Le pouvoir maintenu des patronats nationaux
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Le pouvoir maintenu des patronats nationaux
Les « managers internationaux » sont des salariés (souvent fortunés) plutôt que des grands possédants, même s’ils ont aussi souvent accumulé un certain patrimoine. Issus majoritairement des classes supérieures, ils sont indéniablement « bourgeois », surtout si l’on prend en compte les dimensions symboliques, culturelles et sociales du statut de bourgeois, qui ne se réduit pas à la propriété des moyens de production mais inclut, indissociablement, l’adoption d’un certain style de vie marqué par la recherche de distinction et les stratégies de reproduction des privilèges sociaux.
Ces dirigeants ne se confondent pas pour autant avec les vieilles bourgeoisies nationales, pas plus qu’ils ne menacent réellement leurs positions dominantes. Les plus hautes positions de pouvoir restent détenues par des nationaux, formés et sélectionnés selon les procédures les plus nationales. Les enquêtes menées régulièrement par Michel Bauer et Bénédicte Bertin-Mourot sur les deux cents plus hauts dirigeants des grandes entreprises à capitaux français montrent la place prépondérante du système national de consécration dans la légitimation des dirigeants ; en France, comme d’ailleurs dans les autres pays industrialisés, les plus grands patrons sont presque exclusivement des nationaux qui ont peu d’expérience de l’étranger [9]
La moitié des plus hauts patrons français est issue de l’École polytechnique ou de l’ENA, deux écoles liées par excellence à l’État nation, et dont la part dans la production du grand patronat tend même plutôt à augmenter. Un tiers des grands patrons français est passé par cinq grands corps de l’État (Mines et Ponts, Inspections des Finances, Cour des Comptes et Conseil d’État) créés pour former et consacrer les élites administratives du pays ; le passage par un cabinet ministériel reste l’étape qui parachève la voie royale d’accès au grand patronat. Les compétences internationales caractérisent plutôt les dirigeants des grandes filiales d’entreprises étrangères, plus nombreux à avoir des diplômes étrangers et une expérience professionnelle dans d’autres pays. Mais il s’agit aussi d’une fraction du patronat qui se trouve à plusieurs égards dans une position dominée par rapport aux grands patrons. Diverses enquêtes auprès des grands groupes européens confirment que l’internationalisation de l’encadrement reste limitée pour les fonctions de pouvoir et dans les lieux de décision. Les cadres internationaux ont des positions clés dans leurs secteurs : les directions d’import-export, la coordination des activités internationales ; ils peuvent diriger des filiales. Mais ils restent tributaires de décisions prises ailleurs et accèdent rarement aux plus hauts postes.
On peut vérifier cette position seconde des managers internationaux à leur faible insertion dans les cercles fermés de la bonne bourgeoisie française. Ils ne sont pas membres des cercles et clubs les plus sélectifs, et ils expriment souvent le sentiment de se heurter à la clôture sociale de la bonne bourgeoisie française. La culture naissante des managers ne suffit pas à supplanter le pouvoir des grandes familles qui ont établi de longue date leur notoriété. Cette prééminence confirme la place centrale de la durée dans l’efficacité de la domination sociale. Les compétences nouvelles des « managers internationaux » ne peuvent rivaliser avec la légitimité que confère l’enracinement sur le territoire. L’appartenance à la meilleure société s’atteste d’abord par l’inscription dans des cercles d’inter-connaissances familiales, forgés et consolidés par le travail de plusieurs générations. Parmi les ressources sûres conférées par cette inscription territoriale, les liens tissés avec les réseaux politiques nationaux, voire régionaux sont essentiels. L’interpénétration des familles des affaires et de la haute fonction publique est une caractéristique centrale du monde du pouvoir en France, qui explique sa force de résistance à une simple importation de principes d’excellence étrangers. Les compétences internationales sont en elles-mêmes de peu de soutien pour maîtriser les règles du jeu complexes de la haute société française et du monde des affaires hexagonal, lesquelles s’acquièrent plus sûrement par une familiarisation précoce et continue.
Ces dirigeants ne se confondent pas pour autant avec les vieilles bourgeoisies nationales, pas plus qu’ils ne menacent réellement leurs positions dominantes. Les plus hautes positions de pouvoir restent détenues par des nationaux, formés et sélectionnés selon les procédures les plus nationales. Les enquêtes menées régulièrement par Michel Bauer et Bénédicte Bertin-Mourot sur les deux cents plus hauts dirigeants des grandes entreprises à capitaux français montrent la place prépondérante du système national de consécration dans la légitimation des dirigeants ; en France, comme d’ailleurs dans les autres pays industrialisés, les plus grands patrons sont presque exclusivement des nationaux qui ont peu d’expérience de l’étranger [9]
La moitié des plus hauts patrons français est issue de l’École polytechnique ou de l’ENA, deux écoles liées par excellence à l’État nation, et dont la part dans la production du grand patronat tend même plutôt à augmenter. Un tiers des grands patrons français est passé par cinq grands corps de l’État (Mines et Ponts, Inspections des Finances, Cour des Comptes et Conseil d’État) créés pour former et consacrer les élites administratives du pays ; le passage par un cabinet ministériel reste l’étape qui parachève la voie royale d’accès au grand patronat. Les compétences internationales caractérisent plutôt les dirigeants des grandes filiales d’entreprises étrangères, plus nombreux à avoir des diplômes étrangers et une expérience professionnelle dans d’autres pays. Mais il s’agit aussi d’une fraction du patronat qui se trouve à plusieurs égards dans une position dominée par rapport aux grands patrons. Diverses enquêtes auprès des grands groupes européens confirment que l’internationalisation de l’encadrement reste limitée pour les fonctions de pouvoir et dans les lieux de décision. Les cadres internationaux ont des positions clés dans leurs secteurs : les directions d’import-export, la coordination des activités internationales ; ils peuvent diriger des filiales. Mais ils restent tributaires de décisions prises ailleurs et accèdent rarement aux plus hauts postes.
On peut vérifier cette position seconde des managers internationaux à leur faible insertion dans les cercles fermés de la bonne bourgeoisie française. Ils ne sont pas membres des cercles et clubs les plus sélectifs, et ils expriment souvent le sentiment de se heurter à la clôture sociale de la bonne bourgeoisie française. La culture naissante des managers ne suffit pas à supplanter le pouvoir des grandes familles qui ont établi de longue date leur notoriété. Cette prééminence confirme la place centrale de la durée dans l’efficacité de la domination sociale. Les compétences nouvelles des « managers internationaux » ne peuvent rivaliser avec la légitimité que confère l’enracinement sur le territoire. L’appartenance à la meilleure société s’atteste d’abord par l’inscription dans des cercles d’inter-connaissances familiales, forgés et consolidés par le travail de plusieurs générations. Parmi les ressources sûres conférées par cette inscription territoriale, les liens tissés avec les réseaux politiques nationaux, voire régionaux sont essentiels. L’interpénétration des familles des affaires et de la haute fonction publique est une caractéristique centrale du monde du pouvoir en France, qui explique sa force de résistance à une simple importation de principes d’excellence étrangers. Les compétences internationales sont en elles-mêmes de peu de soutien pour maîtriser les règles du jeu complexes de la haute société française et du monde des affaires hexagonal, lesquelles s’acquièrent plus sûrement par une familiarisation précoce et continue.
Vladimir de Volog- Vénérable
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Vladimir de Volog- Vénérable
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Re: Le pouvoir maintenu des patronats nationaux
Volog a écrit:La culture naissante des managers ne suffit pas à supplanter le pouvoir des grandes familles qui ont établi de longue date leur notoriété. Cette prééminence confirme la place centrale de la durée dans l’efficacité de la domination sociale. Les compétences nouvelles des « managers internationaux » ne peuvent rivaliser avec la légitimité que confère l’enracinement sur le territoire. L’appartenance à la meilleure société s’atteste d’abord par l’inscription dans des cercles d’inter-connaissances familiales, forgés et consolidés par le travail de plusieurs générations. Parmi les ressources sûres conférées par cette inscription territoriale, les liens tissés avec les réseaux politiques nationaux, voire régionaux sont essentiels. L’interpénétration des familles des affaires et de la haute fonction publique est une caractéristique centrale du monde du pouvoir en France, qui explique sa force de résistance à une simple importation de principes d’excellence étrangers. Les compétences internationales sont en elles-mêmes de peu de soutien pour maîtriser les règles du jeu complexes de la haute société française et du monde des affaires hexagonal, lesquelles s’acquièrent plus sûrement par une familiarisation précoce et continue.
Déjà je ne vois aucun rapport entre un manager et une grande famille. Ensuite comparer l'ENA et Polytechnique c'est comme comparer la science à la religion, ça n'a pas de sens. Les mangers internationaux sortent d'écoles de commerces qui effectivement ont des liens avec les réseaux de pourris de l'ENA. La suite c'est ce donc je vous parle depuis un moment, ces gens n'ont aucun mérite à gagner des fortunes, ils sont justes nés avec des cuillères en OR dans la bouche, c'est tout. Il n'y a aucune complexité dans tout ce BARATIN, la seule complexité c'est PAR EXEMPLE
E = MC²
La familiarisation précoce est valable pour toute chose.
Ryanne- Connaisseur
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