Dieu à faire un miracle, une « action prodigieuse qui jouerait à mimer orgueilleusement la puissance créatrice de Dieu, capable de transformer par la Parole un tohu-bohu en un univers cosmique et humain ordonné [21]
[21]
X. Thévenot, « Conflit de conditions filiales », art. cit., p.… ».
29À la provocation du diable, Jésus répond par une citation des Écritures, plus précisément du Deutéronome : « Il est écrit : “Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra” » (Dt 8,3). Il s’agit en fait d’une citation tronquée, du moins dans la version de Luc. Matthieu, pour sa part, cite la phrase complète : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu » (Dt 8,3 cité dans Mt 4,4).
30La réponse de Jésus, telle que Luc la rapporte, est admirable à bien des égards. D’abord parce qu’elle affirme clairement et sans ambiguïté que le pain est nécessaire. Dire que l’homme ne vit pas seulement de pain, c’est dire qu’il faut manger, que l’homme ne peut vivre sans manger, et donc sans produire la nourriture qui va le nourrir. Être fini, l’humain doit assurer sa subsistance. Sa survie en dépend. Et pour cela, il doit bien travailler. Même moi, l’évangéliste de la paresse, je suis bien obligé de l’admettre [22]
[22]
Voir François Nault, L’Évangile de la paresse, Paris/Montréal,…. Mais le travail dont il est question ici n’est rien d’autre que la besogne. Qu’est-ce que la besogne ? Denis Vasse écrit : « La besogne répond à la nécessité de cuisiner, d’entretenir la maison pour “la faire tourner”. Elle est un travail qu’il est nécessaire d’accomplir [23]
[23]
Denis Vasse, Le temps du désir. Essai sur le corps et la…. » La besogne correspond au besoin réel de travailler pour manger, elle est la réponse à un manque qu’il s’agit de combler. Ainsi, « nous travaillons pour que jamais rien ne nous manque, ou – plus subtilement encore – pour que rien ne manque à nos familles ou à nos frères [24]
[24]
Ibid., p. 51. ». Rien de mal à cela, si ce n’est que la logique de la besogne est potentiellement aliénante. Elle menace de nous engloutir à tout moment : « L’accomplissement de la tâche nourricière nous absorbe tout entier et nous continuons à travailler de peur qu’il ne nous manque quelque chose, alors même qu’il ne nous manque plus rien [25]
[25]
Ibid., p. 50.. » Le travail-besogne peut facilement devenir un dieu, une idole : « Au lieu que le travail soit réalisé pour l’homme, tout se passe comme si c’était l’homme qui était fait pour le travail [26]
[26]
Ibid.. » Ce que j’appelle la besogne, prolongeant le propos de Vasse, c’est le travail qui potentiellement m’engloutit, dans lequel je risque de m’enfouir. L’humain peut se tuer à l’ouvrage, c’est-à-dire à la besogne. Cela se voit. Mais dans cette soumission même à la divine Besogne, comment ne pas voir une immense volonté de puissance, un véhément désir de colmater la faille, de nier le manque ?
31Je le répète pourtant : la besogne est nécessaire. On ne s’en sortira pas [27]
[27]
Voir Giuseppe Rensi, Contre le travail. Essai sur l’activité la…. Jésus lui-même ne le nie pas : l’homme vit de pain. Mais pas seulement de cela. De quoi donc alors ? On a vu que la réponse de Jésus au diable est une citation tronquée du Deutéronome, que Matthieu, lui, rappelle au complet. Pourquoi Luc a-t-il donc omis la seconde partie de la phrase du Deutéronome ? C’est bien sûr un détail, et on peut l’expliquer en rappelant la méthode de citation prévalente à l’époque, qui invitait le lecteur à compléter pour lui-même, en lui-même, une affirmation dont la teneur complète lui était connue. On peut aussi supposer que Luc a délibérément omis de préciser le contenu du manque, et qu’il a agi ainsi de manière à souligner l’importance du manque : le manque ne doit pas manquer à la vie.
32Que faut-il donc à l’homme pour qu’il vive ? Telle est la question décisive que soulève la première intervention du diable [28]
[28]
Voir J. Caillot, « Le passant de la liberté », art. cit., p. 48.. Question à laquelle Jésus réplique de la manière suivante : si le pain est nécessaire à la subsistance, la vie suppose un manque, un lieu vide, impossible à circonscrire ou à combler [29]
[29]
Il est question ici de la vie nue (zoè : le simple fait de…. Ainsi la réponse de Jésus donne du jeu aux êtres de désir que nous sommes. Ce faisant, il ouvre un avenir, autorise une histoire, en rend possible le déploiement : « l’homme vivra », cela se conjugue au futur. À l’inverse, la transformation de la pierre en pain annule non seulement la socialité – beaucoup de collaborations sont nécessaires à la fabrication du pain – mais aussi le temps, la durée ; si bien que la première tentation apparaît comme la tentation d’un pouvoir à la fois solitaire et immédiat sur les choses. Pouvoir inhumain en somme. Pouvoir proprement divin dont le diable invite Jésus, le fils de Dieu, à user allégrement. Mais celui-ci refuse de rabattre le désir sur le besoin : la pierre restera une pierre, et l’être humain pourra ainsi vivre, vraiment. Car « l’homme ne vit pas seulement de pain, il vit aussi de la contemplation des pierres du monde [30]
[30]
D. Vasse, Le temps du désir, op. cit., p. 31. ».
33Ayant parlé du contenu de la réponse de Jésus au diable, il me faut dire un mot de la forme. Alors même qu’il ne se défile pas et qu’il réplique à la ruse diabolique, Jésus ne parle pas en « je ». Il n’invoque pas son expérience ou son désir. Il ne répond pas au diable : « Non, je ne veux pas ! » Il cite les Écritures : « Il est écrit… » Quel est le sens de ce stratagème ? Que penser de cette retraite ? Pourquoi ce jeu de cache-cache ? Ces questions, laissons-les en suspens avant d’y revenir plus loin.
La tentation du pouvoir et de la négation du sujet
34
Lc 4 5Le diable le conduisit plus haut, lui fit voir en un instant tous les royaumes de la terre 6et lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir avec la gloire de ces royaumes, parce que c’est à moi qu’il a été remis et que je le donne à qui je veux. 7Toi donc, si tu m’adores, tu l’auras tout entier. » 8Jésus lui répondit : « Il est écrit : “Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et c’est à lui seul que tu rendras un culte.” »
35Nous étions au désert… Il faut quitter le désert. Car il s’agit maintenant d’aller « plus haut » (Lc 4,5). En effet, après que l’Esprit eut conduit Jésus au désert, pour le tenter, c’est « plus haut » que le diable décide de le conduire pour éprouver Jésus une seconde fois. Alors que Matthieu situe la scène « sur une très haute montagne » (Mt 4,8), ce qui peut suggérer des parallèles avec d’autres épisodes bibliques, Luc utilise une formule très vague et imprécise : « plus haut ». Jésus est arraché au sol ; il n’a plus les deux pieds sur terre. Il vole dans les hauteurs, en dehors de la condition humaine. Il n’est déjà presque plus tout à fait « fils d’Adam », « fils du Glébeux ».
36« Plus haut » : où est-ce exactement ? Où le diable a-t-il amené Jésus ? Si je le savais, je pourrais vous y amener à mon tour. Mais ce lieu n’existe peut-être pas. Peut-être sommes-nous encore au désert, après tout. Peut-être est-ce un fantasme, une hallucination, une quelconque folie des hauteurs qui a conduit Jésus à une telle hauteur, indéterminable…
37Si le diable emporte ainsi Jésus dans les hauteurs, c’est pour lui faire voir « tous les royaumes de la terre ». Après la bouche, ce sont les yeux de Jésus qui sont sollicités. Comme le serpent au troisième chapitre de la Genèse, le diable mise sur ce qui risque de séduire le regard. À partir de quel lieu, sur quelle montagne réellement existante un regard pourrait-il embrasser tous les royaumes de la terre ? Le récit évangélique interdit une lecture littéraliste, il ruine sa crédibilité réaliste.
38Et puis, à « l’amplitude sans limite des royaumes du monde » s’ajoute un « resserrement du temps le plus étroit qui soit » : tout est offert à Jésus « en un instant » [31]
[31]
J. Caillot, « Le passant de la liberté », art. cit., p. 55 sq. (Lc 4,5). Ce qui est offert à Jésus par le diable, c’est une totalité : sans reste, sans manque… et même sans attente ! Ce sont « tous les royaumes de la terre » (Lc 4,5) que le diable fait voir à Jésus ; ensuite, c’est « tout ce pouvoir » (Lc 4,6) qu’il propose de lui donner ; et s’il l’accepte, Jésus l’aura « tout entier » (Lc 4,7). L’offre est celle d’une possession totale et immédiate, automatique. Ce qui est proposé par le diable, c’est un futur sans avenir entièrement conditionné : « Je te donnerai… si tu te prosternes, elle sera à toi… » Aucune surprise, aucune réserve eschatologique, aucune patience. Le temps est nié. Aucun horizon d’attente : la « gloire » elle-même semble chose acquise.
39Une totalité immédiate donc. Tout, tout de suite : voilà la seconde tentation diabolique, qui n’est pas sans ressemblance – de ce point de vue – avec la première. À ceci près qu’elle porte sur un pouvoir plutôt que sur un avoir. Un pouvoir, dit le diable, qui lui a été remis (Lc 4,6). Le pouvoir serait-il donc d’essence diabolique ? Tout pouvoir ? C’est un point décisif sur lequel Jacques Ellul insiste fortement, et qui détermine – à ses yeux – d’une manière parfaitement claire les rapports du christianisme à la politique. Pour Ellul,
40
la politique, ce n’est ni la recherche du bien commun, ni la participation à la polis, ce n’est pas un idéal de justice, etc. Il s’agit exclusivement de puissance et de pouvoir. Il faut accepter la conception de la politique donnée par la plupart des politologues : « La politique est l’ensemble des moyens employés pour conquérir le pouvoir, et, une fois qu’on l’a, pour le garder. » [32]
[32]
Jacques Ellul, Éthique de la liberté, t. III : Les combats de…
41Il précise que le « bon usage de ce pouvoir, la visée d’une société juste peuvent être proposés au politique qui a gagné, mais ce n’est pas en soi-même la politique [33]
[33]
Ibid., p. 103. ». À partir de cette définition de la politique – qui a, à tout le moins, le mérite de la clarté –, Ellul fait le constat que « les textes du Nouveau Testament montrent que Jésus, puis les disciples n’ont pas fait de politique et ne s’y sont pas intéressés. Ce qui nous est dit de l’État est théologique. Ce qui nous est dit du comportement envers l’État n’a rien de politique [34]
[34]
Ibid. ».
42Évoquant les relations de Jésus avec les milieux zélotes, Ellul note qu’il se refuse lui-même à toute action politique : « Il semble qu’il ait accepté, adopté leur “zèle” mais qu’il l’ait dépouillé de son orientation et de son contenu politiques. Ce n’est pas seulement le refus de l’emploi de la violence, qui est bien connu, mais c’est l’importance du politique même qui est mise en jeu [35]
[35]
Ibid., p. 103 sq.. » Ne désirant pas être le libérateur politique d’Israël, Jésus « refuse de répondre à la question de savoir s’il est pour ou contre César et s’il faut ou non payer l’impôt [36]
[36]
Ibid., p. 104. ». Plus encore, Jésus « prend aussi une attitude de dévalorisation par une sorte de ridicule au sujet de la politique [37]
[37]
Ibid. ». À l’appui de cette idée, on peut rappeler une scène savoureuse racontée par Matthieu (Mt 17,24-27) :
43
Comme ils étaient arrivés à Capharnaüm, ceux qui perçoivent les didrachmes s’avancèrent vers Pierre et lui dirent : « Est-ce que votre maître ne paie pas les didrachmes ? » – « Si », dit-il. Quand Pierre fut arrivé à la maison, Jésus, prenant les devants, lui dit : « Quel est ton avis, Simon ? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils taxes ou impôt ? De leurs fils, ou des étrangers ? » Et comme il répondait : « Des étrangers », Jésus lui dit : « Par conséquent, les fils sont libres. Toutefois, pour ne pas causer la chute de ces gens-là, va à la mer, jette l’hameçon, saisis le premier poisson qui mordra, et ouvre-lui la bouche : tu y trouveras un statère. Prends-le et donne-le-leur, pour moi et pour toi. »
44Selon Ellul, « ce miracle est destiné à manifester l’indifférence totale de Jésus envers le roi, les autorités du Temple, etc. » et « l’attitude de Jésus, tendant à rabaisser le pouvoir politique et religieux, à rendre bien clair qu’il ne vaut pas la peine qu’on se soumette et qu’on obéisse autrement que de façon ridicule » [38]
[38]
Jacques Ellul, Anarchie et christianisme, Paris, La Table…. Nous avons affaire en la matière à une « dérision [39]
[39]
J. Ellul, Les combats de la liberté, op. cit., p. 104. ».
45La prétention du diable, dans le récit des tentations de Jésus, est prise très au sérieux par notre auteur. Il l’évoque dans un ouvrage de 1991 consacré, pour une bonne partie, à l’exégèse des tentations :
46
La déclaration du diable est très ferme : le pouvoir politique, dans tous les royaumes, la gloire politique, la grandeur politique, tout cela appartient au diable. […] Cela doit nous conduire à considérer autrement le gouvernement et les pouvoirs. Tous sont des émanations de Satan, tous ont fait acte d’allégeance au diable, tous ont été reçus du diable [40]
[40]
Jacques Ellul, Si tu es le Fils de Dieu. Souffrances et….
47Cela est vrai de l’institution politique comme de celui qui détient le pouvoir. Ce que le récit évangélique des tentations révèle, c’est que l’essence du pouvoir, donc l’essence du politique, est fondamentalement diabolique. C’est encore ce qu’Ellul rappelle dans son petit livre sur l’anarchie chrétienne : « Tous les pouvoirs, puissances, gloire de ces royaumes, donc tout ce qui concerne la politique et les autorités politiques appartiennent au “Diable”, tout cela lui a été donné et il les donne à qui il veut. Ainsi ceux qui détiennent un pouvoir politique l’ont reçu du diable et dépendent de lui [41]
[41]
J. Ellul, Anarchie et christianisme, op. cit., p. 87 sq. ! » Si Ellul prend au sérieux l’affirmation du diable, c’est qu’à ses yeux Jésus lui-même ne la conteste pas : « Il ne discute pas avec le diable, en particulier il ne lui répond pas que sa prétention à être le maître de tous les royaumes de la terre n’est pas vraie. […] Indirectement donc Jésus confirme la prétention du diable [42]
[42]
J. Ellul, Si tu es le Fils de Dieu, op. cit., p. 79.. »
48Je vais revenir à la réponse de Jésus au diable, toutefois je voudrais pour le moment m’attarder encore un peu à la proposition du diable – en laissant de côté l’interprétation de Jacques Ellul (contestable à plus d’un égard [43]
[43]
Jean-Louis Seurin a bien montré que le processus de…). Plus précisément, je voudrais relever une double omission, un double silence. D’une part, s’il affirme que tout le pouvoir avec la gloire des royaumes lui a été remis, le diable oublie comme par hasard de mentionner par qui ce pouvoir lui a été remis. Par Dieu évidemment, qu’il ne nomme jamais : « Le Dieu du ciel a puissance sur les royaumes des hommes et il les donne à qui il veut », lit-on en Daniel 4,29. D’autre part, la deuxième tentation est la seule où le diable ne s’adresse pas à Jésus en tant que « fils de Dieu ». Pourquoi ? L’on peut penser qu’une mention de la filialité de Jésus entrerait en contradiction avec le rêve que le diable lui fait miroiter : celui d’une domination totale et immédiate. Ainsi le contexte de la seconde tentation est à la fois « un contexte anti-théologal maximal » et « un contexte d’auto-filiation maximal » [44]
[44]
J. Caillot, « Le passant de la liberté », art. cit., p. 62 sq.. J’ajoute encore que l’offre du diable est assortie d’une condition : il est exigé de Jésus qu’il l’adore ; littéralement, qu’il se prosterne devant lui. Si le diable amène Jésus sur des hauteurs, s’il l’élève si haut dans le ciel que tous les royaumes de la terre peuvent être embrassés d’un regard, c’est finalement pour l’obliger à descendre, dans une proskynèse, qui l’oblige à se coucher à ses pieds, qui l’immobilise là et le prive de la liberté d’agir, de marcher, d’aller.
49À la suite de Thomas d’Aquin, on a déjà reconnu que c’est toujours « à partir de ce à quoi chacun est attaché [45]
[45]
Voir supra n. 20. » que la tentation fonctionne. Il n’est pas difficile d’imaginer l’attraction puissante qu’a pu exercer la tentation politique sur Jésus : pourquoi ne pas mettre le pouvoir au service du Bien, c’est-à-dire au service d’une mission consistant à « proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, […] renvoyer les opprimés en liberté » (Lc 4,18) ?
50Si l’on se réfère à la relecture des tentations de Jésus proposée par Dostoïevski dans la fameuse « Légende du Grand Inquisiteur », on pourrait penser que l’Église institutionnelle a accepté l’offre du diable [46]
[46]
Fedor M. Dostoïevski, Les frères Karamazov, introduction par… ; Jésus lui-même la refuse. Il le fait, comme pour la première tentation, non pas en s’exprimant en son nom propre mais en citant un passage des Écritures : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et c’est à lui seul que tu rendras un culte. » Le texte cité est extrait du livre du Deutéronome (Dt 6,13).
51En regard de la première tentation, Luc a mis dans la bouche de Jésus une citation tronquée ; cette fois-ci, il lui attribue une citation augmentée : en effet, il ajoute le mot « seul » (monos). L’introduction de ce mot est décisive, me semble-t-il. Elle sert à prévenir la confusion, toujours possible, entre Dieu et ce qui n’est pas Dieu, mais qui voudrait en occuper le lieu. « Le Seigneur ton Dieu », lui seul, mérite un culte, puisque lui seul n’aliène pas mais libère. J’ajoute que Jésus continue de parler au futur : il s’agit, encore une fois, d’ouvrir une histoire, de rendre possible un avenir non conditionné, à la différence de la proposition du diable qui implique plutôt un futur déjà programmé d’avance, une histoire sans événement.
52Si l’on s’attache encore au contenu même de la réponse de Jésus, on peut remarquer qu’elle permet de renouer avec le sens véritable de l’adoration. À la différence de l’adoration du diable, attachée à un contrat et à une condition (« si tu… »), la véritable adoration ne peut être qu’inconditionnelle. En outre, elle n’est pas vouée à un Dieu abstrait, lointain ou impersonnel ; si l’adoration véritable implique un certain marqueur de la distance, elle doit prendre la forme d’une adresse, celle d’un « je » à un « tu », impliquant forcément un certain rapport de proximité (sans appropriation) : il est bien question d’adorer « le Seigneur ton Dieu ». Il s’agirait d’assumer le risque d’une « étreinte » et de renoncer à la « contrainte » – pour reprendre une distinction de Fabrice Hadjadj, qui précise que
53
c’est une rencontre personnelle qui doit s’accomplir […]. C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, toi, et pas un clone, et à Lui seul que tu rendras un culte, si bien que tu ne seras pas asservi par une quelconque puissance de la terre ou du ciel, mais libre dans ce seul à Seul [47]
[47]
Fabrice Hadjadj, La foi des démons ou l’athéisme dépassé,….
54La distinction de la contrainte et de l’étreinte mériterait peut-être d’être mise en relation avec une autre distinction, proposée celle-là par Jean-Luc Nancy, entre l’addiction et l’adoration. Alors que l’addiction « implique un rapport à une présence tangible, appropriable » et comporte « quelque chose qui relève en fin de compte de l’hallucination » [48]
[48]
Jean-Luc Nancy, L’adoration (Déconstruction du christianisme,…, l’adoration pointerait en direction d’une tout autre logique. Nancy écrit :
55
L’adoration désignerait un rapport à une présence qu’il n’est pas question de faire entrer « ici » mais au contraire de connaître et d’affirmer comme essentiellement « ailleurs », ouvrant l’« ici ». Ce n’est donc pas non plus une présence au sens courant du mot. C’est la présence, non de quelque chose mais de l’ouverture, de la déhiscence, de la brèche ou de l’échappée de l’« ici » même [49]
[49]
Ibid. On lira aussi Jean Greisch, « De l’éclosion du….
56Il faut encore ajouter que c’est seulement dans la réplique à la deuxième tentation que l’injonction de Jésus est positive : « Tu adoreras… tu rendras un culte. » Comme s’il fallait une affirmation forte, plutôt qu’un interdit, pour combattre la dénégation diabolique du théologal.
La tentation théologique
57
Lc 4 9Le diable le conduisit alors à Jérusalem ; il le plaça sur le faîte du temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas ; 10car il est écrit : “Il donnera pour toi ordre à ses anges de te garder”, 11et encore : “Ils te porteront sur leurs mains pour t’éviter de heurter du pied quelque pierre.” » 12Jésus lui répondit : « Il est dit : “Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.” »
58À ce moment-ci, au seuil de la troisième tentation de Jésus, autant l’avouer : j’admire un peu le diable… sans l’adorer ! Quelle finesse, quelle audace ! Quel fin psychologue aussi. Défait sur le plan politique, il n’y retourne pas, mais va plutôt sur le terrain même de son adversaire : il devient théologien.
59Le diable conduit Jésus à Jérusalem, la ville sainte par excellence. Après le désert et les hauteurs, nous les retrouvons donc tous deux, le tentateur et le tenté, dans un milieu urbain… pourtant peu habité, semble-t-il, puisqu’il n’est question d’aucun autre personnage. La scène est irréelle, sinon surréelle, et on est en droit de se demander si l’on a vraiment quitté le désert, si l’on n’est pas encore au cœur de visions hallucinatoires. À Jérusalem, Jésus est amené sur le faîte du Temple, pour ajouter encore un peu d’invraisemblance à une histoire qui, déjà, ne tient pas debout – à s’en tenir à une lecture réaliste. Sur le faîte du Temple, on imagine Jésus en équilibre précaire. Tout est bon pour essayer de le faire chuter. « Bel avertissement du récit, commente Xavier Thévenot, aucun lieu et aucun privilège religieux ne protègent de la tentation. Bien plus, les lieux les plus sacrés peuvent devenir occasions d’une épreuve spirituelle grave [50]
[50]
X. Thévenot, « Conflit de conditions filiales », art. cit., p.… ! »
60Comme lors de la première tentation, le diable s’adresse à Jésus en l’appelant « fils de Dieu ». C’est toujours la question de la filiation de Jésus qui est en jeu ici, plus précisément la question de sa double filiation, lui qui est inséparablement « fils d’Adam, fils de Dieu ». Le diable défie Jésus en l’enjoignant de se jeter en bas du Temple – une mort assurée pour tout être humain normalement constitué – et en l’invitant à faire confiance à son Père qui le dispensera sûrement d’un destin funeste.
61Le diable, fin théologien, adopte la stratégie de son adversaire et cite les Écritures à son tour : « Il est écrit… » Que cite-t-il ? Une partie du magnifique Psaume 91 : les versets 11 et 12. Le diable découpe donc. Il garde ce qui lui convient. Comme tout bon (ou moins bon) théologien, il sélectionne, il utilise les Écritures [51]
[51]
Voir François Nault, « L’écriture, arme de la théologie ? »,…. Citant seulement les versets 11 et 12, il évite le début du psaume et l’adresse inaugurale qu’il contient : « Seigneur, c’est toi mon refuge ! » (Ps 91,9) Ainsi, alors même qu’il cite les Écritures, le diable réussit une nouvelle fois à éviter Dieu : il est seulement question d’un « il ». C’est un tour de force ! Par ailleurs, le diable interrompt la citation du Psaume 91 juste avant le verset 13, qui fait référence à un dragon qui sera piétiné par le Seigneur. Le diable se serait-il senti visé et aurait-il éprouvé le besoin de laisser de côté cette allusion, menaçante pour lui ?
62Quoi que l’on dise de la manière dont le diable cite les Écritures et quoi que l’on pense de ses procédés exégétiques douteux, il faut admirer l’intelligence de ce recours. Le diable prend appui sur l’autorité scripturaire que Jésus lui-même a invoquée dans ses répliques aux deux premières tentations. Sur le fond, la troisième tentation est également admirable, tout en subtilité. Karl Barth doutait même que l’on puisse lui attribuer le terme péjoratif de tentation : en effet, « en violent contraste avec ses interventions précédentes », le diable demande à Jésus
63
de faire preuve d’une confiance en Dieu absolue, aveugle, totale, de cette confiance qui, manifestement, doit être par excellence celle du Fils de Dieu. On pourrait même dire qu’il exige de Jésus un acte qui correspond exactement aux réponses qu’il a données pour repousser les deux premières tentations : vivre uniquement de la Parole de Dieu, servir Dieu et l’adorer lui seul ! [52]
[52]
K. Barth, Dogmatique, IV, 1*, op. cit., p. 276 sq.
64Il n’est pas demandé à Jésus de faire un miracle spectaculaire. Jésus est seul et ce qui lui est demandé, c’est simplement « de donner la preuve et de fournir l’ultime garantie que, dans sa solitude humaine […], il est lié à Dieu : Jésus doit risquer le tout pour le tout dans la certitude et pour démontrer sa certitude que Dieu est avec lui et le gardera par le moyen de ses anges [53]
[53]
Ibid., p. 277. ». De fait, comme le fait encore remarquer Barth, « l’épreuve subie ici par Jésus est étrangement proche de la voie qu’il a suivie en fait [54]
[54]
Ibid. ».
65La réponse de Jésus va peut-être nous renseigner sur la nature exacte de la tentation à laquelle il est soumis. Une fois encore, il cite les Écritures, un passage du Deutéronome : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu » (Dt 6,16). Toutefois, détail à noter, la citation n’est pas introduite par l’habituel « il est écrit… » mais par une nouvelle formule, inédite : « Il est dit… » Tout se passe comme si Jésus avait compris maintenant que la Bible pouvait être l’objet de manipulations et de détournements diaboliques et qu’il avait décidé, dès lors, de revenir à la Parole de Dieu comme source vive et vivante, et non comme lettre morte.
66Le message est lui-même assez clair et répond directement au défi du diable : il ne faut pas tenter Dieu ni instrumentaliser sa présence. En se jetant en bas du temple, Jésus aurait commis la faute de tenter Dieu : comme le dit Barth, « sous l’apparence d’une foi extraordinaire, il lui aurait demandé de prendre parti pour lui, Jésus, le croyant modèle […]. Il aurait exigé de Dieu qu’il fût le plus faux de tous les faux dieux, à savoir le Dieu de l’homme pieux [55]
[55]
Ibid. ». À quoi aspire l’homme pieux ou religieux si ce n’est à soumettre Dieu, à le mettre à son service, et cela sous l’apparence de la foi ? En se jetant en bas depuis le faîte du temple – sous l’apparence de la foi, de l’abandon et de la confiance –, Jésus aurait bel et bien joué le jeu du diable, et cédé à la jouissance par excellence, celle de l’homme religieux aspirant à la condition divine, essayant de faire l’économie de la finitude humaine et de son signe le plus visible : la mort elle-même.
67La troisième tentation, on le voit bien, n’est pas différente des deux premières : ce que le diable offre à Jésus, c’est « une plénitude immédiate […], une existence sans défaut, un monde peuplé de secours, saturé de protections, sans risques, où la présence est tutélaire et nous épargne toute peine, jusqu’à celle de mourir [56]
[56]
Guy Lafon, « À travers le désert », in Id., Esquisses pour un… ». La tentation à laquelle est exposée Jésus est, encore une fois, d’invoquer son titre de « fils de Dieu », sa condition filiale divine, afin d’être dispensé d’avoir à vivre et à mourir. C’est la tentation et la tentative proprement religieuse – et éminemment diabolique – d’exercer un pouvoir sur Dieu, et d’utiliser la religion pour se mettre à l’abri, dans un monde excluant le manque, l’absence, la distance. Une totalité en manque de manque. « Fils d’Adam, fils de Dieu », Jésus décide de se soumettre jusqu’au bout à la loi de l’existence humaine, et refuse de substituer sa volonté à celle de son Père.
68Ne pas tenter Dieu : voilà donc l’injonction finale de Jésus, par laquelle il signifie son désir d’assumer pleinement sa condition filiale humaine, c’est-à-dire son consentement au vivre et au mourir, et à la loi d’humanisation. Pas de dispense, sous prétexte de sa condition filiale divine. Mais ne pas tenter Dieu, cela ne vaut-il pas aussi comme une déclaration indirecte de sa condition divine ? En effet, n’est-ce pas lui, Jésus, qui vient d’être tenté ? Certes, mais pour arriver à une telle affirmation, il aura fallu traverser le désert, avoir eu faim et soif, avoir assumé la condition humaine jusqu’au bout, s’être inscrit dans une temporalité et dans une géographie données, et avoir accepté les risques des médiations – notamment politiques [57]
[57]
À côté d’un politique diabolique, il faudrait concevoir la… ! – qui sont certes toujours équivoques mais hors desquelles il n’y a pas d’existence vraiment humaine.
Moi je suis pas non plus un saint ni un croyant 100% a font de ça, juste que de toute les religion c est le christianisme avec lequel je me sent plus connecter , par son message la culture les rites …..
Après oui j ai déjà été travailler par des musulman qui essaie de te convaincre de leurs religion est vrai ça arrive de temps en temps, après c est pas interdit juste la façon de faire desfois c est tellement insistant que ça te rends presque malade par moment , les gens essaie de te mettre en défaut te sors des histoire sans preuve genre te dire que leurs religion est écrite dans la Bible tu demande le verset on te répond pas y a une forme de charme de marchandage certain sont convertie par mariage par exemple j en connais 2 des chose fait pour t attirer vers eux , c est les tentations c est ce que le christ a vécu dans le désert à un niveau plus élever. Et c est là que tu dis et prend conscience de ce que la Bible dit. Même si tu es pas croyant la Bible as une telle logique sur beaucoup de chose de la vie elle dit des chose très sensée qu on peut constater dans plein domaines de la vie. En tout cas elle te fait réfléchir sur plein de chose et te remettre en question aussi .
C est un peu longt mais ça raconte les tentation du christ dans notre vie on subi plein de tentation de plein de type différente.
Le désert comme lieu du manque qui ouvre à la rencontre
9
Lc 4 1Jésus, rempli d’Esprit Saint, revint du Jourdain et il était dans le désert, conduit par l’Esprit, 2pendant quarante jours, et il était tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et lorsque ce temps fut écoulé, il eut faim.
10Je vous amène au désert… Jésus, ai-je dit, nous y attend déjà. Pour y être tenté par le diable. Il y a été conduit par l’Esprit, d’après l’Évangile selon Matthieu (Mt 4,1). Dans son évangile, Luc souligne davantage encore le rôle de l’Esprit, par une répétition peu élégante mais qui marque une insistance : « Jésus, rempli d’Esprit Saint, revint du Jourdain et il était dans le désert, conduit par l’Esprit » (Lc 4,2). Non seulement Jésus est poussé ou conduit par l’Esprit pour aller au désert, mais il est animé intérieurement par cet Esprit, qui lui a été accordé au Baptême et qui scelle le lien intime l’unissant au Père. Ce n’est pas le diable qui conduit Jésus au désert, il y va sous l’inspiration de l’Esprit qui l’habite ; mais ce sera le diable, et non pas Dieu lui-même, qui va le tenter et l’éprouver. De la même façon, on pourrait dire que c’est le Satan et non Dieu qui éprouva le pauvre Job.
11Au désert, Jésus passe quarante jours. Le chiffre quarante est évidemment suggestif. Comment ne pas penser au peuple d’Israël qui « fut condamné à errer quarante ans dans le désert » (Nb 14,34) ? Comment ne pas penser à Moïse et au don de la Loi [7]
[7]
« Le Seigneur dit à Moïse : “Inscris ces paroles car c’est sur… ? Comment ne pas penser au prophète Élie qui « marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu, l’Horeb » avant la fameuse théophanie (1 R 19,8) ?
12Si l’on creuse la symbolique du chiffre quarante, l’on peut aussi penser que le texte veut évoquer toute l’histoire du monde. Dans son livre Jésus de Nazareth, Joseph Ratzinger rappelle que « les Pères ont considéré le chiffre quarante comme le chiffre cosmique, le chiffre du monde dans son ensemble : les quatre points cardinaux délimitent le tout, et dix est le nombre des commandements. Le chiffre cosmique multiplié par le nombre de commandements devient l’expression symbolique de l’histoire du monde [8]
[8]
Joseph Ratzinger, Jésus de Nazareth, t. I : Du baptême dans le… ». Ainsi, en errant quarante jours dans le désert, Jésus ferait une nouvelle fois le parcours exodique du peuple d’Israël, mais assumerait également les errements et les errances de toute l’histoire humaine. Pour certains théologiens, les quarante jours du récit des tentations sont plutôt « le symbole de toute la vie de Jésus », qui « sera une longue tentation durant laquelle le Fils de Dieu sera soumis au pouvoir de Satan en attendant – cela n’est pas dit explicitement, mais supposé – de pouvoir le vaincre définitivement » [9]
[9]
Georges Minette de Tillesse, Le Secret messianique dans….
13On peut aussi penser que la référence aux quarante jours est simplement une manière de parler d’une longue période de temps. Comme l’écrit Xavier Thévenot,
14
il est relativement facile de tenir bon dans une zone de turbulences, même intenses, quand la traversée est brève. Par contre, quand celle-ci se prolonge, on ne peut plus se divertir et faire semblant d’ignorer les questions de fond posées par la souffrance intérieure. On est amené, de gré ou de force, à regarder avec lucidité qui l’on est et ce que l’on désire vraiment [10]
[10]
Xavier Thévenot, « Conflit de conditions filiales », La vie….
15Évoquer une durée de quarante jours serait une manière de suggérer que Jésus se trouve engagé dans une véritable opération-vérité, l’obligeant à s’exposer à ses illusions intérieures. Plus minimalement encore, l’évocation des quarante jours du désert souligne l’inscription de Jésus dans la temporalité, la durée, l’histoire humaine. À l’inverse, le diable – méconnaissant l’écart entre le désir et sa satisfaction – est tout entier dans l’instantanéité, le surgissement spontané, la temporalité abolie.
16L’épreuve des quarante jours, donc l’épreuve de la durée, ne se passe pas n’importe où. Elle se passe au désert. L’avez-vous oublié ? Nous sommes au désert. Qu’est-ce à dire ? Le désert… on pense, bien sûr, à la longue traversée du désert, à la sortie d’Égypte, telle que racontée dans les livres de l’Exode, du Lévitique, des Nombres et du Deutéronome, et qui constitue l’un des événements fondateurs d’Israël. Le désert, un lieu « grand et terrible », si l’on croit les paroles prêtées à Moïse au premier chapitre du Deutéronome (Dt 1,19). Le désert, ce lieu où le peuple a affronté la faim et la soif, mais aussi les attaques des serpents, et surtout le découragement. Jésus aussi, mais seul. Dans la Bible, le désert est un lieu hostile, « terre aride et ravinée, terre sèche et sinistre, terre où personne n’est jamais passé, où aucun homme n’a jamais habité » (Jr 2,6). C’est un lieu dangereux, peuplé de bêtes menaçantes, « pays […] de la lionne et du lion rugissant, de la vipère et du dragon volant » (És 30,6).
17Le désert est le lieu du manque, l’épreuve du manque : manque de nourriture, manque d’eau et, dans le cas de Jésus, manque de compagnie. Le désert est aussi un lieu où les divertissements sont peu nombreux. Cette absence de divertissements, on peut le supposer, redouble la solitude, l’accentue : dans le désert, on est pris avec soi-même. Mais en cela, le désert peut aussi être un lieu de discernement, un lieu pour faire des choix importants, une sorte de voie d’accès à la vérité, à sa vérité. Le désert peut être un lieu pour changer, pour se convertir, pour mener une petite révolution intérieure. Tout le contraire de l’orgie, qui est « cet espace et ce lieu imaginaire où l’on vit pour un temps restreint l’envers des contraintes et des codes de la vie réelle dans un déchaînement des instincts, qui ne survit précisément que parce qu’il ne dure pas [11]
[11]
Jean Le Du, La tentation de Jésus ou l’économie des désirs,… ». Alors que l’orgie est conservatrice – « rien de ce que les désirs ont appris dans le lieu clos de la fiction n’est autorisé à contaminer l’organisation de la vie quotidienne [12]
[12]
Ibid., p. 56. » –, le désert apparaît comme un lieu de changement, de transformation ou, du moins, d’approfondissement et de validation intérieure.
18Dans le désert, je l’ai dit, on est pris avec soi. Mais on peut aussi parfois y rencontrer l’Autre, Dieu, qui parle au désert. En hébreu, le désert se dit midbar. Le désert n’est pas qu’un lieu aride, c’est aussi, selon le Talmud, le lieu où Dieu medaber, c’est-à-dire où Dieu parle (dabar). Winogradsky souligne que cette « interprétation talmudique est capitale dans le judaïsme : Dieu parle dans le désert et l’homme, contraint au dépouillement, est alors capable d’écouter la Parole de son Créateur. Le fidèle est capable de suivre l’enseignement que Dieu lui prodigue : il peut apprendre les desseins de Dieu [13]
[13]
Alexandre Winogradsky, Paroles d’Évangile, mémorial d’Israël,… ». On sait que le titre usuel du livre des Nombres, qui relate les événements qui se sont déroulés entre la sortie d’Égypte et l’arrivée dans la terre promise est, en hébreu, bemidbar, ce qui signifie « dans le désert ».
19Dans l’Ancien Testament, le désert est le lieu de la Révélation, le lieu où Dieu parle à ses prophètes. Ainsi : « Dans le désert du Sinaï, le Seigneur parla à Moïse dans la tente de la rencontre » (Dt 1,1). Le désert est le lieu où Dieu parle au cœur de l’humain, où il lui parle « cœur à cœur », pour reprendre une expression du livre d’Osée : « C’est pourquoi, mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur » (Os 2,16).
20Dans le désert, on est aussi confronté à ses démons. À cet égard le désert, c’est un peu l’enfer, comme l’écrit Karl Barth : « Le désert est en effet, d’après la conception ancienne, un lieu qui, comme la mer, possède une grande affinité avec le monde infernal – la demeure même des démons. C’est précisément pour affronter les démons que Jésus y est conduit [14]
[14]
Karl Barth, Dogmatique, IV, 1*, trad. Fernand Ryser, Genève,…. » Au désert, pendant une longue période de temps, Jésus est conduit à affronter ses pulsions, ses fantasmes. Oui, il faut le dire, le désert est aussi le lieu de l’illusion, un lieu où l’on hallucine, quand on y est privé d’eau et de nourriture. Le vide et l’absence, la désertion des objets, stimulent, ou du moins peuvent stimuler le champ (illimité) de l’imaginaire. Une fois que l’on est au désert, comment même savoir ce qui s’y passe de réel ? Plus minimalement encore, l’évocation du désert (que l’on atteint à partir du Jourdain) souligne l’inscription de Jésus dans un lieu précis, un espace donné, une géographie humaine, identifiable. À l’inverse, le diable surgit de nulle part et semble se déplacer selon des lois surnaturelles, surhumaines.
21« Il ne mangea rien durant ces jours-là… » Jésus jeûne au désert. Il se prive par là du nécessaire. Il fait l’expérience de la faim. Il éprouve le manque dans son corps. Y a-t-il là une forme d’ascèse, une manière de nier le corps et ses besoins, pour se faire ange, ou pour se faire dieu, pour se hisser à la hauteur d’une puissance divine ? Ou n’est-ce pas plutôt une tout autre figure de l’ascèse qui se dessine ici, visant, comme l’écrit Jean-Daniel Causse, « l’incarnation, l’inscription dans une condition humaine et ce qui s’éprouve dans le corps [15]
[15]
Jean-Daniel Causse, « La pratique ascétique : une divine… » ? Autrement dit, poursuit Causse, « à l’idée d’une mort à soi-même comme condition de l’accès à une jouissance divine, s’oppose une forme de l’ascèse qui soutient à l’inverse qu’il faut mourir à une jouissance divine pour accéder à soi-même [16]
[16]
Ibid. ». C’est bien dans cette forme de l’ascèse, me semble-t-il, que Jésus s’engage, une ascèse qui le ramène à sa condition humaine, qui lui fait éprouver – c’est-à-dire épouser – son corps. Connaître la faim, c’est se connaître et se reconnaître comme corps [17]
[17]
Je me permets de renvoyer le lecteur à mon petit ouvrage :….
La tentation de réduire la vie à la besogne
22
Lc 4 3Alors le diable lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » 4Jésus lui répondit : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra. »
23C’est au moment où Jésus éprouve la faim que le diable arrive pour lui parler de pain. Le diable arrive, mieux il surgit, il survient, il apparaît tout d’un coup, comme un fantôme, comme un spectre. Il émerge. De nulle part. Comme l’écrit Joseph Caillot, « le diable arrive brutalement dans le texte (moins comme accompagnateur intérieur que comme voix extérieure qui brouille tout) [18]
[18]
Joseph Caillot, « Le passant de la liberté », in Id. et al.,… ». Le diable prend Jésus par surprise, pendant que la garde est baissée, cherchant à exploiter une vulnérabilité. Sans crier gare, le diable se rend présent, impose sa présence et interpelle Jésus.
24Il s’adresse à lui pour le tenter, en se situant sur le plan même de sa filialité, le plan de ce qui définit le Christ dans sa vérité propre : « Fils d’Adam, fils de Dieu », selon la formule de la généalogie. « Si tu es le fils de Dieu… », dit le diable. Mais il ne cherche manifestement pas à « conforter le Christ dans la confiance en son Père » ; il l’invite plutôt – diaboliquement, c’est-à-dire selon la voie de la division et de la séparation – à « refuser la finitude humaine qui est le lieu où se déploient en vérité les liens d’amour entre Dieu et l’homme » [19]
[19]
X. Thévenot, « Conflit de conditions filiales », art. cit., p.….
25Dans son interprétation des tentations de Jésus, Thomas d’Aquin fait remarquer que la
26
tentation qui vient de l’ennemi se fait par mode de suggestion. Or, on ne propose pas à tous de la même manière une suggestion : on le fait à partir de ce à quoi chacun est attaché. Voilà pourquoi le démon ne tente pas l’homme spirituel tout de suite avec des péchés graves, mais il commence par des choses légères pour le conduire ensuite à des choses graves [20]
[20]
Thomas d’Aquin, Somme théologique, III, qu. 41, art. 4..
27Le Docteur angélique me semble affirmer quelque chose d’extrêmement important lorsqu’il écrit que l’on est tenté « à partir de ce à quoi chacun est attaché ». Le diable me connaît mieux que moi-même, et il m’atteint là où le bât blesse, c’est-à-dire là où je suis sensible, au cœur de mes désirs les plus intimes et les plus puissants. Je suis moins d’accord avec Thomas d’Aquin lorsqu’il soutient l’idée d’une sorte de gradation des tentations et qualifie la tentation du pain de « chose légère ». Au contraire, j’ai plutôt tendance à penser que cette tentation est radicale. En effet, est-il possible de vivre sans manger ? Entre mourir de faim ou manger et vivre, qui choisira la mort ? La radicalité de la tentation du pain est qu’elle touche un besoin réel. Qui préférerait la faim à la nourriture ? Il faut bien manger.
28Sur la base d’un besoin réel, le diable suggère au fils de Dieu en personne d’être à la hauteur de la puissance divine, et de faire l’économie des limites humaines et des résistances de la réalité. Et cela pour une noble cause (comment le nier ?) : nourrir le corps, combler le besoin de la faim. En lui suggérant d’ordonner que la pierre se change en pain, le diable invite le fils de Dieu à faire un miracle, une « action prodigieuse qui jouerait à mimer orgueilleusement la puissance créatrice de Dieu, capable de transformer par la Parole un tohu-bohu en un univers cosmique et humain ordonné [21]
[21]
X. Thévenot, « Conflit de conditions filiales », art. cit., p.… ».
29À la provocation du diable, Jésus répond par une citation des Écritures, plus précisément du Deutéronome : « Il est écrit : “Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra” » (Dt 8,3). Il s’agit en fait d’une citation tronquée, du moins dans la version de Luc. Matthieu, pour sa part, cite la phrase complète : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu » (Dt 8,3 cité dans Mt 4,4).
30La réponse de Jésus, telle que Luc la rapporte, est admirable à bien des égards. D’abord parce qu’elle affirme clairement et sans ambiguïté que le pain est nécessaire. Dire que l’homme ne vit pas seulement de pain, c’est dire qu’il faut manger, que l’homme ne peut vivre sans manger, et donc sans produire la nourriture qui va le nourrir. Être fini, l’humain doit assurer sa subsistance. Sa survie en dépend. Et pour cela, il doit bien travailler. Même moi, l’évangéliste de la paresse, je suis bien obligé de l’admettre [22]
[22]
Voir François Nault, L’Évangile de la paresse, Paris/Montréal,…. Mais le travail dont il est question ici n’est rien d’autre que la besogne. Qu’est-ce que la besogne ? Denis Vasse écrit : « La besogne répond à la nécessité de cuisiner, d’entretenir la maison pour “la faire tourner”. Elle est un travail qu’il est nécessaire d’accomplir [23]
[23]
Denis Vasse, Le temps du désir. Essai sur le corps et la…. » La besogne correspond au besoin réel de travailler pour manger, elle est la réponse à un manque qu’il s’agit de combler. Ainsi, « nous travaillons pour que jamais rien ne nous manque, ou – plus subtilement encore – pour que rien ne manque à nos familles ou à nos frères [24]
[24]
Ibid., p. 51. ». Rien de mal à cela, si ce n’est que la logique de la besogne est potentiellement aliénante. Elle menace de nous engloutir à tout moment : « L’accomplissement de la tâche nourricière nous absorbe tout entier et nous continuons à travailler de peur qu’il ne nous manque quelque chose, alors même qu’il ne nous manque plus rien [25]
[25]
Ibid., p. 50.. » Le travail-besogne peut facilement devenir un dieu, une idole : « Au lieu que le travail soit réalisé pour l’homme, tout se passe comme si c’était l’homme qui était fait pour le travail [26]
[26]
Ibid.. » Ce que j’appelle la besogne, prolongeant le propos de Vasse, c’est le travail qui potentiellement m’engloutit, dans lequel je risque de m’enfouir. L’humain peut se tuer à l’ouvrage, c’est-à-dire à la besogne. Cela se voit. Mais dans cette soumission même à la divine Besogne, comment ne pas voir une immense volonté de puissance, un véhément désir de colmater la faille, de nier le manque ?
31Je le répète pourtant : la besogne est nécessaire. On ne s’en sortira pas [27]
[27]
Voir Giuseppe Rensi, Contre le travail. Essai sur l’activité la…. Jésus lui-même ne le nie pas : l’homme vit de pain. Mais pas seulement de cela. De quoi donc alors ? On a vu que la réponse de Jésus au diable est une citation tronquée du Deutéronome, que Matthieu, lui, rappelle au complet. Pourquoi Luc a-t-il donc omis la seconde partie de la phrase du Deutéronome ? C’est bien sûr un détail, et on peut l’expliquer en rappelant la méthode de citation prévalente à l’époque, qui invitait le lecteur à compléter pour lui-même, en lui-même, une affirmation dont la teneur complète lui était connue. On peut aussi supposer que Luc a délibérément omis de préciser le contenu du manque, et qu’il a agi ainsi de manière à souligner l’importance du manque : le manque ne doit pas manquer à la vie.
32Que faut-il donc à l’homme pour qu’il vive ? Telle est la question décisive que soulève la première intervention du diable [28]
[28]
Voir J. Caillot, « Le passant de la liberté », art. cit., p. 48.. Question à laquelle Jésus réplique de la manière suivante : si le pain est nécessaire à la subsistance, la vie suppose un manque, un lieu vide, impossible à circonscrire ou à combler [29]
[29]
Il est question ici de la vie nue (zoè : le simple fait de…. Ainsi la réponse de Jésus donne du jeu aux êtres de désir que nous sommes. Ce faisant, il ouvre un avenir, autorise une histoire, en rend possible le déploiement : « l’homme vivra », cela se conjugue au futur. À l’inverse, la transformation de la pierre en pain annule non seulement la socialité – beaucoup de collaborations sont nécessaires à la fabrication du pain – mais aussi le temps, la durée ; si bien que la première tentation apparaît comme la tentation d’un pouvoir à la fois solitaire et immédiat sur les choses. Pouvoir inhumain en somme. Pouvoir proprement divin dont le diable invite Jésus, le fils de Dieu, à user allégrement. Mais celui-ci refuse de rabattre le désir sur le besoin : la pierre restera une pierre, et l’être humain pourra ainsi vivre, vraiment. Car « l’homme ne vit pas seulement de pain, il vit aussi de la contemplation des pierres du monde [30]
[30]
D. Vasse, Le temps du désir, op. cit., p. 31. ».
33Ayant parlé du contenu de la réponse de Jésus au diable, il me faut dire un mot de la forme. Alors même qu’il ne se défile pas et qu’il réplique à la ruse diabolique, Jésus ne parle pas en « je ». Il n’invoque pas son expérience ou son désir. Il ne répond pas au diable : « Non, je ne veux pas ! » Il cite les Écritures : « Il est écrit… » Quel est le sens de ce stratagème ? Que penser de cette retraite ? Pourquoi ce jeu de cache-cache ? Ces questions, laissons-les en suspens avant d’y revenir plus loin.
La tentation du pouvoir et de la négation du sujet
34
Lc 4 5Le diable le conduisit plus haut, lui fit voir en un instant tous les royaumes de la terre 6et lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir avec la gloire de ces royaumes, parce que c’est à moi qu’il a été remis et que je le donne à qui je veux. 7Toi donc, si tu m’adores, tu l’auras tout entier. » 8Jésus lui répondit : « Il est écrit : “Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et c’est à lui seul que tu rendras un culte.” »
35Nous étions au désert… Il faut quitter le désert. Car il s’agit maintenant d’aller « plus haut » (Lc 4,5). En effet, après que l’Esprit eut conduit Jésus au désert, pour le tenter, c’est « plus haut » que le diable décide de le conduire pour éprouver Jésus une seconde fois. Alors que Matthieu situe la scène « sur une très haute montagne » (Mt 4,8), ce qui peut suggérer des parallèles avec d’autres épisodes bibliques, Luc utilise une formule très vague et imprécise : « plus haut ». Jésus est arraché au sol ; il n’a plus les deux pieds sur terre. Il vole dans les hauteurs, en dehors de la condition humaine. Il n’est déjà presque plus tout à fait « fils d’Adam », « fils du Glébeux ».
36« Plus haut » : où est-ce exactement ? Où le diable a-t-il amené Jésus ? Si je le savais, je pourrais vous y amener à mon tour. Mais ce lieu n’existe peut-être pas. Peut-être sommes-nous encore au désert, après tout. Peut-être est-ce un fantasme, une hallucination, une quelconque folie des hauteurs qui a conduit Jésus à une telle hauteur, indéterminable…
37Si le diable emporte ainsi Jésus dans les hauteurs, c’est pour lui faire voir « tous les royaumes de la terre ». Après la bouche, ce sont les yeux de Jésus qui sont sollicités. Comme le serpent au troisième chapitre de la Genèse, le diable mise sur ce qui risque de séduire le regard. À partir de quel lieu, sur quelle montagne réellement existante un regard pourrait-il embrasser tous les royaumes de la terre ? Le récit évangélique interdit une lecture littéraliste, il ruine sa crédibilité réaliste.
38Et puis, à « l’amplitude sans limite des royaumes du monde » s’ajoute un « resserrement du temps le plus étroit qui soit » : tout est offert à Jésus « en un instant » [31]
[31]
J. Caillot, « Le passant de la liberté », art. cit., p. 55 sq. (Lc 4,5). Ce qui est offert à Jésus par le diable, c’est une totalité : sans reste, sans manque… et même sans attente ! Ce sont « tous les royaumes de la terre » (Lc 4,5) que le diable fait voir à Jésus ; ensuite, c’est « tout ce pouvoir » (Lc 4,6) qu’il propose de lui donner ; et s’il l’accepte, Jésus l’aura « tout entier » (Lc 4,7). L’offre est celle d’une possession totale et immédiate, automatique. Ce qui est proposé par le diable, c’est un futur sans avenir entièrement conditionné : « Je te donnerai… si tu te prosternes, elle sera à toi… » Aucune surprise, aucune réserve eschatologique, aucune patience. Le temps est nié. Aucun horizon d’attente : la « gloire » elle-même semble chose acquise.
39Une totalité immédiate donc. Tout, tout de suite : voilà la seconde tentation diabolique, qui n’est pas sans ressemblance – de ce point de vue – avec la première. À ceci près qu’elle porte sur un pouvoir plutôt que sur un avoir. Un pouvoir, dit le diable, qui lui a été remis (Lc 4,6). Le pouvoir serait-il donc d’essence diabolique ? Tout pouvoir ? C’est un point décisif sur lequel Jacques Ellul insiste fortement, et qui détermine – à ses yeux – d’une manière parfaitement claire les rapports du christianisme à la politique. Pour Ellul,
40
la politique, ce n’est ni la recherche du bien commun, ni la participation à la polis, ce n’est pas un idéal de justice, etc. Il s’agit exclusivement de puissance et de pouvoir. Il faut accepter la conception de la politique donnée par la plupart des politologues : « La politique est l’ensemble des moyens employés pour conquérir le pouvoir, et, une fois qu’on l’a, pour le garder. » [32]
[32]
Jacques Ellul, Éthique de la liberté, t. III : Les combats de…
41Il précise que le « bon usage de ce pouvoir, la visée d’une société juste peuvent être proposés au politique qui a gagné, mais ce n’est pas en soi-même la politique [33]
[33]
Ibid., p. 103. ». À partir de cette définition de la politique – qui a, à tout le moins, le mérite de la clarté –, Ellul fait le constat que « les textes du Nouveau Testament montrent que Jésus, puis les disciples n’ont pas fait de politique et ne s’y sont pas intéressés. Ce qui nous est dit de l’État est théologique. Ce qui nous est dit du comportement envers l’État n’a rien de politique [34]
[34]
Ibid. ».
42Évoquant les relations de Jésus avec les milieux zélotes, Ellul note qu’il se refuse lui-même à toute action politique : « Il semble qu’il ait accepté, adopté leur “zèle” mais qu’il l’ait dépouillé de son orientation et de son contenu politiques. Ce n’est pas seulement le refus de l’emploi de la violence, qui est bien connu, mais c’est l’importance du politique même qui est mise en jeu [35]
[35]
Ibid., p. 103 sq.. » Ne désirant pas être le libérateur politique d’Israël, Jésus « refuse de répondre à la question de savoir s’il est pour ou contre César et s’il faut ou non payer l’impôt [36]
[36]
Ibid., p. 104. ». Plus encore, Jésus « prend aussi une attitude de dévalorisation par une sorte de ridicule au sujet de la politique [37]
[37]
Ibid. ». À l’appui de cette idée, on peut rappeler une scène savoureuse racontée par Matthieu (Mt 17,24-27) :
43
Comme ils étaient arrivés à Capharnaüm, ceux qui perçoivent les didrachmes s’avancèrent vers Pierre et lui dirent : « Est-ce que votre maître ne paie pas les didrachmes ? » – « Si », dit-il. Quand Pierre fut arrivé à la maison, Jésus, prenant les devants, lui dit : « Quel est ton avis, Simon ? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils taxes ou impôt ? De leurs fils, ou des étrangers ? » Et comme il répondait : « Des étrangers », Jésus lui dit : « Par conséquent, les fils sont libres. Toutefois, pour ne pas causer la chute de ces gens-là, va à la mer, jette l’hameçon, saisis le premier poisson qui mordra, et ouvre-lui la bouche : tu y trouveras un statère. Prends-le et donne-le-leur, pour moi et pour toi. »
44Selon Ellul, « ce miracle est destiné à manifester l’indifférence totale de Jésus envers le roi, les autorités du Temple, etc. » et « l’attitude de Jésus, tendant à rabaisser le pouvoir politique et religieux, à rendre bien clair qu’il ne vaut pas la peine qu’on se soumette et qu’on obéisse autrement que de façon ridicule » [38]
[38]
Jacques Ellul, Anarchie et christianisme, Paris, La Table…. Nous avons affaire en la matière à une « dérision [39]
[39]
J. Ellul, Les combats de la liberté, op. cit., p. 104. ».
45La prétention du diable, dans le récit des tentations de Jésus, est prise très au sérieux par notre auteur. Il l’évoque dans un ouvrage de 1991 consacré, pour une bonne partie, à l’exégèse des tentations :
46
La déclaration du diable est très ferme : le pouvoir politique, dans tous les royaumes, la gloire politique, la grandeur politique, tout cela appartient au diable. […] Cela doit nous conduire à considérer autrement le gouvernement et les pouvoirs. Tous sont des émanations de Satan, tous ont fait acte d’allégeance au diable, tous ont été reçus du diable [40]
[40]
Jacques Ellul, Si tu es le Fils de Dieu. Souffrances et….
47Cela est vrai de l’institution politique comme de celui qui détient le pouvoir. Ce que le récit évangélique des tentations révèle, c’est que l’essence du pouvoir, donc l’essence du politique, est fondamentalement diabolique. C’est encore ce qu’Ellul rappelle dans son petit livre sur l’anarchie chrétienne : « Tous les pouvoirs, puissances, gloire de ces royaumes, donc tout ce qui concerne la politique et les autorités politiques appartiennent au “Diable”, tout cela lui a été donné et il les donne à qui il veut. Ainsi ceux qui détiennent un pouvoir politique l’ont reçu du diable et dépendent de lui [41]
[41]
J. Ellul, Anarchie et christianisme, op. cit., p. 87 sq. ! » Si Ellul prend au sérieux l’affirmation du diable, c’est qu’à ses yeux Jésus lui-même ne la conteste pas : « Il ne discute pas avec le diable, en particulier il ne lui répond pas que sa prétention à être le maître de tous les royaumes de la terre n’est pas vraie. […] Indirectement donc Jésus confirme la prétention du diable [42]
[42]
J. Ellul, Si tu es le Fils de Dieu, op. cit., p. 79.. »
48Je vais revenir à la réponse de Jésus au diable, toutefois je voudrais pour le moment m’attarder encore un peu à la proposition du diable – en laissant de côté l’interprétation de Jacques Ellul (contestable à plus d’un égard [43]
[43]
Jean-Louis Seurin a bien montré que le processus de…). Plus précisément, je voudrais relever une double omission, un double silence. D’une part, s’il affirme que tout le pouvoir avec la gloire des royaumes lui a été remis, le diable oublie comme par hasard de mentionner par qui ce pouvoir lui a été remis. Par Dieu évidemment, qu’il ne nomme jamais : « Le Dieu du ciel a puissance sur les royaumes des hommes et il les donne à qui il veut », lit-on en Daniel 4,29. D’autre part, la deuxième tentation est la seule où le diable ne s’adresse pas à Jésus en tant que « fils de Dieu ». Pourquoi ? L’on peut penser qu’une mention de la filialité de Jésus entrerait en contradiction avec le rêve que le diable lui fait miroiter : celui d’une domination totale et immédiate. Ainsi le contexte de la seconde tentation est à la fois « un contexte anti-théologal maximal » et « un contexte d’auto-filiation maximal » [44]
[44]
J. Caillot, « Le passant de la liberté », art. cit., p. 62 sq.. J’ajoute encore que l’offre du diable est assortie d’une condition : il est exigé de Jésus qu’il l’adore ; littéralement, qu’il se prosterne devant lui. Si le diable amène Jésus sur des hauteurs, s’il l’élève si haut dans le ciel que tous les royaumes de la terre peuvent être embrassés d’un regard, c’est finalement pour l’obliger à descendre, dans une proskynèse, qui l’oblige à se coucher à ses pieds, qui l’immobilise là et le prive de la liberté d’agir, de marcher, d’aller.
49À la suite de Thomas d’Aquin, on a déjà reconnu que c’est toujours « à partir de ce à quoi chacun est attaché [45]
[45]
Voir supra n. 20. » que la tentation fonctionne. Il n’est pas difficile d’imaginer l’attraction puissante qu’a pu exercer la tentation politique sur Jésus : pourquoi ne pas mettre le pouvoir au service du Bien, c’est-à-dire au service d’une mission consistant à « proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, […] renvoyer les opprimés en liberté » (Lc 4,18) ?
50Si l’on se réfère à la relecture des tentations de Jésus proposée par Dostoïevski dans la fameuse « Légende du Grand Inquisiteur », on pourrait penser que l’Église institutionnelle a accepté l’offre du diable [46]
[46]
Fedor M. Dostoïevski, Les frères Karamazov, introduction par… ; Jésus lui-même la refuse. Il le fait, comme pour la première tentation, non pas en s’exprimant en son nom propre mais en citant un passage des Écritures : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et c’est à lui seul que tu rendras un culte. » Le texte cité est extrait du livre du Deutéronome (Dt 6,13).
51En regard de la première tentation, Luc a mis dans la bouche de Jésus une citation tronquée ; cette fois-ci, il lui attribue une citation augmentée : en effet, il ajoute le mot « seul » (monos). L’introduction de ce mot est décisive, me semble-t-il. Elle sert à prévenir la confusion, toujours possible, entre Dieu et ce qui n’est pas Dieu, mais qui voudrait en occuper le lieu. « Le Seigneur ton Dieu », lui seul, mérite un culte, puisque lui seul n’aliène pas mais libère. J’ajoute que Jésus continue de parler au futur : il s’agit, encore une fois, d’ouvrir une histoire, de rendre possible un avenir non conditionné, à la différence de la proposition du diable qui implique plutôt un futur déjà programmé d’avance, une histoire sans événement.
52Si l’on s’attache encore au contenu même de la réponse de Jésus, on peut remarquer qu’elle permet de renouer avec le sens véritable de l’adoration. À la différence de l’adoration du diable, attachée à un contrat et à une condition (« si tu… »), la véritable adoration ne peut être qu’inconditionnelle. En outre, elle n’est pas vouée à un Dieu abstrait, lointain ou impersonnel ; si l’adoration véritable implique un certain marqueur de la distance, elle doit prendre la forme d’une adresse, celle d’un « je » à un « tu », impliquant forcément un certain rapport de proximité (sans appropriation) : il est bien question d’adorer « le Seigneur ton Dieu ». Il s’agirait d’assumer le risque d’une « étreinte » et de renoncer à la « contrainte » – pour reprendre une distinction de Fabrice Hadjadj, qui précise que
53
c’est une rencontre personnelle qui doit s’accomplir […]. C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, toi, et pas un clone, et à Lui seul que tu rendras un culte, si bien que tu ne seras pas asservi par une quelconque puissance de la terre ou du ciel, mais libre dans ce seul à Seul [47]
[47]
Fabrice Hadjadj, La foi des démons ou l’athéisme dépassé,….
54La distinction de la contrainte et de l’étreinte mériterait peut-être d’être mise en relation avec une autre distinction, proposée celle-là par Jean-Luc Nancy, entre l’addiction et l’adoration. Alors que l’addiction « implique un rapport à une présence tangible, appropriable » et comporte « quelque chose qui relève en fin de compte de l’hallucination » [48]
[48]
Jean-Luc Nancy, L’adoration (Déconstruction du christianisme,…, l’adoration pointerait en direction d’une tout autre logique. Nancy écrit :
55
L’adoration désignerait un rapport à une présence qu’il n’est pas question de faire entrer « ici » mais au contraire de connaître et d’affirmer comme essentiellement « ailleurs », ouvrant l’« ici ». Ce n’est donc pas non plus une présence au sens courant du mot. C’est la présence, non de quelque chose mais de l’ouverture, de la déhiscence, de la brèche ou de l’échappée de l’« ici » même [49]
[49]
Ibid. On lira aussi Jean Greisch, « De l’éclosion du….
56Il faut encore ajouter que c’est seulement dans la réplique à la deuxième tentation que l’injonction de Jésus est positive : « Tu adoreras… tu rendras un culte. » Comme s’il fallait une affirmation forte, plutôt qu’un interdit, pour combattre la dénégation diabolique du théologal.
La tentation théologique
57
Lc 4 9Le diable le conduisit alors à Jérusalem ; il le plaça sur le faîte du temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas ; 10car il est écrit : “Il donnera pour toi ordre à ses anges de te garder”, 11et encore : “Ils te porteront sur leurs mains pour t’éviter de heurter du pied quelque pierre.” » 12Jésus lui répondit : « Il est dit : “Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.” »
58À ce moment-ci, au seuil de la troisième tentation de Jésus, autant l’avouer : j’admire un peu le diable… sans l’adorer ! Quelle finesse, quelle audace ! Quel fin psychologue aussi. Défait sur le plan politique, il n’y retourne pas, mais va plutôt sur le terrain même de son adversaire : il devient théologien.
59Le diable conduit Jésus à Jérusalem, la ville sainte par excellence. Après le désert et les hauteurs, nous les retrouvons donc tous deux, le tentateur et le tenté, dans un milieu urbain… pourtant peu habité, semble-t-il, puisqu’il n’est question d’aucun autre personnage. La scène est irréelle, sinon surréelle, et on est en droit de se demander si l’on a vraiment quitté le désert, si l’on n’est pas encore au cœur de visions hallucinatoires. À Jérusalem, Jésus est amené sur le faîte du Temple, pour ajouter encore un peu d’invraisemblance à une histoire qui, déjà, ne tient pas debout – à s’en tenir à une lecture réaliste. Sur le faîte du Temple, on imagine Jésus en équilibre précaire. Tout est bon pour essayer de le faire chuter. « Bel avertissement du récit, commente Xavier Thévenot, aucun lieu et aucun privilège religieux ne protègent de la tentation. Bien plus, les lieux les plus sacrés peuvent devenir occasions d’une épreuve spirituelle grave [50]
[50]
X. Thévenot, « Conflit de conditions filiales », art. cit., p.… ! »
60Comme lors de la première tentation, le diable s’adresse à Jésus en l’appelant « fils de Dieu ». C’est toujours la question de la filiation de Jésus qui est en jeu ici, plus précisément la question de sa double filiation, lui qui est inséparablement « fils d’Adam, fils de Dieu ». Le diable défie Jésus en l’enjoignant de se jeter en bas du Temple – une mort assurée pour tout être humain normalement constitué – et en l’invitant à faire confiance à son Père qui le dispensera sûrement d’un destin funeste.
61Le diable, fin théologien, adopte la stratégie de son adversaire et cite les Écritures à son tour : « Il est écrit… » Que cite-t-il ? Une partie du magnifique Psaume 91 : les versets 11 et 12. Le diable découpe donc. Il garde ce qui lui convient. Comme tout bon (ou moins bon) théologien, il sélectionne, il utilise les Écritures [51]
[51]
Voir François Nault, « L’écriture, arme de la théologie ? »,…. Citant seulement les versets 11 et 12, il évite le début du psaume et l’adresse inaugurale qu’il contient : « Seigneur, c’est toi mon refuge ! » (Ps 91,9) Ainsi, alors même qu’il cite les Écritures, le diable réussit une nouvelle fois à éviter Dieu : il est seulement question d’un « il ». C’est un tour de force ! Par ailleurs, le diable interrompt la citation du Psaume 91 juste avant le verset 13, qui fait référence à un dragon qui sera piétiné par le Seigneur. Le diable se serait-il senti visé et aurait-il éprouvé le besoin de laisser de côté cette allusion, menaçante pour lui ?
62Quoi que l’on dise de la manière dont le diable cite les Écritures et quoi que l’on pense de ses procédés exégétiques douteux, il faut admirer l’intelligence de ce recours. Le diable prend appui sur l’autorité scripturaire que Jésus lui-même a invoquée dans ses répliques aux deux premières tentations. Sur le fond, la troisième tentation est également admirable, tout en subtilité. Karl Barth doutait même que l’on puisse lui attribuer le terme péjoratif de tentation : en effet, « en violent contraste avec ses interventions précédentes », le diable demande à Jésus
63
de faire preuve d’une confiance en Dieu absolue, aveugle, totale, de cette confiance qui, manifestement, doit être par excellence celle du Fils de Dieu. On pourrait même dire qu’il exige de Jésus un acte qui correspond exactement aux réponses qu’il a données pour repousser les deux premières tentations : vivre uniquement de la Parole de Dieu, servir Dieu et l’adorer lui seul ! [52]
[52]
K. Barth, Dogmatique, IV, 1*, op. cit., p. 276 sq.
64Il n’est pas demandé à Jésus de faire un miracle spectaculaire. Jésus est seul et ce qui lui est demandé, c’est simplement « de donner la preuve et de fournir l’ultime garantie que, dans sa solitude humaine […], il est lié à Dieu : Jésus doit risquer le tout pour le tout dans la certitude et pour démontrer sa certitude que Dieu est avec lui et le gardera par le moyen de ses anges [53]
[53]
Ibid., p. 277. ». De fait, comme le fait encore remarquer Barth, « l’épreuve subie ici par Jésus est étrangement proche de la voie qu’il a suivie en fait [54]
[54]
Ibid. ».
65La réponse de Jésus va peut-être nous renseigner sur la nature exacte de la tentation à laquelle il est soumis. Une fois encore, il cite les Écritures, un passage du Deutéronome : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu » (Dt 6,16). Toutefois, détail à noter, la citation n’est pas introduite par l’habituel « il est écrit… » mais par une nouvelle formule, inédite : « Il est dit… » Tout se passe comme si Jésus avait compris maintenant que la Bible pouvait être l’objet de manipulations et de détournements diaboliques et qu’il avait décidé, dès lors, de revenir à la Parole de Dieu comme source vive et vivante, et non comme lettre morte.
66Le message est lui-même assez clair et répond directement au défi du diable : il ne faut pas tenter Dieu ni instrumentaliser sa présence. En se jetant en bas du temple, Jésus aurait commis la faute de tenter Dieu : comme le dit Barth, « sous l’apparence d’une foi extraordinaire, il lui aurait demandé de prendre parti pour lui, Jésus, le croyant modèle […]. Il aurait exigé de Dieu qu’il fût le plus faux de tous les faux dieux, à savoir le Dieu de l’homme pieux [55]
[55]
Ibid. ». À quoi aspire l’homme pieux ou religieux si ce n’est à soumettre Dieu, à le mettre à son service, et cela sous l’apparence de la foi ? En se jetant en bas depuis le faîte du temple – sous l’apparence de la foi, de l’abandon et de la confiance –, Jésus aurait bel et bien joué le jeu du diable, et cédé à la jouissance par excellence, celle de l’homme religieux aspirant à la condition divine, essayant de faire l’économie de la finitude humaine et de son signe le plus visible : la mort elle-même.
67La troisième tentation, on le voit bien, n’est pas différente des deux premières : ce que le diable offre à Jésus, c’est « une plénitude immédiate […], une existence sans défaut, un monde peuplé de secours, saturé de protections, sans risques, où la présence est tutélaire et nous épargne toute peine, jusqu’à celle de mourir [56]
[56]
Guy Lafon, « À travers le désert », in Id., Esquisses pour un… ». La tentation à laquelle est exposée Jésus est, encore une fois, d’invoquer son titre de « fils de Dieu », sa condition filiale divine, afin d’être dispensé d’avoir à vivre et à mourir. C’est la tentation et la tentative proprement religieuse – et éminemment diabolique – d’exercer un pouvoir sur Dieu, et d’utiliser la religion pour se mettre à l’abri, dans un monde excluant le manque, l’absence, la distance. Une totalité en manque de manque. « Fils d’Adam, fils de Dieu », Jésus décide de se soumettre jusqu’au bout à la loi de l’existence humaine, et refuse de substituer sa volonté à celle de son Père.
68Ne pas tenter Dieu : voilà donc l’injonction finale de Jésus, par laquelle il signifie son désir d’assumer pleinement sa condition filiale humaine, c’est-à-dire son consentement au vivre et au mourir, et à la loi d’humanisation. Pas de dispense, sous prétexte de sa condition filiale divine. Mais ne pas tenter Dieu, cela ne vaut-il pas aussi comme une déclaration indirecte de sa condition divine ? En effet, n’est-ce pas lui, Jésus, qui vient d’être tenté ? Certes, mais pour arriver à une telle affirmation, il aura fallu traverser le désert, avoir eu faim et soif, avoir assumé la condition humaine jusqu’au bout, s’être inscrit dans une temporalité et dans une géographie données, et avoir accepté les risques des médiations – notamment politiques [57]
[57]
À côté d’un politique diabolique, il faudrait concevoir la… ! – qui sont certes toujours équivoques mais hors desquelles il n’y a pas d’existence vraiment humaine.
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