18 août 1936 : Federico Garcia Lorca, est assassiné
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18 août 1936 : Federico Garcia Lorca, est assassiné
18 août 1936 : Federico Garcia Lorca, grand poète, est assassiné par de sales merdes franquistes .
L’exécution de Federico Garcia Lorca (texte libre de Jacques Serieys)
En cette aube du 18 août 1936, l’Espagne ignoble et archaïque, celle du fascisme militaire et du fanatisme religieux, celle des hidalgos moyenâgeux et des grands propriétaires de droit divin, assume son rôle préféré : celui d’assassin.
Le capitaine José Valdés Guzmán marche la tête bien haute, fier de sa réputation typique de l’homme de droite espagnol, sévère, strict, borné, fier de son oeuvre. Depuis sa prise du pouvoir à Grenade, il purifie la ville de celles et ceux qui se prétendent de gauche, pêché mortel dans l’Espagne éternelle. Pour gagner du temps, les exécutions se déroulent dans le cimetière. Les phalangistes locaux, ses enfants de choeur, fouillent la maison familiale des Garcia Lorca le 6 août, sans découvrir le jeune poète Federico. Celui-ci se réfugie chez des phalangistes connus, amis de sa famille, les Rosales.
Le capitaine José Valdés Guzmán marche la tête très, très haute, fier de son oeuvre. Il fait partie d’une tradition politique, la droite catholique espagnole, dans laquelle la preuve ultime de virilité, c’est le meurtre de progressistes. Ainsi, le 16 août, au petit matin également, il a fait fusiller sans procès ni raison, le maire socialiste et 29 autres républicains locaux.
Oui, en cette aurore du 18 août 1936, le capitaine José Valdés Guzmán dresse comme un petit coq sa petite tête altière, fier de son oeuvre.
- Il vient d’arrêter lui-même un intellectuel, catégorie humaine n’ayant pas droit de cité dans l’Espagne éternelle, Federico Garcia Lorca né près de Grenade, en juin 1898. Un jeune homme brillant, qui a étudié la philosophie, le droit, la littérature, la peinture, la musique aussi.
- Il vient d’arrêter lui-même un poète, né dans une famille où les femmes sont républicaines, horreur et damnation au pays de sainte Thérèse d’Avila, né dans une famille d’afrancesados, où l’on lit José Zorrilla, Alexandre Dumas et Victor Hugo. Il vient d’arrêter un poète réputé, auteur du Romancero Gitano (mettant en scène, pêché suprême, une nonne gitane, des saints, la lune et le vent) et du Cante jondo qui glorifie le flamenco gitan de l’Andalousie, particulièrement le fandango.
- Il vient d’arrêter lui-même un homme de théâtre, damnation dénoncée par la Tradition catholique depuis les Pères de l’Eglise. Un directeur (groupe ambulant La Barraca) et metteur en scène de théâtre qui a osé jouer "La vie est un songe" de Calderon dans les territoires reculés de Vieille Castille au grand dam de la presse conservatrice. Un auteur de théâtre qui a écrit les Noces de sang mettant en cause la source divine de l’amour menant au mariage.
- Il vient d’arrêter lui-même un Andalou, passionné de folklore andalou et même de la culture gitane andalouse qui anime ses poèmes, bien sûr, mais aussi son théâtre. Pire, les écrits de Garcia Lorca prouvent sa tendresse pour les groupes opprimés de l’Espagne éternelle : gitans mais aussi maures, juifs et nègres.
José Valdés Guzmán n’aime ni les poètes, ni les gitans, ni les maures, ni les juifs. De père général, il a lui-même servi au Maroc face à la révolte rifaine écrasée sous les bombes de l’Espagne éternelle, il a applaudi au développement du fascisme en Italie, en Allemagne, au Portugal, en Hongrie... devenant camisa vieja de Falange Española et chef des milices phalangistes de Grenade. Il a fallu la bêtise démocratique des républicains pour le nommer, lui, comandante comisario de Guerra. Lors du coup d’Etat de Franco et Queipo de LLano contre la république, Grenade est restée 100% républicaine. C’est lui, José Valdés Guzmán, qui a monté la rébellion de quelques dizaines de soldats et phalangistes pour réussir un putsch très minoritaire le 20 juillet, faisant arrêter le gouverneur militaire de Grenade resté loyal au gouvernement et le maire socialiste (Fernandez Montesinos) de l’ancienne capitale maure, beau-frère de Federico Garcia Lorca.
- José Valdés Guzmán redresse d’autant plus la tête qu’il conduit au peloton d’exécution un homosexuel, rentré au pays en 1930, en même temps que la République.
Après quelques kilomètres en camion puis cette courte marche jusqu’au lieu d’exécution, Federico Garcia Lorca, entouré d’un maître d’école publique et de deux anarchistes, voués au même sort que lui, fait face aux fusils de l’Espagne noire de la fumée des bûchers et rouge du sang de tous ceux qui croyaient à la vie sur terre. Feu ! crie le capitaine. Les corps s’effondrent dans un crépuscule de sang avant d’être jetés à la fosse commune.
Garcia Lorca n’en est cependant pas quitte vis à vis du fascisme espagnol. Ses œuvres seront interdites pendant de longues années, et même lorsqu’elles seront publiées, dans les années 50, ce n’est qu’au prix d’une censure impitoyable. Seule la mort de Franco en 1975 rendra justice au poète et à ses vers. Aujourd’hui, sa statue habite une place à Madrid. Mais Antonio Machado n’avait pas attendu si longtemps pour écrire le poème ci-dessous paru en 1937.
Jacques Serieys
Brigitte Blang pg 57
L’exécution de Federico Garcia Lorca (texte libre de Jacques Serieys)
En cette aube du 18 août 1936, l’Espagne ignoble et archaïque, celle du fascisme militaire et du fanatisme religieux, celle des hidalgos moyenâgeux et des grands propriétaires de droit divin, assume son rôle préféré : celui d’assassin.
Le capitaine José Valdés Guzmán marche la tête bien haute, fier de sa réputation typique de l’homme de droite espagnol, sévère, strict, borné, fier de son oeuvre. Depuis sa prise du pouvoir à Grenade, il purifie la ville de celles et ceux qui se prétendent de gauche, pêché mortel dans l’Espagne éternelle. Pour gagner du temps, les exécutions se déroulent dans le cimetière. Les phalangistes locaux, ses enfants de choeur, fouillent la maison familiale des Garcia Lorca le 6 août, sans découvrir le jeune poète Federico. Celui-ci se réfugie chez des phalangistes connus, amis de sa famille, les Rosales.
Le capitaine José Valdés Guzmán marche la tête très, très haute, fier de son oeuvre. Il fait partie d’une tradition politique, la droite catholique espagnole, dans laquelle la preuve ultime de virilité, c’est le meurtre de progressistes. Ainsi, le 16 août, au petit matin également, il a fait fusiller sans procès ni raison, le maire socialiste et 29 autres républicains locaux.
Oui, en cette aurore du 18 août 1936, le capitaine José Valdés Guzmán dresse comme un petit coq sa petite tête altière, fier de son oeuvre.
- Il vient d’arrêter lui-même un intellectuel, catégorie humaine n’ayant pas droit de cité dans l’Espagne éternelle, Federico Garcia Lorca né près de Grenade, en juin 1898. Un jeune homme brillant, qui a étudié la philosophie, le droit, la littérature, la peinture, la musique aussi.
- Il vient d’arrêter lui-même un poète, né dans une famille où les femmes sont républicaines, horreur et damnation au pays de sainte Thérèse d’Avila, né dans une famille d’afrancesados, où l’on lit José Zorrilla, Alexandre Dumas et Victor Hugo. Il vient d’arrêter un poète réputé, auteur du Romancero Gitano (mettant en scène, pêché suprême, une nonne gitane, des saints, la lune et le vent) et du Cante jondo qui glorifie le flamenco gitan de l’Andalousie, particulièrement le fandango.
- Il vient d’arrêter lui-même un homme de théâtre, damnation dénoncée par la Tradition catholique depuis les Pères de l’Eglise. Un directeur (groupe ambulant La Barraca) et metteur en scène de théâtre qui a osé jouer "La vie est un songe" de Calderon dans les territoires reculés de Vieille Castille au grand dam de la presse conservatrice. Un auteur de théâtre qui a écrit les Noces de sang mettant en cause la source divine de l’amour menant au mariage.
- Il vient d’arrêter lui-même un Andalou, passionné de folklore andalou et même de la culture gitane andalouse qui anime ses poèmes, bien sûr, mais aussi son théâtre. Pire, les écrits de Garcia Lorca prouvent sa tendresse pour les groupes opprimés de l’Espagne éternelle : gitans mais aussi maures, juifs et nègres.
José Valdés Guzmán n’aime ni les poètes, ni les gitans, ni les maures, ni les juifs. De père général, il a lui-même servi au Maroc face à la révolte rifaine écrasée sous les bombes de l’Espagne éternelle, il a applaudi au développement du fascisme en Italie, en Allemagne, au Portugal, en Hongrie... devenant camisa vieja de Falange Española et chef des milices phalangistes de Grenade. Il a fallu la bêtise démocratique des républicains pour le nommer, lui, comandante comisario de Guerra. Lors du coup d’Etat de Franco et Queipo de LLano contre la république, Grenade est restée 100% républicaine. C’est lui, José Valdés Guzmán, qui a monté la rébellion de quelques dizaines de soldats et phalangistes pour réussir un putsch très minoritaire le 20 juillet, faisant arrêter le gouverneur militaire de Grenade resté loyal au gouvernement et le maire socialiste (Fernandez Montesinos) de l’ancienne capitale maure, beau-frère de Federico Garcia Lorca.
- José Valdés Guzmán redresse d’autant plus la tête qu’il conduit au peloton d’exécution un homosexuel, rentré au pays en 1930, en même temps que la République.
Après quelques kilomètres en camion puis cette courte marche jusqu’au lieu d’exécution, Federico Garcia Lorca, entouré d’un maître d’école publique et de deux anarchistes, voués au même sort que lui, fait face aux fusils de l’Espagne noire de la fumée des bûchers et rouge du sang de tous ceux qui croyaient à la vie sur terre. Feu ! crie le capitaine. Les corps s’effondrent dans un crépuscule de sang avant d’être jetés à la fosse commune.
Garcia Lorca n’en est cependant pas quitte vis à vis du fascisme espagnol. Ses œuvres seront interdites pendant de longues années, et même lorsqu’elles seront publiées, dans les années 50, ce n’est qu’au prix d’une censure impitoyable. Seule la mort de Franco en 1975 rendra justice au poète et à ses vers. Aujourd’hui, sa statue habite une place à Madrid. Mais Antonio Machado n’avait pas attendu si longtemps pour écrire le poème ci-dessous paru en 1937.
Jacques Serieys
Brigitte Blang pg 57
Vladimir de Volog- Vénérable
- Messages : 32751
Date d'inscription : 22/01/2018
Localisation : Nouvelle Aquitaine
Re: 18 août 1936 : Federico Garcia Lorca, est assassiné
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Vladimir de Volog- Vénérable
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Localisation : Nouvelle Aquitaine
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