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Connaître des auteurs Anarchistes

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Message par Monsieur Trololo Mer 9 Oct 2024 - 15:55

Kropotkine : Lettre aux jeunes (extrait) a écrit: Je ne sais dans quelles conditions vous êtes né. Peut-être, favorisé par le sort, avez-vous fait des études scientifiques ; c'est médecin, avocat, homme de lettres ou de science que vous allez devenir ; un large champ d'action s'ouvre devant vous ; vous entrez dans la vie avec de vastes connaissances, des aptitudes exercées ; ou bien, vous êtes un honnête artisan, dont les connaissances scientifiques se bornent au peu que vous avez appris à l'école, mais qui avez eu l'avantage de connaître de près ce qu'est la vie de rude labeur menée par le travailleur de nos jours.

Je m'arrête à la première supposition, pour revenir ensuite à la seconde ; j'admets que vous avez reçu une éducation scientifique. Supposons que vous allez devenir... médecin.

Demain, un homme en blouse viendra vous chercher pour voir une malade. Il vous mènera dans une de ces ruelles, où les voisines se touchent presque la main par-dessus la tête du passant ; vous montez dans un air corrompu, à la lumière vacillante d'un lampion, deux, trois, quatre, cinq étages couverts d'une crasse glissante, et dans une chambre sombre et froide vous trouvez la malade couchée sur un grabat, recouverte de sales haillons. Des enfants pâles, livides, grelottant sous leurs guenilles, vous regardent de leurs yeux grands ouverts.

Le mari a travaillé toute sa vie des douze ou treize heures à n'importe quel labeur ; maintenant il chôme depuis trois mois. Le chômage n'est pas rare dans son métier ; il se répète périodiquement toutes les années ; mais autrefois, quand il chômait, la femme allait travailler comme journalière... laver vos chemises peut-être, en gagnant trente sous par jour ; mais la voilà alitée depuis deux mois et la misère se dresse hideuse devant la famille.

Que conseillerez-vous à la malade, Monsieur le docteur ? vous, qui avez deviné que la cause de la maladie, c'est l'anémie générale, le manque de bonne nourriture, le manque d'air ? Un bon bifteck chaque jour ? un peu de mouvement à l'air libre ? une chambre sèche et bien aérée ? Quelle ironie ! Si elle le pouvait, elle l'aurait déjà fait sans attendre vos conseils !

Si vous avez le cœur bon, la parole franche, le regard honnête, la famille vous contera bien des choses. Elle vous dira que de l'autre côté de la cloison, cette femme qui tousse d'une toux qui vous fend le cœur, est la pauvre repasseuse ; qu'un escalier plus bas, tous les enfants ont la fièvre ; que la blanchisseuse du rez-de-chaussée, elle non plus ne verra pas le printemps, et que dans la maison à côté c'est encore pis.

Que direz-vous à tous ces malades ? Bonne nourriture, changement de climat, un travail moins pénible ?... Vous auriez voulu pouvoir le dire, mais vous n'osez pas, et vous sortez le cœur brisé, la malédiction sur les lèvres.

Le lendemain vous réfléchissez encore aux habitants du taudis, lorsque votre camarade vous raconte qu'hier un valet de pied est venu le chercher, en carrosse cette fois-ci. C'était pour l'habitante d'un riche hôtel, pour une dame, épuisée par des nuits sans sommeil, qui donne toute sa vie aux toilettes, aux visites, à la danse et aux querelles avec un mari butor. Votre camarade lui a conseillé une vie moins inepte, une nourriture moins échauffante, des promenades à l'air frais, le calme de l'esprit et un peu de gymnastique de chambre, pour remplacer jusqu'à un certain point le travail productif !

L'une meurt parce que, toute sa vie durant, elle n'a jamais assez mangé, ne s'est jamais suffisamment reposée ; l'autre languit parce que durant toute sa vie elle n'a jamais su ce que c'est que le travail...


Dernière édition par Monsieur Trololo le Lun 21 Oct 2024 - 16:15, édité 1 fois
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Message par Monsieur Trololo Mer 9 Oct 2024 - 21:50

Ch. Boussinot a écrit:

Nation

   n. f. (du latin natio)

Le Larousse définit ainsi la nation :

   « Réunion d'hommes habitant un même territoire et ayant une origine et une langue communs ou des intérêts longtemps communs. »

Définition simpliste et inexacte. Lamartine disait plus justement :

   « Nations, mots pompeux pour dire barbarie ... »

En fait, nation est. synonyme d'Etat.

   « L'Etat est la personnification juridique d'une nation : c'est le sujet et le support. de l'autorité publique. Ce qui constitue en droit une nation, c'est l'existence, dans cette société d'hommes, d'une autorité supérieure aux volontés individuelles. Cette autorité, qui naturellement ne reconnait point de puissance supérieure ou concurrente quant aux rapports qu'elle régit, s'appelle la souveraineté ... Le fondement même du droit public consiste en ce qu'il donne à la souveraineté, en dehors et au-dessus des personnes qui l'exercent à tel ou tel moment, un sujet ou titulaire idéal et permanent qui personnifie la nation entière ; cette personne morale c'est l'Etat, qui se confond ainsi avec la souveraineté, celle-ci étant sa qualité essentielle. » (Esmein - Elément de Droit constitutionnel comparé)

Autrement dit, hors du charabia des juristes : Nation : réunion d'hommes courbés sous le joug d'un appareil étatiste.

Supprimons l'Etat, et la nation s'évanouit : Pologne (époque du démembrement). Empire Austro.Hongrois (1918). Par contre, la Tchéco-Slovaquie, la Pologne, la Lithuanie, etc., sont devenues des nations dès que l'on a permis que se constituent, dans ces pays, des gouvernements propres. On ne conçoit pas une nation d'anarchistes ; mais les juifs, dispersés par le monde, qui obéissent à la Loi de Moïse, forment, aux yeux de beaucoup, la nation juive.

Par la volonté des trusts ou cartels mondiaux, après les périodes de crise, comme la dernière guerre, des nations surgissent comme des champignons, et d'autres disparaissent. L'Europe actuelle en est une preuve. Si les empires centraux eussent été vainqueurs, nul doute que les nations européennes se fussent réparties autrement. Peut-être connaîtrions-nous une nation Provençale, ou Bretonne, ou Algérienne. II n'existerait probablement plus de nation belge, comme il n'existe plus de nation monténégrine. Les groupements d'intérêts font et défont les nations comme châteaux de cartes ; et tout ce qu'on peut. dire ou tout ce qu'on a pu écrire pour justifier l'existence des nations ne sont que subtils arguments de sophistes.
a)

D'aucuns ont confondu nation et race ; il y aurait par exemple une nation française parce qu'il y a une race française, une nation allemande parce qu'il y a une race germanique, etc ... Or, « il n'y a pas de race pure, et faire reposer la politique sur l'analyse ethnographique, c'est la faire porter sur une chimère. » (Renan)

   « Même à l'âge de Néanderthal, l'homme était déjà une chose très vieille et, depuis des centaines et des milliers de siècles, il y avait eu des millions d'hommes courant à travers la terre, et se mêlant il d'autres millions d'hommes.

   ... Cette vieillesse de l' homme, pensez-y lorsque vous serez tentés de croire qu'il est possible .de retrouver dans le sous-sol des indices de races primitives. Songez, même en étudiant les débris du Moyen Age paléolithique ... songez à tous les millénaires antérieurs dont il ne reste aucun vestige humain, et à tout ce que l'humanité, pourtant, a fait durant ces millénaires : chasses, batailles, marches, courses, conquêtes, alliances de tribus, unions sexuelles, et tout cela, en combinaisons innombrables. Même les temps moustériens, si reculés pour nous, et qui nous semblent des points de départ, ne sont que des termes d'un passé prodigieux et insaisissable. » (Jullian - L'ancienneté de l'idée de nation)

Et comme pour corroborer ces dires voici qu'on vient de découvrir dans une caverne calcaire, proche de Pékin, dix squelettes humains pétrifiés remontant au commencement de l'époque glaciaire ! Ils vivaient, ces hommes, il y a 500.000 ou un million d'années !

Parler de la race française est une plaisanterie.

   « Le nom de la France, que tous les patriotes prononcent avec une vibrante fierté, une émotion filiale, ce nom commémore l'invasion des Francs qui, venus d'entre le Mein, l'Elbe et l'Elster, étaient de purs germains. Ce pays avait accueilli successivement des Gaulois, des Celtes, des Ibères, des Ligures, des Kymris, des Wisigoths, des Vandales. Il avait été envahi par des Latins venus de Rome, des Normands venus de Scandinavie, des Maures venus d'Afrique, des Huns venus de la Caspienne. » (Michel Corday)

De même pour l'Allemagne dont le peuple est. un mélange de Slaves, de Celtes, de Germains, de Scandinaves, de Finnois, d'Espagnols, etc... De même pour tout autre peuple.
b)

On a prétendu que le climat, la constitution géographique d'un lieu sont facteurs déterminants de la formation des nations. L'existence de grandes nations comme la Russie, la Chine, les Etats-Unis, réuit à néant cette théorie. Il y a, dans ces pays, une infinité de climats, et une infinité de sols. Mais, en France même que de dissemblances entre la Provence et la Bretagne, l'Auvergne et les Landes ! On parle parfois de « frontières naturelles ». Quelle dérision, au siècle de l'auto, du chemin de fer et de l'avion ! Ni mers, ni montagnes, ni fleuves ne comptent plus ; et, s'ils existent, c'est pour unir, non pour diviser.
c)

L'unité nationale est fondée sur la langue commune, dit-on encore. Or, en France, on parle, outre le Français de l'Académie (plus ou moins purement, bien entendu), le basque, l'allemand, les langues d'oc, le breton, le flamand. La Belgique a deux langues, la Suisse trois, etc ...

Puisque les nations par elles-mêmes n'existent. pas, on est à se demander comment il se fait qu'elles se soient créées. Et, en remontant aux origines, on trouve toujours l'abdication des individus devant l'autorité..

Dans la tribu primitive, le plus malin ou le plus fort s'impose ; on lui obéit. Par la suite, plusieurs tribus se fédèrent et se laissent imposer une hiérarchie de chefs, des lois laïques et religieuses, des juges. Que l'autorité se renforce encore un tout petit peu ; que la gent bêlante qui applaudit et qui paie clame son orgueil d'être battue, et le sentiment national s'épanouit, et la nation existe. Et cela peut aller jusqu'aux plus absurdes aberrations de l'esprit chez les nationalistes forcenés. C'est le sentiment national qui pétrit des Français prêts a se faire tuer pour la rive gauche du Rhin ou pour sauver la « civilisation » menacée, des Yankees qui se croient prédestinés à coloniser le monde, des Italiens qui se masturbent l'esprit pour essayer de se persuader qu'ils sont les héritiers de la Rome antique.

La nation est la résultante d'un long travail d'abrutissement des peuples auxquels on arrive à faire accepter jusqu'au délire les pires absurdités. Les peuples ont été triturés de mille manières avant d'accepter de vivre en nations « policées ». Ce sont tantôt les rois, empereurs ou républiques qui annexent ou fédèrent telles ou telles provinces (France, Italie, Prusse), tout cela dans les fleuves de sang de guerres sans nombre ; tantôt des groupes d'aventuriers qui s'emparent de pays dit « neufs » (Etats-Unis). Ce sont les religions qui, parallèlement à la force, proposent les bourreaux à l'adoration des victimes (Empereur romain, Louis XIV, Tsar) et prêchent la résignation aux malheurs du temps.

C'est le patriotisme, religion d'Etat, qui grandit d'autant plus que l'ancienne religion s'estompe dans les esprits. Et le patriotisme se cultive comme toute religion, par des sacrifices humains : guerres ou fusillades des incrédules. Et les bonzes : littérateurs, politiciens, arrivistes de tout poil, se sont fait les auxiliaires de tout ce long travail d'oppression.


C'est l'Académie qui a la prétention de fixer la langue. Ce sont les poètes et écrivains nationaux qui battent la grosse caisse pour saturer les cœurs de leur poison grossier : Déroulède, Barrès, d'Annunzio, Mickiewicz ... Chaque nation a ses Botrel et sous-Botrel ; et cela descend jusqu'aux créateurs de chansons de café-concert, ranimateurs de la flamme pour citoyens conscients de base. Ce sont les rhéteurs du forum qui persuadent à l'individu, couvert de chaînes, qu'il a librement consenti au pacte social. C'est enfin l'école, toujours au service des maîtres, qui perpétue et renforce cet état d'esprit dans les générations nouvelles.

L'idée de nation ne repose donc sur rien de positif ; elle nous apparaît comme un colossal mensonge destiné à aider à mieux dominer, opprimer et exploiter ceux qui peinent et qui souffrent.
Plus ou moins consciemment, la classe ouvrière l'a compris, qui essaie de s'organiser internationalement, Les groupements d'hommes, en effet, ne s'effectuent pas en cloisons etanches, par nations, où tous les membres auraient des intérêts communs ; ils se font par couches sociales. Et il y a seulement deux groupes :

   Ceux qui dominent, qui pressurent : les maîtres ;

   Ceux qui se courbent ou qu'on brise par la force : les esclaves.

L'idée de nation. doit trouver, en tout anarchiste, un adversaire résolu.
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Message par Paulette Jeu 10 Oct 2024 - 9:04

Un peu long à lire, mais très intéressant.

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Monsieur Trololo aime ce message

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Message par Monsieur Trololo Jeu 10 Oct 2024 - 11:41

Oui merci Paulette, j'essaie de  trouver des passages pas trop long mais qui soient quand même assez pertinents  donc c'est pas forcément évident.  Comme on est pas mal sur les thèmes identitaires  sur les autres fils de discussion je continue avec  comment les auteurs anarchistes envisagent la "Nation" et ce qu'ils pensent du nationalisme.

Elie Soubeyran a écrit:NATION

   n. f. (latin natio)

L'agglomération de personnes vivant sous les mêmes lois, dans un pays limité par des frontières, ayant des intérêts communs, une langue commune et des droits plus ou moins communs constitue une nation.

Il arrive qu'on emploie le mot peuple à la place de celui de nation, mais il parait plus logique de réserver le nom de peuple (v, ce mot) aux multitudes unies par une communauté d'origines et d'idées, et de qualifier de nations les peuples régulièrement constitués en Etat politique et souverain.

Chaque nation a ses coutumes, ses mœurs et souvent des religions diverses. Des prérogatives qui s'attachent aux diverses branches de l'activité nationale se constituent un droit national qui coordonne l'action individuelle à l'action collective, pour l'intérêt général. Parmi les nations les unes sont belliqueuses, puissantes, civilisées ou barbares, sauvages, prospères, commerçantes, industrielles, agricoles, riches ou pauvres. Ainsi par les nations naissent les rivalités, la concurrence, les alliances et les guerres qui constituent les plus tristes fléaux qui puissent affliger l'Humanité.

En théorie, et en époque d'ignorance sociale sur la réalité du droit, tout le monde est peuple et souverain ; en pratique, sont seuls souverains dans la collectivité nationale ceux qui détiennent les richesses ; et ils le sont : soit directement, soit par interposition de mandataires défendant plus ou moins bien leurs intérêts. Rationnellement, la nation, à notre époque, représente une circonscription humanitaire déterminée par une certaine communauté d'idées sur le droit spécial de chacune d'elle. Aussi les mœurs, les coutumes, les institutions varient dans chaque nation, Ce qui est vérité dans l'une est erreur dans l'autre. Avec cette diversité de méthodes particulières et collectives, il est Impossible d'obtenir une harmonie réelle clans les rapports sociaux.

C'est de l'ignorance du droit réel, du droit social que les nations sont faites. Quand l'idole qui résume les idées dominant la nation tombe, la nation déchoit et meurt plus ou moins rapidement...

Les nations sont en quelque sorte des incarnations du Dieu personnel et leurs mœurs s'inspirent des idées qui se rattachent au culte du Créateur : Elles s'évanouiront au fur et à mesure que le droit passera du domaine national à celui de l'Humanité. Quand la Société se substituera à la Divinité, le Droit aura une valeur morale réelle, c'est-à-dire commune pour tous et pour chacun et la vérité sera la même partout, aussi bien que l'erreur. C'est de ce moment, c'est-à-dire de la connaissance de la vérité, de l'application de la justice égale pour tous, que le droit aura une autorité incontestée parce qu'incontestable. Nous n'en sommes pas là, mais la nécessité sociale amènera les nations à ne former qu'une Société comprenant tous les peuples. A notre époque d'ignorance sociale, le besoin d'harmonie se fait empiriquement sentir ; cependant chaque nation se dit autonome, croit à son indépendance et s'attribue une souveraineté toute puissante dans la pratique de la justice spéciale qu'elle propose.

Il en est ainsi parce que toutes les attributions nationales reposent sur l'idée de droit que les classes dirigeantes et possédantes se font du pouvoir qu'elles disent détenir : soit de Dieu, soit du peuple souverain. Ces espèces de souveraineté ne reposent sur aucune preuve, mais simplement sur la foi et l'illusion ; toutes aboutissent au despotisme d'un seul ou de quelques-uns et nullement à l'application de la Justice.

Mais ces deux espèces de souverainetés qui ont nom théocratie et démocratie conduisent au désordre ; la seconde directement comme c'est le cas actuel, avec le despotisme de la finance et la première y conduit aussi en cédant le pas à la seconde.

Nous sommes loin de la justice, par l'application de ces souverainetés, que la nécessité sociale, le besoin d'ordre rationnel, obligeront de réaliser et qui donneront naissance à la souveraineté de la Raison, seule possible pour avoir un ordre durable.

Sans être à la veille de la fusion les souveraineté existantes, appliquées nationalement, chacun comprend, plus ou moins empiriquement, le besoin d'une rénovation sociale qui situerait les nations sous la dépendance du droit humanitaire.

La mission historique des nations, la grande prestation morale des peuples ont pour but de créer un ordre social nouveau où l' homme sera libre réellement. A la souveraineté de la force qui est la seule que l'Humanité ait connue et connaisse, (et par suite chaque nation) succédera nécessairement la souveraineté de la Raison, De nos jours il se produit pour les nations ce qui se produit pour les individus : chaque homme est nécessairement souverain par sa raison pendant toute l'époque de doute social, de même que les peuples l'ont été, le sont encore quant aux droits de chacun et le seront jusqu'à ce que la connaissance de la vérité du droit ait substitué l'Humanité aux nations, le droit réel et logique à la force individuelle.

En résumé, l'existence des nations implique celle de l'ignorance sociale et l'ignorance sociale de la vérité de la réalité du droit commun à tous a pour conséquence inévitable l'application nécessaire de la force au maintien de l'ordre, de sorte que les mandements et ordonnances, pour, parler comme Proudhon, qui partent d'une nation n'offrent pas pour toutes la même garantie.

Hypocritement ou ouvertement deux nations souveraines en contact ne peuvent pas ne pas être, économiquement, en état de guerre déclarée ou sournoise tout comme le sont, dit Colins, deux familles qui vivent isolément tout en étant voisines. La fraternité la solidarité entre ces familles ne peut être qu'illusoire et non réelle. Sans la reconnaissance d'un droit supérieur à toutes les nations, il ne peut exister entre elles de paix véritable.

Nous approuvons l'idée d'une Société des Nations comme nous approuvons tous les pactes qui auront pour but de fusionner, ne serait-ce que sentimentalement, les intérêts particuliers avec l'intérêt général. Pour l'heure et tant que le Droit n'est que l'expression de la force, une nouvelle Tour de Babel pointe à l'horizon. C'est tout de même un heureux symptôme de voir les grands de la Terre aussi bien que les exploités du travail s'intéresser à l'interpénétration au sein des nations, d'un DROIT souverain.

Il saute aux yeux et au cerveau que : lorsqu'il n'y aura plus qu'un Droit pour tous les peuples, pour toutes les familles, pour tous les hommes ; du moment, enfin, que la nécessité de la justice en imposera l'application, le Droit réel qui en est l'expression obligera les nations à disparaître et à fusionner dans l'Humanité pour ne former qu'une seule société rationnelle. Les nations seront alors dans la Patrie universelle ce que sont, de nos jours, dans chaque nation, les départements et les provinces, où chacun jouira pareillement de la liberté, du bien-être par le travail et, enfin, de la justice réelle en conformité des actions autant individuelles que sociales.
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Message par Monsieur Trololo Jeu 10 Oct 2024 - 15:31

Rudolp Rocker a écrit: La vieille opinion qui attribue la création de l’État nationaliste à l’éveil de la conscience nationale du peuple n’est qu’un conte de fées, très utile aux protagonistes de l’idée de l’État national, mais néanmoins faux.

La nation n’est pas la cause, mais le résultat, de l’Etat. c’est l’Etat qui crée la nation, non la nation qui crée l’Etat. En vérité, de ce point de vue il existe entre peuple et nation la même distinction qu’entre société et État.



Chaque unité sociale est une formation naturelle qui, sur la base de besoins communs et d’accord mutuel, est construite organiquement de bas en haut pour garantir et protéger l’intérêt général. Même quand les institutions sociales graduellement s’ossifient ou deviennent rudimentaires leur but d’origine peut en la plupart des cas être clairement reconnu. Chaque organisation d’État, cependant, est un mécanisme artificiel imposé d’en haut sur les hommes par quelques gouvernants, et il ne poursuit pas d’autre fin que de défendre et sauvegarder les intérêts des minorités privilégiées dans la société.

Un peuple est le résultat naturel de l’union sociale, une association mutuelle d’hommes poussés par une certaine similitude de conditions extérieures de vie, une langue commune, et des caractères particuliers dus au climat et au milieu géographique. De cette façon apparaissent vivants certains traits communs chez chaque membre de l’union et formant la partie la plus importante de son existence sociale. Ces rapports intimes peuvent aussi être engendrés artificiellement que détruits artificiellement.

La nation, d’autre part, est le résultat artificiel de la lutte pour le pouvoir politique exactement comme le nationalisme n’a jamais été autre chose que la religion de l’État moderne. L’appartenance à une nation n’est jamais déterminée, comme l’est l’appartenance à un peuple, par des causes naturelles, profondes ; elle est toujours sujette à des considérations politiques et fondée sur ces raisons d’État derrière lesquelles les intérêts de minorités privilégiées se cachent toujours. Un petit groupe de diplomates, qui sont simplement les chargés d’affaires de classe ou caste privilégiée, décide tout à fait arbitrairement la qualité nationale de certains groupes d’hommes dont le consentement n’est même pas demandé mais qui doivent se soumettre à cet exercice du pouvoir parce qu’ils ne peuvent agir d’eux-mêmes.

Des peuples et groupes de peuples existaient bien avant que l’État n’apparaisse. Aujourd’hui aussi ils existent et se développent sans l’assistance de l’État. Ils sont seulement gênés dans leur développement naturel lorsque quelque pouvoir extérieur intervient par la violence dans leur vie et lui impose une forme qu’elle ne connaissait pas avant. La nation est soudée à lui pour le meilleur et pour le pire et doit son existence seulement à la présence de celui-ci. En conséquence la nature essentielle de la Nation nous échappera si nous tentons de la séparer de l’État et de la doter d’une vie propre qu’elle n’a jamais possédée.

Un peuple est toujours une communauté avec des limites assez étroites. Mais une nation, en règle générale, enferme toute une série de différents peuples et groupes de peuples qui ont été, par des moyens plus ou moins violents, pressés dans le cadre d’un État commun. En fait, dans toute l’Europe il n’y a pas d’État qui ne consiste pas en un groupe de peuples différents qui étaient à l’origine de différentes descendances et de langue et furent forgés ensemble en nation unique seulement par des intérêts dynastiques, économiques et politiques.
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Message par Monsieur Trololo Jeu 10 Oct 2024 - 18:40

A l'attention de Revanchisti


Rudolph Rocker a écrit:Et si, un jour, nous sommes obligés de choisir entre un régime fasciste ou dictatorial ou bien un Etat constitutionnel bourgeois, nous privilégierons sans hésiter le second. En faisant ce choix, nous ne nous ferons pas la moindre illusion. Nous savons pertinemment que cette décision ne nous libèrera pas du joug de l’autorité étatique ni de la tyrannie de la législation bourgeoise. Mais nous savons aussi qu’il y a une profonde différence selon que l’on est obligé de vivre dans un régime où la libre parole est étranglée, où tous les droits conquis de haute lutte sont supprimés, où toute action en faveur des opprimés est étouffée dans l’œuf, où notre dignité est sans arrêt traînée dans la boue – ou de vivre dans un système politique qui nous donne la possibilité de nous exprimer librement, oralement et par écrit, de nous organiser, un système garantissant à l’individu une certaine liberté d’action qui lui offre un espace plus ou moins étendu pour comprendre et défendre ses intérêts sociaux.
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Message par Monsieur Trololo Ven 11 Oct 2024 - 10:40

Je dédie ce texte à Paulette :

Voltairine de Cleyre : L'adoration des choses (extrait) a écrit:Que voulez-vous donc ? me demanderez-vous. Je voudrais que les hommes aient la dignité de choisir un but plus élevé que la chasse aux écus ; qu’ils choisissent une chose à faire dans la vie qui soit en dehors des choses qui se font pour se faire et qu’ils s’y tiennent. Non pour un jour, non pour une année, mais pour toute la vie. Et qu’ils aient foi en eux-mêmes ! Qu’ils ne soient pas comme un feu follet, professant ceci aujourd’hui et demain acclamant cela, et s’évadant de ceci comme de cela chaque fois qu’ils le trouvent facile. Qu’ils ne défendent pas une thèse aujourd’hui et baisent la manche de ses adversaires demain, avec, pour excuse, ce cri de faiblesse et de lâcheté dans la bouche : « Ce sont les circonstances qui me font ». Regardez bien au-dedans de vous-même et si vous aimez les Choses et le pouvoir et la plénitude des Choses mieux que vous aimez votre propre dignité, la dignité humaine — oh ! dites-le ! Dites-vous-le à vous-même et tenez-vous-y. Ne soufflez pas à la fois le froid et le chaud. N’essayez pas d’être un réformateur social et en même temps un possesseur respecté des Choses. Ne prêchez pas le sentier étroit quand c’est avec joie que vous cheminez sur la voie large. Prêchez la voie large ou ne prêchez rien du tout. Ne faites pas de vous un fou en disant que vous voudriez préparer la route à une société libérée, alors que vous n’êtes pas même disposé à lui sacrifier un fauteuil. Lectrice, dites franchement : « J’aime plus les fauteuils que les hommes libres, et c’est ce que je préfère et je les achète parce que c’est ce que je choisis, et non parce que les circonstances me font telle que je suis. J’aime les chapeaux, grands, immenses, avec quantité de plumes et de grands rubans. Et je préfère me procurer ces chapeaux-là que de m’occuper des rêves de la société qui ne s’accompliront pas de mon temps. Ce monde adore les chapeaux et je désire les adorer en sa compagnie ».

Mais si c’est la liberté, l’orgueil et la force d’être une âme unique, et la libre fraternité des hommes basée sur l’affinité que vous choisissez comme l’objectif qui conduira votre vie, eh bien ne le vendez pas pour du clinquant ! Croyez à la force de votre âme et qu’elle se frayera sa propre route ; lentement peut-être, en passant par d’amers conflits, votre force s’accroîtra. Et il ne vous sera pas difficile de renoncer à des possessions pour lesquelles d’autres abandonnent jusqu’à la dernière possibilité de liberté.

A la fin de votre vie, vous pourrez fermer les yeux en disant : « Je n’ai point été gouverné par l’idée dominante de mon siècle. J’ai choisi ma propre cause et je l’ai servie. J’ai prouvé par toute une vie qu’il est quelque chose en l’homme qui le sauve de l’absolue tyrannie des circonstances, qui en triomphe et les refonde, et cela c’est le feu immortel de la volonté individuelle, laquelle est le salut de l’avenir ».
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Message par Monsieur Trololo Ven 11 Oct 2024 - 18:17

Colin Ward a écrit:Lorsque nous regardons l’impuissance de l’individu et du collectif dans le monde d’aujourd’hui et que nous nous demandons pourquoi ils sont impuissants, nous devons non seulement répondre qu’ils sont faibles en raison des vastes concentrations de pouvoir dans le monde moderne, militaro-industriel, mais qu’ils sont faibles parce qu’ils ont cédé leur pouvoir à l’État. C’est comme si chaque individu possédait une certaine quantité de pouvoir, mais que par défaut, par négligence, ou par habitude ou conditionnement irréfléchi et sans imagination, il avait permis à quelqu’un d’autre de le récupérer, plutôt que de l’utiliser lui-même à ses propres fins.
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Message par Monsieur Trololo Ven 11 Oct 2024 - 18:37

Colin Ward a écrit:Toutes les institutions autoritaires sont organisées en pyramides. L’État, l’entreprise privée ou publique, l’armée, la police, l’église, l’université, l’hôpital : ce sont toutes des structures pyramidales, avec un petit groupe de décideurs au sommet, et une large base de personnes auxquelles échappent les décisions qui les concernent au bas de l’échelle. L’anarchisme n’exige pas le changement des étiquettes sur les niveaux, il ne veut pas que des personnes différentes soient au sommet, il veut que nous grimpions par le bas. Il préconise un réseau étendu d’individus et de groupes, prenant leurs propres décisions et contrôlant leur propre destin.
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Message par Monsieur Trololo Ven 11 Oct 2024 - 22:41

Colin Ward a écrit:Les penseurs anarchistes classiques envisageaient l’ensemble de l’organisation sociale tissée à partir de tels groupes locaux : la commune ou le conseil comme noyau territorial, qui n’est « pas une branche de l’État, mais la libre association des membres concernés, qui peut être une coopérative ou une union corporative, ou simplement une union provisoire de plusieurs personnes unies par un besoin commun », et le syndicat ou le conseil ouvrier comme unité industrielle ou professionnelle. Ces unités se fédéreraient non pas comme les pierres d’une pyramide où le plus gros fardeau est supporté par la couche la plus basse, mais comme les maillons d’un réseau, le réseau des groupes autonomes. Plusieurs courants de pensée sont liés dans la théorie sociale anarchiste : les idées d’action directe, d’autonomie et de contrôle ouvrier, de décentralisation et de fédéralisme.
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Message par Revanchisti Ven 11 Oct 2024 - 23:01

Monsieur Trololo a écrit:A l'attention de Revanchisti


Rudolph Rocker a écrit:Et si, un jour, nous sommes obligés de choisir entre un régime fasciste ou dictatorial ou bien un Etat constitutionnel bourgeois, nous privilégierons sans hésiter le second. En faisant ce choix, nous ne nous ferons pas la moindre illusion. Nous savons pertinemment que cette décision ne nous libèrera pas du joug de l’autorité étatique ni de la tyrannie de la législation bourgeoise. Mais nous savons aussi qu’il y a une profonde différence selon que l’on est obligé de vivre dans un régime où la libre parole est étranglée, où tous les droits conquis de haute lutte sont supprimés, où toute action en faveur des opprimés est étouffée dans l’œuf, où notre dignité est sans arrêt traînée dans la boue – ou de vivre dans un système politique qui nous donne la possibilité de nous exprimer librement, oralement et par écrit, de nous organiser, un système garantissant à l’individu une certaine liberté d’action qui lui offre un espace plus ou moins étendu pour comprendre et défendre ses intérêts sociaux.

Oui mais justement, nous ne somme plus en régime constitutionnel ni en état de droit, la procédure est bafouée en permanence, il y a une justice à deux vietsses.
Il y a un parti unique au pouvoir dont l'aile droite s’appelle RN et l’aile gauche LFI.

La censure s'accentue de jour en jour les lois qui réduisent la liberté d'expression de plus ne plus folles...
Nous vivons dans un clima de traques aux sorcières permanentes.
Se pointer aux élections sert plus à rien car il n'y a même plus de débat présidentiel pour s’exprimer librement.

Il n'y a pas le choix la social démocratie constitutionnelle mut chaque jour en un nouveau fascisme et ça depuis Miettarand. C'est juste que ça commencé doucement, alors qu’aujourd’hui ça s'accélère, c'est le fameux principe de la grenouille que l'ont fait cuir à petit feu vivante.
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Message par Monsieur Trololo Ven 11 Oct 2024 - 23:03

Ah parce que "c'était mieux avant" ? (Surtout à l'époque où ce texte à été écrit) ... clown

Vraiment n'importe quoi Revanchisti
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Message par Monsieur Trololo Ven 11 Oct 2024 - 23:06

Revanchisti a écrit:
Il n'y a pas le choix la social démocratie constitutionnelle mut chaque jour en un nouveau fascisme et ça depuis Miettarand. C'est juste  que ça commencé doucement, alors qu’aujourd’hui ça s'accélère, c'est le fameux principe de la grenouille que l'ont fait cuir à petit feu vivante.

Vivi la grenouille cuit à petit feu c'est vrai sauf que t'as pas encore pigé que le cuisinier c'était pas la social-démocratie, quand tu comprendra c'est qui il sera trop tard et tant pis pour toi !
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Message par Monsieur Trololo Sam 12 Oct 2024 - 20:58

Colin Ward a écrit:Les idées d’autonomie, de contrôle ouvrier et de décentralisation sont indissociables de celle d’action directe. Dans l’État moderne, partout et dans tous les domaines, un groupe de personnes prend des décisions, exerce un contrôle, limite les choix, tandis que la grande majorité doit accepter ces décisions, se soumettre à ce contrôle et agir dans les limites de ces choix imposés de l’extérieur. L’habitude de l’action directe est l’habitude de leur reprendre le pouvoir de prendre des décisions qui nous affectent.

L’autonomie du travailleur au travail est le domaine le plus important dans lequel cette expropriation de la prise de décision peut s’appliquer. Lorsqu’on évoque le contrôle ouvrier, les gens sourient tristement et murmurent avec regret qu’il est dommage que l’ampleur et la complexité de l’industrie moderne en fassent un rêve utopique qui ne pourrait jamais être mis en pratique dans une économie développée. Ils ont tort. Il n’existe aucune raison technique de considérer le contrôle ouvrier comme impossible. Les obstacles à l’autogestion dans l’industrie sont les mêmes qui s’opposent à toute forme de partage équitable des biens de la société : l’intérêt direct des privilégiés dans la répartition actuelle du pouvoir et de la propriété.
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Message par Monsieur Trololo Mer 16 Oct 2024 - 16:06

Ricardo Flores Magon a écrit:

Sur une route se rencontrent un soldat et un travailleur.

— Où vas-tu, demande le soldat ?

— À l'usine, lui répond le travailleur, et toi, où vas-tu ?

— Je vais à la caserne ; dans le village de Z les gens se sont soulevés et on nous a donné ordre de réprimer la rébellion dans le sang et le feu.

— Peux-tu me dire, lui demande le travailleur, pourquoi ces gens se sont soulevés ?

— Bien-sûr que je peux te le dire : ces gens, du lever au coucher du soleil, refusent de payer leurs loyers pour leur maison, la location de leurs lopins de terre, leurs impôts au gouvernement ; et quand les autorités se sont présentées pour évincer ces gens des maisons, pour les expulser de la terre, tout en voulant collecter l'impôt dû au gouvernement, les habitants ont résisté, ils ont poignardé le juge, le notaire, les fonctionnaires, les gendarmes, le maire et ses assistants. Ils ont brûlé les archives et sont montés sur l'édifice le plus élevé pour y accrocher un drapeau rouge avec des inscriptions en blanc qui disaient "Terre et Liberté".

Le travailleur est ébranlé. Il voit que ce sont ceux de sa classe : les pauvres, les déshérités, les prolétaires qui se sont révoltés.

— Et tu t'en va les battre, lui demande le travailleur ?

— Mais oui, lui réplique l'esclave en uniforme. Ces gens attentent au droit de propriété privée et il est du devoir du gouvernement de protéger les intérêts des riches.

— Mais toi, tu n'est pas un riche, lui dit le travailleur. Quel intérêt as-tu de tuer ces pauvres gens ?

— Je dois faire respecter la Loi, lui répond sèchement le soldat.

— LA LOI ! lui gueule le travailleur, La Loi qui soutient les privilèges de quelques-uns ! La Loi qui est un énorme poids pour ceux d'en bas ; une garantie de liberté et de bien-être pour ceux d'en haut ! T'es un pauvre, mais toutefois tu soutiens la Loi qui écrase ceux de ta classe. Ton père, ton frère, tes pairs sont pauvres ; ceux qui se sont soulevés dans le village de Z sont des pauvres qui souffrent comme toi et tes parents et tes pairs et qui sait, peut-être qu'il y a dans les insurgés des membres de ta famille ! Le soldat haussa les épaules, cracha sur les herbes qui bordent le chemin, lança un regard méprisant au travailleur et cria :

— La Loi doit s'appliquer à toutes les choses ! Si mon père l'enfreint, je le tuerai, parce que voilà ce que m'ordonne la Loi !

— Bon, dit le travailleur, alors marche et assassine le sang de ton sang et la chair de ta chair !

Le travailleur et le soldat continuèrent leur chemin dans des directions opposées : le premier pour aller au travail afin de rendre plus riche le maître et le second pour aller tuer afin d'assurer au maître la jouissance des "ses" richesses. Pendant ce temps, le village de Z était le théâtre d'une activité, d'une gaieté, d'un enthousiasme sans limite. La tristesse d'hier avait disparu. Tous les habitants étaient dans la rue à célébrer le jour de la liberté. Un ancien haranguait la foule de cette manière :

— Compagnons : maintenant chacun de nous est son propre maître, célébrons notre victoire ; un inventaire doit être fait de tout ce qu'il y a dans le village et aux alentours afin de savoir quels éléments nous possédons et quels outils serviront à notre travail et ensuite, comme des frères, une fois terminée la célébration de notre triomphe, dédions-nous à travailler à produire des choses utiles pour tous et…

Il n’a pas pu terminer sa phrase… On entendit la décharge d'une arme à feu et l'ancien, mortellement blessé, tomba face première sur le sol sans pouvoir se relever. Le soldat avait tué son père…
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Message par Monsieur Trololo Mer 16 Oct 2024 - 16:17

Pour Revanchisti :

Nestor Makhno a écrit: Toutefois devant ce premier échec de l’organisation de "bataillons libres" - qu’on pourrait qualifier d’unités combattantes pour la défense immédiate de la révolution-, nous n’avons pas perdu la tête. L’organisation fut quelque peu modifiée dans sa forme : les bataillons furent complété par des détachements de partisans, de type mixte, c’est à dire comprenant de la cavalerie et de l’infanterie. Ces détachements eurent pour tâche d’agir à l’arrière profond de l’ennemi. Cette organisation fit ses preuves lors des actions contre les corps expéditionnaires austro-allemands et les bandes de l’Hetman Skoropadsky, leur allié, durant la fin de l’été et l’automne 1918.

Se tenant à cette forme de défense de la révolution, les travailleurs ukrainiens purent arracher, des mains contre-révolutionnaires, le nœud coulant qu’elles avaient jeté sur la révolution en ukraine. De plus, ne se contentant pas de défendre la révolution, ils l’approfondirent le plus possible(remarque : à ce moment là, les bolcheviks ne disposaient d’aucune forces militaires en Ukraine) leur premières unités combattantes n’arrivèrent de Russie que bien plus tard ; elles occupèrent aussitôt un front parallèle au notre, s’efforçant en apparence de s’unir aux travailleurs ukrainiens, organisés de manière autonome et surtout sans leur contrôle étatique, mais en fait elles s’occupèrent sournoisement de leur décomposition et de leur disparition à leur profit. Pour atteindre leur but, les bolcheviks ne dédaignèrent aucun moyen, allant jusqu’au sabotage direct du soutien qu’ils s’étaient engagés à fournir sous forme de munitions et d’obus ; cela au moment même où nous développions sur tout notre front une grande offensive dont le succès dépendait surtout de la puissance de tir de notre artillerie et de nos mitrailleuses, alors que nous avions justement une grande pénurie de munitions).

Au fur et à mesure que la contre-révolution intérieure se développa dans le pays, elle reçut l’aide d’autres pays, non seulement en armement et en munitions mais aussi en soldats. Malgré cela, notre organisation de la défense de la révolution crût également de son côté et adopta simultanément, en fonction des besoins, une nouvelle forme et des moyens plus appropriés pour sa lutte.

On sait que le front contre-révolutionnaire le plus dangereux de l’époque fut constitué par l’armée du général Dénikine ; pourtant, le mouvement insurrectionnel lui tint tête pendant cinq à six mois. Bon nombre des meilleurs commandants dénikiens se rompirent le cou en affrontant nos unités équipées uniquement d’armes prises à l’ennemi. Notre organisation y contribua grandement : sans empiéter sur l’autonomie dans unités combattantes, elles les réorganisa en régiment et brigades, coordonnés par un État-major opérationnel commun. Il est vrai que la création de celui-ci n’eu lieu que grâce à la prise de conscience par les masses laborieuses révolutionnaires, combattant tant sur le front face à l’ennemi qu’a son arrière, de la nécessité d’un commandement militaire unique. en outre, toujours sous l’influence de notre groupe communiste libertaire paysan de Gouliaï-Polié, les travailleurs se préoccupèrent aussi de la détermination de droits égaux pour chaque individu à participer à la nouvelle édification sociale, dans tous les domaines y compris l’obligation de défendre ces conquêtes.

Ainsi, tandis que le front dénikien menaçait de mort la révolution libertaire, perçue avec un vif intérêt par la population, les travailleurs révolutionnaires se groupaient sur base de notre conception organisationnelle de la défense de la révolution, la faisant leur et renforçaient l’armée insurrectionnelle par l’afflux régulier de combattant frais, relevant ceux qui étaient blessés ou fatigués.

Par ailleurs, les exigences pratique de la lutte entraînement au sein de notre mouvement la création d’un état major opérationnel et organisationnel de contrôle commun pour toutes les unités combattantes.

C’est à la suite de cette pratique que je ne puis accepter la pensée que les anarchistes révolutionnaires refusent la nécessité d’un tel État-Major pour orienté stratégiquement la lutte révolutionnaire armée. Je suis convaincu que tout anarchiste révolutionnaire qui se retrouverait dans des conditions identiques à celles que j’ai connues durant la guerre civile en Ukraine, sera obligatoirement amené à agir comme nous l’avons fait. Si, au cours de la prochaine révolution sociale authentique, il se trouve des anarchistes pour nier ces principes organisationnels, ce ne seront au sein de notre mouvement de vains bavards ou bien encore des éléments freinateurs et nocifs, qui ne tarderont pas à en être rejetés.

En s’attaquant à la résolution de la question de la défense de la révolution, les anarchistes doivent immanquablement se recommander du caractère social du communisme libertaire. Face à un mouvement révolutionnaire de masse, nous devons reconnaître la nécessité de l’organiser et de lui donner des moyens dignes de lui, puis nous y engager entièrement. Dans le cas contraire, si nous apparaissons comme des rêveurs et des utopistes, alors nous ne devons pas gêner la lutte des travailleurs, en particulier ceux qui suivent les socialistes étatistes. Sans aucun doute l’anarchisme est et reste un mouvement social révolutionnaire, c’est pourquoi je suis et serai toujours partisan de son organisation bien structurée et pour la création, au moment de la révolution, de bataillons, régiments brigades et divisions, tendant à se fondre, à certains moments, en une armée commune, sous un commandement régional unique, sous la forme d’États-majors organisationnels de contrôle. Ceux-ci auront pour tâche, selon les nécessités et les conditions de la lutte, d’élaborer un plan opérationnel fédératif, coordonnant les actions des armées régionales, afin d’achever avec succès les combats mené sur tous les fronts contre la contre-révolution armée.

L’affaire de la défense de la révolution n’est pas choses facile ; elle peut exiger des masses révolutionnaires une très grande tension organisationnelle. Les anarchistes doivent le savoir et se tenir prêts à les aider dans cette tâche.
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Message par Monsieur Trololo Mer 16 Oct 2024 - 16:32

A l'attention de Revanchisti

Louis Loreal a écrit: Croit-on, par hasard, que c’est avec des soldats qui marchent, à contre-cœur que l’on assure une bonne défense ? Croit-on que « tout le monde » rechignera ? Si la révolution est faite par le peuple et pour le peuple ; si dès le début de ce mouvement, le prolétariat sent que c’est véritablement sa libération que la révolution lui apporte ; s’il est convaincu que ce n’est pas simplement un changement de maîtres qu’il subit, le peuple se dressera unanimement pour défendre sa liberté et sa vie.

Prenons les exemples de l’Histoire : En 1792 quand Brunswick eut adressé à la Convention son insolent ultimatum, y avait-il une armée permanente ?

Que fit la Convention ? Elle décréta « la Patrie en danger » et fit un appel pressant à tous les citoyens pour défendre la Liberté contre les armées des tyrans coalisés. L’appel resta t-il vain ? Que non pas ! De toutes parts, sur les places publiques, des estrades avaient été dressées où l’on inscrivait les volontaires. Il y eut un élan d’enthousiasme indescriptible. En quelques jours, une formidable armée fut sur pied, cette armée de « sans-culotte », ainsi dénommée justement parce qu’elle n’était pas une armée de métier. Les chefs de cette armée de volontaires étaient-ils gens du métier ? Ceux qui en furent : Dumouriez, Moreau, Pichegru, Bonaparte, Bernadotte, finirent tous par trahir la révolution. Mais les Marceau, les Hoche, les Kléber, les Kellermann, les Desaix et autres, étaient-ils des gens rompus à la théorie ? — Non : le plus gradé de tous était sergent d’écurie ! Cette phalange de volontaires pourtant tint tête à toutes les armées étrangères ; mieux : elle les repoussa.
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Message par Monsieur Trololo Mer 16 Oct 2024 - 16:46

Encore un pour tpi :
Un incontrolé de la colonne de fer a écrit: Nous, dans les tranchées, nous vivions heureux. Certes, nous voyons tomber à côté de nous les camarades qui commencèrent avec nous cette guerre ; nous savons, de plus, qu’à tout instant une balle peut nous laisser étendus en plein champ - c’est la récompense qu’attend le révolutionnaire - ; mais nous vivions heureux. Nous mangions quand il y avait de quoi ; quand les vivres manquaient, nous jeûnions. Et tous contents. Pourquoi ? Parce que personne n’était supérieur à personne. Tous amis, tous camarades, tous guerrilleros de la Révolution.

Le délégué de groupe ou de centurie ne nous était pas imposé, mais il était élu par nous-mêmes, et il ne se sentait pas lieutenant ou capitaine, mais camarade. Les délégués des comités de la Colonne ne furent jamais colonels ou généraux, mais camarades. Nous mangions ensemble, combattions ensemble, riions ou maudissions ensemble. Nous n’avons eu aucune solde pendant longtemps, et eux non plus n’eurent plus rien. Et puis nous avons touché dix pesetas, ils ont touché et ils touchent dix pesetas.

La seule chose que nous considérons, c’est leur capacité éprouvée, et c’est pour cela que nous les choisissons ; pour autant que leur valeur était confirmée, ils furent nos délégués. Il n’y a pas de hiérarchies, il n’y a pas de supériorités, il n’y a pas d’ordres sévères : il y a la sympathie, l’affection, la camaraderie ; vie heureuse au milieu des désastres de la guerre. Et ainsi, entre camarades, se disant que l’on combat à cause de quelque chose et pour quelque chose, la guerre plaît, et l’on va jusqu’à accepter avec plaisir la mort. Mais quand tu te retrouves chez les militaires, là où tout n’est qu’ordres et hiérarchies ; quand tu vois dans ta main la triste solde avec laquelle tu peux à peine soutenir la famille que tu as laissée derrière toi, et quand tu vois que le lieutenant, le capitaine, le commandant, le colonel, empochent trois, quatre, dix fois plus que toi, bien qu’ils n’aient ni plus d’enthousiasme, ni plus de connaissances, ni plus de bravoure que toi, la vie te devient amère, parce que tu vois bien que cela, ce n’est pas la Révolution, mais la façon dont un petit nombre tire profit d’une situation malheureuse, ce qui ne tourne qu’au détriment du peuple.
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Message par Edouard de Montmonrency Mer 16 Oct 2024 - 22:24

L'anarchie offre plus de risques que de bénéfices ...

IA a écrit:╭─ Bot
Voici une analyse détaillée des dangers potentiels d'un système politique anarchiste :

### Absence de gouvernement centralisé

L'absence d'un gouvernement centralisé peut entraîner plusieurs problèmes :

1. Perte de stabilité et de sécurité publique : Sans autorité centrale pour maintenir l'ordre, il peut y avoir un vide juridique et sécuritaire.

2. Difficultés dans la gestion des ressources : L'absence d'une structure administrative centralisée rend difficile la planification et la distribution équitable des ressources.

3. Risque de conflits entre groupes autonomes : Les différents groupes autonomes peuvent entrer en conflit pour le contrôle des ressources ou des territoires.

4. Déficit de services publics : La fourniture de services essentiels comme l'éducation, la santé, et les infrastructures publiques peut être compromise.

### Manque de protection des droits individuels

Sans état, la protection des droits individuels devient plus difficile :

1. Risque accru de violations des droits humains : Il n'y a pas d'autorité centrale pour garantir que les droits fondamentaux soient respectés.

2. Difficultés à faire appliquer la justice : Le système judiciaire peut ne pas fonctionner efficacement sans soutien gouvernemental.

3. Prise en charge sociale limitée : L'assistance aux personnes vulnérables (personnes âgées, handicapées) peut être moins assurée.

### Problèmes économiques

Un système anarchiste peut rencontrer des défis économiques importants :

1. Instabilité financière : L'absence d'un système monétaire centralisé peut conduire à une instabilité économique.

2. Difficultés de coordination économique : La planification et la coordination économique deviennent plus complexes sans gouvernement central.

3. Inégalités accrues : Sans intervention gouvernementale, les inégalités économiques peuvent s'aggraver.

### Menace potentielle de domination par des groupes privilégiés

1. Risque de pouvoir des groupes dominants : Des groupes puissants peuvent exploiter leur influence pour dominer les autres.

2. Création de nouvelles formes de hiérarchie : Même sans gouvernement officiel, de nouvelles structures de pouvoir peuvent se former.

3. Exploitation des ressources : Des groupes peuvent monopoliser les ressources disponibles, créant de nouvelles formes d'inégalité.

### Défis environnementaux

1. Insuffisance dans la gestion des ressources natureles : L'absence d'une autorité centrale peut conduire à une surexploitation des ressources naturelles.

2. Difficultés dans la protection de l'environnement : Le manque de contrôle centralisé rend difficile la mise en place et le maintien de politiques environnementales.

3. Risque accru de catastrophes écologiques : Sans planification collective, les risques environnementaux peuvent être sous-estimés ou mal gérés.

### Défis sociaux

1. Difficultés dans la gestion des migrations : L'absence d'un gouvernement centralisé rend plus complexe la gestion des flux migratoires.

2. Problèmes de cohésion sociale : Les conflits entre groupes autonomes peuvent créer des tensions sociales importantes.

3. Difficultés dans la formation des citoyens : L'éducation civique et la formation aux responsabilités deviennent plus complexes sans structure gouvernementale.

En conclusion, bien que certains anarchistes argumentent que ces dangers sont surmontables par la solidarité et la coopération volontaire, l'expérience historique montre que la plupart des sociétés humaines ont besoin d'une forme de gouvernement pour fonctionner efficacement et assurer la sécurité, la stabilité et le bien-être de tous ses membres.
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Message par Monsieur Trololo Mer 16 Oct 2024 - 22:37

Le Doudou en est réduit à invoquer une IA pour répondre, c'est pathétique ...

Ne t'inquiètes pas mon Doudou je te prépare une séléction de textes d'auteurs anarchistes pour répondre à ton IA.
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Message par Edouard de Montmonrency Mer 16 Oct 2024 - 22:47

... C'est pour t'éduquer de façon bien plus objective.

Plutôt que ton dogmatisme Libertaire verdoyant NoBorders avec un zeste anarchique, dans lequel même la notion fondamentale de peuple souverain n'existe plus.
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Message par Monsieur Trololo Mer 16 Oct 2024 - 22:51

Commence déjà par lire les textes que j'ai mis plus haut, et essaie d'y répondre sans l'aide de l'IA si tu y parviens mon Doudou.
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Message par Edouard de Montmonrency Mer 16 Oct 2024 - 22:52

... Le plus haut, se sont des foutaises à coté de la plaque ... des rêves de bisounours libertariens de gauche.

Le dogmatique c'est bien, le pragmatique c'est mieux.
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Message par Monsieur Trololo Mer 16 Oct 2024 - 23:03

Argumente mon Doudou sinon ça ne vaut rien !
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Message par Edouard de Montmonrency Mer 16 Oct 2024 - 23:38

L'anarchie, c'est la loi de la jungle ... ou au mieux, le mode Tribal. (le "à ma guise de chaque tribu)
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