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les crimes de la résistance communiste
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les crimes de la résistance communiste
les résistants communiste
Les procès d’anciens résistants accusés d’exactions constituent une page relativement méconnue de l’histoire politique et judiciaire de l’après-guerre en France. Ces procès ne sauraient se limiter aux quelques affaires les plus souvent citées, impliquant des chefs de maquis célèbres [1]
[1]
Raymond Ruffin, Ces chefs de maquis qui gênaient, Paris,…, puisque plusieurs milliers d’anciens combattants ayant appartenu aux Forces françaises libres (FFI) ou aux Francs-tireurs et partisans (FTP) [2]
[2]
Si les Forces françaises de l’intérieur (FFI) devaient… ont été inquiétés par la justice. À partir d’exemples particulièrement symboliques [3]
[3]
Pour les procès les plus importants, des dossiers de presse et…, il est possible de retracer le climat dans lequel ces procès se sont développés à la fin des années 1940 et au cours des années 1950, et de comprendre les enjeux qu’ils ont soulevés.
3Évoquant le procès à Dijon en mars 1948 de quatorze anciens résistants accusés de pillages et d’assassinats à la fin de l’Occupation, L’Humanité constatait que « l’on traque aujourd’hui les héros pour les faits mêmes – élimination d’agents de l’ennemi, réquisitions imposés aux collaborateurs et trafiquants – qui en ont fait des héros [4]
[4]
« Le procès de Jules Rossi et François Flamand à Dijon »,… ». Les combattants engagés dans les maquis en 1943-1944 ne s’imaginaient certainement pas qu’ils auraient, après la guerre, des comptes à rendre à la justice d’une République qu’ils avaient contribué à restaurer. Un an après la Libération, Pierre Villon, qui préside le Comité national de défense des patriotes emprisonnés, évoque pourtant auprès du ministre de la Justice, Edmond Michelet, le nombre de deux mille anciens résistants détenus provisoires, en attente d’un jugement [5]
[5]
France d’Abord, 147, avril 1946.. Il s’agit, dans leur grande majorité, d’anciens maquisards ayant combattu dans les rangs des FTP ou des FFI et poursuivis pour des actions menées sous l’Occupation, dans le cadre de la lutte armée, ou lors de la Libération, dans le contexte de l’épuration (exécutions de collaborateurs ou de délateurs, réquisitions, extorsion de fonds auprès de trafiquants).
4Cette question des procès impliquant d’anciens résistants n’a fait l’objet que de très rares études [6]
[6]
La seule étude publiée consacrée à ce sujet porte sur la région…, alors qu’il s’agit d’un sujet essentiel, à la croisée de l’histoire judiciaire, politique, voire sociale, des années d’après-guerre. Ces procès témoignent de la difficulté de refermer les blessures liées à la période de l’Occupation et de la Libération et d’un certain malaise entretenu par les conditions dans lesquelles s’était déroulée l’épuration. Le climat particulier qui a entouré ces procès et le simple fait que d’anciens combattants de la Résistance puissent être mis en accusation démontrent combien le pays était loin de communier au cours des années d’après-guerre à ce qu’il est désormais convenu d’appeler le « mythe résistancialiste » : loin de faire l’objet d’une idéalisation unanime, la question de la Résistance et de ses actions continuait à diviser la société française après la guerre. Ces procès symbolisent aussi les nombreuses désillusions, qui ont pu se développer après la Libération pour les combattants de la Résistance. Ils apparaissent enfin comme un enjeu politique important : alors que le Parti communiste français tenta d’en faire un élément de mobilisation à partir de 1947 afin de montrer combien la Résistance avait été « trahie », l’extrême droite et une partie de la droite utilisèrent au contraire ces procès dans le cadre d’une stratégie de dénigrement des maquis.
5Plusieurs moments marquent des inflexions importantes. Dans l’immédiat après-guerre, en 1945 et 1946, la justice, à la fois militaire et civile (un ancien FFI soupçonné d’indiscipline et de déviance relève du tribunal militaire puisqu’il agissait dans un cadre militaire, celui qui aurait commis des actions isolées de la cour d’assises), s’intéresse aux maquisards qui auraient confondu leurs intérêts personnels avec ceux de la lutte patriotique, les classant dans la catégorie de ceux que l’on appelait à l’époque de façon générale les « faux maquisards ». Cependant, les tribunaux ont aussi beaucoup de mal à établir une distinction nette entre « faux » et « vrais » maquisards en raison de la nature clandestine des maquis et de leurs actions subversives. Si ces procès d’anciens combattants de la Résistance, bien que nombreux, passent dans un premier temps relativement inaperçus, les choses changent avec le déclenchement de la guerre froide en 1947 et l’isolement politique du Parti communiste, qui cherche à s’emparer de la question et à en faire un objet de mobilisation. Enfin, le début des années 1950 marque l’ouverture d’un troisième moment avec le glissement à droite du paysage politique, tandis que le Parti communiste cesse ses actions en faveur des « patriotes emprisonnés ». La campagne engagée par les formations les plus à droite pour l’amnistie des collaborateurs s’accompagne alors de l’instrumentalisation de certaines affaires impliquant d’anciens maquisards pour tenter de dénigrer la Résistance et les maquis.
Entre peur des représailles et désir de réparation
6Dans le cadre de la lutte patriotique qu’ils menaient contre l’occupant, mais aussi afin d’assurer leur survie et leur sécurité, les maquis ont tous développé des pratiques illicites d’approvisionnement, allant du simple vol à des systèmes de réquisitions plus ou moins acceptés par les populations locales [7]
[7]
Dans son étude sur les maquis en Franche-Comté, François Marcot…. Ils ont mené des exécutions de personnes dans le cadre d’une épuration anticipée, avant même que n’ait eu lieu la Libération, afin d’éliminer collaborateurs et délateurs potentiels. Contrairement aux fantasmes qui se sont développés après la guerre sur la violence des « maquis rouges », ces pratiques n’étaient en réalité nullement le seul fait des maquis FTP, bras armé de la résistance communiste. Elles restèrent également relativement contrôlées et canalisées, quelle que fût l’obédience du maquis concerné. Une comparaison entre deux maquis de nature pourtant très différente, celui plus militarisé et sous la domination de l’Armée secrète (AS) du Vercors et celui des FTP de la Haute-Vienne, dirigé par Georges Guingouin, amène ainsi à des conclusions similaires : s’il y eut bien dans les deux cas des exécutions décidées par le maquis avant la Libération, elles restèrent globalement limitées (une quinzaine pour chacun de ces deux maquis, sur une période allant du printemps 1943 à la Libération) et leurs motifs apparaissaient liés au contexte de guerre [8]
[8]
Gilles Vergnon, Résistance dans le Vercors : histoire et lieux….
7Peu de personnes ayant pu se considérer comme les « victimes » des actions menées par les maquis portèrent plainte auprès des organismes compétents au moment des faits, par peur de représailles, comme le constatait dès le printemps 1943 un rapport des Renseignements généraux (RG) soulignant l’incapacité de mener des enquêtes contre les auteurs de ce genre d’actions : « Tous ceux qui sont bafoués, insultés, pillés, volés, s’ils portent plainte, ces plaintes n’aboutissent qu’à leur procurer les pires ennuis [9]
[9]
AN, F7 14 904, synthèse des RG, rapport mensuel pour le mois…. » Cette « loi du silence », que cherchaient à faire régner les maquis, permettait d’assurer leur sécurité. Cependant, elle profitait aussi indéniablement à quelques criminels usant de la confusion possible avec les vrais maquisards pour agir en toute impunité et terroriser les populations locales [10]
[10]
Fabrice Grenard, Maquis noirs et faux maquis, Paris,….
8Cette peur des représailles a pu perdurer après la Libération, avant que des plaintes ne commencent à être déposées pour obtenir réparations de certaines actions conduites par les maquis, notamment en matière de réquisitions. Les plaintes les plus précoces proviennent d’institutions (banques, perceptions) à qui les remboursements promis à la suite de réquisitions opérées sous l’Occupation n’avaient pas été versés. Dans de nombreux départements, des enquêtes sont menées dès la Libération par les intendants militaires, qui permettent parfois de mettre à jour certaines dérives. L’intendance de Chambéry démasque ainsi un groupe qui opérait des prélèvements « pour son propre compte [11]
[11]
Jean-Marc Binot et Bernard Boyer, L’Argent de la Résistance,… ». Dans l’Aude, le président du comité départemental de libération (CDL) évoque des sommes enlevées par des Résistants « sans l’accord de la hiérarchie [12]
[12]
Ibid., p. 105. ».
9Les particuliers victimes de ce même genre de vols se montrent plus prudents, à la fois parce qu’ils continuent de craindre des représailles ou parce que leurs agresseurs ont présenté leurs actions comme des sanctions épuratrices. Commissaire de la République à Angers, Michel Debré rappelle ainsi la très grande difficulté qu’il eut à obtenir à l’automne 1944 des témoignages dans la région de Loches contre le « faux maquisard » Lecoz, dont il souhaitait l’arrestation. Debré avance deux explications : « soit les victimes des exactions de Lecoz n’avaient pas la conscience très nette au sujet de leur attitude sous l’Occupation, ou alors la terreur inspirée par Lecoz avait subsisté chez ceux qui refusaient de témoigner [13]
[13]
Alfred Hangouet, L’Affaire Lecoz, Chambray-les-Tours, CLD,… ».
10Les craintes de ceux qui s’estimaient avoir été les victimes d’exactions de la part des maquisards disparaissent au fur et à mesure que s’effacent les incertitudes liées à la Libération. Dans le Cher par exemple, les services de la préfecture sont informés fin 1945 de plaintes de particuliers, qui évoquent des promesses de dédommagements pour des réquisitions n’ayant pas été tenues et considèrent donc qu’ils ont été victimes de vols [14]
[14]
Archives départementales (AD) du Cher, 1W 419, réquisitions…. Ce genre de plaintes ne cessa de s’amplifier en 1946 et 1947, amenant policiers et magistrats à enquêter sur de nombreuses affaires de vols, pillages, mais aussi d’exécutions sommaires, impliquant d’anciens maquisards. La mère d’un jeune collaborateur exécuté par le maquis dans la région de Bordeaux en mars 1944 ne porta plainte que deux ans après les faits, le 26 juin 1946, alors que le contexte lui semblait sans doute plus favorable pour le faire [15]
[15]
Les auteurs de l’exécution sont inculpés par le tribunal…. Pour ceux qui avaient été l’objet d’opérations de racket présentées comme une sanction du marché noir, il apparaissait également plus facile de porter plainte après le printemps 1947, dès lors que le gouvernement avait demandé aux comités de confiscations des profits illicites de cesser d’engager de nouvelles enquêtes destinées à confisquer les bénéfices réalisés par le biais du marché noir ou de la collaboration économique sous l’Occupation [16]
[16]
Kenneth Mouré et Fabrice Grenard, « Traitors : Trafiquants and….
Des décisions judiciaires dans une certaine indifférence
11Normalement, les actions illégales auxquelles s’étaient livrés les maquisards étaient couvertes par l’ordonnance prise par le Comité français de Libération nationale (CFLN) à Alger le 6 juillet 1943, déclarant « légitimes tous les actes accomplis postérieurement au 10 juin 1940 dans le but de servir la cause de la libération de la France, quand bien même ils auraient constitué des infractions au regard de la législation appliquée à l’époque [17]
[17]
Ordonnance du CFLN du 6 juillet 1943 relative à la légitimité… ». Pour chaque plainte portée contre un ancien maquisard, tout le problème était alors de savoir si les faits reprochés s’inscrivaient bien dans une véritable logique de guerre, correspondaient à des ordres reçus et entraient dans le cadre des « actions accomplies pour la libération », ou au contraire, s’il s’agissait d’actions isolées menées de façon indépendante, répondant davantage à des motivations personnelles (vols, règlements de comptes), qui, de ce fait, étaient condamnables. Si dans l’immédiat après-guerre furent jugés et condamnés très sévèrement de véritables « faux maquisards », il est indéniable que d’authentiques résistants accusés à tort de banditisme ont été quelque peu sacrifiés, comme s’il fallait donner le moins de publicité possible à des affaires susceptibles d’aller à l’encontre d’une vision idéalisée de la résistance et de rappeler des dérives (réquisitions violentes, assassinats), inévitables dans le cadre de la lutte armée, mais qui avaient pu heurter profondément les populations locales.
12Plusieurs affaires démontrent clairement que derrière certains maquisards se trouvaient de véritables usurpateurs : les plaintes déposées contre leurs exactions étaient donc dans ce cas justifiées. Au lendemain de la Libération, une épuration des FFI et des FTP fut ainsi entreprise afin d’éliminer ceux qui avaient pu agir en totale indépendance et multiplier des actions criminelles à des fins personnelles. Elle s’inscrivait d’ailleurs dans la continuité des mesures adoptées au sein même des maquis à l’égard de toute personne accusée d’indiscipline et de dérives. Les maquis les mieux structurés organisaient en effet des « polices » et « tribunaux », qui se montraient particulièrement sévères contre tous ceux qui se livraient à des actions personnelles et ne respectaient pas la discipline militaire.
13L’exemple type du procès d’un faux maquisard fut celui du capitaine Lecoz devant le tribunal militaire d’Angers en octobre 1945. Délinquant condamné à de multiples reprises avant guerre (il totalisait trente-six condamnations en 1939), ayant travaillé pour la police allemande au début de l’Occupation, celui qui s’appelait en réalité Georges Dubosc dissimula son identité lors de son installation près de Loches au début 1944, se présentant, sous le faux nom de Lecoz, comme un ancien médecin militaire, recherché par les Allemands. À la tête du maquis qu’il crée au printemps 1944 et qui allait devenir l’un des plus importants de la région (deux cents hommes se trouvent sous ses ordres en août 1944, qui se sont pour la plupart laissés abuser en pensant s’engager dans un vrai maquis), Lecoz se comporte comme un tyran. L’acte d’accusation recense contre lui une trentaine de pillages et dix-huit assassinats commis entre juin et septembre 1944. Son procès, en raison de la longueur de l’instruction, ne s’ouvre qu’en octobre 1945 devant le tribunal militaire d’Angers. Rappelant que « la vraie Résistance s’était trouvée salie par les crimes du bandit », le commandant Livinec, occupant le siège du ministère public, réclame la peine de mort. Ne bénéficiant d’aucune circonstance atténuante, Lecoz est exécuté le 14 mai 1946 à la prison d’Angers [18]
[18]
L’ensemble des débats du procès Lecoz se trouve dans AN, 72 AJ….
14Dans le cas de Lecoz, les faits ne prêtaient à aucune contestation, tant ce personnage incarnait au plus haut point la figure du « faux maquisard ». Des affaires de ce genre éclatèrent après la Libération dans de nombreuses régions. À Limoges par exemple, en décembre 1945, la cour d’assises condamnait à mort deux frères, Lucien et Jean Jacquet, qui avaient multiplié en 1943-1944 les expéditions dans les fermes de la Haute-Vienne (l’acte d’accusation recense cinquante-neuf agressions à main armée et un meurtre) en se faisant passer pour des membres de la police du maquis [19]
[19]
L’Écho du Centre, décembre 1945, comptes rendus du procès du…. En avril 1945, le tribunal militaire d’Orléans condamnait à quinze ans de travaux forcés un jeune maquisard reconnu coupable de brigandage sous couvert de répression du marché noir et qui avait assassiné un fermier refusant de lui donner l’argent qu’il réclamait [20]
[20]
AD Loir-et-Cher, cabinet du préfet, 1375 W 176, PV n° 979/2,….
Les procès d’anciens résistants accusés d’exactions constituent une page relativement méconnue de l’histoire politique et judiciaire de l’après-guerre en France. Ces procès ne sauraient se limiter aux quelques affaires les plus souvent citées, impliquant des chefs de maquis célèbres [1]
[1]
Raymond Ruffin, Ces chefs de maquis qui gênaient, Paris,…, puisque plusieurs milliers d’anciens combattants ayant appartenu aux Forces françaises libres (FFI) ou aux Francs-tireurs et partisans (FTP) [2]
[2]
Si les Forces françaises de l’intérieur (FFI) devaient… ont été inquiétés par la justice. À partir d’exemples particulièrement symboliques [3]
[3]
Pour les procès les plus importants, des dossiers de presse et…, il est possible de retracer le climat dans lequel ces procès se sont développés à la fin des années 1940 et au cours des années 1950, et de comprendre les enjeux qu’ils ont soulevés.
3Évoquant le procès à Dijon en mars 1948 de quatorze anciens résistants accusés de pillages et d’assassinats à la fin de l’Occupation, L’Humanité constatait que « l’on traque aujourd’hui les héros pour les faits mêmes – élimination d’agents de l’ennemi, réquisitions imposés aux collaborateurs et trafiquants – qui en ont fait des héros [4]
[4]
« Le procès de Jules Rossi et François Flamand à Dijon »,… ». Les combattants engagés dans les maquis en 1943-1944 ne s’imaginaient certainement pas qu’ils auraient, après la guerre, des comptes à rendre à la justice d’une République qu’ils avaient contribué à restaurer. Un an après la Libération, Pierre Villon, qui préside le Comité national de défense des patriotes emprisonnés, évoque pourtant auprès du ministre de la Justice, Edmond Michelet, le nombre de deux mille anciens résistants détenus provisoires, en attente d’un jugement [5]
[5]
France d’Abord, 147, avril 1946.. Il s’agit, dans leur grande majorité, d’anciens maquisards ayant combattu dans les rangs des FTP ou des FFI et poursuivis pour des actions menées sous l’Occupation, dans le cadre de la lutte armée, ou lors de la Libération, dans le contexte de l’épuration (exécutions de collaborateurs ou de délateurs, réquisitions, extorsion de fonds auprès de trafiquants).
4Cette question des procès impliquant d’anciens résistants n’a fait l’objet que de très rares études [6]
[6]
La seule étude publiée consacrée à ce sujet porte sur la région…, alors qu’il s’agit d’un sujet essentiel, à la croisée de l’histoire judiciaire, politique, voire sociale, des années d’après-guerre. Ces procès témoignent de la difficulté de refermer les blessures liées à la période de l’Occupation et de la Libération et d’un certain malaise entretenu par les conditions dans lesquelles s’était déroulée l’épuration. Le climat particulier qui a entouré ces procès et le simple fait que d’anciens combattants de la Résistance puissent être mis en accusation démontrent combien le pays était loin de communier au cours des années d’après-guerre à ce qu’il est désormais convenu d’appeler le « mythe résistancialiste » : loin de faire l’objet d’une idéalisation unanime, la question de la Résistance et de ses actions continuait à diviser la société française après la guerre. Ces procès symbolisent aussi les nombreuses désillusions, qui ont pu se développer après la Libération pour les combattants de la Résistance. Ils apparaissent enfin comme un enjeu politique important : alors que le Parti communiste français tenta d’en faire un élément de mobilisation à partir de 1947 afin de montrer combien la Résistance avait été « trahie », l’extrême droite et une partie de la droite utilisèrent au contraire ces procès dans le cadre d’une stratégie de dénigrement des maquis.
5Plusieurs moments marquent des inflexions importantes. Dans l’immédiat après-guerre, en 1945 et 1946, la justice, à la fois militaire et civile (un ancien FFI soupçonné d’indiscipline et de déviance relève du tribunal militaire puisqu’il agissait dans un cadre militaire, celui qui aurait commis des actions isolées de la cour d’assises), s’intéresse aux maquisards qui auraient confondu leurs intérêts personnels avec ceux de la lutte patriotique, les classant dans la catégorie de ceux que l’on appelait à l’époque de façon générale les « faux maquisards ». Cependant, les tribunaux ont aussi beaucoup de mal à établir une distinction nette entre « faux » et « vrais » maquisards en raison de la nature clandestine des maquis et de leurs actions subversives. Si ces procès d’anciens combattants de la Résistance, bien que nombreux, passent dans un premier temps relativement inaperçus, les choses changent avec le déclenchement de la guerre froide en 1947 et l’isolement politique du Parti communiste, qui cherche à s’emparer de la question et à en faire un objet de mobilisation. Enfin, le début des années 1950 marque l’ouverture d’un troisième moment avec le glissement à droite du paysage politique, tandis que le Parti communiste cesse ses actions en faveur des « patriotes emprisonnés ». La campagne engagée par les formations les plus à droite pour l’amnistie des collaborateurs s’accompagne alors de l’instrumentalisation de certaines affaires impliquant d’anciens maquisards pour tenter de dénigrer la Résistance et les maquis.
Entre peur des représailles et désir de réparation
6Dans le cadre de la lutte patriotique qu’ils menaient contre l’occupant, mais aussi afin d’assurer leur survie et leur sécurité, les maquis ont tous développé des pratiques illicites d’approvisionnement, allant du simple vol à des systèmes de réquisitions plus ou moins acceptés par les populations locales [7]
[7]
Dans son étude sur les maquis en Franche-Comté, François Marcot…. Ils ont mené des exécutions de personnes dans le cadre d’une épuration anticipée, avant même que n’ait eu lieu la Libération, afin d’éliminer collaborateurs et délateurs potentiels. Contrairement aux fantasmes qui se sont développés après la guerre sur la violence des « maquis rouges », ces pratiques n’étaient en réalité nullement le seul fait des maquis FTP, bras armé de la résistance communiste. Elles restèrent également relativement contrôlées et canalisées, quelle que fût l’obédience du maquis concerné. Une comparaison entre deux maquis de nature pourtant très différente, celui plus militarisé et sous la domination de l’Armée secrète (AS) du Vercors et celui des FTP de la Haute-Vienne, dirigé par Georges Guingouin, amène ainsi à des conclusions similaires : s’il y eut bien dans les deux cas des exécutions décidées par le maquis avant la Libération, elles restèrent globalement limitées (une quinzaine pour chacun de ces deux maquis, sur une période allant du printemps 1943 à la Libération) et leurs motifs apparaissaient liés au contexte de guerre [8]
[8]
Gilles Vergnon, Résistance dans le Vercors : histoire et lieux….
7Peu de personnes ayant pu se considérer comme les « victimes » des actions menées par les maquis portèrent plainte auprès des organismes compétents au moment des faits, par peur de représailles, comme le constatait dès le printemps 1943 un rapport des Renseignements généraux (RG) soulignant l’incapacité de mener des enquêtes contre les auteurs de ce genre d’actions : « Tous ceux qui sont bafoués, insultés, pillés, volés, s’ils portent plainte, ces plaintes n’aboutissent qu’à leur procurer les pires ennuis [9]
[9]
AN, F7 14 904, synthèse des RG, rapport mensuel pour le mois…. » Cette « loi du silence », que cherchaient à faire régner les maquis, permettait d’assurer leur sécurité. Cependant, elle profitait aussi indéniablement à quelques criminels usant de la confusion possible avec les vrais maquisards pour agir en toute impunité et terroriser les populations locales [10]
[10]
Fabrice Grenard, Maquis noirs et faux maquis, Paris,….
8Cette peur des représailles a pu perdurer après la Libération, avant que des plaintes ne commencent à être déposées pour obtenir réparations de certaines actions conduites par les maquis, notamment en matière de réquisitions. Les plaintes les plus précoces proviennent d’institutions (banques, perceptions) à qui les remboursements promis à la suite de réquisitions opérées sous l’Occupation n’avaient pas été versés. Dans de nombreux départements, des enquêtes sont menées dès la Libération par les intendants militaires, qui permettent parfois de mettre à jour certaines dérives. L’intendance de Chambéry démasque ainsi un groupe qui opérait des prélèvements « pour son propre compte [11]
[11]
Jean-Marc Binot et Bernard Boyer, L’Argent de la Résistance,… ». Dans l’Aude, le président du comité départemental de libération (CDL) évoque des sommes enlevées par des Résistants « sans l’accord de la hiérarchie [12]
[12]
Ibid., p. 105. ».
9Les particuliers victimes de ce même genre de vols se montrent plus prudents, à la fois parce qu’ils continuent de craindre des représailles ou parce que leurs agresseurs ont présenté leurs actions comme des sanctions épuratrices. Commissaire de la République à Angers, Michel Debré rappelle ainsi la très grande difficulté qu’il eut à obtenir à l’automne 1944 des témoignages dans la région de Loches contre le « faux maquisard » Lecoz, dont il souhaitait l’arrestation. Debré avance deux explications : « soit les victimes des exactions de Lecoz n’avaient pas la conscience très nette au sujet de leur attitude sous l’Occupation, ou alors la terreur inspirée par Lecoz avait subsisté chez ceux qui refusaient de témoigner [13]
[13]
Alfred Hangouet, L’Affaire Lecoz, Chambray-les-Tours, CLD,… ».
10Les craintes de ceux qui s’estimaient avoir été les victimes d’exactions de la part des maquisards disparaissent au fur et à mesure que s’effacent les incertitudes liées à la Libération. Dans le Cher par exemple, les services de la préfecture sont informés fin 1945 de plaintes de particuliers, qui évoquent des promesses de dédommagements pour des réquisitions n’ayant pas été tenues et considèrent donc qu’ils ont été victimes de vols [14]
[14]
Archives départementales (AD) du Cher, 1W 419, réquisitions…. Ce genre de plaintes ne cessa de s’amplifier en 1946 et 1947, amenant policiers et magistrats à enquêter sur de nombreuses affaires de vols, pillages, mais aussi d’exécutions sommaires, impliquant d’anciens maquisards. La mère d’un jeune collaborateur exécuté par le maquis dans la région de Bordeaux en mars 1944 ne porta plainte que deux ans après les faits, le 26 juin 1946, alors que le contexte lui semblait sans doute plus favorable pour le faire [15]
[15]
Les auteurs de l’exécution sont inculpés par le tribunal…. Pour ceux qui avaient été l’objet d’opérations de racket présentées comme une sanction du marché noir, il apparaissait également plus facile de porter plainte après le printemps 1947, dès lors que le gouvernement avait demandé aux comités de confiscations des profits illicites de cesser d’engager de nouvelles enquêtes destinées à confisquer les bénéfices réalisés par le biais du marché noir ou de la collaboration économique sous l’Occupation [16]
[16]
Kenneth Mouré et Fabrice Grenard, « Traitors : Trafiquants and….
Des décisions judiciaires dans une certaine indifférence
11Normalement, les actions illégales auxquelles s’étaient livrés les maquisards étaient couvertes par l’ordonnance prise par le Comité français de Libération nationale (CFLN) à Alger le 6 juillet 1943, déclarant « légitimes tous les actes accomplis postérieurement au 10 juin 1940 dans le but de servir la cause de la libération de la France, quand bien même ils auraient constitué des infractions au regard de la législation appliquée à l’époque [17]
[17]
Ordonnance du CFLN du 6 juillet 1943 relative à la légitimité… ». Pour chaque plainte portée contre un ancien maquisard, tout le problème était alors de savoir si les faits reprochés s’inscrivaient bien dans une véritable logique de guerre, correspondaient à des ordres reçus et entraient dans le cadre des « actions accomplies pour la libération », ou au contraire, s’il s’agissait d’actions isolées menées de façon indépendante, répondant davantage à des motivations personnelles (vols, règlements de comptes), qui, de ce fait, étaient condamnables. Si dans l’immédiat après-guerre furent jugés et condamnés très sévèrement de véritables « faux maquisards », il est indéniable que d’authentiques résistants accusés à tort de banditisme ont été quelque peu sacrifiés, comme s’il fallait donner le moins de publicité possible à des affaires susceptibles d’aller à l’encontre d’une vision idéalisée de la résistance et de rappeler des dérives (réquisitions violentes, assassinats), inévitables dans le cadre de la lutte armée, mais qui avaient pu heurter profondément les populations locales.
12Plusieurs affaires démontrent clairement que derrière certains maquisards se trouvaient de véritables usurpateurs : les plaintes déposées contre leurs exactions étaient donc dans ce cas justifiées. Au lendemain de la Libération, une épuration des FFI et des FTP fut ainsi entreprise afin d’éliminer ceux qui avaient pu agir en totale indépendance et multiplier des actions criminelles à des fins personnelles. Elle s’inscrivait d’ailleurs dans la continuité des mesures adoptées au sein même des maquis à l’égard de toute personne accusée d’indiscipline et de dérives. Les maquis les mieux structurés organisaient en effet des « polices » et « tribunaux », qui se montraient particulièrement sévères contre tous ceux qui se livraient à des actions personnelles et ne respectaient pas la discipline militaire.
13L’exemple type du procès d’un faux maquisard fut celui du capitaine Lecoz devant le tribunal militaire d’Angers en octobre 1945. Délinquant condamné à de multiples reprises avant guerre (il totalisait trente-six condamnations en 1939), ayant travaillé pour la police allemande au début de l’Occupation, celui qui s’appelait en réalité Georges Dubosc dissimula son identité lors de son installation près de Loches au début 1944, se présentant, sous le faux nom de Lecoz, comme un ancien médecin militaire, recherché par les Allemands. À la tête du maquis qu’il crée au printemps 1944 et qui allait devenir l’un des plus importants de la région (deux cents hommes se trouvent sous ses ordres en août 1944, qui se sont pour la plupart laissés abuser en pensant s’engager dans un vrai maquis), Lecoz se comporte comme un tyran. L’acte d’accusation recense contre lui une trentaine de pillages et dix-huit assassinats commis entre juin et septembre 1944. Son procès, en raison de la longueur de l’instruction, ne s’ouvre qu’en octobre 1945 devant le tribunal militaire d’Angers. Rappelant que « la vraie Résistance s’était trouvée salie par les crimes du bandit », le commandant Livinec, occupant le siège du ministère public, réclame la peine de mort. Ne bénéficiant d’aucune circonstance atténuante, Lecoz est exécuté le 14 mai 1946 à la prison d’Angers [18]
[18]
L’ensemble des débats du procès Lecoz se trouve dans AN, 72 AJ….
14Dans le cas de Lecoz, les faits ne prêtaient à aucune contestation, tant ce personnage incarnait au plus haut point la figure du « faux maquisard ». Des affaires de ce genre éclatèrent après la Libération dans de nombreuses régions. À Limoges par exemple, en décembre 1945, la cour d’assises condamnait à mort deux frères, Lucien et Jean Jacquet, qui avaient multiplié en 1943-1944 les expéditions dans les fermes de la Haute-Vienne (l’acte d’accusation recense cinquante-neuf agressions à main armée et un meurtre) en se faisant passer pour des membres de la police du maquis [19]
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L’Écho du Centre, décembre 1945, comptes rendus du procès du…. En avril 1945, le tribunal militaire d’Orléans condamnait à quinze ans de travaux forcés un jeune maquisard reconnu coupable de brigandage sous couvert de répression du marché noir et qui avait assassiné un fermier refusant de lui donner l’argent qu’il réclamait [20]
[20]
AD Loir-et-Cher, cabinet du préfet, 1375 W 176, PV n° 979/2,….
michou- Sage
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Date d'inscription : 16/09/2022
Jean-Louis de Toqueville aime ce message
Re: les crimes de la résistance communiste
Le PCF s 'est proclamé comme étant le parti des fusillés, en l ' occurrence 75000, alors que le nombre total de fusillés est de l' ordre de 20000.
Par cette propagande le PCF cherche à cacher une vérité : il a collaboré avec les Allemands.
L 'appui du parti communiste au Pacte germano-soviétique a entraîné sa dissolution en septembre 1939 par le gouvernement d'Édouard Daladier et son entrée en clandestinité.
Le PCF, via son journal l' Humanité devenu clandestin, a montré une volonté de collaboration :
« Il est particulièrement réconfortant en ces temps de malheur de voir de nombreux travailleurs parisiens s’entretenir avec les soldats allemands, soit dans la rue, soit au bistro du coin. Bravo camarades, continuez même si cela ne plaît pas à certains bourgeois aussi stupides que malfaisants ! La fraternité des peuples ne sera pas toujours une espérance, elle deviendra une réalité vivante » ( source : L’Humanité clandestine 4 juillet 1940 cf. ci-après colonne de droite 3ème paragraphe. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k879187h/f2.image.r=humanite%20clandestine.lan )
De plus le PCF fait tout pour que son journal sorte de la clandestinité. En effet en juin 1940, dans Paris occupé, les dirigeants communistes proposent aux autorités allemandes d'autoriser la reparution de "L'Humanité". ( https://www.lemonde.fr/societe/article/2006/12/09/quand-le-pcf-negociait-avec-les-nazis_843769_3224.html ).
Des communistes ont jusqu'à l' attaque des Allemands contre l ' URSS procédé à des sabotages dans les usines d' armement françaises. D ' abord lors de l 'attaque de l ' URSS contre la Finlande ( cf. par exemple lettre de Duclos responsable du PCF clandestin : https://pandor.u-bourgogne.fr/archives-en-ligne/ark:/62246/r28007z6frxfgk/f1 ) puis pour affaiblir l ' armée française.
Extrait d' un tract : " Ouvriers, ne soyez pas complices de vos pires ennemis qui combattent dans l'Union Soviétique le triomphe du socialisme sur un sixième du globe; par tout les moyens appropriés, en mettant en œuvre toutes vos ressources d'intelligence et toutes vos connaissances techniques, empêchez, retardez, rendez inutilisable les fabrications de guerre " ( https://frontpopulaire.fr/opinions/contents/une-heure-de-moins-pour-la-production-cest-une-heure-de-plus-pour-la-revolu_tco_30349483 ).
Paul Daumier- Impétrant
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Jean-Louis de Toqueville aime ce message
Re: les crimes de la résistance communiste
Parlez aux soldats qui se faisaient tuer, d'un coté comme de l'autre ?
La guerre, c'est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. Paul Valéry
Staline et Daladier Moscou et les occidentaux ont collaborés, les USA, pire, Ford construisait des voitures pour la Wehrmacht, et le père Kennedy admirait Hitler!
Ah si le seul qui les a tous dénoncés il a été assassiné en Aout 1940, devinez qui!
La guerre, c'est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas. Paul Valéry
Staline et Daladier Moscou et les occidentaux ont collaborés, les USA, pire, Ford construisait des voitures pour la Wehrmacht, et le père Kennedy admirait Hitler!
Ah si le seul qui les a tous dénoncés il a été assassiné en Aout 1940, devinez qui!
André de Montalembert- Vénérable
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