L’internationale des « managers »
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L’internationale des « managers »
Si le cosmopolitisme des hautes classes a une histoire ancienne, l’internationalisation des dirigeants économiques prend des formes nouvelles. Les relations économiques internationales ne peuvent plus s’analyser uniquement en terme de réseaux familiaux et interpersonnels. Ils s’opèrent majoritairement au sein de vastes organisations relativement bureaucratisées. La concentration des entreprises, le développement des grandes organisations ont transformé les conditions d’accès à la scène internationale, faisant émerger de nouveaux acteurs. On assiste ainsi au développement d’une population de managers et de dirigeants internationaux, occupant des positions stratégiques dans les entreprises ou les organisations multinationales, dans les groupes financiers, les cabinets de conseils et les industries juridiques travaillant à l’échelle mondiale. Ces dirigeants se définissent par leurs « compétences » internationales. La connaissance des langues et des pays étrangers, l’insertion dans des réseaux de relations à l’échelle de plusieurs pays, la forte mobilité géographique et la possibilité de gérer sa carrière à l’échelle internationale sont des attributs systématiquement cultivés et entretenus au sein d’un groupe brassant les nationalités les plus diverses (des pays industrialisés) .
Ce groupe repose sur un travail préalable d’homogénéisation des systèmes de valeurs et des pratiques professionnelles, mené d’abord au sein de grandes multinationales surtout américaines, puis relayé par l’internationalisation de l’industrie du management. Dans ce travail d’homogénéisation, les MBA (Masters of business administration) qui se développent en Europe depuis les années soixante ont valeur d’exemplarité. Ces formations de luxe, souvent très onéreuses et réservées à un public trié sur le volet, contribuent à la définition du « manager international » érigé en modèle d’excellence. L’international a d’abord pour sens la référence au modèle américain. Les cours sont souvent donnés en anglais ; les méthodes pédagogiques, les pratiques d’écoles sont empruntées aux Business Schools américaines, et en particulier à la Harvard business school. L’INSEAD (Institut européen des Affaires), situé à Fontainebleau, revendique un recrutement international (les Français constituent moins du cinquième des participants). Le dynamisme des associations d’anciens élèves, implantées dans les différents pays, contribue de fait fortement à la valeur des formations : la dimension internationale du capital de relations sociales est un élément central des « compétences » produites par le passage par ces institutions.
Les références internationales sont donc d’abord professionnelles, mais le groupe repose sur des interrelations qui débordent le plus souvent la sphère du travail : la fréquence des mariages mixtes, le cosmopolitisme des amitiés tissées au fur et à mesure des expatriations et des déplacements définissent les traits d’un style de vie véritablement international. Au-delà des différences de nationalités, les familles ont les mêmes sources d’information (la presse économique anglo-saxonne), les mêmes loisirs (le tennis, le golf, le bridge) ou encore la même conception traditionnelle de la division des rôles sexuels : les managers internationaux sont des hommes, leurs épouses les suivent et renoncent le plus souvent à toute activité professionnelle.
Cette culture internationale fonctionne indéniablement comme une forme de capital culturel et social, dont la transmission occupe une place centrale dans les stratégies éducatives. Des systèmes d’enseignement spécifiquement destinés aux enfants « internationaux », comme le Baccalauréat international de Genève, valorisent la connaissance des langues et des cultures étrangères, non seulement sous leur forme académique, mais sous la forme d’« expériences sociales », ce qui contribue à les réserver à un petit nombre de privilégiés qui peuvent bénéficier de cette immersion. Les enfants internationaux acquièrent ainsi une aisance avec les voyages, une habitude des relations avec d’autres nationalités, qui ne peuvent que favoriser la reproduction des positions internationales.
Ces institutions, destinées originellement à un petit groupe limitatif, ont incontestablement force de modèle en France, comme l’atteste la place croissante des formations internationales dans les écoles destinées à la reproduction des classes dominantes
Ce groupe de managers internationaux joue un rôle important dans la diffusion de principes d’excellence célébrant l’ouverture des frontières et le marché et dévalorisant corrélativement l’archaïsme des protections nationales. Celui qui a voyagé, qui connaît les pays et les systèmes étrangers est crédité d’une supériorité de vue par rapport à celui qui est cantonné à ses frontières. L’internationalisation de la formation des élites, et cette force symbolique propre de la référence à l’étranger, produit des effets importants dans la diffusion de modèles dominants, dans des domaines très divers allant de la conception de l’économie.
Ce groupe repose sur un travail préalable d’homogénéisation des systèmes de valeurs et des pratiques professionnelles, mené d’abord au sein de grandes multinationales surtout américaines, puis relayé par l’internationalisation de l’industrie du management. Dans ce travail d’homogénéisation, les MBA (Masters of business administration) qui se développent en Europe depuis les années soixante ont valeur d’exemplarité. Ces formations de luxe, souvent très onéreuses et réservées à un public trié sur le volet, contribuent à la définition du « manager international » érigé en modèle d’excellence. L’international a d’abord pour sens la référence au modèle américain. Les cours sont souvent donnés en anglais ; les méthodes pédagogiques, les pratiques d’écoles sont empruntées aux Business Schools américaines, et en particulier à la Harvard business school. L’INSEAD (Institut européen des Affaires), situé à Fontainebleau, revendique un recrutement international (les Français constituent moins du cinquième des participants). Le dynamisme des associations d’anciens élèves, implantées dans les différents pays, contribue de fait fortement à la valeur des formations : la dimension internationale du capital de relations sociales est un élément central des « compétences » produites par le passage par ces institutions.
Les références internationales sont donc d’abord professionnelles, mais le groupe repose sur des interrelations qui débordent le plus souvent la sphère du travail : la fréquence des mariages mixtes, le cosmopolitisme des amitiés tissées au fur et à mesure des expatriations et des déplacements définissent les traits d’un style de vie véritablement international. Au-delà des différences de nationalités, les familles ont les mêmes sources d’information (la presse économique anglo-saxonne), les mêmes loisirs (le tennis, le golf, le bridge) ou encore la même conception traditionnelle de la division des rôles sexuels : les managers internationaux sont des hommes, leurs épouses les suivent et renoncent le plus souvent à toute activité professionnelle.
Cette culture internationale fonctionne indéniablement comme une forme de capital culturel et social, dont la transmission occupe une place centrale dans les stratégies éducatives. Des systèmes d’enseignement spécifiquement destinés aux enfants « internationaux », comme le Baccalauréat international de Genève, valorisent la connaissance des langues et des cultures étrangères, non seulement sous leur forme académique, mais sous la forme d’« expériences sociales », ce qui contribue à les réserver à un petit nombre de privilégiés qui peuvent bénéficier de cette immersion. Les enfants internationaux acquièrent ainsi une aisance avec les voyages, une habitude des relations avec d’autres nationalités, qui ne peuvent que favoriser la reproduction des positions internationales.
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Vladimir de Volog- Vénérable
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Date d'inscription : 22/01/2018
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