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Le maillage des esprits.

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Le maillage des esprits. Empty Le maillage des esprits.

Message par Vladimir de Volog Ven 4 Mar - 11:36

Le maillage des esprits.

4.1 L’opinion publique n’existe objectivement pas : c’est une fiction construite.

Wikipédia, s’appuyant sur un article assez célèbre de Pierre Bourdieu intitulé : "L’opinion publique existe pas", accessible en ligne à l’adresse suivante : http://www.homme-moderne.org/societ... résume ainsi ce point de vue :

"Le sociologue Pierre Bourdieu traitant du sondage d’opinion, considère l’objet « opinion publique » ainsi construit comme « un artefact pur et simple dont la fonction est de dissimuler que l’état de l’opinion à un moment donné du temps est un système de forces, de tensions et qu’il n’est rien de plus inadéquat pour représenter l’état de l’opinion qu’un pourcentage » et ajoute que « l’effet fondamental de l’enquête d’opinion [est de] constituer l’idée qu’il existe une opinion publique unanime, donc légitimer une politique et renforcer les rapports de force qui la fondent ou la rendent possible ».

Le sociologue Alain Accardo de même considère que la réalité de l’« opinion publique » « tient pratiquement tout entière dans ce qu’en disent les médias et tout spécialement aujourd’hui les instituts de sondage qui, sans s’interroger outre mesure sur le bien-fondé de leur démarche, collent à des fins d’agrégation statistique, cette étiquette abusivement globalisante et homogénéisante sur une série limitée d’opinions individuelles artificiellement provoquées par leurs questions et de surcroît arbitrairement considérées comme interchangeables »." (source : L’opinion publique. http://fr.wikipedia.org/wiki/Opinio... )

4.2 Le règne du marketing.

Comme nous l’avons déjà dit, les instituts de sondage ne consacrent qu’une fraction, le plus souvent minoritaire, de leur activité aux sondages d’opinion concernant la vie politique et sociale. Elles étudient plutôt les comportements dans les domaines de la consommation de biens et de services en tout genre. Ce sont des entreprises qui font des études de marché dans tous les domaines ou presque.

Avec la professionnalisation de l’activité politique, la plupart des partis politiques s’apparentent à des entreprises dont les parts de marché sont constituées de segments du corps électoral.. On pourrait parler de "marché électoral".

La rétribution financière des élus qui peut être parfois très importante en raison du cumul des mandats à laquelle s’ajoutent le prestige social, le pouvoir politique et économique que confère le statut d’élu, rendent particulièrement attractif ces entreprises politiques pour tous ceux et toutes celles qui ont le goût du pouvoir.

Constitution d’un carnet d’adresses bien fourni et de réseaux dans le monde des médias et des affaires, commande aux instituts de sondage de panels d’opinions concernant la vie sociale des Français de manière à pouvoir élaborer des discours politiques bien calibrés à la demande "populaire", connaissance du taux d’audience des interventions radiotélévisées grâce à Médiamétrie, assistance de conseillers en communication et autres spin doctors, font partie des méthodes de travail des acteurs de ces entreprises, devenus véritables market-managers de la politique gagne-pain. Le partage gourmand des circonscriptions entre partis alliés prend parfois des allures de combat de chefs. (d’entreprise !)

Les instituts de sondage s’inscrivent donc dans cet univers du marketing politique.

Certains créanciers des instituts sondage peuvent tirer profit de leur situation en commandant des sondages en rapport avec leur activité et induire certains comportements des populations- cibles. Par exemple, un fonds de pension peut commander des sondages sur le comportement des Français concernant la retraite et par le choix des questions induire certaines réponses valorisant la retraite par capitalisation. Le résultat du sondage est ensuite relayé en multi-supports par plusieurs médias, faisant ainsi progresser l’idée de la retraite par capitalisation.

Il faut donc considérer les instituts de sondage comme faisant partie d’un système médiatique global.

De même qu’un manager va faire évaluer l’efficacité de sa publicité via les médias par les instituts de sondage, le pouvoir politique, pour évaluer l’impact de ses argumentaires diffusés à grande échelle par les médias, commandera-t-il un sondage pour évaluer l’impact de sa propagande. La démarche est la même pour certains organes de presse qui peuvent ainsi mesurer l’efficacité idéologique de leurs articles politiques.

Le timing du sondage a aussi beaucoup d’importance. Par exemple, si l’on veut détériorer l’image d’un acteur politique, il est nécessaire d’organiser un sondage peu de temps après la tenue de propos qui peuvent le discréditer.

Mais on peut imaginer une instrumentalisation s’apparentant à une stratégie relevant de la guerre cognitive de type militaire. Par exemple, le pouvoir politique peut prendre toute une série de mesures pour provoquer des réactions relativement prévisibles de certaines catégories sociales (professionnelles, religieuses, etc.) ouvrant ainsi différents fronts de tension de manière à prévenir et diviser des mouvements de contestation sociale. Ces mesures s’accompagnent d’un grand déploiement médiatique. Cette pratique permet de disperser les forces du mouvement social mais peut aussi avoir une autre fonction : la diversion.

Pendant que les canaux médiatiques sont saturés par la "dispute sociale" du moment, le pouvoir politique peut faire passer dans la plus grande discrétion des décrets ou faire voter des lois dont la portée sont autrement plus importante. Cette "dispute sociale" (portant le plus souvent sur des questions sociétales et non sur des problèmes économiques ou politiques de fondamentaux), est amplifiée par une multitude de sondages qui occupent les colonnes de la presse et alimentent les "débats d’actualité" sur la 5ème chaîne, sur le BFM-TV, sur LCP, et font la joie des Guignols de l’Info…

4.3 - Le maillage des esprits par les instituts de sondage.

Les instituts de sondage opèrent sur trois axes : l’axe de l’individu ; l’axe du citoyen ; l’axe du consommateur.

Sur le premier axe, on trouve les sondages concernant la vie personnelle ou familiale, les goûts artistiques, la maternité etc. ; sur le second sont organisés les sondages concernant la vie sociale, professionnelle, politique.

Sur le troisième axe, le plus fourni, on trouve les sondages concernant les goûts relatifs à tous les produits de consommation de nature matérielle, immatérielle ou culturelle le relatif aussi à tous les types de services publics ou privés.(santé, enseignement, justice, services aux entreprises, communications, transports, etc.)

Remarquons que ces données statistiques fondées sur des sondages peuvent être complétées par les données statistiques de l’INSEE, du CEVIPOF ou autre institut utilisant abondamment des statistiques.

La population est ainsi l’objet d’un véritable quadrillage de leurs représentations mentales et sociales, de leurs comportements qui sont affectées d’un coefficient (généralement un pourcentage). Notons au passage que même les émotions (peur, crainte, colère, joie, etc.) peuvent être aussi l’objet d’une telle quantification.

Ce maillage de l’espace mental social peut conduire à l’idée "d’’individu moyen lambda" doué de représentations et de comportements type, et repérable comme un nœud dans un réseau tridimensionnel. En faisant des relevés statistiques périodiques, on peut obtenir une vision dynamique rendant compte de l’évolution de ces représentations dans un espace de phases. Il s’agit évidemment de pures abstractions statistiques, d’une fiction construite.

Les résultats obtenus sont évidemment d’une fiabilité variable mais certainement pas nulle ou toujours faible, car on comprendrait mal pourquoi les financiers, les publicistes ou les politiques assistés de leurs polytechniciens et autres techniciens issus des meilleures écoles supérieures de commerce et de statistiques investiraient des millions d’euros en pure perte.

Les information obtenues, dont la diffusion publique est très minoritaire, sont stockées dans d’immenses banques de données et peuvent être utilisées à des fins très diverses : du simple objectif commercial de vendre un produit efficacement à un objectif de manipulation de masse des esprits en vue de conquérir ou de conserver le Pouvoir. Et dans ce cas, les sondages sont des instruments de pouvoir. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu Foucault ou Deleuze pour comprendre que ce maillage des esprits peut être un redoutable outil de contrôle social dans une société très autoritaire ou de type fasciste.

Hervé Debonrivage

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Le maillage des esprits. Empty Re: Le maillage des esprits.

Message par Jean-Louis de Toqueville Ven 4 Mar - 11:42

Volog a écrit:Le maillage des esprits.

4.1 L’opinion publique n’existe objectivement pas : c’est une fiction construite.

Wikipédia, s’appuyant sur un article assez célèbre de Pierre Bourdieu intitulé : "L’opinion publique existe pas", accessible en ligne à l’adresse suivante : http://www.homme-moderne.org/societ... résume ainsi ce point de vue :

"Le sociologue Pierre Bourdieu traitant du sondage d’opinion, considère l’objet « opinion publique » ainsi construit comme « un artefact pur et simple dont la fonction est de dissimuler que l’état de l’opinion à un moment donné du temps est un système de forces, de tensions et qu’il n’est rien de plus inadéquat pour représenter l’état de l’opinion qu’un pourcentage » et ajoute que « l’effet fondamental de l’enquête d’opinion [est de] constituer l’idée qu’il existe une opinion publique unanime, donc légitimer une politique et renforcer les rapports de force qui la fondent ou la rendent possible ».

Le sociologue Alain Accardo de même considère que la réalité de l’« opinion publique » « tient pratiquement tout entière dans ce qu’en disent les médias et tout spécialement aujourd’hui les instituts de sondage qui, sans s’interroger outre mesure sur le bien-fondé de leur démarche, collent à des fins d’agrégation statistique, cette étiquette abusivement globalisante et homogénéisante sur une série limitée d’opinions individuelles artificiellement provoquées par leurs questions et de surcroît arbitrairement considérées comme interchangeables »." (source : L’opinion publique. http://fr.wikipedia.org/wiki/Opinio... )

4.2 Le règne du marketing.

Comme nous l’avons déjà dit, les instituts de sondage ne consacrent qu’une fraction, le plus souvent minoritaire, de leur activité aux sondages d’opinion concernant la vie politique et sociale. Elles étudient plutôt les comportements dans les domaines de la consommation de biens et de services en tout genre. Ce sont des entreprises qui font des études de marché dans tous les domaines ou presque.

Avec la professionnalisation de l’activité politique, la plupart des partis politiques s’apparentent à des entreprises dont les parts de marché sont constituées de segments du corps électoral.. On pourrait parler de "marché électoral".

La rétribution financière des élus qui peut être parfois très importante en raison du cumul des mandats à laquelle s’ajoutent le prestige social, le pouvoir politique et économique que confère le statut d’élu, rendent particulièrement attractif ces entreprises politiques pour tous ceux et toutes celles qui ont le goût du pouvoir.

Constitution d’un carnet d’adresses bien fourni et de réseaux dans le monde des médias et des affaires, commande aux instituts de sondage de panels d’opinions concernant la vie sociale des Français de manière à pouvoir élaborer des discours politiques bien calibrés à la demande "populaire", connaissance du taux d’audience des interventions radiotélévisées grâce à Médiamétrie, assistance de conseillers en communication et autres spin doctors, font partie des méthodes de travail des acteurs de ces entreprises, devenus véritables market-managers de la politique gagne-pain. Le partage gourmand des circonscriptions entre partis alliés prend parfois des allures de combat de chefs. (d’entreprise !)

Les instituts de sondage s’inscrivent donc dans cet univers du marketing politique.

Certains créanciers des instituts sondage peuvent tirer profit de leur situation en commandant des sondages en rapport avec leur activité et induire certains comportements des populations- cibles. Par exemple, un fonds de pension peut commander des sondages sur le comportement des Français concernant la retraite et par le choix des questions induire certaines réponses valorisant la retraite par capitalisation. Le résultat du sondage est ensuite relayé en multi-supports par plusieurs médias, faisant ainsi progresser l’idée de la retraite par capitalisation.

Il faut donc considérer les instituts de sondage comme faisant partie d’un système médiatique global.

De même qu’un manager va faire évaluer l’efficacité de sa publicité via les médias par les instituts de sondage, le pouvoir politique, pour évaluer l’impact de ses argumentaires diffusés à grande échelle par les médias, commandera-t-il un sondage pour évaluer l’impact de sa propagande. La démarche est la même pour certains organes de presse qui peuvent ainsi mesurer l’efficacité idéologique de leurs articles politiques.

Le timing du sondage a aussi beaucoup d’importance. Par exemple, si l’on veut détériorer l’image d’un acteur politique, il est nécessaire d’organiser un sondage peu de temps après la tenue de propos qui peuvent le discréditer.

Mais on peut imaginer une instrumentalisation s’apparentant à une stratégie relevant de la guerre cognitive de type militaire. Par exemple, le pouvoir politique peut prendre toute une série de mesures pour provoquer des réactions relativement prévisibles de certaines catégories sociales (professionnelles, religieuses, etc.) ouvrant ainsi différents fronts de tension de manière à prévenir et diviser des mouvements de contestation sociale. Ces mesures s’accompagnent d’un grand déploiement médiatique. Cette pratique permet de disperser les forces du mouvement social mais peut aussi avoir une autre fonction : la diversion.

Pendant que les canaux médiatiques sont saturés par la "dispute sociale" du moment, le pouvoir politique peut faire passer dans la plus grande discrétion des décrets ou faire voter des lois dont la portée sont autrement plus importante. Cette "dispute sociale" (portant le plus souvent sur des questions sociétales et non sur des problèmes économiques ou politiques de fondamentaux), est amplifiée par une multitude de sondages qui occupent les colonnes de la presse et alimentent les "débats d’actualité" sur la 5ème chaîne, sur le BFM-TV, sur LCP, et font la joie des Guignols de l’Info…

4.3 - Le maillage des esprits par les instituts de sondage.

Les instituts de sondage opèrent sur trois axes : l’axe de l’individu ; l’axe du citoyen ; l’axe du consommateur.

Sur le premier axe, on trouve les sondages concernant la vie personnelle ou familiale, les goûts artistiques, la maternité etc. ; sur le second sont organisés les sondages concernant la vie sociale, professionnelle, politique.

Sur le troisième axe, le plus fourni, on trouve les sondages concernant les goûts relatifs à tous les produits de consommation de nature matérielle, immatérielle ou culturelle le relatif aussi à tous les types de services publics ou privés.(santé, enseignement, justice, services aux entreprises, communications, transports, etc.)

Remarquons que ces données statistiques fondées sur des sondages peuvent être complétées par les données statistiques de l’INSEE, du CEVIPOF ou autre institut utilisant abondamment des statistiques.

La population est ainsi l’objet d’un véritable quadrillage de leurs représentations mentales et sociales, de leurs comportements qui sont affectées d’un coefficient (généralement un pourcentage). Notons au passage que même les émotions (peur, crainte, colère, joie, etc.) peuvent être aussi l’objet d’une telle quantification.

Ce maillage de l’espace mental social peut conduire à l’idée "d’’individu moyen lambda" doué de représentations et de comportements type, et repérable comme un nœud dans un réseau tridimensionnel. En faisant des relevés statistiques périodiques, on peut obtenir une vision dynamique rendant compte de l’évolution de ces représentations dans un espace de phases. Il s’agit évidemment de pures abstractions statistiques, d’une fiction construite.

Les résultats obtenus sont évidemment d’une fiabilité variable mais certainement pas nulle ou toujours faible, car on comprendrait mal pourquoi les financiers, les publicistes ou les politiques assistés de leurs polytechniciens et autres techniciens issus des meilleures écoles supérieures de commerce et de statistiques investiraient des millions d’euros en pure perte.

Les information obtenues, dont la diffusion publique est très minoritaire, sont stockées dans d’immenses banques de données et peuvent être utilisées à des fins très diverses : du simple objectif commercial de vendre un produit efficacement à un objectif de manipulation de masse des esprits en vue de conquérir ou de conserver le Pouvoir. Et dans ce cas, les sondages sont des instruments de pouvoir. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu Foucault ou Deleuze pour comprendre que ce maillage des esprits peut être un redoutable outil de contrôle social dans une société très autoritaire ou de type fasciste.

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Message par Edouard de Montmonrency Ven 4 Mar - 12:42

"4.1-1 L’opinion publique n’existe objectivement pas : c’est une fiction construite."

4.1-2
L'opinion publique est aussi façonnée par les petits et grands remplacements de population. Et ce n'est pas de la fiction.
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