Des philosophes libéraux, vraiment ?
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Des philosophes libéraux, vraiment ?
Voici quelques propos de penseurs que l’opinion commune qualifie de « libéraux ». Je vous laisse juge mais pour ma part, je vois tout le contraire de ce qu’on attend d’un libéralisme authentique.
Hugo Grotius, penseur néerlandais du XVIIème siècle :
Justifier la servitude et l’esclavage, est-ce digne d’un libéral ?
John Locke, philosophe britannique du XVIIème siècle, par ailleurs auteur d’une théorie de la connaissance majeure dans l’histoire de la philosophie :
Enlever des enfants à leurs parents pour des motifs pécuniers, est-ce digne d’un libéral ?
Bernard de Mandeville, philosophe néerlando-britannique des XVIIème-XVIIIème siècle :
Maintenir des individus dans la pauvreté et l’ignorance est-ce bien dans l’esprit du libéralisme ?
Interdire, pas vraiment dans l’esprit libéral...
Benjamin Franklin, homme politique américain du XVIIIème siècle, écrivant à un médecin :
Comment un libéral pourrait-il prétendre que des êtres humains ne méritent pas de vivre car soi-disant « inutiles » ?
Emmanuel-Joseph Sieyès, homme politique français des XVIIIème-XIXème siècle :
Déshumaniser les individus pauvres, est-ce bien libéral ?
Jeremy Bentham, philosophe britannique des XVIIIème-XIXème siècle :
Emprisonnement et travail forcé pour les pauvres, c’est pas vraiment ce qui vient à l’esprit lorsqu’on pense au libéralisme
Alexis de Tocqueville, philosophe et homme politique français :
Deux cents ans après Locke, Tocqueville légitime l’appropriation des terres amérindiennes par les colons et ainsi justifie leur extermination et leur déportation dans des réserves…
John Stuart Mill, philosophe du XIXème siècle, dont les travaux en épistémologie influenceront la philosophie des sciences modernes :
Même J. S. Mill qu’on présente comme appartenant au socialisme libéral approuve l’intervention de l’État dans la vie privée et même intime des individus !
Herbert Spencer, philosophe britannique du XIXème siècle :
Qui osera prétendre que quelqu’un qui trouve juste que des individus meurent uniquement parce qu’ils sont pauvres est libéral ?
Ludwig von Mises, économiste austro-américain du XXème siècle :
Faire l’éloge du fascisme dans un livre qui a la prétention d’expliquer et défendre le libéralisme, il fallait l’oser…
Murray Rothbard, philosophe et économiste américain du Xxème siècle :
Restreindre voire supprimer la liberté de circulation et même la possibilité pour des SDF de s’installer dans un lieu ( ce qui veut dire qu’ils deviennent quoi, on les met en prison? ), est-ce bien libéral ?
Quand on découvre ces citations on comprend pourquoi une partie du camp progressiste se dit « antilibéral ». En effet, si être libéral signifie partager les idées qui ressortent des propos précédents, ce n’est pas vraiment compatible avec le projet d’émancipation des individus. Toutefois, on peut inverser ce point de vue et considérer que la doxa se méprend lorsqu’elle nous présente ces philosophes et hommes politiques comme d’éminents représentants du libéralisme.
Hugo Grotius, penseur néerlandais du XVIIème siècle :
« il y a des hommes naturellement esclaves, c’est-à-dire nés pour la servitude, de même, il y a des peuples dont le naturel est de savoir mieux obéir que gouverner » ( in Le Droit de la guerre et de la paix )
Justifier la servitude et l’esclavage, est-ce digne d’un libéral ?
John Locke, philosophe britannique du XVIIème siècle, par ailleurs auteur d’une théorie de la connaissance majeure dans l’histoire de la philosophie :
« Si, tous les enfants âgés de plus de trois ans étaient retirés des mains de leurs parents [pauvres], il n’y aurait pas besoin d’allocations pour eux » in Draft of a representation containing a scheme of method for the employment of the Poor)
Enlever des enfants à leurs parents pour des motifs pécuniers, est-ce digne d’un libéral ?
« Pour rendre la société heureuse, il faut qu’un grand nombre de ses membres soient ignorants, aussi bien que pauvres » ( in Essai sur la charité et les écoles de charité )
Maintenir des individus dans la pauvreté et l’ignorance est-ce bien dans l’esprit du libéralisme ?
« Il faut obliger les pauvres et leurs enfants à aller à l’Église le matin et le soir puisqu’ils n’ont pas d’autres temps pour vaquer à ces sacrés devoirs. […] Si cependant la contrainte que je propose paraissait trop violente et impraticable, il faudra tout au moins pour ces jours-là, interdire sous de rigoureuses peines tous les divertissements, et empêcher que les pauvres n’aillent prendre dehors des plaisirs qui pourraient les séduire […] . » ( in Défense de la fable des abeilles )
Interdire, pas vraiment dans l’esprit libéral...
Benjamin Franklin, homme politique américain du XVIIIème siècle, écrivant à un médecin :
« La moitié des vies que vous sauvez ne sont pas dignes d’être sauvées car elles sont inutiles »( in Writings, lettre à J. Fothergill de 1764 )
Comment un libéral pourrait-il prétendre que des êtres humains ne méritent pas de vivre car soi-disant « inutiles » ?
Emmanuel-Joseph Sieyès, homme politique français des XVIIIème-XIXème siècle :
« Parmi les malheureux voués aux travaux pénibles, producteurs des jouissances d’autrui et recevant à peine de quoi sustenter leur corps souffrant et plein de besoins, dans cette foule immense d’instruments bipèdes, sans liberté, sans moralité, sans intellectualité, ne possédant que des mains peu gagnantes et une âme absorbée (...). est-ce là ce que vous appelez des hommes ? On les dit policés ! Y-en-a-t-il un seul qui fût capable d’entrer en société ? » ( in Ecrits politiques )
Déshumaniser les individus pauvres, est-ce bien libéral ?
Jeremy Bentham, philosophe britannique des XVIIIème-XIXème siècle :
« [Doit être mis en place] le pouvoir d’appréhender toute personne, qu’elle soit en bonne santé physique ou non, ne disposant d’aucun bien et ne pouvant subvenir à ses besoins de manière honnête, et de la détenir et l’employer jusqu’à ce que quelqu’un lui propose un emploi » ( in Pauper management improved ).
Emprisonnement et travail forcé pour les pauvres, c’est pas vraiment ce qui vient à l’esprit lorsqu’on pense au libéralisme
Alexis de Tocqueville, philosophe et homme politique français :
« Quoique le vaste pays […] fût habité par de nombreuses tribus d’indigènes, on peut dire avec justice qu’à l’époque de la découverte il ne formait encore qu’un désert. Les Indiens l’occupaient mais ne le possédaient pas. […] La Providence, en les plaçant au milieu des richesses du Nouveau-Monde, semblait ne leur avoir donné qu’un court usufruit. Ils n’étaient là, en quelque sorte qu’en attendant. […] ce continent tout entier [apparaissait] comme le berceau encore vide d’une grande nation. » (in De la démocratie en Amérique).
Deux cents ans après Locke, Tocqueville légitime l’appropriation des terres amérindiennes par les colons et ainsi justifie leur extermination et leur déportation dans des réserves…
John Stuart Mill, philosophe du XIXème siècle, dont les travaux en épistémologie influenceront la philosophie des sciences modernes :
« Les lois qui, dans un grand nombre de pays du continent, défendent le mariage, à moins que les parties ne prouvent qu'elles peuvent entretenir une famille, n'outrepassent pas les pouvoirs légitimes de l'État » ( in De la liberté ).
Même J. S. Mill qu’on présente comme appartenant au socialisme libéral approuve l’intervention de l’État dans la vie privée et même intime des individus !
Herbert Spencer, philosophe britannique du XIXème siècle :
« S [les individus] ne sont vraiment pas capables de se suffire à eux-mêmes, ils meurent et il est juste qu’ils meurent » ( in Social Statics )
« le commandement « si quelqu'un ne veut pas travailler, il ne doit pas manger »,est simplement l'énoncé chrétien de cette loi de la nature, […] d'après laquelle une créature qui n'est pas assez énergique pour se suffire, doit périr; la seule différence étant que la loi qui, dans un cas, doit être imposée par la force est, dans l'autre cas, une nécessité naturelle. » ( in L’Individu contre l’État )
Qui osera prétendre que quelqu’un qui trouve juste que des individus meurent uniquement parce qu’ils sont pauvres est libéral ?
Ludwig von Mises, économiste austro-américain du XXème siècle :
« on ne peut nier que le fascisme et les mouvements similaires cherchant à mettre en place des dictatures sont remplis des meilleures intentions et que leur intervention a, pour l’instant, sauvé la civilisation européenne. Le mérite qui en revient au fascisme demeurera éternellement dans l’histoire » ( in Liberalismus, première édition )
Faire l’éloge du fascisme dans un livre qui a la prétention d’expliquer et défendre le libéralisme, il fallait l’oser…
Murray Rothbard, philosophe et économiste américain du Xxème siècle :
« Dans la société libertarienne, où toutes les rues seraient privées, le conflit se résorberait sans atteinte aux Droits de propriété de qui que ce soit : ce sont les propriétaires des rues qui auraient le Droit de choisir qui y aura accès et ils pourraient par conséquent empêcher à leur gré la venue des “ indésirables”. » ( in L’Ethique de la Liberté )
Restreindre voire supprimer la liberté de circulation et même la possibilité pour des SDF de s’installer dans un lieu ( ce qui veut dire qu’ils deviennent quoi, on les met en prison? ), est-ce bien libéral ?
Quand on découvre ces citations on comprend pourquoi une partie du camp progressiste se dit « antilibéral ». En effet, si être libéral signifie partager les idées qui ressortent des propos précédents, ce n’est pas vraiment compatible avec le projet d’émancipation des individus. Toutefois, on peut inverser ce point de vue et considérer que la doxa se méprend lorsqu’elle nous présente ces philosophes et hommes politiques comme d’éminents représentants du libéralisme.
Sagesse Libérale- Postulant
- Messages : 217
Date d'inscription : 03/08/2021
Plaristes Evariste aime ce message
Re: Des philosophes libéraux, vraiment ?
Voici un texte de Benjamin Franklin, particulière synthétique de l'esprit qui anime ces gens :
Avec ce genre de mentalité vous comprendrez aisément que tout le reste en découle. Chacun étant responsable de la manière dont il gère sa vie et ses affaires, si les pauvres sont pauvres c'est de leur faute, du moins c'est ce que pensent "les Libéraux".
Benjamin Franklin a écrit:Souviens-toi que le temps, c'est de l'argent. Celui qui, pouvant gagner dix shillings par jour en travaillant, se promène ou reste dans sa chambre à paresser la moitié du temps, bien que ses plaisirs, que sa paresse, ne lui coûtent que six pence, celui-là ne doit pas se borner à compter cette seule dépense. Il a dépensé en outre, jeté plutôt, cinq autres shillings.
Souviens-toi que le crédit, c'est de l'argent. Si quelqu'un laisse son argent entre mes mains alors qu'il lui est dû, il me fait présent de l'intérêt ou encore de tout ce que je puis faire de son argent pendant ce temps. Ce qui peut s'élever à un montant considérable si je jouis de beaucoup de crédit et que j'en fasse bon usage.
Souviens-toi que l'argent est, par nature, générateur et prolifique. L'argent engendre l'argent, ses rejetons peuvent en engendrer davantage, et ainsi de suite. Cinq shillings qui travaillent en font six, puis se transforment en sept shillings trois pence, etc., jusqu'à devenir cent livres sterling. Plus il y a de shillings, plus grand est le produit chaque fois, si bien que le profit croît de plus en plus vite. Celui qui tue une truie, en anéantit la descendance jusqu'à la millième génération. Celui qui assassine (sic) une pièce de cinq shillings, détruit tout ce qu'elle aurait pu produire : des monceaux de livres sterling.
Souviens-toi du dicton : le bon payeur est le maître de la bourse d'autrui. Celui qui est connu pour payer ponctuellement et exactement à la date promise, peut à tout moment et en toutes circonstances se procurer l'argent que ses amis ont épargné. Ce qui est parfois d'une grande utilité. Après l'assiduité au travail et la frugalité, rien ne contribue autant à la progression d'un jeune homme dans le monde que la ponctualité et l'équité dans ses affaires. Par conséquent, il ne faut pas conserver de l'argent emprunté une heure de plus que le temps convenu; à la moindre déception, la bourse de ton ami te sera fermée pour toujours.
Il faut prendre garde que les actions les plus insignifiantes peuvent influer sur le crédit d'une personne. Le bruit de ton marteau à 5 heures du matin ou à 8 heures du soir, s'il parvient à ses oreilles, rendra ton créancier accommodant six mois de plus; mais s'il te voit jouer au billard, ou bien s'il entend ta voix dans une taverne alors que tu devrais être au travail, cela l'incitera à te réclamer son argent dès le lendemain; il l'exigera d'un coup, avant même que tu l'aies à ta disposition pour le lui rendre.
Cela prouvera, en outre, que tu te souviens de tes dettes; tu apparaîtras comme un homme scrupuleux et honnête, ce qui augmentera encore ton crédit.
Garde-toi de penser que tout ce que tu possèdes t'appartient et de vivre selon cette pensée. C'est une erreur où tombent beaucoup de gens qui ont du crédit. Pour t'en préserver tiens un compte exact de tes dépenses et de tes revenus. Si tu te donnes la peine de tout noter en détail, cela aura un bon résultat : tu découvriras combien des dépenses merveilleusement petites et insignifiantes s'enflent jusqu'à faire de grosses sommes, tu t'apercevras alors de ce qui aurait pu être épargné, de ce qui pourra l'être sans grand inconvénient à l'avenir [...].
Pour six livres sterling par an, tu pourras avoir l'usage de cent livres, pourvu que tu sois un homme dont la sagesse et l'honnêteté sont connues.
Celui qui dépense inutilement chaque jour une pièce de quatre pence, dépense inutilement plus de six livres sterling par an, soit le prix auquel revient l'utilisation de cent livres.
Celui qui gaspille inutilement chaque jour la valeur de quatre pence de son temps, gaspille jour après jour le privilège d'utiliser cent livres sterling.
Celui qui perd inutilement pour cinq shillings de son temps, perd cinq shillings; il pourrait tout aussi bien jeter cinq shillings dans la mer.
Celui qui perd cinq shillings, perd non seulement cette somme, mais aussi tout ce qu'il aurait pu gagner en l'utilisant dans les affaires, ce qui constituera une somme d'argent considérable, au fur et à mesure que l'homme jeune prendra de l'âge.
Avec ce genre de mentalité vous comprendrez aisément que tout le reste en découle. Chacun étant responsable de la manière dont il gère sa vie et ses affaires, si les pauvres sont pauvres c'est de leur faute, du moins c'est ce que pensent "les Libéraux".
Francis XV- Sage
- Messages : 6981
Date d'inscription : 28/07/2020
Re: Des philosophes libéraux, vraiment ?
si les pauvres sont pauvres c'est de leur faute, du moins c'est ce que pensent "les Libéraux".......................... et l'extrême droite qui ne dit rien d'autre.
C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches. Victor Hugo.
C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches. Victor Hugo.
Vladimir de Volog- Vénérable
- Messages : 32751
Date d'inscription : 22/01/2018
Localisation : Nouvelle Aquitaine
Re: Des philosophes libéraux, vraiment ?
Ce n'est pas directement de leur faute..
Mais en même temps les gens votent pas pour les petits partis ils s'abstiennent.
Mais en même temps les gens votent pas pour les petits partis ils s'abstiennent.
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Des philosophes libéraux, vraiment ?
https://youtu.be/SyxinpgMhPk
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Des philosophes libéraux, vraiment ?
https://youtu.be/goYIG9IQv44
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Des philosophes libéraux, vraiment ?
Plaristes a écrit:Ce n'est pas directement de leur faute..
Mais en même temps les gens votent pas pour les petits partis ils s'abstiennent.
La pauvreté.
Il n'est pas question de vote mais d'exploitation capitaliste.
Invité- Invité
Re: Des philosophes libéraux, vraiment ?
Mais beaucoup de gens que ce soit sur ce forum ou dans la vie pensent comme Benjamin Franklin. Omega95, Lambertini, si vous êtes pauvre c'est que vous êtes une fainéasse et c'est votre faute.
Avez-vous ne serais-ce qu'un petit argument pour leur prouver le contraire ?
Avez-vous ne serais-ce qu'un petit argument pour leur prouver le contraire ?
Francis XV- Sage
- Messages : 6981
Date d'inscription : 28/07/2020
Re: Des philosophes libéraux, vraiment ?
Sergei a écrit:Plaristes a écrit:Ce n'est pas directement de leur faute..
Mais en même temps les gens votent pas pour les petits partis ils s'abstiennent.
La pauvreté.
Il n'est pas question de vote mais d'exploitation capitaliste.
Les capitaliste truquent les élections certes, mais il y a une limitte ! A partir d'un certains points ça devient trop grossier !
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
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