Le déni gouvernemental sur les salaires
3 participants
Page 1 sur 1
Le déni gouvernemental sur les salaires
Le déni gouvernemental sur les salaires.
Pour comprendre pourquoi, il faut analyser la source de la perte de revenu réel en France. Cette source, ce sont les salaires. La Dares, la section statistique du ministère du travail, avait souligné la chute au premier trimestre du salaire réel de 2,1 %. Ce sont donc bien les salariés qui ont subi le plus fort choc de répartition face à l’inflation. Et cela, en grande partie, parce que les salaires ne suivent pas les prix lorsque ceux-ci s’accélèrent.
Le gouvernement se désintéresse de la question, estimant comme l’a indiqué en juin Olivia Grégoire, alors porte-parole du gouvernement, qu’il n’y a pas « de bouton » pour augmenter les salaires. À l’Assemblée nationale, le 20 juillet, Éric Woerth, rallié à la majorité présidentielle avait évacué le sujet en proclamant que « c’est l’économie qui fixe les salaires ». La position de l’exécutif est donc simple : les salaires doivent être les derniers servis. Leur augmentation est nécessairement soumise aux « lois économiques », autrement dit à l’intérêt du capital. C’est aussi dans cette logique que Bruno Le Maire s’est contenté de « demander » aux entreprises d’augmenter les salaires « lorsqu’elles le peuvent ».
Mais c’est ne pas comprendre – ou feindre de ne pas comprendre – que, comme on l’a vu précisément plus tôt, l’inflation est d’abord et avant tout un problème de répartition. C’est aussi refuser de voir qu’il existe une possibilité d’éviter cet écueil : l’indexation salariale sur l’inflation. En Belgique, où ce système a été maintenu, les revenus réels ont augmenté de 3,6 % au premier trimestre. L’écart avec la France, c’est-à-dire l’appauvrissement des Français par rapport aux Belges, est alors de près de 6 points, le tout avec une inflation plus forte outre-Quiévrain.
La situation est assez préoccupante. Certes, les augmentations automatiques du salaire minimum qui ont eu lieu depuis vont sans doute réduire le choc, mais il n’empêche que ces chiffres du premier trimestre ont de quoi inquiéter. Ils prouvent que la dynamique salariale sous-jacente en France est très faible, plus faible que dans des pays où, en théorie, les salariés sont moins protégés comme les États-Unis ou l’Allemagne. Ils prouvent une incapacité des salariés à défendre leurs revenus réels, dans l’indifférence complète des dirigeants.
Ce chiffre du premier trimestre n’est pas qu’un accident. Plusieurs éléments laissent penser qu’il s’est poursuivi au deuxième trimestre, de façon plus modérée. La consommation des ménages a ainsi encore reculé entre avril et juin pour le deuxième trimestre consécutif, ce qui est inédit depuis plus de dix ans (hors Covid) et dans le sous-indice « évolution des revenus passés » de l’enquête sur la confiance des ménages réalisée par l’Insee. En juillet, ce sous-indice a atteint - 81, un niveau qui n’avait été égalé, depuis 1972, qu’en août et octobre 2008, au moment du pic de la hausse du prix du pétrole et de la crise des subprimes. Historiquement, la moyenne de cet indice est de - 46. On est donc dans une situation extrême où les Français ne sont pas seulement mécontents de leurs revenus, mais où, réellement, ils ressentent cette baisse réelle.
Tout ceci n’est pas le fruit du hasard ou de la malchance. L’enquête de l’OCDE le prouve : il était possible de mieux protéger les ménages français. Et dans les années 1970, quoi qu’en dise le récit néolibéral, les revenus réels résistaient à l’inflation et l’activité économique s’en portait mieux (la crise des années 1970 est bien moins violente et durable que celle de 2008, ou de la dette de la zone euro entre 2010 et 2013, par exemple).
Ces chiffres ne sont donc pas des fatalités, mais le produit d’une politique de classe qui fait systématiquement le choix du capital sur le travail. Les réformes successives du marché du travail, la désindexation salariale, la faveur donnée aux formes nouvelles de précarité ont conduit à une incapacité des salariés à défendre ce qui devrait être un minimum : le maintien de la valeur réelle de leur rémunération. Rien d’étonnant alors à ce que l’on observe une chute aussi violente du revenu réel, qui, rappelons-le, est historiquement rare.
Pire même, cet exécutif met en garde régulièrement contre la « boucle prix-salaires », alors même que les salaires réels reculent et que les profits des grandes entreprises explosent (lire à ce sujet l’article de Martine Orange sur les profits du CAC 40). Si les profits des grands groupes, autrement dit des donneurs d’ordre augmentent et que les salaires réels reculent, on comprendra que la répartition du coût de l’inflation se fait au profit du capital et au détriment du travail.
Le gouvernement pourrait certes réduire ce phénomène par des impôts redistributifs, prenant du profit pour distribuer du revenu. Mais il s’en garde bien, niant malgré l’évidence l’existence de ces superprofits et faisant mine de ne pas comprendre l’aspect redistributif de l’impôt. Dès lors, il faut bien conclure que cette baisse de revenu réel est le fruit de choix politiques. Et ce n’est pas fini.
source : médiapart
Pour comprendre pourquoi, il faut analyser la source de la perte de revenu réel en France. Cette source, ce sont les salaires. La Dares, la section statistique du ministère du travail, avait souligné la chute au premier trimestre du salaire réel de 2,1 %. Ce sont donc bien les salariés qui ont subi le plus fort choc de répartition face à l’inflation. Et cela, en grande partie, parce que les salaires ne suivent pas les prix lorsque ceux-ci s’accélèrent.
Le gouvernement se désintéresse de la question, estimant comme l’a indiqué en juin Olivia Grégoire, alors porte-parole du gouvernement, qu’il n’y a pas « de bouton » pour augmenter les salaires. À l’Assemblée nationale, le 20 juillet, Éric Woerth, rallié à la majorité présidentielle avait évacué le sujet en proclamant que « c’est l’économie qui fixe les salaires ». La position de l’exécutif est donc simple : les salaires doivent être les derniers servis. Leur augmentation est nécessairement soumise aux « lois économiques », autrement dit à l’intérêt du capital. C’est aussi dans cette logique que Bruno Le Maire s’est contenté de « demander » aux entreprises d’augmenter les salaires « lorsqu’elles le peuvent ».
Mais c’est ne pas comprendre – ou feindre de ne pas comprendre – que, comme on l’a vu précisément plus tôt, l’inflation est d’abord et avant tout un problème de répartition. C’est aussi refuser de voir qu’il existe une possibilité d’éviter cet écueil : l’indexation salariale sur l’inflation. En Belgique, où ce système a été maintenu, les revenus réels ont augmenté de 3,6 % au premier trimestre. L’écart avec la France, c’est-à-dire l’appauvrissement des Français par rapport aux Belges, est alors de près de 6 points, le tout avec une inflation plus forte outre-Quiévrain.
La situation est assez préoccupante. Certes, les augmentations automatiques du salaire minimum qui ont eu lieu depuis vont sans doute réduire le choc, mais il n’empêche que ces chiffres du premier trimestre ont de quoi inquiéter. Ils prouvent que la dynamique salariale sous-jacente en France est très faible, plus faible que dans des pays où, en théorie, les salariés sont moins protégés comme les États-Unis ou l’Allemagne. Ils prouvent une incapacité des salariés à défendre leurs revenus réels, dans l’indifférence complète des dirigeants.
Ce chiffre du premier trimestre n’est pas qu’un accident. Plusieurs éléments laissent penser qu’il s’est poursuivi au deuxième trimestre, de façon plus modérée. La consommation des ménages a ainsi encore reculé entre avril et juin pour le deuxième trimestre consécutif, ce qui est inédit depuis plus de dix ans (hors Covid) et dans le sous-indice « évolution des revenus passés » de l’enquête sur la confiance des ménages réalisée par l’Insee. En juillet, ce sous-indice a atteint - 81, un niveau qui n’avait été égalé, depuis 1972, qu’en août et octobre 2008, au moment du pic de la hausse du prix du pétrole et de la crise des subprimes. Historiquement, la moyenne de cet indice est de - 46. On est donc dans une situation extrême où les Français ne sont pas seulement mécontents de leurs revenus, mais où, réellement, ils ressentent cette baisse réelle.
Tout ceci n’est pas le fruit du hasard ou de la malchance. L’enquête de l’OCDE le prouve : il était possible de mieux protéger les ménages français. Et dans les années 1970, quoi qu’en dise le récit néolibéral, les revenus réels résistaient à l’inflation et l’activité économique s’en portait mieux (la crise des années 1970 est bien moins violente et durable que celle de 2008, ou de la dette de la zone euro entre 2010 et 2013, par exemple).
Ces chiffres ne sont donc pas des fatalités, mais le produit d’une politique de classe qui fait systématiquement le choix du capital sur le travail. Les réformes successives du marché du travail, la désindexation salariale, la faveur donnée aux formes nouvelles de précarité ont conduit à une incapacité des salariés à défendre ce qui devrait être un minimum : le maintien de la valeur réelle de leur rémunération. Rien d’étonnant alors à ce que l’on observe une chute aussi violente du revenu réel, qui, rappelons-le, est historiquement rare.
Pire même, cet exécutif met en garde régulièrement contre la « boucle prix-salaires », alors même que les salaires réels reculent et que les profits des grandes entreprises explosent (lire à ce sujet l’article de Martine Orange sur les profits du CAC 40). Si les profits des grands groupes, autrement dit des donneurs d’ordre augmentent et que les salaires réels reculent, on comprendra que la répartition du coût de l’inflation se fait au profit du capital et au détriment du travail.
Le gouvernement pourrait certes réduire ce phénomène par des impôts redistributifs, prenant du profit pour distribuer du revenu. Mais il s’en garde bien, niant malgré l’évidence l’existence de ces superprofits et faisant mine de ne pas comprendre l’aspect redistributif de l’impôt. Dès lors, il faut bien conclure que cette baisse de revenu réel est le fruit de choix politiques. Et ce n’est pas fini.
source : médiapart
Vladimir de Volog- Vénérable
- Messages : 32814
Date d'inscription : 22/01/2018
Localisation : Nouvelle Aquitaine
Vladimir de Volog- Vénérable
- Messages : 32814
Date d'inscription : 22/01/2018
Localisation : Nouvelle Aquitaine
Re: Le déni gouvernemental sur les salaires
Il est très facile mais enfantin de critiquer l'exécutif sur la question des salaires ...le problème c'est que les salaires sont fixés par les employeurs et non par les dirigeants politiques de quelque parti qu'ils soient ...
Henry- Connaisseur
- Messages : 757
Date d'inscription : 27/07/2022
Age : 80
Re: Le déni gouvernemental sur les salaires
Henry a écrit:Il est très facile mais enfantin de critiquer l'exécutif sur la question des salaires ...le problème c'est que les salaires sont fixés par les employeurs et non par les dirigeants politiques de quelque parti qu'ils soient ...
Vladimir de Volog- Vénérable
- Messages : 32814
Date d'inscription : 22/01/2018
Localisation : Nouvelle Aquitaine
Re: Le déni gouvernemental sur les salaires
Bah et le SMIC?
Et les cotisations?
Et les cotisations?
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Le déni gouvernemental sur les salaires
Plaristes a écrit:Bah et le SMIC?
Et les cotisations?
Что они предлагают кругу Дюкло?
Vladimir de Volog- Vénérable
- Messages : 32814
Date d'inscription : 22/01/2018
Localisation : Nouvelle Aquitaine
Re: Le déni gouvernemental sur les salaires
Je répondais à l'autre toccard qui fait honte à Coluche.
Sinon vous savez au pérou bon le rapport salaire pouvoir d'achat est pas si différent d'ici, à un détail près :
Leurs assiettes sont deux fois plus grande que chez-nous !
Et c'est un PAYS DU TIERS MONDE !!!
Au cercle duclos déjà regagner la souveraineté nationale et populaire, il n'est plus question de rendre le capitalisme vivable pour les prolos, les réformes sur les médias, les parrainages les réformes sur le CSA et le temps de parole ont rendu illusoire toute approche réformiste.
Il s’agit pour le moment d’avoir des thinks tanks/cercles de réflexion qui permettent de contrer les idées de la classe dominantes afin que les masses aient les outils intellectuels pour qu’elles se mobilisent et s’organisent d'elles-mêmes.
Déjà si c’est nous qui décidons. Ça ne sera plsu la même.
Sinon vous savez au pérou bon le rapport salaire pouvoir d'achat est pas si différent d'ici, à un détail près :
Leurs assiettes sont deux fois plus grande que chez-nous !
Et c'est un PAYS DU TIERS MONDE !!!
Au cercle duclos déjà regagner la souveraineté nationale et populaire, il n'est plus question de rendre le capitalisme vivable pour les prolos, les réformes sur les médias, les parrainages les réformes sur le CSA et le temps de parole ont rendu illusoire toute approche réformiste.
Il s’agit pour le moment d’avoir des thinks tanks/cercles de réflexion qui permettent de contrer les idées de la classe dominantes afin que les masses aient les outils intellectuels pour qu’elles se mobilisent et s’organisent d'elles-mêmes.
Déjà si c’est nous qui décidons. Ça ne sera plsu la même.
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Le déni gouvernemental sur les salaires
Plaristes a écrit: Au cercle duclos déjà regagner la souveraineté nationale et populaire, il n'est plus question de rendre le capitalisme vivable pour les prolos, les réformes sur les médias, les parrainages les réformes sur le CSA et le temps de parole ont rendu illusoire toute approche réformisteIl s’agit pour le moment d’avoir des thinks tanks/cercles de réflexion qui permettent de contrer les idées de la classe dominantes afin que les masses aient les outils intellectuels pour qu’elles se mobilisent et s’organisent d'elles-mêmes.
Définition de think tank
Etymologie : expression anglaise qui, littéralement, signifie réservoir d'idées.
L'expression "think tank" (ou réservoir d'idées ou laboratoire d'idées) désigne une institution de droit privé, en principe indépendante, à but non lucratif, qui regroupe des experts ou des professionnels chargés de réfléchir sur des questions des domaines politique, économique, technologique, social, etc.
Synonymes : "brain box" ou "think factory".
Les think tanks produisent régulièrement des études ou des rapports et formulent des propositions. Certains sont ouverts vers la société civile et organisent des réunions publiques, des séminaires ou des colloques. Ils sont parfois considérés comme un lien entre le monde du savoir ou de la recherche et celui de la politique ou du pouvoir.
Les think tanks se distinguent des clubs ou des cercles de réflexion qui sont souvent réunis autour d'un homme ou d'un parti politique et qui fonctionnent de manière plus informelle avec des personnes de bonne volonté, sur une base non professionnelle.
Créée à Londres en 1884 pour promouvoir des réformes sociales, la Fabian Society est considérée comme le plus ancien think tank. Développés depuis la fin des années 1960 à partir des Etats-Unis, les think tanks conservateurs proches de Ronald Reagan et Margaret Thatcher ont contribué, dans les années 1980, au déploiement de politiques néolibérales. En 2010, 6480 think tanks étaient dénombrés dans le monde (source Wikipédia).
Carol Weiss, professeur à l'Université d'Harvard, distingue quatre types de think tanks :
les "universités sans étudiants", composées en général de chercheurs titulaires de doctorats et qui s'emploient à réaliser des études avec un souci de rigueur académique.
les think tanks qui travaillent principalement à des études commandées par les institutions publiques.
les "advocacy think tanks" ou dévoués à une cause, qui produisent des études et soutiennent des idées en lien avec les valeurs qu'ils défendent.
les think tanks liés aux partis politiques, mais qui essaient néanmoins de garder une certaine autonomie pour préserver la qualité de leurs recherches.
En France, les think tanks se sont surtout développés à partir des années 1990-2000. Quelques exemples de think tanks français :
IFRI (Institut français des relations internationales, 1979),
Confrontations Europe (1991),
Fondation pour la Recherche Stratégique (1992),
Institut de Relations Internationales et Stratégiques (1996),
Notre Europe (1996),
Institut Montaigne (2000),
La République des idées (2002),
Fondapol (Fondation pour l'innovation politique, 2004),
Terra Nova (2008).
Exemples de critiques faites aux think tanks :
ils seraient des outils de propagande au service d'une idéologie majoritairement conservatrice,
ils manqueraient d'indépendance par rapport à ceux qui les financent (instituts privés, fondations, entreprises),
ils étoufferaient la vraie discussion publique,
ils ne garantiraient pas l'expertise réelle de leurs membres,
ils inverseraient le processus de recherche en apportant d'abord les conclusions, puis en effectuant les recherches visant à les justifier.
Vladimir de Volog- Vénérable
- Messages : 32814
Date d'inscription : 22/01/2018
Localisation : Nouvelle Aquitaine
Re: Le déni gouvernemental sur les salaires
Pour le moment c'est cercle de réflexion contre cercle de réflexion.
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Sujets similaires
» Conseil constitutionnel déni de justice
» saisie de la cour suprême suite à un déni de justice flagrant !
» ....salaires des fonctionnaires de plus de 11% ....
» La politique des bas salaires
» ECHELLE MOBILE DES SALAIRES
» saisie de la cour suprême suite à un déni de justice flagrant !
» ....salaires des fonctionnaires de plus de 11% ....
» La politique des bas salaires
» ECHELLE MOBILE DES SALAIRES
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum