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19 août 1944, Paris se soulève

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19 août 1944, Paris se soulève  Empty 19 août 1944, Paris se soulève

Message par Vladimir de Volog Sam 21 Aoû - 0:50

Il y a 77 ans, le colonel communiste Henri Rol Tanguy, chef des Forces françaises intérieures (FFI) d'Ile-de-France, lançait l’appel à l'insurrection.

A lire dans l'Humanité ce mardi 19 août 2014 : Le colonel Rol-Tanguy, commandant des Forces françaises de l’intérieur d’Île-de-France, vient d’appeler à l’insurrection et à la mobilisation du plus grand nombre.

Le soulèvement populaire va être décisif pour l’avenir de la France.

Il y a encore aujourd’hui un Paris de la Libération.

On peut le lire parfois dans les traces des balles ou des éclats d’obus demeurés sur quelques édifices publics.
Plus sûrement sur les plaques, çà et là, fleuries une fois par an au mois d’août.
Discrètes le plus souvent, mais qui surprennent le regard du promeneur ou du touriste et qui, comme à son insu, l’embarquent un instant pour un voyage dans le temps.

Au coin du boulevard Saint-Germain et de la rue de Buci, tout près d’une de ces boutiques de fringues qui ont changé le quartier, celle-ci : « Ici a été tué Fred Palacio, Corps franc Victoire, pour la libération de Paris le 19 août 1944 à l’âge 21 ans. »
Si l’on se dirige vers la Seine et le Pont-Neuf par la rue Dauphine, c’est René Revel, gardien de la paix du 15e arrondissement, qui est tombé « Tué par les Allemands », est-il écrit…

Il y a ainsi des dizaines de noms dans Paris. On oserait dire des noms d’anonymes.
Qui étaient-ils, ces libérateurs et ces libératrices de Paris que l’on voit sur les photos de ces journées, avec l’élégance populaire de ces hommes en chemise aux manches retroussées, de ces jeunes femmes en robe légère ou en short, comme celle-là, coiffée d’un calot des FF1, mitraillette en main…

Il fait chaud en août et les combats ont devancé la mode féminine de soixante-dix ans.
Ce sont elles et eux qui construisent les 600 barricades qui vont s’édifier dès le 22 août dans la capitale et les photos là encore en témoignent qui montrent des dizaines d’hommes et de femmes à l’œuvre.

C’est bien, une fois l’insurrection lancée, le Paris populaire qui se soulève et qui va l’emporter au lourd prix de 1 500 morts,
● avec les Francs-tireurs et partisans (FTP), émanation du Front national créé par les communistes,
● avec tous ces résistants, gaullistes ou non, qui vont devenir les FFI, les Forces françaises de l’intérieur que l’action de Jean Moulin, trahi, torturé et assassiné à Lyon par Klaus Barbie en 1943, aura réussi à unir, surmontant les divergences, voire les oppositions d’idéologie, de tactique, au sein du Conseil national de la Résistance (CNR).

Son programme donnera lieu aux grandes conquêtes politiques et sociales de l’après-guerre, du vote des femmes aux nationalisations en passant par la Sécurité sociale. Est-ce hors du temps de rappeler que c’est ce même programme que nombre des politiques qui vont ces jours-ci célébrer « Paris libéré » ont choisi d’oublier ou de dénaturer ?
Le Paris ouvrier, immigré, résistant...

Paris s’est soulevé.
C’est encore, comme le soulignait en 2004 André Carrel, membre du Comité parisien de libération et par la suite rédacteur en chef de l’Humanité ­Dimanche, « une ville très ­populaire.
Des centaines de milliers d’ouvriers et d’employés y travaillaient, les ateliers et usines y étaient nombreux (…), l’influence des communistes y était considérable comme le rôle des syndicats clandestins et des milices patriotiques qu’ils développèrent dans les entreprises ».

C’est dans ce Paris qu’avant même les journées d’août, la peur, comme le dira Maurice Kriegel-Valrimont, l’un des dirigeants du Comité d’action ­militaire du CNR, a commencé à changer de camp.
Le 14 juillet, aussi étonnant que cela puisse paraître et sans doute parce que l’on en parle peu, une foule évaluée à 20 000 personnes manifeste à Belleville, protégée au grand jour par les FTP. Les ­Allemands n’interviennent pas.

Le rapport des forces n’est pas en leur faveur mais ils n’ont en rien désarmé, au contraire. Un mois plus tard, dans la nuit du 16 au 17 août, à la cascade du bois de Boulogne, 35 jeunes résistants tombés dans un ignoble guet-apens sont fusillés.
Belleville, l’Est parisien, c’est précisément le Paris ouvrier, le Paris immigré aussi, celui de ces jeunes Français résistants de la première heure, de ces réfugiés de ­l’Espagne républicaine vaincue par le fascisme, de ces jeunes juifs émigrés de l’Est qui ont mesuré très tôt l’enjeu d’une lutte sans merci contre la barbarie, ceux que l’on retrouvera sur l’Affiche rouge « hirsutes, menaçants »…

Au fond, la libération de Paris a commencé bien avant les journées d’août. Peut-être trois ans avant, presque jour pour jour, quand Pierre Georges, qui deviendra le Colonel Fabien, qui a combattu dès seize ans dans les brigades internationales en Espagne et que l’on va retrouver quelques jours avant l’insurrection dans l’attaque du dépôt SNCF de Montrouge par une centaine de FTP, tire au métro Barbès-Rochechouart sur un officier de la Kriegsmarine.

Deux jours avant, deux jeunes militants communistes ont été fusillés par les nazis.
Le coup de feu de Fabien est prémédité, délibéré, politique.
Les communistes, dans le même temps qu’ils créent les FTP, veulent ouvrir le passage à la lutte armée, sur le sol national même.
Les embryons d’autres mouvements de résistance ne les suivront pas d’emblée, mais c’est pourtant ce choix qui va s’imposer comme une nécessité et à terme comme un atout majeur pour la souveraineté de la France.

Les années qui suivent seront celles de la clandestinité, des coups de main audacieux et des échecs terribles, celles des arrestations, de la torture, des fusillés du mont Valérien, le temps des caves hideuses de la Gestapo et de la milice, de ce long cortège « d’ombres défigurées » dont parlera André Malraux dans son sidérant discours prononcé lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon.
Avec la première ­défaite allemande, à Stalingrad, au début de 1943, l’espoir commence à renaître.

La répression redouble, mais la résistance s’affermit.
Le débarquement du 6 juin, l’avancée des troupes alliées en Normandie nourrissent la perspective de la victoire.
Elle semble désormais certaine quand bien même on ignore ce qu’elle va encore coûter en vies humaines, civiles et militaires, en découvertes allant au-delà de ce que l’on sait déjà confusément, mais dont on ne peut imaginer l’ampleur et l’horreur ­banalisée, avec les camps de la mort.

Pourtant, malgré la bataille de Normandie pratiquement gagnée et le recul des troupes allemandes, Paris ne fait pas partie des objectifs prioritaires des Alliés, sous le commandement suprême du général ­Eisenhower.
« Aux yeux des responsables basés à Londres, expliquait en 2004 Maurice Kriegel-Valrimont, qui reçut avec Henri Rol-Tanguy et le général Leclerc la reddition du commandant allemand de la place de Paris, la résistance intérieure ne peut-être qu’un appui aux Alliés et leur être subordonnée.

Nous débattons alors pour décider s’il faut attendre le jour J ou s’il faut engager une action immédiate.
La résistance intérieure fait le choix des actions immédiates pour se préparer aux affrontements décisifs et pour que la France soit présente le jour de la victoire.

Le CNR met sur pied en mai 1944 le Comité d’action militaire, le Comac. Il est chargé du commandement militaire de toutes les forces de la résistance. »
Et de préciser : « Je me suis attelé à une lecture approfondie de tout Clauzewitz, le théoricien allemand de la lutte en territoire occupé par une armée étrangère.

Je connaissais assez bien l’histoire des soulèvements populaires dans Paris, la pratique des barricades… »
Deux jours après le débarquement, le comité parisien de la Libération présidé par le dirigeant de la CGT clandestine André Tollet lance cet appel :
« Paris, capitale de tous les combats et de toutes les insurrections, Paris, capitale de la liberté, doit procéder à la mobilisation générale de toute sa population… En avant vers l’insurrection nationale, inséparable de la Libération ! En avant Paris ! Mort aux Allemands ! Vivent les Alliés, Vive la France ! »

Début août la situation devient de plus en plus tendue dans la capitale et dans sa banlieue et d’abord en raison des difficultés d’approvisionnement, liées largement à la situation de guerre, en vivres, en électricité. Des grèves éclatent, revendicatives, mais devenant pré-insurrectionnelles.
Les ­cheminots cessent le travail le 10, mais les arrêts de travail se multiplient dans nombre de secteurs, dans la métallurgie on se met à fabriquer des crève-pneus, des grenades, des drapeaux tricolores apparaissent aux fenêtres en banlieue, comme à Montrouge où est installé le poste de commandement d’Henri Rol-Tanguy.

C’est lui qui a été nommé à la tête des FFI d’Île-de-France par le Comac.
Il a combattu en Espagne, c’est un résistant de la première heure, communiste, qui a su lui aussi se former à la chose militaire, respecté par tous ceux qui l’entourent, dont les militaires de carrière qui ont rejoint les FFI et son état-major. Les événements se précipitent.

Le 13, les Allemands décident de désarmer la police parisienne.
Ils ont perdu confiance.
En retour, deux jours après, la police se met en grève, retrouvant l’honneur perdu dans les heures sombres avec la rafle du Vél’d’Hiv.
Le 17 août, cinq cents détenus, pour la plupart communistes, parviennent à s’évader de la Santé.
🟥 Au sein de l’état-major de la Résistance, CPL, CNR et Comac, les gaullistes Alexandre Parodi, qui représente le gouvernement provisoire, et Jacques Chaban-Delmas sont d’abord opposés à l’insurrection.

Mais Chaban, qui a fait un voyage éclair à Londres, trouve un tel climat à Paris quand il y revient, le 16, qu’il envoie ce message au commandant en chef de tous les FFI, le général Koenig : « Toutes les conditions préparatoires à insurrection sont réalisées… En conséquence, si la situation militaire permet nécessaire, vous interveniez auprès des Alliés pour demander occupation rapide Paris. » Alexandre Parodi s’est lui aussi rallié à l’insurrection qui lui paraît désormais inéluctable.

Les nazis veulent « combattre sans pitié toute résistance armée »
Mais, malgré cette fièvre, Paris ne va pas tomber comme un fruit mûr.
Les nazis ont montré partout de quoi ils étaient capables.
En France, à Oradour, à Tulle, en Russie, en Pologne. Hitler a donné à von Choltitz, qui a déjà détruit la ville de Sébastopol après l’avoir assiégée, de transformer Paris en « un tas de décombres », de se battre jusqu’au dernier homme « et s’il est besoin de se faire ensevelir dessous ».

Ce dernier ordonne à son tour à ses troupes de « combattre sans pitié toute résistance armée ».
La disproportion des forces en présence est énorme. Von Choltitz dispose de 20 000 hommes, 80 chars, 60 canons. Face à cela, on estime généralement que les FFI, s’ils sont alors peut-être 30 000 au début du soulèvement, ne pouvaient opposer à ces troupes que 29 mines, 4 mitrailleuses, 562 fusils, 825 revolvers ou pistolets, 192 grenades.

Leurs appels à des parachutages n’ont pas été entendus.
La récupération des armes sur l’ennemi lui-même va être un des enjeux de la bataille, comme va l’être la fabrication d’explosifs, de cocktails Molotov jusque dans les laboratoires du Collège de France autour de Frédéric Joliot-Curie.
On mesure à quel point le soulèvement populaire va alors être déterminant.
Déjà une partie de la banlieue est insurgée.

À Vitry, les premières barricades apparaissent le 18 août.
Les Allemands quittent la ville et, dès le matin du 19, les FTP prennent la mairie… Ils ont déjà pris Montreuil la veille.
Pour Paris la bataille décisive va commencer. Elle va aussi décider de la victoire et de l’avenir de la France.
Dans l’après-midi du 18, les appels à la mobilisation du peuple de Paris lancés par Rol-Tanguy sont placardés sur les murs. « Le succès, dit-il, est fonction du nombre.

Un recrutement massif doit être entrepris immédiatement. »
💪 Une nouvelle fois, le peuple de Paris va entrer dans l’histoire.

(70e anniversaire de la Libération de Paris
Maurice Ulrich - Mardi 19 août 2014 - l'Humanité)
(Henri Rol-Tanguy, Militant communiste, il devient, en octobre 1936, secrétaire du Syndicat des Travailleurs de la Métallurgie CGT de la région parisienne.)
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Message par Plaristes Evariste Sam 21 Aoû - 18:23

Il y avait un général communiste ! Quel était son nom?
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https://www.charles-de-gaulle.org/lhomme/biographies/henri-rol-tanguy/
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