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Lénine ou pourquoi l'attitude sectaire et lâche de Volog et Stun nuit au mouvement d'émencipation du prolétariat

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Lénine ou pourquoi l'attitude sectaire et lâche de Volog et Stun nuit au mouvement d'émencipation du prolétariat Empty Lénine ou pourquoi l'attitude sectaire et lâche de Volog et Stun nuit au mouvement d'émencipation du prolétariat

Message par Plaristes Evariste Ven 26 Nov - 2:01

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1920/04/g6.htm


La maladie infantile du communisme
(le "gauchisme")
V. I. LENINE




6. Les révolutionnaires doivent-ils militer dans les syndicats réactionnaires ?







Les "gauches" allemands croient pouvoir répondre sans hésiter à cette question par la négative. Selon eux, les déclamations et les apostrophes courroucées à l'adresse des syndicats "réactionnaires" et "contre-révolutionnaires ", suffisent (K. Horner l'affirme avec une "gravité" très part et très sotte) à "démontrer" l'inutilité et même l'inadmissibilité pour les révolutionnaires, les communistes, de militer dans les syndicats jaunes, contre-révolutionnaires, les syndicats des social-chauvins, des conciliateurs, des Legiens.
Mais, si convaincus que soient les "gauches" allemands du caractère révolutionnaire de cette tactique, elle réalité foncièrement erronée et ne renferme rien d'au des phrases creuses.
Pour bien le montrer, je partirai de notre expérience conformément au plan général du présent article qui a pour but d'appliquer à l'Europe occidentale ce qu'il y a de généralement applicable, de généralement significatif, de généralement obligatoire dans l'histoire et dans la tactique actuelle du bolchevisme.
Le rapport entre les chefs, le parti, la classe, les masses et, d'autre part, l'attitude de la dictature du prolétariat et de son parti envers les syndicats, se présentent aujourd'hui chez nous, concrètement, de la manière suivante. La dictature est exercée par le prolétariat organisé dans les soviets et dirigé par le Parti communiste bolchevik qui, selon les données de son dernier congrès (avril 1920), groupe 611000 membres. Ses effectifs ont subi de sensibles variation avant et après la Révolution d'Octobre; ils étaient beaucoup moins importants autrefois, même en 1918 et en 1919 [1]. Nous craignons une extension démesurée du parti, car les arrivistes et les gredins - qui ne méritent que le poteau d'exécution cherchent forcément à se glisser dans les rangs du parti gouvernemental. La dernière fois que nous ouvrîmes grandes les portes du parti - rien qu'aux ouvriers et aux paysans - c'était aux jours (hiver 1919) où Ioudénitch se trouvait à quelques verstes de Pétrograd et Dénikine à Orel (350 kilomètres environ de Moscou); c'est-à-dire dans un moment où un danger terrible, un danger de mort menaçait la République des Soviets, et où les aventuriers, les arrivistes, les gredins et, d'une façon générale, les éléments instables ne pouvaient pas le moins du monde compter sur une carrière avantageuse (mais plutôt s'attendre à la potence et aux tortures) en se joignant aux communistes. Un Comité central de 19 membres, élu au congrès, dirige le parti qui réunit des congrès annuels (au dernier congrès, la représentation était de 1 délégué par 1 000 membres); le travail courant est confié, à Moscou, à des collèges encore plus restreints appelés "Orgbureau" (Bureau d'organisation) et "Politbureau" (Bureau politique), qui sont élus en assemblée plénière du Comité central, à raison de 5 membres pris dans son sein pour chaque bureau. Il en résulte donc la plus authentique "oligarchie". Et dans notre République il n'est pas une question politique ou d'organisation de quelque importance qui soit tranchée par une institution de l'Etat sans que le Comité central du Parti ait donné ses directives.
Dans son travail, le parti s'appuie directement sur les syndicats qui comptent aujourd'hui, d'après les données du dernier congrès (avril 1920), plus de quatre millions de membres et, formellement, sont sans-parti. En fait, toutes les institutions dirigeantes de l'immense majorité des syndicats et, au premier chef, naturellement, le Centre ou le Bureau des syndicats de Russie (Conseil central des syndicats de Russie) sont composés de communistes et appliquent toutes les directives du parti. On obtient en somme un appareil prolétarien qui, formellement, n'est pas communiste, qui est souple et relativement vaste, très puissant, un appareil au moyen duquel le parti est étroitement lié à la classe et à la masse, et au moyen duquel la dictature de la classe se réalise sous la direction du parti. Sans la plus étroite liaison avec les syndicats, sans leur appui énergique, sans leur travail tout d'abnégation non seulement dans la construction économique, mais aussi dans l'organisation militaire, il est évident que nous n'aurions pas pu gouverner le pays et réaliser la dictature, je ne dis pas pendant deux ans et demi, mais même pendant deux mois et demi. On conçoit que, pratiquement, cette liaison très étroite implique un travail de propagande et d'agitation très complexe et très varié, d'opportunes et fréquentes conférences non seulement avec les dirigeants, mais, d'une façon générale, avec les militants influents des syndicats; une lutte résolue contre les mencheviks qui, jusqu'à ce jour, comptent un certain nombre - bien petit, il est vrai - de partisans qu'ils initient à toutes les roueries de la contre-révolution, depuis la défense idéologique de la démocratie (bourgeoise), depuis le prône de " l'indépendance" des syndicats (indépendance vis-à-vis du pouvoir d'Etat prolétarien!) jusqu'au sabotage de la discipline prolétarienne, etc., etc.
Nous reconnaissons que la liaison avec les "masses" par les syndicats, est insuffisante. La pratique a créé chez nous, au cours de la révolution, une institution que nous nous efforçons par tous les moyens de maintenir, de développer, d'élargir: ce sont les conférences d'ouvriers et de paysans sans-parti, qui nous permettent d'observer l'état d'esprit des masses, de nous rapprocher d'elles, de pourvoir à leurs besoins, d'appeler les meilleurs de leurs éléments aux postes d'Etat, etc. Un récent décret sur la réorganisation du Commissariat du peuple pour le contrôle d'Etat en "Inspection ouvrière et. paysanne", donne à ces conférences de sans-parti le droit d'élire des membres des services du contrôle d'Etat, qui procéderont à diverses révisions, etc.
Ensuite, il va de soi que tout le travail du parti se fait par les Soviets qui groupent les masses laborieuses sans distinction de profession. Les congrès des Soviets de district représentent une institution démocratique comme n'en ont encore jamais vu les meilleures parmi les républiques démocratiques du monde bourgeois; c'est par l'intermédiaire de ces congrès (dont le parti s'efforce de suivre les travaux avec une attention soutenue), de même qu'en déléguant constamment des ouvriers conscients à la campagne, aux fonctions les plus diverses, - que le prolétariat remplit son rôle dirigeant à l'égard de la paysannerie; que se réalise la dictature du prolétariat des villes, la lutte systématique contre les paysans riches, bourgeois, exploiteurs, spéculateurs, etc.
Tel est le mécanisme général du pouvoir d'Etat prolétarien considéré "d'en haut", du point de vue de l'application pratique de la dictature. Le lecteur comprendra, on peut l'espérer, pourquoi au bolchevik russe qui connaît ce mécanisme, qui l'a vu naître des petits cercles illégaux, clandestins, et se développer pendant vingt-cinq ans, toutes ces discussions sur la dictature "d'en haut" ou " d'en bas", des chefs ou de la masse, etc, ne peuvent manquer de paraître enfantines et ridicules, comme le serait une discussion sur la question de savoir ce qui est le plus utile à l'homme, sa jambe gauche ou son bras droit.
Non moins enfantines et ridicules doivent nous paraître les graves dissertations tout à fait savantes et terriblement révolutionnaires des "gauches" allemands qui prétendent que les communistes ne peuvent ni ne doivent militer dans les syndicats réactionnaires, qu'il est permis de refuser ce travail, qu'il faut sortir des syndicats et organiser, sans faute, une "union ouvrière" toute neuve, toute proprette, inventée par des communistes bien gentils (et, pour la plupart, sans doute, bien jeunes), etc., etc.
Le capitalisme laisse nécessairement en héritage au socialisme, d'une part, les vieilles distinctions professionnelles et corporatives, qui se sont établies durant des siècles entre les ouvriers, et, d'autre part, des syndicats qui ne peuvent se développer et ne se développeront que très lentement, pendant des années et des années, en des syndicats d'industrie plus larges, moins corporatifs (s'étendant à des industries entières, et non pas simplement à des corporations, des corps de métiers et des professions). Par l'intermédiaire de ces syndicats d'industrie, on supprimera plus tard la division du travail entre les hommes; on passera à l'éducation, à l'instruction et à la formation d'hommes universellement développés, universellement préparés, et sachant tout faire. C'est là que va, doit aller et arrivera le communisme, mais seulement au bout de longues années. Tenter aujourd'hui d'anticiper pratiquement sur ce résultat futur du communisme pleinement développé, solidement constitué, à l'apogée de sa maturité, c'est vouloir enseigner les hautes mathématiques à un enfant de quatre ans.
Nous pouvons (et devons) commencer à construire le socialisme, non pas avec du matériel humain imaginaire ou que nous aurions spécialement formé à cet effet, mais avec ce que nous a légué le capitalisme. Cela est très "difficile", certes, mais toute autre façon d'aborder le problème est si peu sérieuse qu'elle ne vaut même pas qu'on en parle.
Les syndicats ont marqué un progrès gigantesque de la classe ouvrière au début du développement du capitalisme; ils ont marqué le passage de l'état de dispersion et d'impuissance où se trouvaient les ouvriers, aux premières ébauches du groupement de classe. Lorsque commença à se développer la forme suprême de l'union de classe des prolétaires, le parti révolutionnaire du prolétariat (qui ne méritera pas ce nom aussi longtemps qu'il ne saura pas lier les chefs, la classe et les masses en un tout homogène, indissoluble), les syndicats révélèrent inévitablement certains traits réactionnaires, une certaine étroitesse corporative, une certaine tendance à l'apolitisme, un certain esprit de routine, etc. Mais nulle part au monde le développement du prolétariat ne s'est fait et ne pouvait se faire autrement que par les syndicats, par l'action réciproque des syndicats et du parti de la classe ouvrière. La conquête du pouvoir politique par le prolétariat est, pour le prolétariat considéré comme classe, un immense pas en avant. Aussi le parti doit-il, plus encore que dans le passé, à la manière nouvelle et pas seulement à l'ancienne, éduquer les syndicats, les diriger, sans oublier toutefois qu'ils restent et resteront longtemps l'indispensable "école du communisme" et l'école préparatoire des prolétaires pour l'application de leur dictature, le groupement nécessaire des ouvriers afin que la gestion de toute l'économie du pays passe graduellement d'abord aux mains de la classe ouvrière (et non à telles ou telles professions), et puis à l'ensemble des travailleurs.
Un certain "esprit réactionnaire" des syndicats, en ce sens, est inévitable sous la dictature du prolétariat. Ne pas le comprendre, c'est faire preuve d'une totale incompréhension des conditions essentielles de la transition du capitalisme au socialisme. Redouter cet "esprit réactionnaire", essayer de l'éluder, de passer outre, c'est commettre une grave erreur, car c'est craindre d'assumer ce rôle de l'avant-garde du prolétariat qui consiste à instruire, éclairer, éduquer, appeler à une vie nouvelle les couches et les masses les plus retardataires de la classe ouvrière et de la paysannerie. D'autre part, remettre la mise en œuvre de la dictature du prolétariat jusqu'au moment ou il ne resterait plus un seul ouvrier atteint d'étroitesse professionnelle, plus un ouvrier imbu des préjugés corporatifs et trade-unionistes, serait une erreur encore plus grave. L'art du politique (et la juste compréhension de ses devoirs par un communiste) est d'apprécier correctement les conditions et le moment où l'avant-garde du prolétariat sera à même de s'emparer du pouvoir; de bénéficier, pendant et après, d'un appui suffisant de couches suffisamment larges de la classe ouvrière et des masses laborieuses non prolétariennes; où elle saura dès lors soutenir, renforcer, élargir sa domination, en éduquant, en instruisant, en attirant à elle des masses toujours plus grandes de travailleurs.
Poursuivons. Dans les pays plus avancés que la Russie, un certain esprit réactionnaire des syndicats s'est manifesté et devait se manifester incontestablement, avec beaucoup plus de force que chez nous. En Russie les mencheviks avaient (et ont encore en partie, dans un très petit nombre de syndicats) un appui dans les syndicats, précisément grâce à cette étroitesse corporative, à cet égoïsme professionnel et à l'opportunisme. Les mencheviks d'Occident se sont bien plus solidement "incrustés" dans les syndicats, et une "aristocratie ouvrière " corporative, étroite, égoïste, sans entrailles, cupide, philistine, d'esprit impérialiste, soudoyée et corrompue par l'impérialisme, y est apparue bien plus puissante que chez nous. Cela est indiscutable. La lutte contre les Gompers, contre MM. Jouhaux, Henderson, Merrheim, Legien et Cie en Europe occidentale, est beaucoup plus difficile que la lutte contre nos mencheviks qui représentent un type politique et social parfaitement analogue. Cette lutte doit être impitoyable et il faut absolument la pousser, comme nous l'avons fait, jusqu'à déshonorer complètement et faire chasser des syndicats tous les incorrigibles leaders de l'opportunisme et du social-chauvinisme. Il est impossible de conquérir le pouvoir politique (et il ne faut pas essayer de prendre le pouvoir) aussi longtemps que cette lutte n'a pas été poussée jusqu'à un certain degré; dans les différents pays et dans des conditions diverses, ce "certain degré" n'est pas le même, et seuls des dirigeants politiques du prolétariat, réfléchis, expérimentés et compétents, peuvent le déterminer exactement dans chaque pays. (En Russie, la mesure du succès dans cette lutte nous fut donnée notamment par les élections à l'Assemblée constituante, en novembre 1917, quelques jours après la révolution prolétarienne du 25 octobre 1917. Lors de ces élections, les mencheviks furent battus à plate couture, n'ayant recueilli que 700 000 suffrages -1 400 000 voix en ajoutant celles de la Transcaucasie - contre 9 000 000 de voix aux bolcheviks. Voir à ce sujet mon article "Les élections à l'Assemblée constituante et la dictature du prolétariat" dans le n° 7-8 de l'Internationale Communiste.)
Mais nous luttons contre "l'aristocratie ouvrière" au nom de la masse ouvrière et pour la gagner à nous; nous combattons les leaders opportunistes et social-chauvins pour gagner à nous la classe ouvrière. Il serait absurde de méconnaître cette vérité élémentaire et évidente entre toutes. Or, c'est précisément la faute que commettent les communistes allemands "de gauche" qui, de l'esprit réactionnaire et contre-révolutionnaire des milieux dirigeants syndicaux, concluent à . . . la sortie des communistes des syndicats ! Au refus d'y travailler! et voudraient créer de nouvelles formes d'organisation ouvrière qu'ils inventent ! Bêtise impardonnable qui équivaut à un immense service rendu par les communistes à la bourgeoisie. Car nos mencheviks, de même que tous les leaders opportunistes, social-chauvins et kautskistes des syndicats, ne sont pas autre chose que des "agents de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier" (ce que nous avons toujours dit des mencheviks) ou "les commis ouvriers de la classe capitaliste" (labour lieutenants of the capitalist class), selon la belle expression, profondément juste, des disciples américains de Daniel De Leon. Ne pas travailler dans les syndicats réactionnaires, c'est abandonner les masses ouvrières insuffisamment développées ou arriérées à l'influence des leaders réactionnaires, des agents de la bourgeoisie, des aristocrates ouvriers ou des "ouvriers embourgeoisés" (cf. à ce sujet la lettre d'Engels à Marx sur les ouvriers anglais, 1858).

La "théorie" saugrenue de la non-participation des communistes dans les syndicats réactionnaires montre, de toute évidence, avec quelle légèreté ces communistes "de gauche" envisagent la question de l'influence sur les "masses", et quel abus ils font dans leurs clameurs du mot "masse". Pour savoir aider la "masse" et gagner sa sympathie, son adhésion et son appui, il ne faut pas craindre les difficultés, les chicanes, les pièges, les outrages, les persécutions de la part des "chefs" (qui, opportunistes et social-chauvins, sont dans la plupart des cas liés - directement ou indirectement - à la bourgeoisie et à la police) et travailler absolument là où est la masse. Il faut savoir consentir tous les sacrifices, surmonter les plus grands obstacles, afin de faire un travail de propagande et d'agitation méthodique, persévérant, opiniâtre et patient justement dans les institutions, sociétés, organisations - même tout ce qu'il y a de plus réactionnaires - partout où il y a des masses prolétariennes ou semi-prolétariennes. Or les syndicats et les coopératives ouvrières (celles-ci dans certains cas, tout au moins) sont justement des organisations où se trouve la masse. En Angleterre, d'après les informations d'un journal suédois, le Folkets Dagblad Politiken (du 10 mars 1920), les effectifs des trade-unions ont passé, de fin 1917 - fin 1918, de 5500 000 à 6 600 000 membres, accusant ainsi une augmentation de 29%. A la fin de 2929, on en comptait jusqu'à 7 500 000. Je n'ai pas sous la main les chiffres correspondants pour la France et l'Allemagne, mais il est des faits absolument indiscutables et connus de tous, qui attestent un accroissement sensible du nombre des syndiqués dans ces pays également.
Ces faits attestent de toute évidence ce que des milliers d'autres symptômes confirment: la conscience accrue et la tendance toujours plus grande à l'organisation qui se manifestent justement dans les masses prolétariennes, dans les "couches inférieures", retardataires. Des millions d'ouvriers en Angleterre, en France, en Allemagne passent pour la première fois de l'inorganisation totale à la forme d'organisation élémentaire, inférieure, la plus simple et la plus accessible (pour ceux qui sont encore profondément imbus des préjugés démocratiques bourgeois), à savoir: aux syndicats. Et les communistes de gauche, révolutionnaires, mais peu raisonnables, sont là à crier: "la masse", "la masse"! et refusent de militer au sein des syndicats !! en prétextant leur "esprit réactionnaire"! ! Et ils inventent une "Union ouvrière" toute neuve, proprette, innocente des préjugés démocratiques bourgeois, des péchés corporatifs et étroitement professionnels, - cette Union qui, à ce qu'ils prétendent, sera (qui sera!) large, et pour l'adhésion à laquelle il faut simplement (simplement!) "reconnaître le système des Soviets et la dictature" (voir plus haut la citation)!!
On ne saurait concevoir plus grande déraison, plus grand tort fait à la révolution par des révolutionnaires "de gauche"! Mais, si en Russie, après deux années et demie de victoires sans précédent sur la bourgeoisie de la Russie et de l'Entente, nous posions, aujourd'hui, comme condition d'admission aux syndicats, la "reconnaissance de la dictature", nous commettrions une sottise, nous porterions préjudice à notre influence sur les masses, nous ferions le jeu des mencheviks. Car toute la tâche des communistes est de savoir convaincre les retardataires, de savoir travailler parmi eux et non de se séparer d'eux par des mots d'ordre "de gauche" d'une puérile invention.
Il est hors de doute que MM. Gompers, Henderson, Jouhaux et Legien sont très reconnaissants à ces révolutionnaires "de gauche" qui, comme ceux de l'opposition "de principe" allemande (Dieu nous préserve de semblables "principes"!) ou comme certains révolutionnaires américains des "Ouvriers industriels du monde [2]" prêchent l'abandon des syndicats réactionnaires et se refusent à y travailler. N'en doutons pas, messieurs les "leaders" de l'opportunisme useront de toutes les roueries de la diplomatie bourgeoise, ils en appelleront au concours des gouvernements bourgeois, du clergé, de la police, des tribunaux pour fermer aux communistes l'entrée des syndicats, pour les en éliminer par tous les moyens, leur rendre le travail dans les syndicats désagréable au possible, pour les outrager, les traquer, les persécuter. Il faut savoir résister à tout cela, consentir tous les sacrifices, user même - en cas de nécessité - de tous les stratagèmes, de toutes les astuces, recourir aux expédients, taire, celer la vérité, à seule fin de pénétrer dans les syndicats, d'y rester et d'y mener coûte que coûte l'action communiste. Sous le tsarisme, jusqu'en 1905, nous n'eûmes aucune "possibilité légale"; mais quand le policier Zoubatov organisait ses réunions ultra-réactionnaires d'ouvriers et ses associations ouvrières pour repérer et combattre les révolutionnaires, nous envoyions à ces réunions et dans ces associations des membres de notre parti (dans leur nombre, je me souviens personnellement de l'ouvrier pétersbourgeois Babouchkine, militant remarquable, fusillé en 1906 par les généraux du tsar), qui établissaient la liaison avec la masse, s'ingéniaient à faire leur travail de propagande et arrachaient les ouvriers à l'influence des hommes de Zoubatov [3]. Certes, il est plus difficile d'en faire autant dans les pays d'Europe occidentale, particulièrement imbus de préjugés légalistes, constitutionnels, démocratiques bourgeois, particulièrement enracinés. Cependant on peut et on doit le faire, et le faire systématiquement.
Le Comité exécutif de la III° Internationale doit, à mon avis personnel, condamner ouvertement et engager le prochain congrès de l'Internationale Communiste à condamner d'une façon générale la politique de non-participation aux syndicats réactionnaires (en expliquant minutieusement ce qu'une telle non-participation a de déraisonnable et d'infiniment préjudiciable à la cause de la révolution prolétarienne), et, notamment, la ligne de conduite de certains membres du Parti communiste hollandais, qui - directement ou indirectement, ouvertement ou non, totalement ou en partie, peu importe - ont soutenu cette politique fausse. La III° Internationale doit briser avec la tactique de la II°, ne pas éluder les questions angoissantes, ne pas les estomper, mais au contraire les poser de front. Nous avons dit, bien en face, toute la vérité aux "indépendants" (au Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne); il faut la dire de même aux communistes "de gauche".
________________________________________________________________

Notes




[1] Le nombre de membres du Parti évolua comme suit de février 1917 à 1919. A la 7° Conférence (avril 1917), on dénombrait 80 000 membres. Au 6° congrès (juillet-août 1917), il avait 140 000 membres. Au 7° Congrès (mars 1918), au moins 270 000 membres et au 8° Congrès de mars 1919, 313 766 membres.
[2] Les Industrial Workers of the World (I.W.W.) ont étés fondés en 1905 aux Etats-Unis. Cette organisation, qui se rapprochait par nombre d'aspects de l'anarcho-syndicalisme européen, sera la matrice du mouvement ouvrier révolutionnaire dans ce pays.
[3] Les Gompers, les Henderson, les Jouhaux, les Legien ne sont que des Zoubatov dont ils se distinguent par l'habit, le vernis européen, les procédés civilisés, raffinés, démocratiquement pommadés, dont ils usent pour pratiquer leur infâme politique.


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Lénine ou pourquoi l'attitude sectaire et lâche de Volog et Stun nuit au mouvement d'émencipation du prolétariat Empty Re: Lénine ou pourquoi l'attitude sectaire et lâche de Volog et Stun nuit au mouvement d'émencipation du prolétariat

Message par Francis XV Ven 26 Nov - 15:17

Nestor Makhno a écrit: Le jour suivant, à une heure, j´étais de nouveau au Kremlin où je retrouvai le camarade Sverdlov qui me conduisit aussitôt chez Lénine. Celui-ci m´accueillit fraternellement. Il me prit par le bras et, me tapotant doucement l´épaule de son autre main, il me fit asseoir dans un fauteuil. Après avoir prié Sverdlov de s´installer dans un autre fauteuil, il s´approcha de son secrétaire et lui dit :
– Ayez la bonté de finir ce travail pour deux heures.

Puis il vint s´asseoir en face de moi et se mit à me questionner. Sa première question fut :
– De quelle région êtes-vous ?

Puis :
– Comment les paysans de la contrée ont-ils accueilli le mot d´ordre « Tout le pouvoir aux Soviets » dans les villages et quelle a été la réaction des ennemis de ce mot d´ordre et elle de la Rada centrale en particulier ?

Ensuite :
– Les paysans de votre région se sont-ils levés contre les envahisseurs austro-allemands ? Si oui, qu´est-ce qui a manqué pour que les révoltes paysannes se transforment en soulèvement général et s´associent à l´action des unités de gardes rouges qui, avec tant de courage, ont défendu nos conquêtes révolutionnaires ?

A toutes ces questions, je donnai à Lénine des réponses brèves. Celui-ci, avec le talent qui lui était propre, s´efforçait de poser ses questions de manière que je puisse y répondre point par point. Par exemple, la question :
– Comment les paysans de ma région ont-ils accueilli le mot d´ordre « Tout le pouvoir aux Soviets » dans les villages ?

Lénine me la posa à trois reprises ; et il fut étonné que je lui réponde :
– Les paysans l´ont accueilli à leur manière, ce qui veut dire que, dans leur entendement, tout le pouvoir doit, dans tous les domaines, s´identifier avec la conscience et la volonté des travailleurs ; que les soviets de députés ouvriers paysans de village, de canton et de district ne sont ni plus ni moins que des rouages de l´organisation révolutionnaire et de l´autogestion économique des travailleurs en lutte contre la bourgeoisie et ses laquais : les socialistes de droite et leur gouvernement de coalition.
– Pensez-vous que cette manière de comprendre notre mot d´ordre soit juste ? demanda Lénine.
– Oui, répondis-je,
– Dans ce cas, les paysans de votre région ont subi la contagion de l´anarchisme, me dit-il.
– Est-ce un mal ? demandai-je,
– Ce n´est pas ce que je veux dire, Au contraire, il faudrait s´en réjouir, car cela hâterait la victoire du communisme sur le capitalisme et son pouvoir.
– C´est flatteur pour moi, répondis-je à Lénine en me retenant pour ne pas rire,
– Non, non, je prétends très sérieusement que ce phénomène social dans la vie des masses paysannes hâterait la victoire du communisme sur le capitalisme, répéta Lénine.

Il ajouta :
– Mais je pense que le phénomène n´a pas été spontané ; il est un effet de la propagande anarchiste et ne tardera pas à disparaître. Je suis même porté à croire que cet état d´esprit battu en brèche par la contre-révolution triomphante avant d´avoir eu le temps d´engendrer une organisation, a déjà disparu.

Je fis remarquer à Lénine qu´un chef politique ne doit jamais se montrer pessimiste ou sceptique.
– Ainsi, selon vous, dit Sverdlov m´interrompant, il faudrait encourager ces tendances anarchistes dans la vie des masses paysannes ?
– Oh ! votre parti ne les encouragera pas, répondis-je.

Lénine saisit la balle au bond :
– Et pourquoi devrait-on les encourager ? Pour diviser les forces révolutionnaires du prolétariat, frayer la voie à la contre-révolution et en fin de compte monter nous-mêmes avec le prolétariat à l´échafaud ?

Je ne pus me dominer et, avec un accent de nervosité dans la voix, je fis remarquer à Lénine que l´anarchisme et les anarchistes n´aspiraient pas à la contre-révolution et n´y conduisaient pas le prolétariat.
– Est-ce vraiment ce que j´ai dit ? me demanda Lénine.

Et il ajouta :
– J´ai voulu dire que les anarchistes, manquant d´organisations de masse, ne sont pas en mesure d´organiser le prolétariat et les paysans pauvres et, par conséquent, de les soulever pour défendre, au sens large du terme, ce qui a été conquis par nous tous et qui nous est cher.

L´entretien porta ensuite sur les autres questions posées par Lénine. À l´une d´elles : « Les unités de gardes rouges et le courage révolutionnaire avec lequel elles défendirent nos conquêtes communes », Lénine m´obligea à répondre aussi complètement que possible. Manifestement la question le tracassait ou bien lui rappelait ce que les formations de gardes rouges avaient récemment accompli en Ukraine, atteignant soi-disant avec succès les objectifs que Lénine et son parti s´étaient fixés et au nom desquels ils les avaient envoyés de Petrograd et autres grandes villes lointaines de Russie. Je me souviens de l´émotion de Lénine, l´émotion qui ne pouvait se manifester que chez un homme qui vivait passionnément la lutte contre l´ordre social qu´il haïssait et voulait vaincre, quand je lui dis :
– Ayant participé au désarmement de dizaines de cosaques retirés du front allemand à la fin de décembre 1917 et au début de 1918, je suis bien renseigné sur la « bravoure révolutionnaire » des unités de l´Armé rouge et en particulier de leurs chefs. Or il me semble, camarade Lénine, que, vous basant sur des renseignements de seconde et même de troisième main, vous l´exagérez.
– Comment ça ? Vous la contestez ? me demanda Lénine.
– Les unités de gardes rouges ont fait preuve d´esprit révolutionnaire et de courage, mais pas autant que vous le décrivez. La lutte des gardes rouges contre les « haïdamaks » de la Rada centrale et, surtout, contre les troupes allemandes a connu des moments où l´esprit révolutionnaire et la bravoure, ainsi que l´action des gardes rouges et de leurs chefs, se sont révélés très faibles. Certes, dans bien des cas, il y a lieu, selon moi, de l´attribuer au fait que les détachements de gardes rouges avaient été formés à la hâte et employaient contre l´ennemi une tactique qui ne ressemblait ni à celle des groupes de partisans ni à celles des unités régulières. Vous devez savoir que les gardes rouges, qu´ils fussent nombreux ou pas, menaient l´attaque contre l´ennemi en se déplaçant sur les voies ferrées. À dix ou quinte verstes d´une ligne de chemin de fer, le terrain était inoccupé ; pouvaient y circuler librement les défenseurs de la révolution ou de la contre-révolution. Pour cette raison, les attaques par surprise réussissaient presque à tout coup. Ce n´est qu´aux bords des nœuds ferroviaires, des villes ou des bourgs desservis par le chemin de fer que les formations de gardes rouges organisaient un front et de là se lançaient à l´attaque. Mais l´arrière et les environs immédiats de la localité menacée par l´ennemi restaient sans défenseurs. L´action offensive de la révolution en subissait le contrecoup. Les unités de gardes rouges avaient à peine fini de diffuser leurs appels dans une région que les forces contre-révolutionnaires passaient à la contre-offensive et bien souvent obligeaient les gardes rouges à battre en retraite, derechef dans leurs trains blindés. Si bien que la population des campagnes ne les voyait même pas. Et dès lors ne pouvait les appuyer.
– Que font les propagandistes révolutionnaires dans les campagnes ? Ils n´arrivent donc pas à tenir prêts les prolétaires ruraux pour compléter en troupes fraîches les unités de gardes rouges passant dans leur voisinage, ou pour former de nouveaux corps francs de gardes rouges et occuper des positions aux fins de combattre la contre-revolution, me demanda Lénine.
– Ne nous emballons pas. Les propagandistes révolutionnaires sont peu nombreux dans les campagnes et ne peuvent faire grand-chose. Or, tous les jours arrivent dans les villages des centaines de propagandistes et d´ennemis secrets de la Révolution. Dans beaucoup de localités, il ne faut pas s´attendre à ce que les propagandistes révolutionnaires fassent surgir de nouvelles forces de la révolution et les organisent pour les opposer à la contre-révolution. Notre époque, dis je à Lénine, réclame des actions décisives de tous les révolutionnaires et ceci dans tous les domaines de la vie et de la lutte des travailleurs. Ne pas en tenir compte, surtout chez nous, en Ukraine, c´est permettre à la contre-révolution groupée derrière l´hetman de se développer à son gré et d´affermir son pouvoir.

Sverdlov portait ses yeux tantôt sur moi, tantôt sur Lénine et souriait de satisfaction. Quant à Lénine, il tenait ses doigts entrelacés et, inclinant la tête, réfléchissait. Se redressant, il me dit :
– Tout ce que vous venez de me dire est bien regrettable.

Et se tournant vers Sverdlov il ajouta :
– En refondant les unités de gardes rouges dans l´Armée rouge nous sommes dans le bon chemin, celui qui mène à la victoire définitive du prolétariat sur la bourgeoisie.
– Oui, oui, répondit vivement Sverdlov.

Lénine me dit ensuite :
– Quel travail comptez-vous faire à Moscou ?

Je répondis que je n´étais pas là pour longtemps. Conformément à la décision de la Conférence des groupes de partisans tenue à Taganrog, je devais être de retour en Ukraine dans les premiers jours de juillet.
– Clandestinement ? me demanda Lénine.
– Oui, répondis-je.

S´adressant alors à Sverdlov, Lénine fit cette réflexion :
– Les anarchistes sont toujours pleins d´abnégation, ils sont prêts à tous les sacrifices ; mais fanatiques aveugles, ils ignorent le présent pour ne penser qu´au lointain avenir.

Et en me priant de ne pas prendre cela pour moi, il ajouta :
– Je vous considère, camarade, comme un homme ayant le sens des réalités et des nécessités de notre époque. S´il y avait en Russie ne fut-ce qu´un tiers d´anarchistes tels que vous, nous, communistes, serions prêts à marcher avec eux à certaines conditions et à travailler en commun dans l´intérêt de l´organisation libre des producteurs.
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Lénine ou pourquoi l'attitude sectaire et lâche de Volog et Stun nuit au mouvement d'émencipation du prolétariat Empty Re: Lénine ou pourquoi l'attitude sectaire et lâche de Volog et Stun nuit au mouvement d'émencipation du prolétariat

Message par Francis XV Ven 26 Nov - 15:18

Nestor Makhno a écrit: À cet instant, je sentis sourdre en moi un sentiment de profonde estime pour Lénine, alors que récemment encore j´avais la conviction qu´il était responsable de l´anéantissement des organisations anarchistes de Moscou, ce qui avait été le signal de l´écrasement de celles-ci dans beaucoup d´autres villes. Et dans mon for intérieur, j´eus honte de moi-même. Cherchant la réponse que je devais faire à Lénine, je lui dis à brûle-pourpoint :
– La Révolution et ses conquêtes sont chères aux anarchistes communistes ; et c´est la preuve qu´à ce point de vue-là, ils se ressemblent tous.
– Oh, ne venez pas nous dire ça, rétorqua Lénine en riant, nous connaissons les anarchistes aussi bien que vous. Pour la plupart, ils n´ont aucune notion du présent, ou en tout cas, ils s´en soucient très peu ; or le présent est si grave que n´y pas penser ou ne pas prendre position d´une manière positive vis-à-vis de lui est pour un révolutionnaire plus qu´honteux. La majeure partie des anarchistes a leurs pensées tournées vers l´avenir et lui consacrent leurs écrits, sans chercher à comprendre le présent : et cela aussi nous sépare d´eux.

Sur ces mots, Lénine se leva de son fauteuil et marchant de droite à gauche, il ajouta :
– Oui, oui, les anarchistes sont forts par les idées qu´ils se font de l´avenir dans le présent, ils n´ont pas les pieds sur terre ; leur attitude est lamentable et cela parce que leur fanatisme dépourvu de contenu fait qu´ils sont sans liens réels avec cet avenir.

Sverdlov eut un sourire malicieux et, se tournant vers moi, il me dit :
– Vous ne pouvez le contester. Les réflexions de Vladimir Ilitch sont justes.
– Les anarchistes ont-ils jamais reconnu leur manque de réalisme dans la vie « présente » ? Ils n´y songent même pas, s´empressa d´ajouter Lénine.

Répondant à cela, je dis à Lénine et Sverdlov que j´étais un paysan à demi illettré et que je ne voulais pas discuter l´opinion pour moi trop savante que Lénine venait d´émettre sur les anarchistes.
– Mais je dois vous dire, camarade Lénine, que votre assertion, à savoir que les anarchistes ne comprennent pas « le présent », qu´ils n´ont pas de liens réels avec lui, etc., est foncièrement erronée. Les anarchistes communistes d´Ukraine (ou du « sud de la Russie », puisque vous, communistes bolcheviks, vous efforcez d´éviter le mot Ukraine), les anarchistes communistes, dis je, ont déjà donné un grand nombre de preuves qu´ils sont de plain-pied dans « le présent ». Toute la lutte de la campagne révolutionnaire ukrainienne contre la Rada centrale a été menée sous la direction idéologique des anarchistes communistes et en partie des S.-R. (qui, à vrai dire, assignaient de tous autres objectifs que les nôtres, anarchistes communistes, à leur lutte contre la Rada). Vos bolcheviks n´existent pour ainsi dire pas dans nos campagnes ; ou, s´il s´en trouve, leur influence est infime. Presque toutes les communes ou associations paysannes en Ukraine ont été formées à l´instigation des anarchistes communistes. Et la lutte à main armée de la population laborieuse avec la contre-révolution en général, et la contre-révolution incarnée par les armées d´invasion austro-hongroises et allemandes, a été entreprise sous la direction idéologique et organique exclusive des anarchistes communistes. Certes, il n´est pas dans votre intérêt de parti de mettre tout cela à notre actif, mais ce sont là des faits que vous ne pouvez contester. Vous connaissez parfaitement, je suppose, les effectifs et la capacité combative des corps francs révolutionnairesd´Ukraine. Ce n´est pas sans raison que vous avez évoqué le courage avec lequel ils ont héroïquement défendu nos conquêtes révolutionnaires communes. Parmi eux, une bonne moitié a combattu sous le drapeau anarchiste. Mokrooussov, M. Nikiforova, Tchéredniak, Garine, Tcherniak, Lounev et beaucoup d´autres commandants de corps francs qu´il serait trop long d´énumérer sont tous des anarchistes communistes. Je ne parle pas de moi, du groupe auquel j´appartiens et de tous les autres groupes de partisans et « bataillons de volontaires » pour la défense de la révolution que nous avons formés et qui n´ont pu êtres ignorés du commandement des gardes rouges. Tout cela montre avec une force suffisante à quel point, camarade Lénine, est erronée votre allégation, à savoir que nous, anarchistes communistes, n´avons pas les pieds sur terre, que notre attitude dans « le présent » est lamentable, bien que nous aimions beaucoup penser à « l´avenir ». Ce que je vous ai dit au cours de notre entretien ne peut être mis en doute, car c´est la vérité. L´exposé que je vous ai fait contredit les conclusions que vous émettez sur nous, et tout le monde, vous y compris, peut y voir la preuve que nous sommes de plain-pied dans « le présent », que nous y travaillons en cherchant en lui ce qui nous rapproche de l´avenir, auquel, en effet, nous pensons et très sérieusement.

À ce moment, je regardai Sverdlov. Il devint rouge, mais continua à me sourire. Quant à Lénine, il dit, écartant les bras :
– Il se peut que je me trompe.
– Oui, oui, en l´occurrence, camarade Lénine, vous avez été trop sévère pour nous, anarchistes communistes, simplement, je crois, parce que vous êtes mal informé de la réalité ukrainienne et du rôle que nous y jouons.
– Peut-être, je ne le conteste pas. Qui d´ailleurs est à l´abri de l´erreur, surtout dans la situation où nous sommes ? répondit Lénine.

Et se rendant compte que j´étais devenu un peu nerveux, il s´efforça paternellement de me tranquilliser en faisant dévier très adroitement l´entretien sur un autre sujet. Mais mon mauvais caractère, si je peux m´exprimer ainsi, ne me permit pas, malgré tout le respect que m´inspira Lénine au cours de notre conversation, de m´y intéresser davantage. Je me serais offensé. Et malgré le sentiment que j´éprouvais d´avoir en face de moi un homme avec qui il y aurait bien d´autres sujets à aborder ou duquel il y aurait beaucoup à apprendre, mon état d´esprit s´altéra. Mes réponses n´étaient plus aussi détendues ; quelque chose en moi s´était rompu et un sentiment pénible m´envahissait. Lénine n´avait pas pu ne pas se rendre compte de ce changement dans mes sentiments. Il s´efforça de le pallier en parlant d´autre chose. Et s´apercevant que je revenais à de meilleures dispositions et que je me laissais gagner par son éloquence, il me demanda soudain :
– Ainsi vous avez l´intention de regagner clandestinement l´Ukraine ?
– Oui, répondis-je.
– Puis-je vous apporter mon concours ?
– Volontiers, dis-je.

S´adressant alors à Sverdlov Lénine demanda :
– Qui, chez nous, est maintenant à la tête du service chargé de faire passer nos gars dans le Sud ?
– Le camarade Karpenko ou Zatonski, répondit Sverlov, je vais me renseigner.

Pendant que Sverdlov téléphonait pour savoir qui, de Zatonski ou de Karpenko, était à la tête du service chargé de faire passer les militants en Ukraine pour y travailler clandestinement, Lénine essaya de me persuader que je devais conclure de son attitude à mon égard que la position du parti communiste vis-à-vis des anarchistes n´était pas si hostile que je semblais le croire.
– Si nous avons été obligés, me dit Lénine, de prendre des mesures énergiques pour déloger les anarchistes de l´hôtel particulier qu´ils occupaient dans a Malaïa Dmitrovka et où ils cachaient certains bandits, locaux ou de passage, la responsabilité n´en incombe pas à nous, mais aux anarchistes qui s´étaient installés là D´ailleurs, nous ne les tracasserons plus. Vous devez savoir qu´ils ont été autorisés à occuper un autre meuble non loin de la Malaïa Dmitrovka et ils sont libres de travailler comme ils l´entendent.
– Avez-vous des indices, demandai-je au camarade Lénine, établissant que les anarchistes de la Malaïa Dmitrovka auraient donné asile à des bandits ?
– Oui, la Commission extraordinaire (Tchéka) les a recueillis et vérifiés. Sinon, notre parti ne l´aurait pas autorisée à prendre des mesures, répondit Lénine.

Entre-Temps Sverdlov était revenu s´asseoir avec nous et il annonçait que le camarade Karpenko était bien à la tête du service chargé des passages, mais que le camarade Zatonski était lui aussi au courant de tout. Lénine s´écria aussitôt :
– Voilà, camarade, passez demain, après-demain ou quand vous voudrez chez le camarade Karpenko et demandez-lui tout ce dont vous aurez besoin pour regagner clandestinement l´Ukraine. Il vous donnera un itinéraire sûr pour traverser la frontière.
– Quelle frontière ? demandai-je.
– Vous n´êtes pas au courant ? Une frontière a été établie entre la Russie et l´Ukraine. Ce sont les troupes allemandes qui la gardent, dit Lénine énervé.
– Vous considérez pourtant l´Ukraine comme « le Sud de la Russie » ? répondis-je.
– Considérer est une chose, camarade, et dans la vie avoir les yeux bien ouverts en est une autre, rétorqua Lénine.

Et avant que j´aie eu le temps de riposter, il ajoutait :
– Vous direz au camarade Karpenko que c´est moi qui vous envoie. S´il a des doutes, il n´aura qu´à me téléphoner. Voici l´adresse où vous pourrez le voir.

Debout maintenant tous les trois, nous nous serrâmes la main et après un échange de remerciements, apparemment chaleureux, je sortis du cabinet de Lénine.
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Message par Plaristes Evariste Sam 27 Nov - 2:34

On vous donne l'opportunité à tous et à toutes que vous vous disiez de droite de gauche etc.... De ne pas être un tête de con.

Après si vous la saisissez pas..... Tant pis pour vous !
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Message par Francis XV Sam 27 Nov - 11:50

Plaristes a écrit:On vous donne l'opportunité à tous et à toutes que vous vous disiez de droite de gauche etc.... De ne pas être un tête de con.

Après si vous la saisissez pas..... Tant pis pour vous !

Tu nous prends vraiment pour des cons et toi-même tu est pris pour un con par tes chefs !
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Message par Plaristes Evariste Sam 27 Nov - 12:15

Ceci dit :

La "théorie" saugrenue de la non-participation des communistes dans les syndicats réactionnaires montre, de toute évidence, avec quelle légèreté ces communistes "de gauche" envisagent la question de l'influence sur les "masses", et quel abus ils font dans leurs clameurs du mot "masse". Pour savoir aider la "masse" et gagner sa sympathie, son adhésion et son appui, il ne faut pas craindre les difficultés, les chicanes, les pièges, les outrages, les persécutions de la part des "chefs" (qui, opportunistes et social-chauvins, sont dans la plupart des cas liés - directement ou indirectement - à la bourgeoisie et à la police) et travailler absolument là où est la masse. Il faut savoir consentir tous les sacrifices, surmonter les plus grands obstacles, afin de faire un travail de propagande et d'agitation méthodique, persévérant, opiniâtre et patient justement dans les institutions, sociétés, organisations - même tout ce qu'il y a de plus réactionnaires - partout où il y a des masses prolétariennes ou semi-prolétariennes. Or les syndicats et les coopératives ouvrières (celles-ci dans certains cas, tout au moins) sont justement des organisations où se trouve la masse. En Angleterre, d'après les informations d'un journal suédois, le Folkets Dagblad Politiken (du 10 mars 1920), les effectifs des trade-unions ont passé, de fin 1917 - fin 1918, de 5500 000 à 6 600 000 membres, accusant ainsi une augmentation de 29%. A la fin de 2929, on en comptait jusqu'à 7 500 000. Je n'ai pas sous la main les chiffres correspondants pour la France et l'Allemagne, mais il est des faits absolument indiscutables et connus de tous, qui attestent un accroissement sensible du nombre des syndiqués dans ces pays également.


Et il se trouve que la masse est très à droite, ou se pense très à droite.
Et c’est pas avec volog gneugneu t'es avec des gaullistes espèces de collabo. Gneugneu Rouge brun.
Qu'on va s'en sortir !

Pour ça que je leur dit à tous les 2 que sur le plan stratégique ce sont de GROSSE BILLES SANS CERVELLES !
J'attends leur auto-crittique.
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Message par Invité Sam 27 Nov - 12:55

Francis XV a écrit:
Plaristes a écrit:On vous donne l'opportunité à tous et à toutes que vous vous disiez de droite de gauche etc.... De ne pas être un tête de con.

Après si vous la saisissez pas..... Tant pis pour vous !

Tu nous prends vraiment pour des cons et toi-même tu est pris pour un con par tes chefs !



On dirait surtout qu'il est fêlé du bulbe .. Lénine ou pourquoi l'attitude sectaire et lâche de Volog et Stun nuit au mouvement d'émencipation du prolétariat 518364

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Message par Plaristes Evariste Sam 27 Nov - 13:27

Non simplement préparé à affronté un monde de fous !

Pour moi la bêtise gauchiste, ou la perpétuation d'un tradition militante sans réflexion sur le contenue ou même si la forme que prend la lutte c'est toujours adapté à ce que l'on doit faire face en 2021....

C'est la définition même de la folie.






Ceci dit j'attends toujours l'auto critique.
Et y'a pas de gpalu qui tienne !
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