Covid et médecine capitaliste.
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Covid et médecine capitaliste.
https://instituthommetotal.fr/affranchi/les-paradigmes-capitalistes-de-la-medecine-261
Sommaire :
Tout le reste est hyperlien. Cliquez dessus pour avoir les articles.
Bonne Lecture esculape.
Sommaire :
- Les paradigmes capitalistes de la médecine
- La crise du COVID-19 comme symptôme de la maladie capitaliste
- Qu'est-ce que le vivant ? Un bref horizon des réponses philosophiques et scientifiques
- Qu'est-ce que la santé ? De l'anormalité et l'anomalité
- Qu’est-ce que la médecine ? La leçon d'Hippocrate
- Approches et controverses : L'opposition médecine conventionnelle/non-conventionnelle ou allopathique/holistique
- La médecine prise en otage : Entre scientisme et pseudo-science
- Des lobbys corrompus aux charlatans de province : Conséquences et dérives de la médecine bourgeoise
- Darwin complotiste ? Le néo-kantisme contre Darwin
- Refondation thérapeutique : Propositions pour une pratique communiste de la santé
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Bonne Lecture esculape.
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Covid et médecine capitaliste.
Je vous en supplie Riton vous êtes le seul ici sur ce forum à avoir assez de culture pour répondre à ces articles !
C'est bon pour mon Ciboulot.
C'est bon pour mon Ciboulot.
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Covid et médecine capitaliste.
Pour les vrais scientifiques, la Science n'a pas de frontière ni de religion ni d'idéologie politique.Plaristes a écrit:Je vous en supplie Riton vous êtes le seul ici sur ce forum à avoir assez de culture pour répondre à ces articles !
C'est bon pour mon Ciboulot.
Il y a la Science qui a pour objectif principal de découvrir les lois de l'univers.
Or ces lois sont indépendantes des nôtres qui sont toutes arbitraires et dictées par la politique, la religion l'idéologie la morale, le Droit, bref dépendent de tout ce qui n'est qu'humain.
Les équations de la mathématique et de la physique sont les mêmes pour tous les mathématiciens et physiciens de la Terre.
P.S.
Je n'apprécie pas d'être supplié !
Je ne suis pas, ni ne me prend pour, un maître à penser !
Je me borne à exposer mon point de vue, libre à tous de le partager ou non.
Mais pour ce qui concerne la Science, je n'y suis pour rien, icelle étant indépendante de nos idées quelles qu'elles soient !
Il n'existe pas une Science capitaliste ni une science anticapitaliste. L'Univers se fout pas mal de nos pauvres convictions.
Il existe la Science, un point c'est tout.
La Recherche a pour mission de découvrir les lois de l'univers et non de prendre parti pour des idéologies qui ne sont que le produit bien imparfait de positions politiques ou religieuses diverses et fluctuante dépourvues de solides assises.
Esculape- Chef
- Messages : 1885
Date d'inscription : 31/07/2021
Age : 97
Localisation : Ile de France
Re: Covid et médecine capitaliste.
donc ils peuvent faire des frankenstein ,ce comporter comme des Mengele ????Esculape a écrit:Pour les vrais scientifiques, la Science n'a pas de frontière ni de religion ni d'idéologie politique.Plaristes a écrit:Je vous en supplie Riton vous êtes le seul ici sur ce forum à avoir assez de culture pour répondre à ces articles !
C'est bon pour mon Ciboulot.
Frère Barnabé- Vénérable
- Messages : 29046
Date d'inscription : 11/05/2017
Age : 61
Localisation : saint Etienne
Re: Covid et médecine capitaliste.
Esculape a écrit:Pour les vrais scientifiques, la Science n'a pas de frontière ni de religion ni d'idéologie politique.Plaristes a écrit:Je vous en supplie Riton vous êtes le seul ici sur ce forum à avoir assez de culture pour répondre à ces articles !
C'est bon pour mon Ciboulot.
Il y a la Science qui a pour objectif principal de découvrir les lois de l'univers.
Or ces lois sont indépendantes des nôtres qui sont toutes arbitraires et dictées par la politique, la religion l'idéologie la morale, le Droit, bref dépendent de tout ce qui n'est qu'humain.
Les équations de la mathématique et de la physique sont les mêmes pour tous les mathématiciens et physiciens de la Terre.
P.S.
Je n'apprécie pas d'être supplié !
Je ne suis pas, ni ne me prend pour, un maître à penser !
Je me borne à exposer mon point de vue, libre à tous de le partager ou non.
Mais pour ce qui concerne la Science, je n'y suis pour rien, icelle étant indépendante de nos idées quelles qu'elles soient !
Il n'existe pas une Science capitaliste ni une science anticapitaliste. L'Univers se fout pas mal de nos pauvres convictions.
Il existe la Science, un point c'est tout.
La Recherche a pour mission de découvrir les lois de l'univers et non de prendre parti pour des idéologies qui ne sont que le produit bien imparfait de positions politiques ou religieuses diverses et fluctuante dépourvues de solides assises.
Les scientifiques visent à l'objectivité, et essayent au maximum de se détacher de ces choses, mais vous savez Monsieur Riton, les scientifiques sont influencés par les mœurs et pensées de leur époque, qui sont influencés par les classes sociales, l'église la religion...
Ils ne sont pas des atomes libre hors du temps.
Si même au point fort de la guerre froide scientifique de l'Est et l'Ouest ont collaboré et travaillé ensemble. la vérité que vient d'évoquer reste et demeure.
Nous avons choisi de ne pas y rester aveugle contrairement à vous. Certains idioties d'un temps qui devrait-être révolu, demeurent et entrave la mission de découverte de la science. Nous comptons vous le prouver.
Et puis on a parlé de médecine à la base pas de science.
Mais avant de me juger ua titre provocateur puis-je vous demander de bien lire les articles? Après tout vous valez mieux que moi et vous n'êtes pas atteins par ma malheureuse paresse intellectuelle !
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Covid et médecine capitaliste.
Conclusion générale :
(en guise de synthèse)
Nous avons, à travers cette étude - qui ne prétend pas être plus qu’une introduction et une proposition générale, à titre d'hypothèse, pour des recherches ultérieures - passé en revue les différents problèmes que posent la philosophie du vivant et de la médecine, et démontré comment le capitalisme engendre les contradictions idéologiques au sein des différentes conceptions en vigueur actuellement.
Tout d’abord, nous nous sommes employés à définir les deux principales conceptions philosophiques du vivant que sont le mécanisme, qui explique le vivant à la manière d’une machine, et le finalisme, pour qui on ne peut comprendre le vivant qu’en étudiant les fins que poursuivent nos organes, et qui postule la présence d’une force vitale comme motrice du vivant.
Ces deux positions semblaient contradictoires, car la première semblait être la seule à répondre aux exigences des sciences tout en étant incapable de comprendre le vivant en profondeur, et, à l’inverse, la seconde semblait anti-scientifique, du fait qu’elle prête au vivant des intentions tout en formulant une théorie efficiente du vivant.
Grâce à Kant, nous avons dépassé cette contradiction, en montrant que nous devions faire appel au mécanisme pour expliquer le vivant - car c’est bel et bien comme ça qu’il fonctionne - mais que le finalisme était une nécessité cognitive pour la raison afin de comprendre le vivant.
Cependant, nous avons vu que nous pouvions aller encore plus loin avec Darwin en posant une téléologie non causale du vivant, c’est-à-dire une finalité qui s’auto-engendrerait dans sa propre immanence.
À partir de la synthèse de ce problème et d’une description des facultés du vivant au regard de la science contemporaine, nous avons défini le vivant comme suit : « le vivant est un équilibre entre la faculté de l’organisme à maintenir des constantes physiologiques (homéostasie) subissant un ensemble de réactions de synthèse et de dégradation chimique (métabolisme). »
Ensuite, nous avons étudié la question de la santé et de sa définition, en partant du postulat qu’elle était l’objet de la médecine, pour mieux saisir cette dernière au moment de l’étudier. Nous l’avons définie en rapport avec la maladie, sans laquelle la notion de santé n’aurait pas de sens. Nous avons souligné la dimension privative de la maladie vis-à-vis de la liberté et ébauché une proposition de la santé assimilée à la liberté.
Mais nous avons également souligné le caractère normatif et relatif de la maladie et de la santé, en montrant qu’un handicapé peut être considéré comme malade vis-à-vis d’une personne « normale », et en bonne santé par rapport à lui-même.
Pour éviter l’écueil du relativisme, nous avons fait appel à la science, et défini, à la suite de Canguilhem, la santé comme : « un état d’équilibre entre les facultés du vivant et du psychisme, ne suscitant pas d’incapacités particulières à partir des limites d’un terrain personnel, et en rapport avec une norme théorique fondée sur la moyenne des mesures obtenues par la science. »
Après cela, nous sommes rentrés au cœur du sujet en proposant une définition de la médecine en général, sans opérer de distinction entre ses différentes approches. Pour ce faire, nous sommes remontés à son origine et à la formulation de ses principes par Hippocrate, qui ont mis en évidence l’aspect éminemment empirique et pratique de la médecine.
Nous l’avons comparé à la médecine moderne, qui a ajouté à cette pratique la recherche scientifique et théorique. Nous avons alors proposé de définir la médecine comme : « une pratique ayant pour but la santé, opérant un détour par les sciences du vivant et du psychisme. »
Par la suite, nous avons étudié les deux conceptions contradictoires majoritaires en médecine aujourd’hui, que nous avons appelé médecine conventionnelle, ou médecine allopathique, et médecine non-conventionnelle, ou médecine holistique.
Nous reproduisons ici la synthèse faite plus haut de notre étude : « en résumé, la médecine conventionnelle (allopathique) et la médecine non-conventionnelle (holistique) se distinguent toutes deux par leur approche. La médecine conventionnelle s’appuie sur la méthode de la randomisation en double aveugle pour administrer à ses patients des médicaments démontrés efficaces pour les traiter. La médecine holistique, de son côté, est un ensemble de contre-médecines diverses qui posent la première comme dualiste, c’est-à-dire comme séparant l’esprit de la matière chez l’individu, ce qui aurait pour conséquence de considérer le patient uniquement comme malade à soigner. En s’opposant à cette vision, la médecine holistique se pose à l’inverse comme un monisme unifiant l’esprit au corps et considère le patient comme un individu existant, et non comme simple organicité portant une pathologie qu'il s'agirait de supprimer à l'aide d'un traitement médicamenteux. Cela est dû à sa dimension empirique-pratique ne reconnaissant pas la randomisation en double aveugle comme nécessité. Par des pratiques thérapeutiques comme la naturopathie - que nous avons, par la suite, critiquée -, qui postulent l’agissement d’une force vitale à l’œuvre dans l’organisme, la médecine holistique tend à proposer un modèle de santé mettant la priorité sur la notion d’hygiène visant à rééquilibrer cette dite force qui s’exprime dans les diverses manifestations du vivant. »
Dans une démarche critique, nous avons examiné les limites de ces deux approches. Nous avons mis en évidence la dérive naturaliste de la médecine holistique et sa porosité aux discours anti-scientifiques. Nous avons démontré qu’il n’existait pas de remèdes « naturels », et que le postulat d’une force vitale à l’œuvre dans le vivant n’était pas nécessaire, en plus de servir de légitimation à des discours délétères.
Nous avons ensuite critiqué sa propre critique de la médecine conventionnelle (allopathique), que nous avons entre temps renommée positiviste par souci de précision. Il a été démontré que la médecine positiviste était elle aussi moniste, mais que ce monisme était réductionniste. En effet, il est apparu que la médecine positiviste s’en prenait aux seuls symptômes, à cause de sa réduction aux faits physico-chimiques isolés.
Mais nous sommes allés plus loin encore en démontrant que les deux médecines, positiviste et holistique, réintroduisaient un dualisme vis-à-vis de la question sociale. Ainsi, nous avons démontré que ces deux médecines étaient des idéologies historiquement déterminées servant les intérêts d’une classe sociale par, d’un côté, la réduction de la médecine à un modèle conçu pour vendre des marchandises (le médicament), et de l’autre, ouvrir les marchés d’une pratique d’élite en vendant un mode de vie individuel onéreux (naturopathie).
Nous avons conclu notre critique de ces deux médecines en soulignant leur ancrage dans le débat épistémologique sur le vivant entre mécanisme et vitalisme. Nous avons démontré que le positivisme s’en tenait à un néo-kantisme n’accédant même pas à la sphère de la raison pour comprendre la finalité dans le vivant, ne serait-ce qu’en tant que catégorie préalable à l’activité théorique. Néo-kantisme rendant aveugle le positivisme à la téléologie non causale proposée par Darwin, dont il limite la théorie à un phénomène purement descriptif, et donc non théorique.
Nous avons également démontré que la médecine holistique vitaliste n’arrivait même pas à ce néo-kantisme, confinée dans son empirisme traditionaliste et inconscient, qui a cependant eu le mérite d'avoir eu l’intuition d'une critique théorique opérante du positivisme.
Enfin, nous avons proposé une refondation épistémologique communiste de la médecine, dont les principes sont :
Nous voulons ici encore une fois insister sur le fait que cela n’est qu’une proposition philosophique que nous soumettons au débat et à l’analyse des spécialistes et des travailleurs de la santé. Il n’y a donc rien dans ce travail de définitif. Au contraire, il existe précisément pour être discuté et dépassé.
En définitive, la tâche qui incombe aux communistes en matière de santé publique peut sembler immense, mais elle n’est pas impossible. La gestion de l’épidémie de COVID-19 dans les pays socialistes s’est montrée exemplaire, à commencer par la Chine qui, malgré une guerre économique acharnée, une campagne de diffamation internationale, et la menace d’un conflit armé pesant contre elle, a su maîtriser le virus et réellement passer au « monde d’après » en sortant plus de 800 millions de personne de la pauvreté.
Nous écrivions dans notre communiqué du 2 mars 2020, lors de la grève contre la réforme des retraites, que : « l’épidémie de coronavirus, si elle est bien réelle, ne doit pas pour autant éclipser la crise politique et sociale que nous traversons. En grec ancien, « krisis (crise) » signifie le moment où nous devons faire un choix. Quel que soit le choix de la classe ouvrière, le mois de mars 2020 s’annonce déjà comme l’un des moments historiques les plus importants du XXIè siècle au regard du danger contre-révolutionnaire que représente la réforme des retraites et l’utilisation du 49.3. »
Nous réaffirmons ici ces propos. Plus que jamais, la nécessité d’une planification de la production et de la gestion du pays se fait sentir. Et nous aimerions rappeler, avec Hölderlin, que « là où le péril croît, croît aussi ce qui sauve », et que, par conséquent, la situation est plus que jamais propice à la reconstruction et la poursuite de notre héritage communiste, et qu’en dépit des heures ténébreuses qui s’annoncent, les communistes doivent servir d’avant-garde pour le prolétariat.
Et c’est seulement par la philosophie, dont nous avons démontré la proximité avec la médecine, que nous pourrons accomplir ce devoir, qui apparaît aujourd’hui, plus que jamais, comme manifeste aux yeux de tous.
(en guise de synthèse)
Nous avons, à travers cette étude - qui ne prétend pas être plus qu’une introduction et une proposition générale, à titre d'hypothèse, pour des recherches ultérieures - passé en revue les différents problèmes que posent la philosophie du vivant et de la médecine, et démontré comment le capitalisme engendre les contradictions idéologiques au sein des différentes conceptions en vigueur actuellement.
Tout d’abord, nous nous sommes employés à définir les deux principales conceptions philosophiques du vivant que sont le mécanisme, qui explique le vivant à la manière d’une machine, et le finalisme, pour qui on ne peut comprendre le vivant qu’en étudiant les fins que poursuivent nos organes, et qui postule la présence d’une force vitale comme motrice du vivant.
Ces deux positions semblaient contradictoires, car la première semblait être la seule à répondre aux exigences des sciences tout en étant incapable de comprendre le vivant en profondeur, et, à l’inverse, la seconde semblait anti-scientifique, du fait qu’elle prête au vivant des intentions tout en formulant une théorie efficiente du vivant.
Grâce à Kant, nous avons dépassé cette contradiction, en montrant que nous devions faire appel au mécanisme pour expliquer le vivant - car c’est bel et bien comme ça qu’il fonctionne - mais que le finalisme était une nécessité cognitive pour la raison afin de comprendre le vivant.
Cependant, nous avons vu que nous pouvions aller encore plus loin avec Darwin en posant une téléologie non causale du vivant, c’est-à-dire une finalité qui s’auto-engendrerait dans sa propre immanence.
À partir de la synthèse de ce problème et d’une description des facultés du vivant au regard de la science contemporaine, nous avons défini le vivant comme suit : « le vivant est un équilibre entre la faculté de l’organisme à maintenir des constantes physiologiques (homéostasie) subissant un ensemble de réactions de synthèse et de dégradation chimique (métabolisme). »
Ensuite, nous avons étudié la question de la santé et de sa définition, en partant du postulat qu’elle était l’objet de la médecine, pour mieux saisir cette dernière au moment de l’étudier. Nous l’avons définie en rapport avec la maladie, sans laquelle la notion de santé n’aurait pas de sens. Nous avons souligné la dimension privative de la maladie vis-à-vis de la liberté et ébauché une proposition de la santé assimilée à la liberté.
Mais nous avons également souligné le caractère normatif et relatif de la maladie et de la santé, en montrant qu’un handicapé peut être considéré comme malade vis-à-vis d’une personne « normale », et en bonne santé par rapport à lui-même.
Pour éviter l’écueil du relativisme, nous avons fait appel à la science, et défini, à la suite de Canguilhem, la santé comme : « un état d’équilibre entre les facultés du vivant et du psychisme, ne suscitant pas d’incapacités particulières à partir des limites d’un terrain personnel, et en rapport avec une norme théorique fondée sur la moyenne des mesures obtenues par la science. »
Après cela, nous sommes rentrés au cœur du sujet en proposant une définition de la médecine en général, sans opérer de distinction entre ses différentes approches. Pour ce faire, nous sommes remontés à son origine et à la formulation de ses principes par Hippocrate, qui ont mis en évidence l’aspect éminemment empirique et pratique de la médecine.
Nous l’avons comparé à la médecine moderne, qui a ajouté à cette pratique la recherche scientifique et théorique. Nous avons alors proposé de définir la médecine comme : « une pratique ayant pour but la santé, opérant un détour par les sciences du vivant et du psychisme. »
Par la suite, nous avons étudié les deux conceptions contradictoires majoritaires en médecine aujourd’hui, que nous avons appelé médecine conventionnelle, ou médecine allopathique, et médecine non-conventionnelle, ou médecine holistique.
Nous reproduisons ici la synthèse faite plus haut de notre étude : « en résumé, la médecine conventionnelle (allopathique) et la médecine non-conventionnelle (holistique) se distinguent toutes deux par leur approche. La médecine conventionnelle s’appuie sur la méthode de la randomisation en double aveugle pour administrer à ses patients des médicaments démontrés efficaces pour les traiter. La médecine holistique, de son côté, est un ensemble de contre-médecines diverses qui posent la première comme dualiste, c’est-à-dire comme séparant l’esprit de la matière chez l’individu, ce qui aurait pour conséquence de considérer le patient uniquement comme malade à soigner. En s’opposant à cette vision, la médecine holistique se pose à l’inverse comme un monisme unifiant l’esprit au corps et considère le patient comme un individu existant, et non comme simple organicité portant une pathologie qu'il s'agirait de supprimer à l'aide d'un traitement médicamenteux. Cela est dû à sa dimension empirique-pratique ne reconnaissant pas la randomisation en double aveugle comme nécessité. Par des pratiques thérapeutiques comme la naturopathie - que nous avons, par la suite, critiquée -, qui postulent l’agissement d’une force vitale à l’œuvre dans l’organisme, la médecine holistique tend à proposer un modèle de santé mettant la priorité sur la notion d’hygiène visant à rééquilibrer cette dite force qui s’exprime dans les diverses manifestations du vivant. »
Dans une démarche critique, nous avons examiné les limites de ces deux approches. Nous avons mis en évidence la dérive naturaliste de la médecine holistique et sa porosité aux discours anti-scientifiques. Nous avons démontré qu’il n’existait pas de remèdes « naturels », et que le postulat d’une force vitale à l’œuvre dans le vivant n’était pas nécessaire, en plus de servir de légitimation à des discours délétères.
Nous avons ensuite critiqué sa propre critique de la médecine conventionnelle (allopathique), que nous avons entre temps renommée positiviste par souci de précision. Il a été démontré que la médecine positiviste était elle aussi moniste, mais que ce monisme était réductionniste. En effet, il est apparu que la médecine positiviste s’en prenait aux seuls symptômes, à cause de sa réduction aux faits physico-chimiques isolés.
Mais nous sommes allés plus loin encore en démontrant que les deux médecines, positiviste et holistique, réintroduisaient un dualisme vis-à-vis de la question sociale. Ainsi, nous avons démontré que ces deux médecines étaient des idéologies historiquement déterminées servant les intérêts d’une classe sociale par, d’un côté, la réduction de la médecine à un modèle conçu pour vendre des marchandises (le médicament), et de l’autre, ouvrir les marchés d’une pratique d’élite en vendant un mode de vie individuel onéreux (naturopathie).
Nous avons conclu notre critique de ces deux médecines en soulignant leur ancrage dans le débat épistémologique sur le vivant entre mécanisme et vitalisme. Nous avons démontré que le positivisme s’en tenait à un néo-kantisme n’accédant même pas à la sphère de la raison pour comprendre la finalité dans le vivant, ne serait-ce qu’en tant que catégorie préalable à l’activité théorique. Néo-kantisme rendant aveugle le positivisme à la téléologie non causale proposée par Darwin, dont il limite la théorie à un phénomène purement descriptif, et donc non théorique.
Nous avons également démontré que la médecine holistique vitaliste n’arrivait même pas à ce néo-kantisme, confinée dans son empirisme traditionaliste et inconscient, qui a cependant eu le mérite d'avoir eu l’intuition d'une critique théorique opérante du positivisme.
Enfin, nous avons proposé une refondation épistémologique communiste de la médecine, dont les principes sont :
- le primat de l’empirisme sur le méthodologisme
- le primat de la prévention sur la curation
- le caractère décisif de l’homéostasie
- le monisme matérialiste et la téléologie non-causale
- l’importance du repos
- la dimension démocratique et anti-impérialiste de la médecine
Nous voulons ici encore une fois insister sur le fait que cela n’est qu’une proposition philosophique que nous soumettons au débat et à l’analyse des spécialistes et des travailleurs de la santé. Il n’y a donc rien dans ce travail de définitif. Au contraire, il existe précisément pour être discuté et dépassé.
En définitive, la tâche qui incombe aux communistes en matière de santé publique peut sembler immense, mais elle n’est pas impossible. La gestion de l’épidémie de COVID-19 dans les pays socialistes s’est montrée exemplaire, à commencer par la Chine qui, malgré une guerre économique acharnée, une campagne de diffamation internationale, et la menace d’un conflit armé pesant contre elle, a su maîtriser le virus et réellement passer au « monde d’après » en sortant plus de 800 millions de personne de la pauvreté.
Nous écrivions dans notre communiqué du 2 mars 2020, lors de la grève contre la réforme des retraites, que : « l’épidémie de coronavirus, si elle est bien réelle, ne doit pas pour autant éclipser la crise politique et sociale que nous traversons. En grec ancien, « krisis (crise) » signifie le moment où nous devons faire un choix. Quel que soit le choix de la classe ouvrière, le mois de mars 2020 s’annonce déjà comme l’un des moments historiques les plus importants du XXIè siècle au regard du danger contre-révolutionnaire que représente la réforme des retraites et l’utilisation du 49.3. »
Nous réaffirmons ici ces propos. Plus que jamais, la nécessité d’une planification de la production et de la gestion du pays se fait sentir. Et nous aimerions rappeler, avec Hölderlin, que « là où le péril croît, croît aussi ce qui sauve », et que, par conséquent, la situation est plus que jamais propice à la reconstruction et la poursuite de notre héritage communiste, et qu’en dépit des heures ténébreuses qui s’annoncent, les communistes doivent servir d’avant-garde pour le prolétariat.
Et c’est seulement par la philosophie, dont nous avons démontré la proximité avec la médecine, que nous pourrons accomplir ce devoir, qui apparaît aujourd’hui, plus que jamais, comme manifeste aux yeux de tous.
Plaristes Evariste- Vénérable
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Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Covid et médecine capitaliste.
Passons à la partie 7 :
Suite du dossier :
Au cours de notre exposé, nous avons employé à tour de rôle les termes et dénominations proposées par les deux approches dont nous avons parlé, sans pour autant se positionner en faveur des unes ou des autres de ces propositions. Au vu des efforts fournis pour définir la médecine holistique et de la quantité de lignes significativement supérieure consacrée à cette médecine en comparaison de celle à laquelle elle s’oppose, le lecteur pourrait légitimement penser que nous cherchons ici à favoriser l’une des deux approches.
En vérité, il n’en n’est rien ; c’est simplement la complexité et la diversité de cette approche qui nous a poussé à devoir nous y pencher plus longuement. La médecine conventionnelle étant beaucoup plus simple à expliquer du point de vue de ces principes, elle a naturellement pris moins de temps pour être décrite. Ce à quoi nous aimerions rajouter que le simple n’est pas le simpliste et que nous n’utilisons pas ici ce terme à des fins péjoratives, au contraire : nous pensons que c’est cette simplicité qui donne sa force à la médecine conventionnelle. Rappelons qu’en science « les hypothèses suffisantes les plus simples doivent être préférées », selon la formule modernisée d’Ockham (1).
On l'a vu, la médecine conventionnelle, ou médecine basée sur des faits, que nous appellerons désormais médecine positiviste du fait que la méthode employée par elle consiste, justement, à ne reconnaître que des faits, ne reconnaît pas la proposition selon laquelle il existerait deux types distincts de médecine. En médecine positiviste, il n’existe que la médecine fondée sur la méthode scientifique, et les autres médecines qui n’en sont pas. Ce refus de considérer les thérapies alternatives comme des types particuliers de médecine nous apparaît cohérent en ceci que les tenants de la médecine positiviste tendent à limiter le plus possible les risques encourus par les patients.
Mais, plus inquiétant encore, il semblerait que l’invention du terme de médecine allopathique soit attribuée à Samuel Hahnemann, également inventeur de l’homéopathie, considérée aujourd’hui comme une pseudoscience notoire relevant du charlatanisme. Une méta-analyse de 2015 du National Health and Medical Research Council australien, recoupant 225 études contrôlées et plus de 1800 publications scientifiques sur le sujet, a conclu qu’« aucune étude crédible n'a pu démontrer que l'homéopathie améliorerait mieux l'état d'un patient qu'un placebo (2) ». Comment ne pas comprendre dès lors la méfiance de la médecine conventionnelle à l’égard de la médecine holistique ? Le terme de médecine allopathique est alors à rejeter.
Mais ce n’est pas tout, puisque la médecine dite holistique est également soumise à de nombreux biais. Commençons par la pratique de la naturopathie que nous avons évoqué en étude de cas – enfin ! L’emploi du morphème « nature » est ici complètement injustifié. Le naturopathe lui prête une vertu qu’il n’a pas en essentialisant la nature comme quelque chose de bon par principe, à l’opposé d’une « chimie » qui serait mauvaise aussi par principe. Pourtant, il n’y a rien de plus chimique que la nature ! La chimie est une branche de la science qui étudie la matière et ses transformations, plus précisément des éléments chimiques composés d’atomes.
Dans le cadre de notre étude, on parle surtout de biochimie, c’est-à-dire la science qui étudie les réactions chimiques au sein des êtres vivants. Un organisme est composé d'organes, eux-mêmes composés de cellules, composées à leur tour de molécules, composées enfin d'atomes. Tout cela est en interaction permanente, et ces interactions sont des réactions chimiques. Sans compter sur l’influence de l’environnement extérieur, lui aussi matériel, qui provoque également des réactions chimiques. Lorsque vous faites de la cuisine, vous imposez des principes physiques (chaleur) à un ensemble de produits chimiques (les aliments), et le résultat que constitue le plat n’est rien d’autre que la conséquence de cet explosif bouquet de réactions chimiques.
Ajoutons que chaque atome qui compose la matière est d’origine 100 % naturelle car ils sont tous le fruit du Big Bang. Il existe des atomes de synthèse mais ceux-ci sont synthétisés à partir d’atomes déjà présents sur Terre. Il n’y a que deux de ces atomes qui sont utilisés en médecine, à savoir le technétium et l’américium, mais ils ne servent en aucun cas à l’élaboration de médicament, leur seule application étant réservée à l’imagerie médicale. De ce point de vue-là, il n’existe donc aucune synthèse moléculaire à l’origine de médicaments produits par la science qui ne soit pas garantis 100 % naturelle, car tout atome est naturel, même provenant d’une synthèse…
Cependant, si les atomes sont naturels, la synthèse, elle, ne l’est pas, car elle provient de la main de l’homme. Même ici, la naturopathie botte en touche, car si toute synthèse se fait avec des éléments naturels, qu’elle soit sous la forme d’un médicament ou d’une préparation, elle sera toujours historique. Par ailleurs, l’ensemble des fruits et légumes dits naturels n’en sont pas car ils sont tous le résultat d’une longue sélection opérée par les hommes dans l’histoire (3).
Pour pratiquer une véritable naturopathie, il faudrait nous rendre sur une planète nouvelle et consommer à même la plante les molécules recherchées, ce qui est totalement absurde. Et encore, le simple fait de considérer la plante dans un rapport pratique avec un sujet qui la pense, la transforme de ce fait en objet culturel.
Tous les atomes sont naturels et toutes les synthèses sont historiques, donc, dans tous les cas, un soin par la nature opposé à un soin chimique n’a aucun sens, d’autant plus qu’il ne peut pas exister, tout soin étant par essence culturel. Cet appel à la nature est dangereux car il induit en erreur sur la pratique réelle de la science et construit des oppositions qui n’ont pas lieu d’être. Mais cela ne s'arrête pas là. Avec l’essentialisation de la nature comme bonne en soi pour le corps, on en fait un principe moral et on introduit dans la médecine des conceptions que la science ne peut pas avoir. Ceci ouvre la porte à de nombreuses dérives interprétatives, à commencer par la croyance en des choses indémontrables. C’est ce qui est à l’œuvre dans la naturopathie quand elle postule la présence dans le corps d’une force de vie ou d’une énergie vitale comme moteur de l’organisme.
Ce principe n’explique absolument en rien les maladies innées d’ordre génétique, notamment vis-à-vis de l’agencement du squelette, mais aussi des muscles et organes dans le corps. Expliquer la maladie comme l’expression d’une force de vie qui se manifeste peut donner lieu à un risque de fatalisme médical non sans rappeler des idéologies religieuses comme le « karma », etc. Ce naturalisme est bien-sûr totalement en adéquation avec l’idéologie écolo-réactionnaire en vogue dans les sociétés occidentales.
De plus, il est faux de dire que la médecine conventionnelle serait dans « l’oubli de la psychologie » ; en vérité, elle est même obsédée par ça depuis les récentes avancées de la neurologie – nous reviendrons là-dessus plus tard. La médecine conventionnelle est de ce point de vue beaucoup plus moniste, en apparence, que la médecine holistique, car elle fonde tout sur la biochimie et ne laisse pas sa place au « spirituel ». En invoquant des principes comme la force de vie ou l’énergie vitale, la médecine holistique revient à l’idéalisme en intégrant à la médecine une dimension idéologique. Du fait de son peu de rigueur épistémologique, la médecine holistique est complètement perméable à l’introduction de théories qui prêteraient à la nature des intentions, ce qui peut légitimer tout et n’importe quoi, mais surtout dédouaner le thérapeute de toute responsabilité. « Ce n’est pas moi qui suis responsable, c’est la nature qui veut ça et la nature a toujours raison car elle est infiniment bonne » ; ce n’est rien d’autre qu’une théologie naturelle appliquée à la chose médicale.
Toutefois, si la dénomination de médecine allopathique pour désigner la médecine positiviste n’est pas recevable, il faut également reconnaître que la dénomination de « médecine non-conventionnelle » est également problématique car elle ne permet pas de circonscrire précisément les pratiques qu’elle désigne du fait de leurs immenses diversités. Ainsi, le terme de médecine holistique, distingué de celui de pseudo médecine, semble opérant pour désigner toute approche prenant le contrepied de l’approche positiviste, c’est-à-dire en partant du tout plutôt que des faits isolés.
Il existe bien une médecine holistique qui s’oppose, une fois débarrassée de toutes les pseudos-théories qui s’y sont rattachées à tort, légitimement sur la base d’arguments recevables, à la médecine positiviste. Comme nous l’avons vu, cette critique se porte principalement sur la dimension réductionniste de la médecine positiviste. La médecine holistique reproche à la médecine positive de ne pas considérer le patient comme une personne mais comme un porteur de symptômes à éliminer, à cause de ses principes épistémologiques qui limitent son domaine d’application à la sphère du médicament, ou du traitement en général, du fait qu’elle se fonde essentiellement sur la preuve issue d’une étude randomisée en double aveugle applicable seulement à ce mode thérapeutique. On a donc affaire à un méthodologisme, c’est-à-dire une dérive théorique qui consiste à tirer de la méthode d’expérimentation la nature même de la pratique du soin. Autrement dit, on fait de la méthode une fin en soi qui se substitue à la thérapeutique. Au lieu d’être un moyen pour accéder au savoir nécessaire au soin, l'étude randomisée en double aveugle devient en quelque sorte le soin en soi.
Cette critique n’invalide pas la pertinence de la méthode et la vérité des preuves qui en découlent ; elle consiste seulement à montrer qu’elle conditionne la pratique médicale à se limiter à l’élimination de symptômes physico-chimiques, ce qui rentre en contradiction avec les principes généraux du vivant, non pas pris comme une « force de vie », mais démontrés par la science par l’homéostasie. Par cette réduction à la méthode, la médecine positiviste se coupe de la pratique et devient essentiellement théorique, renversant l’ordre que nous avons énoncé plus haut, qui consistait à voir la médecine comme une pratique opérant un détour par la théorie.
À partir de là, c’est l’ensemble des données statistiques issues de la méthode qui priment sur la pratique concrète. Le médecin se contentera de mesurer chez son patient un ensemble de facteurs, par exemple dans la composition du sang, et se contentera de les rendre conformes aux taux normalement attendus sans se soucier de la cause profonde d’un éventuel dérèglement. Plus inquiétant encore, les attentes prévues par le médecin à partir de ces données abstraites et générales peuvent primer dans certains cas sur la réalité concrète et particulière d’un patient.
De ce fétichisme de la méthode scientifique, ou scientisme, découle ce que Hegel appelle dans sa Phénoménologie de l’Esprit : la crainte de l’erreur. Le but de la science est de produire des connaissances, il est normal qu’elle ait donc une méfiance naturelle à l’égard de l’erreur. Mais pousser à l’extrême cette méfiance de l’erreur devient l’erreur même et campe la science sur ses positions. Du point de vue dialectique, l’erreur est au fondement de la vérité. Le savoir se construit par des remises en cause successives qui, à chaque fois, conservent la positivité de ce qui existe à un moment, tout en le dépassant pour aller plus loin vers la vérité. La vérité d’un jour est l’erreur du lendemain.
Si la science décrète, purement et arbitrairement, que l’état donné de sa méthode à un moment X, en l’occurrence la randomisation en double aveugle, fait figure d’absolu, elle devient anti-scientifique et dogmatique. Cette crainte de l’erreur rend toutes tentatives thérapeutiques nouvelles impossibles. Bien sûr, il en va de la vie des patients et il ne s’agit pas de jouer aux apprentis sorciers, mais c’est renier complètement la qualité du savoir-faire empirique des praticiens de terrain qui côtoient la maladie de près. Il ne s’agit pas non plus de retourner à un empirisme subjectiviste, mais seulement d’ouvrir l’horizon des possibles pour une médecine préventive et non plus seulement curative.
L’enjeu de la santé réside plus dans le fait de ne pas tomber malade que de soigner de manière insensée des malades à la chaîne. Il faut viser l’idéal de l’éradication de la maladie par la réduction de ses causes plutôt que se contenter de les repousser dans leur manifestation en surface. La crise du COVID-19 est un cas d’école de cette dérive : elle nous montre notamment que la crainte de l’erreur paralyse complètement la médecine en cas d’urgence.
Alors que la gestion d’une pandémie aurait dû conduire à des pratiques comme le repositioning dans les plus brefs délais (le fait d’utiliser un médicament prévu pour une autre maladie proche de la maladie qu’on veut traiter) ; la médecine positive a préféré attendre pendant un an l’arrivée d’un vaccin, tout ça par absolutisation idéaliste de la randomisation en double aveugle. En voulant préserver la vie des patients en refusant de faire une entorse au diktat et à la lourdeur de cette méthode, la médecine positive a pris la vie de plusieurs millions de personnes, n’ayant rien d’autre à leur proposer que les extrêmes que sont le confinement et la réanimation.
Attention : ces lignes ne sont pas contre les vaccins, au contraire. Seulement, en attendant cet outil formidable de la médecine moderne, d'autres choses auraient put être mises en place pour éviter l'hécatombe.
La seconde dérive liée au méthodologisme dans le cadre de l’étude randomisée en double aveugle est le risque métaphysique. Pour rappel, la métaphysique, dans son acception marxiste, est cette méthode philosophique qui consiste à isoler tout ce qu’elle étudie en différentes parties déconnectées.
En effet, si l’on considère que la médecine consiste à éradiquer des symptômes, on isole forcément ces derniers pour mieux les comprendre et les traiter. Cela a pour effet de fragmenter le patient en plusieurs morceaux distincts et, de fait, l’évacuer. Il n’existe plus de malade, mais une jambe, un foie, un cœur, des os malades… On l'observe particulièrement dans les maladies à impact multiple. Vous serez redirigés vers plusieurs spécialistes qui ne communiquent pas entre eux et qui ne s'intéressent qu’à leur domaine — malgré les efforts de nos médecins internistes trop peu nombreux et qui manquent malheureusement beaucoup trop de moyens pour effectuer leur travail au combien nécessaire.
Cette manie d’isoler les symptômes s’explique rationnellement (à l'inverse de la médecine holistique qui ne fait qu’intuitionner des critiques fondées sur des postulats douteux) par l’essence même de la méthode positiviste au cœur de la médecine expérimentale. Comme nous l’avons esquissé plus haut, le positivisme est une méthode épistémologique qui consiste à étudier des faits tout en refusant de les intégrer dans une réflexion plus générale. Le positivisme se contente d’accumuler des faits et des données statistiques sans en faire de synthèse, c’est un empirisme qui refuse le rationalisme. Il se fonde notamment sur le postulat d’un atomisme logique, qui consiste à considérer que les éléments d’un discours sont tous indépendants les uns des autres, et que, par conséquent, il suffit de démontrer la valeur de vérité de l’ensemble des éléments pour valider ou invalider une proposition discursive.
Selon Bertrand Russel (4), il existe deux types d’éléments : les impressions sensibles et des universaux, qu’il nomme respectivement particuliers et prédicats. Ces éléments constituent selon lui des atomes logiques, c’est-à-dire des unités indivisibles par lesquelles nous saisissons le monde. Par l’intermédiaire de connecteurs logiques, nous pouvons mettre en relation ces éléments simples et formuler des propositions.
Pour Russel, la proposition la plus élémentaire consiste en l’apposition d’un particulier abstrait et du prédicat « fait », ce qui nous donne un particulier donné est un fait, ce qu’il exprime par la formule « F(a) ». D’après lui, la connaissance doit s’établir sur ce modèle, ainsi le fait isolé devient le critère de la vérité. Il s’agit alors, pour le chercheur, de faire l’analyse de propositions données pour voir si les prédicats sont en adéquation avec les faits (particuliers).
Cette philosophie s’est construite en opposition au monisme de Hegel, pour qui la réalité forme une totalité en mouvement. Dans la philosophie hégélienne, le processus qui amène au résultat compte davantage que le résultat lui-même. Et ces processus sont pour lui tous interdépendants car ils reposent sur l’unité fondamentale de la réalité qu’est l’Idée. Pour les positivistes, qui sont des matérialistes, la conception d’un monisme idéaliste est irrecevable. En partant de la méthode scientifique appliquée à la nature et à l’étude des relations de cause à effet, les positivistes ont fondé une méthode à même de fonder la connaissance sur la matière à partir des faits isolés par l’analyse.
Dans l’atomisme logique, la partie précède donc le tout, ce postulat est nécessaire au développement de la méthode expérimentale car cette dernière ne peut s’appliquer à une totalité mobile. L’analyse des faits isolés est le préalable à l’expérimentation qui vise à invalider des hypothèses simples en observant des chaînes de causes et d’effets. Dans le domaine médical, le positivisme conduit nécessairement à une dissection méthodologique du patient, dont l’organicité est atomisée en conglomérat de fait isolés et ce de manière toujours plus détaillée.
Les diagnostics posés par les médecins positivistes ne peuvent donc pas être autrement que partiels et focalisés sur des symptômes. Du point de vue thérapeutique, l’isolement des faits est à l’origine des pratiques d’isolation de molécules que l’on teste dans les études randomisées en double aveugle. Le traitement est alors nécessairement limité à l’élimination par relation de cause à effet des symptômes isolés par l’action de molécules isolées.
Mais plus grave encore, le positivisme ne reconnaît comme faits que ce qui appartient à la sphère de la nature. Il nie complètement la possibilité d’une science de l’homme en dehors du cadre des déterminations naturelles. En quoi cela-nous concerne-t-il dans le domaine de la médecine ? A priori, nous sommes avec le corps dans le domaine de la biologie, donc une science naturelle.
Rappelons-nous des critiques de la médecine holistique à l’encontre du soi-disant dualisme de la médecine que nous appelions alors conventionnelle. Il lui était principalement reproché d’être dans l’oubli de la dimension spirituelle – à prendre ici au sens de psychique – de l’homme. Nous avions indiqué que, au contraire, la médecine positiviste était complètement obsédée par cet aspect de l’homme. Mais si le positivisme s’occupe effectivement de psychologie, il le fait dans une perspective naturaliste. En effet, ce sont les sciences cognitives et la neuropsychologie qui s’intéressent à ces questions, et leur point commun est d’évacuer la sphère des représentations.
En effet, contrairement à ce qu’a pu en dire la médecine holistique, le positivisme est bel est bien un monisme, ou en tout cas il est un matérialisme. Pour le positivisme, qui ramène tout à des faits, la réalité s’explique uniquement par la matière naturelle. La matière naturelle est l’objet d’étude des sciences de la nature, comme nous l’avons vu, elle obéit au couple cause/effet et obéit à des lois. Le positivisme ne nie pas l’existence de phénomènes sociaux ou psychiques mais il ne les explique pas à partir de processus internes au développement de la praxis dans l’histoire. C'est un réductionnisme biologique qui cherche à donner des réponses physico-chimiques aux problèmes posés par les individus et leurs comportements sociaux.
Ainsi, le positivisme explique l’amour par des réactions hormonales à l’intérieur du cerveau sans même se poser la question de la détermination historique et culturelle de l’amour. Il ne s’agit pas ici de nier les résultats de ces études sans doute vraies, ni même de faire de la médecine une science sociale, mais nous voulons montrer que le positivisme nie l’ancrage historique de la médecine. Il est incapable de saisir la psyché comme faculté à se représenter le monde par l’intermédiaire du langage. D’ailleurs, il essentialise également ce dernier, dont il cherche l’origine dans le cerveau en niant que sa fonction est avant tout celle de la transmission du sens. Le sens ne peut être un phénomène naturel, c’est le fruit d’un commun accord produit historiquement entre des sujets. Bien sûr, il reste matériel car le sens est toujours tributaire du signe qui repose sur les mots écrits ou prononcés puis perçus par le biais des atomes, mais il reste profondément historique (5).
La psychologie ne peut reposer sur de simples réactions chimiques car elle est fondamentalement sémiotique. Son domaine n’est pas celui des causes et des effets, mais celui du rapport du signe au sens et leur adéquation au référent qu’ils tentent de désigner. Et c’est parce que le développement des forces productives construit un rapport déterminé des producteurs du langage au monde qui les entoure – et donc aux référents – que le langage et les représentations des hommes sont historiques et non naturelles. De ce fait, nos représentations du monde sont tributaires de notre environnement, et ce dernier peut parfois nous être hostile. C’est de cette hostilité environnementale que naissent les traumas qu’il faut comprendre comme formations de représentations faussées et nocives pour l’homme.
De nombreuses maladies psychiques trouvent leur origine dans la contradiction entre l’homme et ses représentations, qui peuvent littéralement le détruire de l’intérieur. Ainsi, on n’explique pas une dépression par un manque hormonal quand un individu vient de perdre un membre de sa famille, ou son travail, et qu’il a tenté de mettre fin à ses jours. Et si on est conséquent, on comprend que la famille et le travail sont également des formes d’organisations sociales déterminées.
Le cas du travail est particulièrement criant. Dénué de sens et aliénant pour la plupart des prolétaires sous le capitalisme, il est défini par le cadre de l’extorsion de la plus-value par la bourgeoisie. Ce mal-être social, profondément ancré dans l’histoire, est tout simplement ignoré par le positivisme, qui ne voit pas dans l’histoire de matière objectivable (ce qui est faux – rapport production/consommation), de par l’isolement et la réduction des phénomènes qu’il étudie à des faits – ici des symptômes – auquels il ne pourra répondre que par des traitements, qui, dans le cas de la psychiatrie, ont alors pour fonction de « faire passer la pilule » de l’exploitation aux travailleurs.
Il ne s’agit pas ici de faire de la médecine une science sociale (nous y reviendrons) ; mais il est manifeste qu’elle ne peut se soustraire à cette dimension déterminante dans tout fait humain en tant que celui-ci est un « animal social ». Si le positivisme est un monisme, c’est un monisme réductionniste. Il place la matière en premier sur les idées mais il hiérarchise les différents ordres de la matière, à savoir l’ordre naturel et l’ordre historique qu’il fait dépendre du premier.
Si la nature donne sa loi à l'histoire, il l’annule (l'histoire) du simple fait qu’il rend impossible la liberté ; or c’est justement la liberté qui caractérise l’histoire comprise comme le développement des forces productives et l’apparition de l’individu. En niant la matérialité de l’histoire et donc la possibilité de faire de la science psychologique et politique pour prendre en charge les malades, le positivisme réintroduit en dernière instance une forme d’idéalisme dans son matérialisme, et donc une forme de dualisme entre le biologique et le social.
La médecine holistique avait donc une bonne intuition en disant que l’approche positiviste de la médecine était dualiste ; néanmoins, ce dualisme n’était pas là où elle le croyait et, par bien des aspects, elle partage également ce dualisme vis-à-vis de la question sociale. En effet, comment ne pas constater l’idéalisme de la praxis du naturopathe lorsqu’il suggère à son patient de « changer de travail et d’environnement ainsi que de cultiver son propre potager bio » ?
Une telle décision est impossible à prendre pour la majorité des prolétaires, pour qui le travail est une ressource rare et dont les fruits ne suffisent même pas à les nourrir eux et leur famille. Il est impossible pour un ouvrier travaillant dans la banlieue d’une grande métropole de partir à la campagne et d’acheter un terrain et une propriété sur un coup de tête. Mais surtout, ce n’est pas un modèle viable, la santé doit être prise en charge publiquement et non être le résultat d’actes individuels et isolés.
Ainsi, médecine holistique et médecine positiviste apparaissent toutes deux comme les manifestations idéologiques des intérêts de la bourgeoisie en matière de soin. Elles ne visent pas à dépasser le cadre historique du développement et de l’absence de prise en charge de la maladie, mais à consolider l’état actuel des choses. Avant d’opérer une synthèse de cette longue partie, nous aimerions faire un détour par l’analyse brève des conséquences idéologiques et pratiques de ces deux conceptions bourgeoises de la médecine.
Suite du dossier :
Au cours de notre exposé, nous avons employé à tour de rôle les termes et dénominations proposées par les deux approches dont nous avons parlé, sans pour autant se positionner en faveur des unes ou des autres de ces propositions. Au vu des efforts fournis pour définir la médecine holistique et de la quantité de lignes significativement supérieure consacrée à cette médecine en comparaison de celle à laquelle elle s’oppose, le lecteur pourrait légitimement penser que nous cherchons ici à favoriser l’une des deux approches.
En vérité, il n’en n’est rien ; c’est simplement la complexité et la diversité de cette approche qui nous a poussé à devoir nous y pencher plus longuement. La médecine conventionnelle étant beaucoup plus simple à expliquer du point de vue de ces principes, elle a naturellement pris moins de temps pour être décrite. Ce à quoi nous aimerions rajouter que le simple n’est pas le simpliste et que nous n’utilisons pas ici ce terme à des fins péjoratives, au contraire : nous pensons que c’est cette simplicité qui donne sa force à la médecine conventionnelle. Rappelons qu’en science « les hypothèses suffisantes les plus simples doivent être préférées », selon la formule modernisée d’Ockham (1).
On l'a vu, la médecine conventionnelle, ou médecine basée sur des faits, que nous appellerons désormais médecine positiviste du fait que la méthode employée par elle consiste, justement, à ne reconnaître que des faits, ne reconnaît pas la proposition selon laquelle il existerait deux types distincts de médecine. En médecine positiviste, il n’existe que la médecine fondée sur la méthode scientifique, et les autres médecines qui n’en sont pas. Ce refus de considérer les thérapies alternatives comme des types particuliers de médecine nous apparaît cohérent en ceci que les tenants de la médecine positiviste tendent à limiter le plus possible les risques encourus par les patients.
Mais, plus inquiétant encore, il semblerait que l’invention du terme de médecine allopathique soit attribuée à Samuel Hahnemann, également inventeur de l’homéopathie, considérée aujourd’hui comme une pseudoscience notoire relevant du charlatanisme. Une méta-analyse de 2015 du National Health and Medical Research Council australien, recoupant 225 études contrôlées et plus de 1800 publications scientifiques sur le sujet, a conclu qu’« aucune étude crédible n'a pu démontrer que l'homéopathie améliorerait mieux l'état d'un patient qu'un placebo (2) ». Comment ne pas comprendre dès lors la méfiance de la médecine conventionnelle à l’égard de la médecine holistique ? Le terme de médecine allopathique est alors à rejeter.
Mais ce n’est pas tout, puisque la médecine dite holistique est également soumise à de nombreux biais. Commençons par la pratique de la naturopathie que nous avons évoqué en étude de cas – enfin ! L’emploi du morphème « nature » est ici complètement injustifié. Le naturopathe lui prête une vertu qu’il n’a pas en essentialisant la nature comme quelque chose de bon par principe, à l’opposé d’une « chimie » qui serait mauvaise aussi par principe. Pourtant, il n’y a rien de plus chimique que la nature ! La chimie est une branche de la science qui étudie la matière et ses transformations, plus précisément des éléments chimiques composés d’atomes.
Dans le cadre de notre étude, on parle surtout de biochimie, c’est-à-dire la science qui étudie les réactions chimiques au sein des êtres vivants. Un organisme est composé d'organes, eux-mêmes composés de cellules, composées à leur tour de molécules, composées enfin d'atomes. Tout cela est en interaction permanente, et ces interactions sont des réactions chimiques. Sans compter sur l’influence de l’environnement extérieur, lui aussi matériel, qui provoque également des réactions chimiques. Lorsque vous faites de la cuisine, vous imposez des principes physiques (chaleur) à un ensemble de produits chimiques (les aliments), et le résultat que constitue le plat n’est rien d’autre que la conséquence de cet explosif bouquet de réactions chimiques.
Ajoutons que chaque atome qui compose la matière est d’origine 100 % naturelle car ils sont tous le fruit du Big Bang. Il existe des atomes de synthèse mais ceux-ci sont synthétisés à partir d’atomes déjà présents sur Terre. Il n’y a que deux de ces atomes qui sont utilisés en médecine, à savoir le technétium et l’américium, mais ils ne servent en aucun cas à l’élaboration de médicament, leur seule application étant réservée à l’imagerie médicale. De ce point de vue-là, il n’existe donc aucune synthèse moléculaire à l’origine de médicaments produits par la science qui ne soit pas garantis 100 % naturelle, car tout atome est naturel, même provenant d’une synthèse…
Cependant, si les atomes sont naturels, la synthèse, elle, ne l’est pas, car elle provient de la main de l’homme. Même ici, la naturopathie botte en touche, car si toute synthèse se fait avec des éléments naturels, qu’elle soit sous la forme d’un médicament ou d’une préparation, elle sera toujours historique. Par ailleurs, l’ensemble des fruits et légumes dits naturels n’en sont pas car ils sont tous le résultat d’une longue sélection opérée par les hommes dans l’histoire (3).
Pour pratiquer une véritable naturopathie, il faudrait nous rendre sur une planète nouvelle et consommer à même la plante les molécules recherchées, ce qui est totalement absurde. Et encore, le simple fait de considérer la plante dans un rapport pratique avec un sujet qui la pense, la transforme de ce fait en objet culturel.
Tous les atomes sont naturels et toutes les synthèses sont historiques, donc, dans tous les cas, un soin par la nature opposé à un soin chimique n’a aucun sens, d’autant plus qu’il ne peut pas exister, tout soin étant par essence culturel. Cet appel à la nature est dangereux car il induit en erreur sur la pratique réelle de la science et construit des oppositions qui n’ont pas lieu d’être. Mais cela ne s'arrête pas là. Avec l’essentialisation de la nature comme bonne en soi pour le corps, on en fait un principe moral et on introduit dans la médecine des conceptions que la science ne peut pas avoir. Ceci ouvre la porte à de nombreuses dérives interprétatives, à commencer par la croyance en des choses indémontrables. C’est ce qui est à l’œuvre dans la naturopathie quand elle postule la présence dans le corps d’une force de vie ou d’une énergie vitale comme moteur de l’organisme.
Ce principe n’explique absolument en rien les maladies innées d’ordre génétique, notamment vis-à-vis de l’agencement du squelette, mais aussi des muscles et organes dans le corps. Expliquer la maladie comme l’expression d’une force de vie qui se manifeste peut donner lieu à un risque de fatalisme médical non sans rappeler des idéologies religieuses comme le « karma », etc. Ce naturalisme est bien-sûr totalement en adéquation avec l’idéologie écolo-réactionnaire en vogue dans les sociétés occidentales.
De plus, il est faux de dire que la médecine conventionnelle serait dans « l’oubli de la psychologie » ; en vérité, elle est même obsédée par ça depuis les récentes avancées de la neurologie – nous reviendrons là-dessus plus tard. La médecine conventionnelle est de ce point de vue beaucoup plus moniste, en apparence, que la médecine holistique, car elle fonde tout sur la biochimie et ne laisse pas sa place au « spirituel ». En invoquant des principes comme la force de vie ou l’énergie vitale, la médecine holistique revient à l’idéalisme en intégrant à la médecine une dimension idéologique. Du fait de son peu de rigueur épistémologique, la médecine holistique est complètement perméable à l’introduction de théories qui prêteraient à la nature des intentions, ce qui peut légitimer tout et n’importe quoi, mais surtout dédouaner le thérapeute de toute responsabilité. « Ce n’est pas moi qui suis responsable, c’est la nature qui veut ça et la nature a toujours raison car elle est infiniment bonne » ; ce n’est rien d’autre qu’une théologie naturelle appliquée à la chose médicale.
Toutefois, si la dénomination de médecine allopathique pour désigner la médecine positiviste n’est pas recevable, il faut également reconnaître que la dénomination de « médecine non-conventionnelle » est également problématique car elle ne permet pas de circonscrire précisément les pratiques qu’elle désigne du fait de leurs immenses diversités. Ainsi, le terme de médecine holistique, distingué de celui de pseudo médecine, semble opérant pour désigner toute approche prenant le contrepied de l’approche positiviste, c’est-à-dire en partant du tout plutôt que des faits isolés.
Il existe bien une médecine holistique qui s’oppose, une fois débarrassée de toutes les pseudos-théories qui s’y sont rattachées à tort, légitimement sur la base d’arguments recevables, à la médecine positiviste. Comme nous l’avons vu, cette critique se porte principalement sur la dimension réductionniste de la médecine positiviste. La médecine holistique reproche à la médecine positive de ne pas considérer le patient comme une personne mais comme un porteur de symptômes à éliminer, à cause de ses principes épistémologiques qui limitent son domaine d’application à la sphère du médicament, ou du traitement en général, du fait qu’elle se fonde essentiellement sur la preuve issue d’une étude randomisée en double aveugle applicable seulement à ce mode thérapeutique. On a donc affaire à un méthodologisme, c’est-à-dire une dérive théorique qui consiste à tirer de la méthode d’expérimentation la nature même de la pratique du soin. Autrement dit, on fait de la méthode une fin en soi qui se substitue à la thérapeutique. Au lieu d’être un moyen pour accéder au savoir nécessaire au soin, l'étude randomisée en double aveugle devient en quelque sorte le soin en soi.
Cette critique n’invalide pas la pertinence de la méthode et la vérité des preuves qui en découlent ; elle consiste seulement à montrer qu’elle conditionne la pratique médicale à se limiter à l’élimination de symptômes physico-chimiques, ce qui rentre en contradiction avec les principes généraux du vivant, non pas pris comme une « force de vie », mais démontrés par la science par l’homéostasie. Par cette réduction à la méthode, la médecine positiviste se coupe de la pratique et devient essentiellement théorique, renversant l’ordre que nous avons énoncé plus haut, qui consistait à voir la médecine comme une pratique opérant un détour par la théorie.
À partir de là, c’est l’ensemble des données statistiques issues de la méthode qui priment sur la pratique concrète. Le médecin se contentera de mesurer chez son patient un ensemble de facteurs, par exemple dans la composition du sang, et se contentera de les rendre conformes aux taux normalement attendus sans se soucier de la cause profonde d’un éventuel dérèglement. Plus inquiétant encore, les attentes prévues par le médecin à partir de ces données abstraites et générales peuvent primer dans certains cas sur la réalité concrète et particulière d’un patient.
De ce fétichisme de la méthode scientifique, ou scientisme, découle ce que Hegel appelle dans sa Phénoménologie de l’Esprit : la crainte de l’erreur. Le but de la science est de produire des connaissances, il est normal qu’elle ait donc une méfiance naturelle à l’égard de l’erreur. Mais pousser à l’extrême cette méfiance de l’erreur devient l’erreur même et campe la science sur ses positions. Du point de vue dialectique, l’erreur est au fondement de la vérité. Le savoir se construit par des remises en cause successives qui, à chaque fois, conservent la positivité de ce qui existe à un moment, tout en le dépassant pour aller plus loin vers la vérité. La vérité d’un jour est l’erreur du lendemain.
Si la science décrète, purement et arbitrairement, que l’état donné de sa méthode à un moment X, en l’occurrence la randomisation en double aveugle, fait figure d’absolu, elle devient anti-scientifique et dogmatique. Cette crainte de l’erreur rend toutes tentatives thérapeutiques nouvelles impossibles. Bien sûr, il en va de la vie des patients et il ne s’agit pas de jouer aux apprentis sorciers, mais c’est renier complètement la qualité du savoir-faire empirique des praticiens de terrain qui côtoient la maladie de près. Il ne s’agit pas non plus de retourner à un empirisme subjectiviste, mais seulement d’ouvrir l’horizon des possibles pour une médecine préventive et non plus seulement curative.
L’enjeu de la santé réside plus dans le fait de ne pas tomber malade que de soigner de manière insensée des malades à la chaîne. Il faut viser l’idéal de l’éradication de la maladie par la réduction de ses causes plutôt que se contenter de les repousser dans leur manifestation en surface. La crise du COVID-19 est un cas d’école de cette dérive : elle nous montre notamment que la crainte de l’erreur paralyse complètement la médecine en cas d’urgence.
Alors que la gestion d’une pandémie aurait dû conduire à des pratiques comme le repositioning dans les plus brefs délais (le fait d’utiliser un médicament prévu pour une autre maladie proche de la maladie qu’on veut traiter) ; la médecine positive a préféré attendre pendant un an l’arrivée d’un vaccin, tout ça par absolutisation idéaliste de la randomisation en double aveugle. En voulant préserver la vie des patients en refusant de faire une entorse au diktat et à la lourdeur de cette méthode, la médecine positive a pris la vie de plusieurs millions de personnes, n’ayant rien d’autre à leur proposer que les extrêmes que sont le confinement et la réanimation.
Attention : ces lignes ne sont pas contre les vaccins, au contraire. Seulement, en attendant cet outil formidable de la médecine moderne, d'autres choses auraient put être mises en place pour éviter l'hécatombe.
La seconde dérive liée au méthodologisme dans le cadre de l’étude randomisée en double aveugle est le risque métaphysique. Pour rappel, la métaphysique, dans son acception marxiste, est cette méthode philosophique qui consiste à isoler tout ce qu’elle étudie en différentes parties déconnectées.
En effet, si l’on considère que la médecine consiste à éradiquer des symptômes, on isole forcément ces derniers pour mieux les comprendre et les traiter. Cela a pour effet de fragmenter le patient en plusieurs morceaux distincts et, de fait, l’évacuer. Il n’existe plus de malade, mais une jambe, un foie, un cœur, des os malades… On l'observe particulièrement dans les maladies à impact multiple. Vous serez redirigés vers plusieurs spécialistes qui ne communiquent pas entre eux et qui ne s'intéressent qu’à leur domaine — malgré les efforts de nos médecins internistes trop peu nombreux et qui manquent malheureusement beaucoup trop de moyens pour effectuer leur travail au combien nécessaire.
Cette manie d’isoler les symptômes s’explique rationnellement (à l'inverse de la médecine holistique qui ne fait qu’intuitionner des critiques fondées sur des postulats douteux) par l’essence même de la méthode positiviste au cœur de la médecine expérimentale. Comme nous l’avons esquissé plus haut, le positivisme est une méthode épistémologique qui consiste à étudier des faits tout en refusant de les intégrer dans une réflexion plus générale. Le positivisme se contente d’accumuler des faits et des données statistiques sans en faire de synthèse, c’est un empirisme qui refuse le rationalisme. Il se fonde notamment sur le postulat d’un atomisme logique, qui consiste à considérer que les éléments d’un discours sont tous indépendants les uns des autres, et que, par conséquent, il suffit de démontrer la valeur de vérité de l’ensemble des éléments pour valider ou invalider une proposition discursive.
Selon Bertrand Russel (4), il existe deux types d’éléments : les impressions sensibles et des universaux, qu’il nomme respectivement particuliers et prédicats. Ces éléments constituent selon lui des atomes logiques, c’est-à-dire des unités indivisibles par lesquelles nous saisissons le monde. Par l’intermédiaire de connecteurs logiques, nous pouvons mettre en relation ces éléments simples et formuler des propositions.
Pour Russel, la proposition la plus élémentaire consiste en l’apposition d’un particulier abstrait et du prédicat « fait », ce qui nous donne un particulier donné est un fait, ce qu’il exprime par la formule « F(a) ». D’après lui, la connaissance doit s’établir sur ce modèle, ainsi le fait isolé devient le critère de la vérité. Il s’agit alors, pour le chercheur, de faire l’analyse de propositions données pour voir si les prédicats sont en adéquation avec les faits (particuliers).
Cette philosophie s’est construite en opposition au monisme de Hegel, pour qui la réalité forme une totalité en mouvement. Dans la philosophie hégélienne, le processus qui amène au résultat compte davantage que le résultat lui-même. Et ces processus sont pour lui tous interdépendants car ils reposent sur l’unité fondamentale de la réalité qu’est l’Idée. Pour les positivistes, qui sont des matérialistes, la conception d’un monisme idéaliste est irrecevable. En partant de la méthode scientifique appliquée à la nature et à l’étude des relations de cause à effet, les positivistes ont fondé une méthode à même de fonder la connaissance sur la matière à partir des faits isolés par l’analyse.
Dans l’atomisme logique, la partie précède donc le tout, ce postulat est nécessaire au développement de la méthode expérimentale car cette dernière ne peut s’appliquer à une totalité mobile. L’analyse des faits isolés est le préalable à l’expérimentation qui vise à invalider des hypothèses simples en observant des chaînes de causes et d’effets. Dans le domaine médical, le positivisme conduit nécessairement à une dissection méthodologique du patient, dont l’organicité est atomisée en conglomérat de fait isolés et ce de manière toujours plus détaillée.
Les diagnostics posés par les médecins positivistes ne peuvent donc pas être autrement que partiels et focalisés sur des symptômes. Du point de vue thérapeutique, l’isolement des faits est à l’origine des pratiques d’isolation de molécules que l’on teste dans les études randomisées en double aveugle. Le traitement est alors nécessairement limité à l’élimination par relation de cause à effet des symptômes isolés par l’action de molécules isolées.
Mais plus grave encore, le positivisme ne reconnaît comme faits que ce qui appartient à la sphère de la nature. Il nie complètement la possibilité d’une science de l’homme en dehors du cadre des déterminations naturelles. En quoi cela-nous concerne-t-il dans le domaine de la médecine ? A priori, nous sommes avec le corps dans le domaine de la biologie, donc une science naturelle.
Rappelons-nous des critiques de la médecine holistique à l’encontre du soi-disant dualisme de la médecine que nous appelions alors conventionnelle. Il lui était principalement reproché d’être dans l’oubli de la dimension spirituelle – à prendre ici au sens de psychique – de l’homme. Nous avions indiqué que, au contraire, la médecine positiviste était complètement obsédée par cet aspect de l’homme. Mais si le positivisme s’occupe effectivement de psychologie, il le fait dans une perspective naturaliste. En effet, ce sont les sciences cognitives et la neuropsychologie qui s’intéressent à ces questions, et leur point commun est d’évacuer la sphère des représentations.
En effet, contrairement à ce qu’a pu en dire la médecine holistique, le positivisme est bel est bien un monisme, ou en tout cas il est un matérialisme. Pour le positivisme, qui ramène tout à des faits, la réalité s’explique uniquement par la matière naturelle. La matière naturelle est l’objet d’étude des sciences de la nature, comme nous l’avons vu, elle obéit au couple cause/effet et obéit à des lois. Le positivisme ne nie pas l’existence de phénomènes sociaux ou psychiques mais il ne les explique pas à partir de processus internes au développement de la praxis dans l’histoire. C'est un réductionnisme biologique qui cherche à donner des réponses physico-chimiques aux problèmes posés par les individus et leurs comportements sociaux.
Ainsi, le positivisme explique l’amour par des réactions hormonales à l’intérieur du cerveau sans même se poser la question de la détermination historique et culturelle de l’amour. Il ne s’agit pas ici de nier les résultats de ces études sans doute vraies, ni même de faire de la médecine une science sociale, mais nous voulons montrer que le positivisme nie l’ancrage historique de la médecine. Il est incapable de saisir la psyché comme faculté à se représenter le monde par l’intermédiaire du langage. D’ailleurs, il essentialise également ce dernier, dont il cherche l’origine dans le cerveau en niant que sa fonction est avant tout celle de la transmission du sens. Le sens ne peut être un phénomène naturel, c’est le fruit d’un commun accord produit historiquement entre des sujets. Bien sûr, il reste matériel car le sens est toujours tributaire du signe qui repose sur les mots écrits ou prononcés puis perçus par le biais des atomes, mais il reste profondément historique (5).
La psychologie ne peut reposer sur de simples réactions chimiques car elle est fondamentalement sémiotique. Son domaine n’est pas celui des causes et des effets, mais celui du rapport du signe au sens et leur adéquation au référent qu’ils tentent de désigner. Et c’est parce que le développement des forces productives construit un rapport déterminé des producteurs du langage au monde qui les entoure – et donc aux référents – que le langage et les représentations des hommes sont historiques et non naturelles. De ce fait, nos représentations du monde sont tributaires de notre environnement, et ce dernier peut parfois nous être hostile. C’est de cette hostilité environnementale que naissent les traumas qu’il faut comprendre comme formations de représentations faussées et nocives pour l’homme.
De nombreuses maladies psychiques trouvent leur origine dans la contradiction entre l’homme et ses représentations, qui peuvent littéralement le détruire de l’intérieur. Ainsi, on n’explique pas une dépression par un manque hormonal quand un individu vient de perdre un membre de sa famille, ou son travail, et qu’il a tenté de mettre fin à ses jours. Et si on est conséquent, on comprend que la famille et le travail sont également des formes d’organisations sociales déterminées.
Le cas du travail est particulièrement criant. Dénué de sens et aliénant pour la plupart des prolétaires sous le capitalisme, il est défini par le cadre de l’extorsion de la plus-value par la bourgeoisie. Ce mal-être social, profondément ancré dans l’histoire, est tout simplement ignoré par le positivisme, qui ne voit pas dans l’histoire de matière objectivable (ce qui est faux – rapport production/consommation), de par l’isolement et la réduction des phénomènes qu’il étudie à des faits – ici des symptômes – auquels il ne pourra répondre que par des traitements, qui, dans le cas de la psychiatrie, ont alors pour fonction de « faire passer la pilule » de l’exploitation aux travailleurs.
Il ne s’agit pas ici de faire de la médecine une science sociale (nous y reviendrons) ; mais il est manifeste qu’elle ne peut se soustraire à cette dimension déterminante dans tout fait humain en tant que celui-ci est un « animal social ». Si le positivisme est un monisme, c’est un monisme réductionniste. Il place la matière en premier sur les idées mais il hiérarchise les différents ordres de la matière, à savoir l’ordre naturel et l’ordre historique qu’il fait dépendre du premier.
Si la nature donne sa loi à l'histoire, il l’annule (l'histoire) du simple fait qu’il rend impossible la liberté ; or c’est justement la liberté qui caractérise l’histoire comprise comme le développement des forces productives et l’apparition de l’individu. En niant la matérialité de l’histoire et donc la possibilité de faire de la science psychologique et politique pour prendre en charge les malades, le positivisme réintroduit en dernière instance une forme d’idéalisme dans son matérialisme, et donc une forme de dualisme entre le biologique et le social.
La médecine holistique avait donc une bonne intuition en disant que l’approche positiviste de la médecine était dualiste ; néanmoins, ce dualisme n’était pas là où elle le croyait et, par bien des aspects, elle partage également ce dualisme vis-à-vis de la question sociale. En effet, comment ne pas constater l’idéalisme de la praxis du naturopathe lorsqu’il suggère à son patient de « changer de travail et d’environnement ainsi que de cultiver son propre potager bio » ?
Une telle décision est impossible à prendre pour la majorité des prolétaires, pour qui le travail est une ressource rare et dont les fruits ne suffisent même pas à les nourrir eux et leur famille. Il est impossible pour un ouvrier travaillant dans la banlieue d’une grande métropole de partir à la campagne et d’acheter un terrain et une propriété sur un coup de tête. Mais surtout, ce n’est pas un modèle viable, la santé doit être prise en charge publiquement et non être le résultat d’actes individuels et isolés.
Ainsi, médecine holistique et médecine positiviste apparaissent toutes deux comme les manifestations idéologiques des intérêts de la bourgeoisie en matière de soin. Elles ne visent pas à dépasser le cadre historique du développement et de l’absence de prise en charge de la maladie, mais à consolider l’état actuel des choses. Avant d’opérer une synthèse de cette longue partie, nous aimerions faire un détour par l’analyse brève des conséquences idéologiques et pratiques de ces deux conceptions bourgeoises de la médecine.
Plaristes Evariste- Vénérable
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Re: Covid et médecine capitaliste.
Des lobbys corrompus aux charlatans de province : Conséquences et dérives de la médecine bourgeoise
La médecine a été accaparée par les grands lobby privés du médicament et une minorité de rebouteux sectaires. Derrière ce drame : l'absence de l'État et les politiques néo-libérales.
La médecine positiviste est régulièrement critiquée pour sa soumission à « Big Pharma », mais qu’est-ce que ce nom désigne réellement ? Il est habituellement utilisé pour désigner les lobbys des diverses industries pharmaceutiques. Il sous-entend que les hôpitaux et les médecins en général seraient soumis aux intérêts de ces mêmes industries, et que ce serait en vertu de cette soumission que la médecine serait majoritairement dominée par le pôle du médicament.
Cette théorie suppose également l’utilisation consciente de ces médicaments pour empoisonner la population dans un but « d’ingénierie sociale ». On nage donc en pleine théorie du complot. Comme toujours, les théories du complot s’avèrent indémontrables, essentialistes, impliquant plus de conséquences qu’elles ne peuvent expliquer, mais également un « fond » de vérité sur lequel s’élaborer.
Comme nous l’avons vu, l'approche médicamenteuse est une conséquence nécessaire du positivisme. Répétons-le encore, le positivisme ne reconnaît que des faits isolés, il prend donc en médecine la forme d’un réductionnisme du patient à ses symptômes en isolation qu’il cherche à éliminer par l’administration d’agents actifs eux-mêmes isolés. Le traitement systématique par médicament est le résultat logique de la méthode scientifique utilisée de nos jours en médecine. Il est donc tout aussi logique et nécessaire (qui ne peut pas ne pas être) que la conception positiviste de la médecine induise une production massive de médicaments.
La production générale étant au sein du capitalisme dans les mains d’une classe minoritaire, il en va de même pour la production particulière de médicaments. Ainsi, la médecine positiviste sert de fait les intérêts de la classe bourgeoise. Mais elle ne le fait pas d’après un plan malicieux des élites pour contrôler et s’enrichir sur le dos de la population. Elle est — dans le domaine du médicament — à la fois la légitimation idéologique du mode de production capitaliste – car produite par lui – et la cause de ce même mode de production ,dont elle fixe l’orientation pratique. Il y a auto-engendrement réciproque du capitalisme et de la médecine positiviste.
Un travail plus long devrait être fait pour montrer la continuité historique et logique de la médecine positiviste et l’émergence de la bourgeoisie, notamment lors de la révolution industrielle conduisant aux grandes découvertes scientifiques du 19ième siècle. En attendant, les travaux de Marx et Engels sur le développement du mode de production capitaliste et l’invention de la science moderne – notamment L'Anti-Dühring – ou encore ceux de Maurice Cornforth sur l’empirisme anglo-saxon (L’Idéologie Anglaise), constituent des sources suffisantes. Nous renvoyons également à l'ouvrage de Loïc Chaigneau : Pourquoi je suis communiste. Essai sur l'objectivité du matérialisme dialectique et historique.
La production de médicament étant donc aux mains de la classe bourgeoise, légitimant sa pratique et légitimée par l’épistémologie positiviste, il est évident que cette même classe s’organise en lobbys pour appuyer ses intérêts. Mais tout ceci est inconscient, c’est un processus historique qui n’a rien à voir avec une volonté de nuire à la population. Le lobby du médicament existe donc bien mais comme nécessité du moment logico-historique dans lequel la médecine actuelle évolue. Une lutte contre ces lobbys et leurs pratiques est donc raisonnable, à condition de se faire sur les bases énoncées plus haut et non pas sur les accusations d’un complot indémontrable.
On peut alors affirmer sur des bases concrètes que ces mêmes lobbys empêchent l’utilisation et la production de certains remèdes lorsque ceux-ci présentent l’avantage d’être facilement réalisables par des populations pauvres, ce qui représenterait une perte financière pour les dits lobbys. On peut penser à l’artemisia annua, qui fut conseillée sous forme de tisane par la Chine maoïste aux Viêt-Congs durant la guerre du Vietnam pour traiter le paludisme. Cette plante, qui se cultive très bien, est systématiquement disqualifiée par les lobbys du médicament au nom de la méfiance méthodologique à l’égard d’un élément aussi multifactoriel et complexe qu’une tisane (!), invérifiable à l’aide d’une étude randomisée en double aveugle.
Elle pourrait très largement contribuer à l’éradication de ce parasite dans les pays les plus pauvres où il sévit (sans être une baguette magique non plus, bien évidemment), mais elle est rendue difficilement accessible pour ces mêmes populations. À la place, les lobbys préfèrent en extraire une molécule unique – à durée de vie très faible sous cet état – pour en faire des médicaments de synthèse qui coupent la dite molécule de sa synergie originelle et diminuent son effet, ce qui a pour conséquence de renforcer le parasite et implique donc une course folle à la découverte de nouveaux médicaments toujours plus onéreux, et donc la mort de millions de personnes (1). Un tel embargo contribue grandement aux politiques impérialistes par la mainmise des bourgeoisies industrielles étrangères sur les populations des pays atteints par cette maladie.
La question de la production est au cœur de la médecine moderne. La gestion de la pandémie de COVID-19 en France a montré les dégâts des délocalisations sur notre capacité à nous soigner. La santé suppose donc une souveraineté médicale et une production nationale du matériel médical et des médicaments. Si la production de médicaments reste aux mains d’une classe parasitaire, elle continuera toujours à servir les intérêts économiques de ceux qui les vendent et non de ceux qui les reçoivent.
La nationalisation par les travailleurs de l’industrie pharmaceutique et la levée des brevets est une nécessité pour assurer une politique de santé publique efficace, mais également une lutte contre la corruption et les dérives des lobbys bourgeois, qui sont un recul pour la science. Cette réalité politique de la santé, les défenseurs acharnés du positivisme ne veulent pas la reconnaître. La bourgeoisie réserve la pratique de la médecine à une classe minoritaire sélectionnée et formée selon un schéma de reproduction sociale bien déterminé, au sein d’un cadre et d’un dogme épistémologique au service du mode de production capitaliste.
Tout au long de la pandémie, nous avons assisté à des injonctions à ne pas « politiser la santé », sous prétexte de neutralité scientifique. Pourtant, la gestion par le gouvernement d’Emmanuel Macron n’a été que politique. Le caractère global d’une pandémie révèle de manière très claire la dimension publique de la santé. Les décisions qui sont prises pour la santé de tous devraient être le fruit de la volonté générale. C’est précisément parce qu’elle concerne tout le monde que la santé est avant tout politique et démocratique. La médecine commence avec la démocratie, ce que refuse le positivisme, qui évince la dimension sociale de la science. N'en déplaise aux zététichiens-de-garde.
Dans une toute autre mesure, la médecine holistique est, comme nous l’avons dit en fin de partie précédente, tout aussi dualiste vis-à-vis de la question sociale. Pour rappel, le processus thérapeutique en naturopathie passe toujours par une analyse du cadre de vie du patient. S’il s’avère néfaste pour lui, le naturopathe commencera toujours par conseiller au patient d’en changer, quitte à déménager et changer de travail. Une telle démarche est évidemment impossible pour un prolétaire car elle est très onéreuse.
Mais cela va plus loin encore, car il s’ensuit, dans la liste interminable de changements proposés par le naturopathe, un nombre d’achats et pratiques chers en temps et en argent. On pense par exemple aux extracteurs de jus – vendus à presque un SMIC s’il on veut en avoir un de qualité –, aux compléments alimentaires à 30 € la boite/mois, aux cours de formation aux diverses techniques et méthodes d’exercices et d’hygiénisme, aux aménagements pour la maison, et, surtout, aux fruits et légumes à acheter toujours bio, frais et issus de la permaculture !
On voit donc que cette pratique concerne une minorité d’individus qui a les moyens de s’y consacrer. Il n’est alors pas étonnant de voir s’immiscer sur fond naturaliste des théories spiritualistes relevant du développement personnel. Loïc Chaigneau a montré que le développement personnel était un nouveau stoïcisme visant à faire accepter au prolétariat son exploitation tout en donnant une bonne conscience à la classe bourgeoise, en exaltant les vertus de l’individu (2). Cette même classe bourgeoise qui se repaît de tous les nouveaux marchés ouverts par la mode du « healthy lifestyle » promu par les nouvelles couches moyennes d’Instagram.
La médecine holistique est donc une idéologie profondément individualiste et libérale qui nie, à l’instar de la médecine positiviste à laquelle elle prétend s’opposer, la dimension sociale de la santé. Pour ne prendre qu’un seul exemple : si la naturopathie a raison de mettre l’accent sur la nécessité d’une alimentation riche en micronutriments, force est de constater que la présence de ces derniers est très faible dans la monoculture industrielle (3). Il faut donc se tourner vers la permaculture pour trouver de véritables bons produits ; pourtant, cette forme d’agriculture est extrêmement minoritaire. Une alimentation de qualité ne doit pas être réservée à une élite qui a les moyens de se l’offrir. Or, la transition vers une permaculture généralisée est un enjeu politique et historique majeur qui demande des financements publics sur plusieurs dizaines d’années.
Par ailleurs, il n’y a également aucune raison de réserver les pratiques d'hygiène et de consommation de produits sains à la sphère individuelle. Il est tout à fait imaginable de développer une « culture de la santé » dans une société où les industries seraient nationalisées aux mains des travailleurs, par l’implantation de ces appareils techniques onéreux dans les entreprises, dans les cantines professionnelles par exemple, et des formations sur place aux diverses techniques de renforcement physiologique.
Mais surtout, tout cela ne peut se faire sans un encadrement publique et scientifique à même de prémunir les patients contre les dangers réels et les dérives sectaires de la médecine « holistique », contre lesquels il faut absolument lutter. Car, pour beaucoup de praticiens holistiques, l'errance médicale dans laquelle est plongée un grand nombre de patients suite aux limites intrinsèques de la médecine positiviste, est une aubaine.
La souffrance de nos concitoyens et l'absence d’interventions et de prise en charge par l’État conduit à l’émergence d'un nouveau marché de la médecine alternative et à de nombreux abus.
La médecine positiviste et la médecine holistique sont donc toutes les deux des idéologies. C’est-à-dire qu’elles sont des projections de la conscience de la classe bourgeoise. Attention toutefois à ne pas faire de contresens, la production de l’idéologie est un fait inconscient. Les concepteurs de la méthode positiviste et de la méthode holistique ne sont pas des comploteurs organisant volontairement la mise en place des cadres médicaux pour servir leurs intérêts personnels. C’est plutôt la conséquence d’un aveuglement dû à leur position dans le procès de production.
Ainsi, nous pouvons lutter efficacement contre les théories complotistes qui trompent sur les bien-faits de la médecine positiviste et les critiques faciles qui réduisent la médecine holistique en charlatanisme.
Plaristes Evariste- Vénérable
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Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Covid et médecine capitaliste.
hé les gars, bon courage pour lire cette longueur de texte , mais qu'est-ce qui lui prend ?
Invité- Invité
Re: Covid et médecine capitaliste.
Bienvenue chez l'IHT surnommée par les camarades du Cercles Duclos "Institut Homme Sandwich."
Volog et Stun me trouve casse couille avec mon "étudier étudier étduier."
Mais il y a pire : l'IHT.
Volog et Stun me trouve casse couille avec mon "étudier étudier étduier."
Mais il y a pire : l'IHT.
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Covid et médecine capitaliste.
Monsieur Riton je m'excuse d'avoir réagit souvent aux titre de vos sujets sans avoir lu..
Mais avez vous pour projets de lires les articles?
Avant de juger...
Mais avez vous pour projets de lires les articles?
Avant de juger...
Plaristes Evariste- Vénérable
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Date d'inscription : 04/06/2020
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