Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
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El Lobo
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Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Alors qu’Éric Zemmour a lancé sa candidature à travers une vidéo et un meeting qui ne laissent planer aucun doute sur le type de projet qui est le sien, il vaut la peine de faire un premier bilan, du point de vue de la lutte antifasciste, de ces trois mois durant lesquels Zemmour a été propulsé par les « grands » médias sur le devant de la scène politique.
Extension du domaine de l’extrême droite
On doit nécessairement commencer par noter que cette période a permis à l’extrême droite de voir progresser son périmètre électoral potentiel, du moins dans les sondages d’opinion, passant d’environ 30% avant l’été (si l’on additionne les intentions de vote pour Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan) à 36-37% d’après un sondage récent (en ajoutant donc les intentions de vote en faveur de Zemmour), score auquel il faudrait ajouter les voix qui pourraient se porter sur Florian Philippot et François Asselineau. Il n’est donc nullement impossible, quoique les rapports de force puissent évidemment évoluer d’ici le printemps prochain, que l’extrême droite dans toutes ses composantes rassemble au premier tour jusqu’à 40%.
Ne pas se raconter d’histoires sur la situation politique en France suppose de prendre au sérieux cette montée en puissance électorale, d’autant plus si l’on se souvient que l’extrême droite – représentée par Le Pen, Dupont-Aignan et Asselineau – se situait à 27% au premier tour de l’élection présidentielle de 2017 (un niveau déjà historiquement très élevé). On mesure alors ce que valait le fameux « barrage » macroniste : les mêmes politiques néolibérales et autoritaires produisant les mêmes effets, les organisations et les idées fascistes ou fascisantes ont continué de progresser, électoralement et idéologiquement, au cours des dernières années. Avec dans leur sillage les groupuscules les plus violents qui ont multiplié ces derniers mois les attaques de militant·es de gauche, féministes, antiracistes, etc.
Extension du domaine de l’extrême droite
On doit nécessairement commencer par noter que cette période a permis à l’extrême droite de voir progresser son périmètre électoral potentiel, du moins dans les sondages d’opinion, passant d’environ 30% avant l’été (si l’on additionne les intentions de vote pour Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan) à 36-37% d’après un sondage récent (en ajoutant donc les intentions de vote en faveur de Zemmour), score auquel il faudrait ajouter les voix qui pourraient se porter sur Florian Philippot et François Asselineau. Il n’est donc nullement impossible, quoique les rapports de force puissent évidemment évoluer d’ici le printemps prochain, que l’extrême droite dans toutes ses composantes rassemble au premier tour jusqu’à 40%.
Ne pas se raconter d’histoires sur la situation politique en France suppose de prendre au sérieux cette montée en puissance électorale, d’autant plus si l’on se souvient que l’extrême droite – représentée par Le Pen, Dupont-Aignan et Asselineau – se situait à 27% au premier tour de l’élection présidentielle de 2017 (un niveau déjà historiquement très élevé). On mesure alors ce que valait le fameux « barrage » macroniste : les mêmes politiques néolibérales et autoritaires produisant les mêmes effets, les organisations et les idées fascistes ou fascisantes ont continué de progresser, électoralement et idéologiquement, au cours des dernières années. Avec dans leur sillage les groupuscules les plus violents qui ont multiplié ces derniers mois les attaques de militant·es de gauche, féministes, antiracistes, etc.
El Lobo- Postulant
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Mainstreamisation de l’extrême, extrémisation du mainstream
Cela se vérifie dans l’hypothèse – la plus probable à ce stade – d’un 2nd tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, celle-ci ayant creusé à nouveau l’écart dans les sondages d’opinion vis-à-vis de ses concurrents (notamment Zemmour mais aussi LR). Fin juin et début septembre, Le Pen n’obtenait « que » 40% (déjà sensiblement au-dessus de son score de 2017, 34%, et sans comparaison avec celui de son père en 2002, 18%) ; elle est aujourd’hui annoncée à 45%, se rapprochant des niveaux les plus élevés qu’elle avait atteints quelques mois après le terrible assassinat de Samuel Paty, dans le contexte d’une offensive réactionnaire tous azimuts (au nom de la lutte contre le « séparatisme », l’« islamo-gauchisme », etc.), qui avaient vu le vote des lois « sécurité globale » et « séparatisme », .
Il est possible que Le Pen bénéficie actuellement de l’imprégnation idéologique permise à la fois par cette offensive (dans laquelle le pouvoir macroniste a joué un rôle crucial) et par l’hyper-médiatisation de Zemmour au cours des trois derniers mois. Mais on peut également présumer qu’elle profite d’un effet d’« adoucissement » de son profil politique, par contraste avec l’auteur du Suicide français. Un autre sondage réalisé mi-novembre 2021 montre en effet – en comparant les résultats avec ceux issus d’un sondage de 2014 sur l’image de l’idéologue – qu’il est beaucoup plus souvent considéré aujourd’hui comme « d’extrême droite » (+ 24 points), « raciste » (+ 23 points), « dangereux » (+ 23 points), « misogyne » (+ 15 points) et « agressif » (+ 9 points). De son côté, Le Pen est moins souvent jugée « agressive » et « raciste » par rapport à un sondage de 2014 réalisé par le même institut.
Un autre élément qu’il importe de remarquer, c’est à quel point la percée médiatico-sondagière de Zemmour a accéléré l’extrémisation de la droite bourgeoise classique. Les primaires de la droite se sont ainsi jouées presque intégralement sur le terrain zemmourien de la France menacée, submergée, en voie d’anéantissement du fait d’une immigration pléthorique, d’une délinquance endémique, etc. Ce n’est pas simplement ou principalement que l’un des candidats – Éric Ciotti – a cherché à mimer en tout point les positionnements de Zemmour, y compris en reprenant à son compte la pseudo-théorie complotiste et raciste du « grand remplacement ». C’est l’ensemble des candidats qui ont interprété une partition zemmourisée, jusqu’à Michel Barnier qui pouvait apparaître initialement comme le plus centriste.
En ce sens, Stathis Kouvélakis avait certainement raison d’affirmer que Zemmour avait déjà gagné par la dissémination dans une grande partie du champ politique de ses « idées » (même s’il est possible que sa candidature soit in fine un échec). Et ce n’est pas la droite macroniste qui démentira ce constat, tant elle n’a pas lésiné ces dernières années – à travers des figures comme Darmanin, Blanquer et Vidal – dans l’exploitation intensive des obsessions, du langage et des propositions de l’extrême droite.
Cela se vérifie dans l’hypothèse – la plus probable à ce stade – d’un 2nd tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, celle-ci ayant creusé à nouveau l’écart dans les sondages d’opinion vis-à-vis de ses concurrents (notamment Zemmour mais aussi LR). Fin juin et début septembre, Le Pen n’obtenait « que » 40% (déjà sensiblement au-dessus de son score de 2017, 34%, et sans comparaison avec celui de son père en 2002, 18%) ; elle est aujourd’hui annoncée à 45%, se rapprochant des niveaux les plus élevés qu’elle avait atteints quelques mois après le terrible assassinat de Samuel Paty, dans le contexte d’une offensive réactionnaire tous azimuts (au nom de la lutte contre le « séparatisme », l’« islamo-gauchisme », etc.), qui avaient vu le vote des lois « sécurité globale » et « séparatisme », .
Il est possible que Le Pen bénéficie actuellement de l’imprégnation idéologique permise à la fois par cette offensive (dans laquelle le pouvoir macroniste a joué un rôle crucial) et par l’hyper-médiatisation de Zemmour au cours des trois derniers mois. Mais on peut également présumer qu’elle profite d’un effet d’« adoucissement » de son profil politique, par contraste avec l’auteur du Suicide français. Un autre sondage réalisé mi-novembre 2021 montre en effet – en comparant les résultats avec ceux issus d’un sondage de 2014 sur l’image de l’idéologue – qu’il est beaucoup plus souvent considéré aujourd’hui comme « d’extrême droite » (+ 24 points), « raciste » (+ 23 points), « dangereux » (+ 23 points), « misogyne » (+ 15 points) et « agressif » (+ 9 points). De son côté, Le Pen est moins souvent jugée « agressive » et « raciste » par rapport à un sondage de 2014 réalisé par le même institut.
Un autre élément qu’il importe de remarquer, c’est à quel point la percée médiatico-sondagière de Zemmour a accéléré l’extrémisation de la droite bourgeoise classique. Les primaires de la droite se sont ainsi jouées presque intégralement sur le terrain zemmourien de la France menacée, submergée, en voie d’anéantissement du fait d’une immigration pléthorique, d’une délinquance endémique, etc. Ce n’est pas simplement ou principalement que l’un des candidats – Éric Ciotti – a cherché à mimer en tout point les positionnements de Zemmour, y compris en reprenant à son compte la pseudo-théorie complotiste et raciste du « grand remplacement ». C’est l’ensemble des candidats qui ont interprété une partition zemmourisée, jusqu’à Michel Barnier qui pouvait apparaître initialement comme le plus centriste.
En ce sens, Stathis Kouvélakis avait certainement raison d’affirmer que Zemmour avait déjà gagné par la dissémination dans une grande partie du champ politique de ses « idées » (même s’il est possible que sa candidature soit in fine un échec). Et ce n’est pas la droite macroniste qui démentira ce constat, tant elle n’a pas lésiné ces dernières années – à travers des figures comme Darmanin, Blanquer et Vidal – dans l’exploitation intensive des obsessions, du langage et des propositions de l’extrême droite.
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
L’impasse du « tout sauf Zemmour »
On mesure à quel point la stratégie du « tout sauf Zemmour » constituerait une impasse, pour au moins deux raisons.
La première, c’est qu’une telle stratégie minimise le danger que continue de représenter le FN/RN, dissimule le fait que son projet politique n’est pas moins oppressif que celui de Zemmour (les appels répétés de Marine Le Pen à Zemmour pour qu’il rejoigne sa campagne démontrent qu’elle n’est nullement en désaccord avec lui sur le fond, ses soutiens insistant à raison sur le fait que tout ce qu’il défend a déjà été promu par le FN/RN au cours des dernières décennies, mais avec sa stratégie), et sous-estime la solidité de son ancrage électoral. Si Marine Le Pen semble actuellement en mesure de passer l’épreuve du crash-test que constitue l’émergence d’une candidature concurrente soutenue par un empire médiatique (celui de Bolloré), c’est que Zemmour n’a jamais mordu significativement sur la frange populaire de son électorat (ouvriers et employés), parmi lesquels les intentions de vote pour Le Pen sont très stables et largement supérieures à tou·tes les autres candidat·es.
La deuxième raison, c’est que la focalisation sur le fasciste Zemmour tend à dissimuler non seulement l’extrémisation des forces de la droite bourgeoise (macroniste et LR), dont le journaliste du Figaro est un pur produit, mais aussi les processus de fascisation qu’ont enclenchés les politiques islamophobes, anti-migratoires et ultra-sécuritaires, menées notamment au cours des vingt dernières années. Pensons en particulier, dans la dernière période, aux lois liberticides jumelles (« sécurité globale » et « séparatisme ») qui n’ont pu être imposées si facilement, ce qui ne veut pas dire sans contestation, que dans le contexte d’une instrumentalisation éhontée et forcenée des attentats, visant à dissoudre les organisations musulmanes (au nom de la lutte contre le « séparatisme ») et à disqualifier la gauche (en raison de sa prétendue complicité, désignée sous une expression – l’ « islamo-gauchisme » – directement empruntée à l’extrême droite).
On mesure à quel point la stratégie du « tout sauf Zemmour » constituerait une impasse, pour au moins deux raisons.
La première, c’est qu’une telle stratégie minimise le danger que continue de représenter le FN/RN, dissimule le fait que son projet politique n’est pas moins oppressif que celui de Zemmour (les appels répétés de Marine Le Pen à Zemmour pour qu’il rejoigne sa campagne démontrent qu’elle n’est nullement en désaccord avec lui sur le fond, ses soutiens insistant à raison sur le fait que tout ce qu’il défend a déjà été promu par le FN/RN au cours des dernières décennies, mais avec sa stratégie), et sous-estime la solidité de son ancrage électoral. Si Marine Le Pen semble actuellement en mesure de passer l’épreuve du crash-test que constitue l’émergence d’une candidature concurrente soutenue par un empire médiatique (celui de Bolloré), c’est que Zemmour n’a jamais mordu significativement sur la frange populaire de son électorat (ouvriers et employés), parmi lesquels les intentions de vote pour Le Pen sont très stables et largement supérieures à tou·tes les autres candidat·es.
La deuxième raison, c’est que la focalisation sur le fasciste Zemmour tend à dissimuler non seulement l’extrémisation des forces de la droite bourgeoise (macroniste et LR), dont le journaliste du Figaro est un pur produit, mais aussi les processus de fascisation qu’ont enclenchés les politiques islamophobes, anti-migratoires et ultra-sécuritaires, menées notamment au cours des vingt dernières années. Pensons en particulier, dans la dernière période, aux lois liberticides jumelles (« sécurité globale » et « séparatisme ») qui n’ont pu être imposées si facilement, ce qui ne veut pas dire sans contestation, que dans le contexte d’une instrumentalisation éhontée et forcenée des attentats, visant à dissoudre les organisations musulmanes (au nom de la lutte contre le « séparatisme ») et à disqualifier la gauche (en raison de sa prétendue complicité, désignée sous une expression – l’ « islamo-gauchisme » – directement empruntée à l’extrême droite).
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
La stratégie antifasciste et la lutte contre l’islamophobie
Toute stratégie antifasciste doit se confronter à la fois aux forces fascistes, celles qui occupent le terrain électoral/institutionnel comme celles qui cherchent à dominer la rue, et à ces processus de fascisation qui, sous la forme de transformations institutionnelles et idéologiques, assurent un terrain propice à la progression des extrêmes droites (de leurs organisations et de leurs « idées »).
Dans le contexte français présent, il paraît assez évident que c’est l’islamophobie qui joue le premier rôle en termes de vecteur de fascisation :
– institutionnalisation des discriminations (au nom de la menace que l’islam constituerait pour « la République » et pour « la France ») ;
– banalisation de procédures arbitraires ciblant en particulier les musulman·es (des perquisitions administratives jusqu’à la dissolution sans motif sérieux des organisations luttant contre l’islamophobie) ;
– déshumanisation des personnes du Sud global qui cherchent à rejoindre l’Europe (au nom du fait qu’elles seraient musulmanes, donc potentiellement dangereuses) ;
– et montée d’une variante conspirationniste de l’islamophobie permettant de légitimer par avance des politiques de nettoyage ethnique (car de quoi rêvent celles et ceux qui s’imaginent sérieusement que la France est « occupée », « dominée », « colonisée », etc., par les musulmans ?[1]).
Tout cela signifie que la lutte contre l’islamophobie a un caractère central pour l’antifascisme dans un pays comme la France et assurément dans toute l’Europe de l’ouest, dans des conditions devenues particulièrement difficiles puisqu’elle se trouve aujourd’hui non seulement stigmatisée médiatiquement et largement criminalisée. La manière dont le Conseil d’État, en particulier, a validé récemment la dissolution du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) constitue de ce point de vue un avertissement pour tous les collectifs ou associations qui luttent contre l’oppression :
« Par un curieux retournement, la dissolution du CCIF est donc approuvée au motif qu’en luttant – légalement – contre les discriminations et la haine antimusulmanes, il s’est rendu lui-même coupable de discrimination et de haine… En effet, pour le Conseil d’État, “critiquer sans nuance” des politiques publiques ou des lois qu’on considère comme discriminatoires, c’est pousser les victimes de la discrimination alléguée sur la pente de la radicalisation et les inviter à se soustraire aux lois de la République »[2].
Toute stratégie antifasciste doit se confronter à la fois aux forces fascistes, celles qui occupent le terrain électoral/institutionnel comme celles qui cherchent à dominer la rue, et à ces processus de fascisation qui, sous la forme de transformations institutionnelles et idéologiques, assurent un terrain propice à la progression des extrêmes droites (de leurs organisations et de leurs « idées »).
Dans le contexte français présent, il paraît assez évident que c’est l’islamophobie qui joue le premier rôle en termes de vecteur de fascisation :
– institutionnalisation des discriminations (au nom de la menace que l’islam constituerait pour « la République » et pour « la France ») ;
– banalisation de procédures arbitraires ciblant en particulier les musulman·es (des perquisitions administratives jusqu’à la dissolution sans motif sérieux des organisations luttant contre l’islamophobie) ;
– déshumanisation des personnes du Sud global qui cherchent à rejoindre l’Europe (au nom du fait qu’elles seraient musulmanes, donc potentiellement dangereuses) ;
– et montée d’une variante conspirationniste de l’islamophobie permettant de légitimer par avance des politiques de nettoyage ethnique (car de quoi rêvent celles et ceux qui s’imaginent sérieusement que la France est « occupée », « dominée », « colonisée », etc., par les musulmans ?[1]).
Tout cela signifie que la lutte contre l’islamophobie a un caractère central pour l’antifascisme dans un pays comme la France et assurément dans toute l’Europe de l’ouest, dans des conditions devenues particulièrement difficiles puisqu’elle se trouve aujourd’hui non seulement stigmatisée médiatiquement et largement criminalisée. La manière dont le Conseil d’État, en particulier, a validé récemment la dissolution du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) constitue de ce point de vue un avertissement pour tous les collectifs ou associations qui luttent contre l’oppression :
« Par un curieux retournement, la dissolution du CCIF est donc approuvée au motif qu’en luttant – légalement – contre les discriminations et la haine antimusulmanes, il s’est rendu lui-même coupable de discrimination et de haine… En effet, pour le Conseil d’État, “critiquer sans nuance” des politiques publiques ou des lois qu’on considère comme discriminatoires, c’est pousser les victimes de la discrimination alléguée sur la pente de la radicalisation et les inviter à se soustraire aux lois de la République »[2].
El Lobo- Postulant
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Pas de victoire contre le fascisme sans alternative politique
La montée du néofascisme dérive d’une crise d’hégémonie prolongée, autrement dit de la faible capacité de la classe dominante française à obtenir le consentement de la majorité de la population à ses politiques (néolibérales) et du délitement des rapports entre représentant·es et représenté·es (marqué à travers l’affaiblissement des partis, la progression de l’abstention, etc.). Mais elle procède au moins autant d’une crise de l’alternative au capitalisme néolibéral, en d’autres termes d’une crise de la gauche (si l’on entend par là les forces qui n’ont pas renoncé à remettre en cause, d’une manière ou d’une autre, le capitalisme).
Pourtant, ajoutée au déclin de la social-démocratie et des partis communistes, la crise d’hégémonie aurait pu (ou pourrait) constituer un terrain propice pour la renaissance de forces portant une telle alternative. De fait, on a vu cette renaissance s’opérer sous la forme de succès électoraux obtenus par des organisations comme Syriza, Podemos ou La France insoumise, par des figures comme Sanders ou surtout Corbyn, qui sont venus contester l’hégémonie des courants néolibéraux « de gauche » respectivement au sein du Parti démocrate et du Parti travailliste. Mais ces succès ont été éphémères et ne se sont pas cristallisés, pour des raisons diverses, sous la forme d’organisations capables de recréer des liens organiques et durables avec les classes populaires.
Dans le cas français, les mouvements sociaux sont vigoureux (si l’on compare avec l’Angleterre et l’Allemagne, pour en rester à l’Europe de l’ouest), de même que les pensées critiques, mais la gauche politique a échoué au cours des vingt dernières années à faire émerger une politique d’émancipation capable de disputer l’hégémonie au couple que constituent l’extrême centre néolibérale et l’extrême droite néofasciste. À tel point que la gauche, si l’on n’inclut pas le Parti socialiste (dont la politique s’est placée intégralement sur le terrain de la droite entre 2012 et 2017), n’a rassemblé que 21,3% des suffrages lors du 1er tour de l’élection présidentielle (et seulement 27,7% si on ajoute le score de B. Hamon, candidat du PS). Or, elle pourrait se situer à un niveau encore plus faible en 2022.
Dans tous les sondages d’opinion actuellement, c’est dans la classe travailleuse – ouvriers et employés, autrement dit environ 50% des actifs – que la gauche se situe à ses niveaux les plus faibles. On pourrait se rassurer à bon compte en imaginant que cela supprimerait ipso facto les illusions électoralistes et libèrerait la combativité, dégageant un chemin – sinon une voie royale – vers l’insurrection. Ce n’est pas vraiment ce que l’on constate historiquement : la plupart des grands moments de conflictualité sociale de masse, où s’est posée concrètement la question de la rupture révolutionnaire, ont aussi été des moments où la gauche politique parvenait à recueillir les voix d’une large partie des classes populaires et constituait de vastes organisations militantes, capables de retravailler de l’intérieur et d’orienter le sens commun des travailleurs·ses.
C’est cette capacité contre-hégémonique et ce lien organique avec les classes populaires qui ont été perdus, et ce n’est pas par une nouvelle « union de la gauche » ou une « primaire populaire », en plaçant toutes les organisations existantes derrière un·e candidat·e unique et en imaginant que cela permettra d’additionner les (petits) scores des uns et des autres, qui suffira à sortir de ce marasme. Les problèmes sont beaucoup plus profonds et devront être affrontés dans la période difficile qui s’annonce. L’unité est nécessaire sur le plan politique – y compris électoral – mais sur la base d’un projet de rupture, et non sur une base floue avec des forces ou des figures qui ont contribué au désastre du quinquennat Hollande et qui souhaitent à peu de choses près reconduire les mêmes politiques néolibérales.
La montée du néofascisme dérive d’une crise d’hégémonie prolongée, autrement dit de la faible capacité de la classe dominante française à obtenir le consentement de la majorité de la population à ses politiques (néolibérales) et du délitement des rapports entre représentant·es et représenté·es (marqué à travers l’affaiblissement des partis, la progression de l’abstention, etc.). Mais elle procède au moins autant d’une crise de l’alternative au capitalisme néolibéral, en d’autres termes d’une crise de la gauche (si l’on entend par là les forces qui n’ont pas renoncé à remettre en cause, d’une manière ou d’une autre, le capitalisme).
Pourtant, ajoutée au déclin de la social-démocratie et des partis communistes, la crise d’hégémonie aurait pu (ou pourrait) constituer un terrain propice pour la renaissance de forces portant une telle alternative. De fait, on a vu cette renaissance s’opérer sous la forme de succès électoraux obtenus par des organisations comme Syriza, Podemos ou La France insoumise, par des figures comme Sanders ou surtout Corbyn, qui sont venus contester l’hégémonie des courants néolibéraux « de gauche » respectivement au sein du Parti démocrate et du Parti travailliste. Mais ces succès ont été éphémères et ne se sont pas cristallisés, pour des raisons diverses, sous la forme d’organisations capables de recréer des liens organiques et durables avec les classes populaires.
Dans le cas français, les mouvements sociaux sont vigoureux (si l’on compare avec l’Angleterre et l’Allemagne, pour en rester à l’Europe de l’ouest), de même que les pensées critiques, mais la gauche politique a échoué au cours des vingt dernières années à faire émerger une politique d’émancipation capable de disputer l’hégémonie au couple que constituent l’extrême centre néolibérale et l’extrême droite néofasciste. À tel point que la gauche, si l’on n’inclut pas le Parti socialiste (dont la politique s’est placée intégralement sur le terrain de la droite entre 2012 et 2017), n’a rassemblé que 21,3% des suffrages lors du 1er tour de l’élection présidentielle (et seulement 27,7% si on ajoute le score de B. Hamon, candidat du PS). Or, elle pourrait se situer à un niveau encore plus faible en 2022.
Dans tous les sondages d’opinion actuellement, c’est dans la classe travailleuse – ouvriers et employés, autrement dit environ 50% des actifs – que la gauche se situe à ses niveaux les plus faibles. On pourrait se rassurer à bon compte en imaginant que cela supprimerait ipso facto les illusions électoralistes et libèrerait la combativité, dégageant un chemin – sinon une voie royale – vers l’insurrection. Ce n’est pas vraiment ce que l’on constate historiquement : la plupart des grands moments de conflictualité sociale de masse, où s’est posée concrètement la question de la rupture révolutionnaire, ont aussi été des moments où la gauche politique parvenait à recueillir les voix d’une large partie des classes populaires et constituait de vastes organisations militantes, capables de retravailler de l’intérieur et d’orienter le sens commun des travailleurs·ses.
C’est cette capacité contre-hégémonique et ce lien organique avec les classes populaires qui ont été perdus, et ce n’est pas par une nouvelle « union de la gauche » ou une « primaire populaire », en plaçant toutes les organisations existantes derrière un·e candidat·e unique et en imaginant que cela permettra d’additionner les (petits) scores des uns et des autres, qui suffira à sortir de ce marasme. Les problèmes sont beaucoup plus profonds et devront être affrontés dans la période difficile qui s’annonce. L’unité est nécessaire sur le plan politique – y compris électoral – mais sur la base d’un projet de rupture, et non sur une base floue avec des forces ou des figures qui ont contribué au désastre du quinquennat Hollande et qui souhaitent à peu de choses près reconduire les mêmes politiques néolibérales.
El Lobo- Postulant
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Il faut effectivement mobiliser largement contre Zemmour et son projet. Mais une telle mobilisation devrait se garder d’une focalisation trop exclusive sur ce personnage sinistre, sous peine non seulement de laisser le champ libre à Le Pen et au FN/RN, mais aussi de sous-estimer le combat nécessaire contre tout ce qui a permis l’ascension de Zemmour, en particulier la banalisation de l’islamophobie (et sa radicalisation), au plus haut sommet de l’État et dans les médias de masse, ainsi que l’autoritarisme d’État, qu’il se manifeste quotidiennement à travers le sort qui est fait aux migrant·es ou à travers le quadrillage sécuritaire des quartiers populaires et d’immigration.
Enfin, si nous voulons obtenir des victoires durables contre le fascisme et sa montée, on ne pourra se contenter de mobilisations ponctuelles ni de faire reculer Zemmour ; nous n’échapperons pas à la nécessité de reconstruire une organisation de masse capable de porter – dans les mobilisations comme sur le terrain électoral – une alternative politique au capitalisme racial et patriarcal.
Enfin, si nous voulons obtenir des victoires durables contre le fascisme et sa montée, on ne pourra se contenter de mobilisations ponctuelles ni de faire reculer Zemmour ; nous n’échapperons pas à la nécessité de reconstruire une organisation de masse capable de porter – dans les mobilisations comme sur le terrain électoral – une alternative politique au capitalisme racial et patriarcal.
El Lobo- Postulant
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Cet article a d'abord été publié sur Contretemps.
Notes
[1] La réponse se trouve dans les attentats commis par des militants fascistes – de Breivik à Tarrant – ces dernières années au nom de la lutte contre l’ « islamisation » de l’Occident ou le « grand remplacement ».
[2] Extrait d’un texte signé par de nombreuses organisations : « La dissolution du CCIF validée par le Conseil d’État : les associations en danger ! ».
https://blogs.mediapart.fr/ugo-palheta/blog/071221/zemmour-le-pen-et-l-antifascisme
Notes
[1] La réponse se trouve dans les attentats commis par des militants fascistes – de Breivik à Tarrant – ces dernières années au nom de la lutte contre l’ « islamisation » de l’Occident ou le « grand remplacement ».
[2] Extrait d’un texte signé par de nombreuses organisations : « La dissolution du CCIF validée par le Conseil d’État : les associations en danger ! ».
https://blogs.mediapart.fr/ugo-palheta/blog/071221/zemmour-le-pen-et-l-antifascisme
El Lobo- Postulant
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Bon on va mettre les chose au clair :
C'est de la daube socialope.
En Espagne le peuple est en rogne contre ces pseudo communiste de la gauche caviard qui sont au gouvernement. C'est pour ça que le Front ouvrier espagnol est populaire :
https://politique.forum-actif.net/t28861-le-frente-obrero-botte-des-culs
Laisses tomber cette hérésie qui demande à se rallier aux sociaux-libéraux !!! Le socialisme est plus pur sans libéralisme, Mais surtout plus puissant !
De deux :
http://viedelabrochure.canalblog.com/archives/2016/09/23/34356044.html
Il existe sur le fascisme deux approches : un fait circonstanciel, un fait global. Pour les uns, les conditions qui ont donné naissance au national-socialisme font que ce fascisme a détruit les conditions de sa répétition. Pour d’autres, dont je suis, le fascisme est antérieur au national-socialisme et donc tout autant postérieur.
Dans son ultime livre de 2003, Clouscard est revenu, grâce à Marie-Antoine Rieu, sur son projet permanent, la refondation progressiste. A la fin un glossaire me permet de le citer sans le tronquer :
« Fascisme, national-socialisme, populisme
« Le fascisme traditionnel est le national-socialisme », dit Michel Clouscard, « il est spécifique d'un mode de production, le capitalisme concurrentiel libéral. Il témoigne de la crise », parce qu'il porte en lui une contradiction décisive entre nation et capitalisme. La période classique du développement du fascisme est l'accession à un capitalisme d'Etat, période de complémentarité entre nationalisme et répression sur le travail pour constituer la grande industrie. « La xénophobie et le racisme sont le moyen d'homogénéiser la nation », faite de l'émanation régionaliste des classes traditionnelles et des castes au service de l'Etat.
Le développement du marché du désir induit une nouvelle détermination politique : le marché du désir doit pouvoir s'accomplir comme moteur du libéralisme libertaire. Le fascisme national-socialiste serait un frein à ce développement. Mais deux déterminations nouvelles , apparaissent :
- tout un « pré-fascisme comportemental » se met en place autorisant dans le fantasmatique les pires exactions et valorisant le négatif et le nihilisme, en particulier dans le champ culturel-mondain et artistique ;
- une nouvelle figure politique apparaît, le populisme, combinant les attentes des libertaires et des répressifs de l'ancien nationaliste pour à la fois réprimer le travail et libérer les pulsions.
La dimension mondialiste du libéralisme lui permet de « faire l'économie » du fascisme classique, qui n'appartient d'ailleurs pas à sa tradition. Michel Clouscard souligne que « le fascisme ne doit pas être une référence automatique et machinale », dans la mesure où la stratégie libérale se dédouble selon les pays « en voie de développement » et les pays industriels et post-industriels : dans ces derniers le fascisme est un repoussoir qui permet de laisser croire que le libéralisme serait la bonne et, surtout, la seule solution. »
Comment passer du fascisme au FN ? Un chapitre est consacré à la question : « Que faire face au libéralisme libertaire ? » Comme toujours Clouscard ne fait pas dans la dentelle :
« Est-ce la faute à Cohn-Bendit d’avoir engendré Le Pen ou est-ce celui-ci qui a relancé Cohn-Bendit ? Vain débat. Il suffit de reconnaître leur engendrement réciproque, celui du permissif et celui du répressif, celui du couple infernal. »
Il s’agit là pour lui de l’engendrement de deux populismes.
Depuis 2003 (date du livre) l’inflation dans l’usage médiatique du mot « populisme » n’enlève rien à la clarté de la notion selon Clouscard. On peut même imaginer que cet usage massif vise à détruire la notion.
Donc la réflexion suit les étapes suivantes :
- La mondialisation permet au capitalisme de faire « l’économie » du fascisme.
- Les populismes du capitalisme concurrentiel libéral (le poujadisme et celui de l’OAS)
- Le FN
Le populisme s’articule autour de cinq repères : « le leader charismatique, le spontanéisme de masse, le rejet des partis, l’absence de programme politique, la position seulement revendicative.
D’où la conclusion de Clouscard :
« On peut alors mesurer toute la portée de la menace Front National. C'est celle d'un populisme moderne qui traduit et récupère l'inquiétude d'une société en crise, qui a normalisé le permissif mais qui reste toujours dépendante des effets contradictoires de la crise : l'arrogance d'Alcibiade, le jeune fils à papa, et la frustration du quidam de base, qui a cru que tout était permis et pour qui rien n'est possible. L'un attend sa revanche, l'autre est prêt à tout pour conserver sa consommation libidinale, ludique, marginale.
Ce pouvoir syncrétique du lepénisme est très préoccupant : c'est toute la modernité qui adhère à la contre-révolution libérale, qui la façonne. Mais ce syncrétisme n'est pas la seule prouesse de Le Pen. Il amalgame ce populisme du Front National et le national-socialisme, du moins ce qu'il en reste. Il y a toute une vieille clientèle d'extrême droite à récupérer et toute acquise à un leader charismatique. Le petit patron et même la grosse entreprise, dont la production et la distribution restent délimitées par le territoire national, opposent à la mondialisation un néo-nationalisme. Les petits vieux retraités redoutent la dévaluation de leur retraite. Toutes les composantes du national-socialisme redressent la tête. »
Pourquoi un populisme plutôt qu'un fascisme ? Berlusconi a cédé le pouvoir que jamais Hitler n'a cédé (ni aucun des autres fascistes). Berlusconi modèle parfait du modèle populiste tel que le dépeint Clouscard, a été faut-il le rappeler écarté du pouvoir non par les électeurs mais parce que des éléments de sa coalition l'ont trahi. Le FN est beaucoup plus dangeureux car il n'a jamais construit la moindre coalition, le parti lui-même étant la dite coalition ! Nous sommes là très loin de l'analyse de Jacques Rancière.
La réponse est donc une refondation progressiste c'est à dire un retour à l'urgence poltiique. Clouscard n'a jamais critiqué sans s'engager dans des réponses. L'évolution du FN confirme totalement son analyse. Si pour certains l'homosexualité de Philippot et le concubiage de Marine sont anecdotiques et relèvent de la vie privée, ils sont aussi le symbole de cet engendrement qui obsède Clouscard : l'engendrement du permissif et du répressif afin de valider la contgre-révolution libérale. Oui le FN c'est la modernité !
J-P Damaggio
Arrêtez de sucer les libéraux tenez par les couilles et lisez Rousseau ou Sartre !
http://philoclouscard.free.fr/pages/extraits1.html
El lobo a écrit:électoraux obtenus par des organisations comme Syriza, Podemos ou La France insoumise, par des figures comme Sanders ou surtout Corbyn,
C'est de la daube socialope.
En Espagne le peuple est en rogne contre ces pseudo communiste de la gauche caviard qui sont au gouvernement. C'est pour ça que le Front ouvrier espagnol est populaire :
https://politique.forum-actif.net/t28861-le-frente-obrero-botte-des-culs
Laisses tomber cette hérésie qui demande à se rallier aux sociaux-libéraux !!! Le socialisme est plus pur sans libéralisme, Mais surtout plus puissant !
De deux :
http://viedelabrochure.canalblog.com/archives/2016/09/23/34356044.html
Il existe sur le fascisme deux approches : un fait circonstanciel, un fait global. Pour les uns, les conditions qui ont donné naissance au national-socialisme font que ce fascisme a détruit les conditions de sa répétition. Pour d’autres, dont je suis, le fascisme est antérieur au national-socialisme et donc tout autant postérieur.
Dans son ultime livre de 2003, Clouscard est revenu, grâce à Marie-Antoine Rieu, sur son projet permanent, la refondation progressiste. A la fin un glossaire me permet de le citer sans le tronquer :
« Fascisme, national-socialisme, populisme
« Le fascisme traditionnel est le national-socialisme », dit Michel Clouscard, « il est spécifique d'un mode de production, le capitalisme concurrentiel libéral. Il témoigne de la crise », parce qu'il porte en lui une contradiction décisive entre nation et capitalisme. La période classique du développement du fascisme est l'accession à un capitalisme d'Etat, période de complémentarité entre nationalisme et répression sur le travail pour constituer la grande industrie. « La xénophobie et le racisme sont le moyen d'homogénéiser la nation », faite de l'émanation régionaliste des classes traditionnelles et des castes au service de l'Etat.
Le développement du marché du désir induit une nouvelle détermination politique : le marché du désir doit pouvoir s'accomplir comme moteur du libéralisme libertaire. Le fascisme national-socialiste serait un frein à ce développement. Mais deux déterminations nouvelles , apparaissent :
- tout un « pré-fascisme comportemental » se met en place autorisant dans le fantasmatique les pires exactions et valorisant le négatif et le nihilisme, en particulier dans le champ culturel-mondain et artistique ;
- une nouvelle figure politique apparaît, le populisme, combinant les attentes des libertaires et des répressifs de l'ancien nationaliste pour à la fois réprimer le travail et libérer les pulsions.
La dimension mondialiste du libéralisme lui permet de « faire l'économie » du fascisme classique, qui n'appartient d'ailleurs pas à sa tradition. Michel Clouscard souligne que « le fascisme ne doit pas être une référence automatique et machinale », dans la mesure où la stratégie libérale se dédouble selon les pays « en voie de développement » et les pays industriels et post-industriels : dans ces derniers le fascisme est un repoussoir qui permet de laisser croire que le libéralisme serait la bonne et, surtout, la seule solution. »
Comment passer du fascisme au FN ? Un chapitre est consacré à la question : « Que faire face au libéralisme libertaire ? » Comme toujours Clouscard ne fait pas dans la dentelle :
« Est-ce la faute à Cohn-Bendit d’avoir engendré Le Pen ou est-ce celui-ci qui a relancé Cohn-Bendit ? Vain débat. Il suffit de reconnaître leur engendrement réciproque, celui du permissif et celui du répressif, celui du couple infernal. »
Il s’agit là pour lui de l’engendrement de deux populismes.
Depuis 2003 (date du livre) l’inflation dans l’usage médiatique du mot « populisme » n’enlève rien à la clarté de la notion selon Clouscard. On peut même imaginer que cet usage massif vise à détruire la notion.
Donc la réflexion suit les étapes suivantes :
- La mondialisation permet au capitalisme de faire « l’économie » du fascisme.
- Les populismes du capitalisme concurrentiel libéral (le poujadisme et celui de l’OAS)
- Le FN
Le populisme s’articule autour de cinq repères : « le leader charismatique, le spontanéisme de masse, le rejet des partis, l’absence de programme politique, la position seulement revendicative.
D’où la conclusion de Clouscard :
« On peut alors mesurer toute la portée de la menace Front National. C'est celle d'un populisme moderne qui traduit et récupère l'inquiétude d'une société en crise, qui a normalisé le permissif mais qui reste toujours dépendante des effets contradictoires de la crise : l'arrogance d'Alcibiade, le jeune fils à papa, et la frustration du quidam de base, qui a cru que tout était permis et pour qui rien n'est possible. L'un attend sa revanche, l'autre est prêt à tout pour conserver sa consommation libidinale, ludique, marginale.
Ce pouvoir syncrétique du lepénisme est très préoccupant : c'est toute la modernité qui adhère à la contre-révolution libérale, qui la façonne. Mais ce syncrétisme n'est pas la seule prouesse de Le Pen. Il amalgame ce populisme du Front National et le national-socialisme, du moins ce qu'il en reste. Il y a toute une vieille clientèle d'extrême droite à récupérer et toute acquise à un leader charismatique. Le petit patron et même la grosse entreprise, dont la production et la distribution restent délimitées par le territoire national, opposent à la mondialisation un néo-nationalisme. Les petits vieux retraités redoutent la dévaluation de leur retraite. Toutes les composantes du national-socialisme redressent la tête. »
Pourquoi un populisme plutôt qu'un fascisme ? Berlusconi a cédé le pouvoir que jamais Hitler n'a cédé (ni aucun des autres fascistes). Berlusconi modèle parfait du modèle populiste tel que le dépeint Clouscard, a été faut-il le rappeler écarté du pouvoir non par les électeurs mais parce que des éléments de sa coalition l'ont trahi. Le FN est beaucoup plus dangeureux car il n'a jamais construit la moindre coalition, le parti lui-même étant la dite coalition ! Nous sommes là très loin de l'analyse de Jacques Rancière.
La réponse est donc une refondation progressiste c'est à dire un retour à l'urgence poltiique. Clouscard n'a jamais critiqué sans s'engager dans des réponses. L'évolution du FN confirme totalement son analyse. Si pour certains l'homosexualité de Philippot et le concubiage de Marine sont anecdotiques et relèvent de la vie privée, ils sont aussi le symbole de cet engendrement qui obsède Clouscard : l'engendrement du permissif et du répressif afin de valider la contgre-révolution libérale. Oui le FN c'est la modernité !
J-P Damaggio
Arrêtez de sucer les libéraux tenez par les couilles et lisez Rousseau ou Sartre !
http://philoclouscard.free.fr/pages/extraits1.html
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Michel Clouscard :
A DU FASCISME NATIONAL-SOCIALISTE AU
SYSTEME DES POPULISMES
1 Les racismes - fatales perversions de
l'économie du profit - et la stratégie capitaliste
de l'immigration
a/ Le riche n 'a pas de faciès et le pauvre n 'a pas
d'identité
Vous avez proposé une morale citoyenne, une éthique de la praxis.
Je peux même subsumer ces expressions par celle de spiritualité laïque. Il faut les assumer et même les
revendiquer. C'est ce qui est accompli par la praxis et qui s'intègre aussi dans les traditions de spiritualité. Le divin
horloger, avec nous ! Mais il est vrai que toute une conceptualisation des rapports de la praxis, du socialisme, du spirituel est à faire.
Le Pen n'a pas de ces états d 'âme !
Rester sur son terrain, justement, c'est faire son jeu. Mais il est vrai aussi que c'est au niveau du politique qu'il faut
intervenir d'urgence, trouver une riposte immédiate.
Ce sera vos travaux pratiques, la mise en pratique, sur le terrain,
des catégories proposées. Ce sera la mesure de leur fiabilité.
On verra si elles apportent un plus, d'abord dans renonciation politique, puis dans la résolution. Les
observateurs, interprètes, commentateurs des médias ont témoigné d'une impuissance conceptuelle fondamentale,
aussi inquiétante que l'irruption politique de Le Pen elle-même. Le journalisme politique a révélé ses limites. Il lui manque la conceptualisation philosophique, trop souvent réduite aussi au journalisme. Les exégètes sont restés pantois devant la clientèle électorale du Front National. Elle leur est apparue comme un incompréhensible syncrétisme qui ne ferait que corroborer la prétention lepéniste d'une synthèse d'un front de toutes les composantes de la nation.
Le Pen nous a appris qu'il fallait au moins deux racismes — divergents, mais complémentaires - pour faire un populisme, à l'égard du castor et de l'Arabe, de Rothschild et de l'immigrant. C'est qu'il y a une logique des racismes. Hitler ne s'en prenait qu'au castor en particulier et aux races inférieures en général. Il ne disposait pas de la dimension que l'Arabe apporte.
Notre thèse : les racismes ne sont — en leur essence, en leur nature — que des déviations fatales de l'économie du profit, la dégénérescence fatale du chrématistique. De même que l'accumulation primitive est l'origine criminelle du capitalisme, les racismes déterminent la relation dialectique du pauvre et du riche.
La paupérisation menaçante, c'est une race : l'Arabe. La richesse interdite, c'est une race : le castor. « On » est désigné comme race. Les états de pauvre ou de riche sont ramenés à un principe originel, matriciel, général. Le racisme est à double face : il prétend à une supériorité, mais surtout il est la désignation de l'altérité comme une erreur ontologique qui associe la contingence et la malfaisance. L'Autre est de trop.
Il n'est qu'une excroissance cancéreuse de la Création. Il n'a rien et il n'est rien : c'est normal, puisqu'il est pure contingence. Il n'est que la forme vide : une race.
Le pauvre, c'est l'immigrant, l'immigrant c'est l'Arabe.
Ainsi se constitue une race, un homme vide de toute culture, de tout contenu qui n'est plus qu'une forme : un faciès. Le lepéniste reconnaît la race par le faciès. L'Arabe, dira-t-il, a le faciès de sa race. C'est le signe extérieur qui ne peut être camouflé, le stigmate, la tache indélébile. Le faciès, c'est l'aveu de la race. Et ce pauvre, ce faciès, est un envahisseur, incroyable paradoxe.
Il est nul et il menace l'identité nationale ! Quel scandale ! La stratégie de l'immigrant aurait consisté à contourner... Poitiers, le lieu officiel de l'arrêt de l'invasion Arabe. Ce qui n'a pu être réalisé au sommet peut l'être en pénétrant la base. C'est un entrisme de masse qui glisse l'Arabe au cœur même du peuple. Ce dernier, dira Le Pen, doit se mettre en état de légitime défense. Autrement nous deviendrons tous des Arabes, c'est-à-dire des pauvres. Le discours raciste cache la peur de la régression sociale, de la crise, de la paupérisation.
L'Arabe est bien plus qu'un bouc émissaire. Il est la relation de l'identitaire et de l'altérité dans l'économie de marché.
Si l'envahisseur menace, s'il peut être encore repéré et désigné par la vigilance nationaliste, l'autre ennemi de l'identitaire a déjà pénétré dans la place : le castor. Il est l'autre face de l'altérité. L'identitaire est menacé à la fois par la paupérisation et par la richesse, par les propres limites du chrématistique. Le castor a été désigné par l'Eglise comme l'usurier, le prêteur, celui qui profite. Mais cette stigmatisation ne suffit pas à expliquer l'antisémitisme. Il est l'ennemi intérieur qui n'a pu s'enrichir qu'en profitant de l'institution nationale sans participer aux frais. Corollaire :
l'enrichissez-vous est impossible. C'est le castor qui détient et qui conserve les moyens du chrématistique, qui dispose des postes de création et de gestion. Les deux racismes sont complémentaires : l'un à l'égard du pauvre, l'autre à l'égard du riche. La peur de devenir pauvre s'exaspère de la colère de ne pouvoir devenir riche.
L'économie politique s'est faite constitutive de la relation du français lepéniste avec le castor et l'Arabe. Les racismes disent la relation à la paupérisation et à l'enrichissement.
Bien plus que des boucs émissaires, ils représentent les deux
perversités de l'économie du profit. Ils ne font que cacher une stratégie du capitalisme que la plupart des antiracistes méconnaissent. Autrement dit, les bons sentiments ne suffisent pas à débusquer la bête immonde. Certains militants font même le jeu de cette stratégie en défendant la cause de l'immigrant à l'encontre de la logique de l'immigration, en la réduisant au combat de l'homme libre contre une administration bureaucratique.
b/ L'odyssée de l'immigrant
Je ne ferai ici qu'indiquer le schéma de la stratégie capitaliste. Tout d'abord, il faut arracher aux pays en voie de développement les moyens de ce développement. Le capitalisme veut conserver ce sous développement car il représente les meilleures conditions du post-colonialisme (c'est toujours la mainmise sur l'énergie, les ressources minières, la main d'oeuvre). En priorité, arracher les forces vives de ces pays, la main d'œuvre des hommes jeunes sans qualification professionnelle pour les « expulser » vers les pays post-industriels. J'emploie le terme expulser car c'est le départ de gens qui ne voudraient pas quitter le pays et qui y sont forcés. Etrangers en leur pays, déjà.
Cet immigrant, en son pays « d'accueil », doit jouer le rôle d'un « sous-prolétariat ». Il doit servir à casser le prolétariat, la classe ouvrière, le mouvement social. Ouvrier sans qualification professionnelle, il sert de manœuvre, de force productive directe, la formation professionnelle - sommaire — se faisant sur le tas. C'est une main d'œuvre taillable et corvéable à merci, la couverture sociale étant inexistante.
Ainsi s'est constituée une « fracture » sociale au sein même des travailleurs manuels. Cette division ne peut que ratifier le schéma marxiste des rapports du sous-prolétariat et de la classe ouvrière. Mais avec cette fondamentale nouveauté :
c'est le travailleur étranger qui est devenu le sous-prolétariat.
Ultime opération du post-colonialisme : cet immigrant renvoie des devises aux pays d'origine. Les potentats locaux, après s'être débarrassés des forces vives et potentiellement révolutionnaires, empochent le fruit du travail étranger. C'est un profit sans investissement productif; d'où l'impossible développement des pays en voie de développement.
Tels sont les moments essentiels de la stratégie capitaliste, l'odyssée de l'immigrant, avec en prime, bien installé dans la demeure, un conflit de génération pour occuper les longues journées du chômage. Bien sûr, il peut y avoir des variantes, avec la flexibilité et la mondialisation...
c/ Une guerre civile invisible
La vie quotidienne s'est soumise à ce conditionnement. L'immigrant est vite repéré, montré du doigt, ennemi invisible à la tête bien connue : un faciès, la tête du passage à l'acte, au délit. Sous l'immigré, l'Arabe, et sous l'Arabe, le délinquant. Ainsi se constitue la plus grande « fracture sociale » qui soit possible, toute une guerre symbolique et fantasmatique.
Derrière la coexistence communautaire une guerre civile invisible, du coin de rue, du métro, du comptoir. Elle se camoufle dans le terme lui-même qui la désigne : la violence. Comme si c'était la même chose, une bouffe à la récré ou une bombe atomique sur Hiroshima. Le prétendu concept indique une telle extension qu'il n'a plus de consistance en compréhension. Le terme générique doit rester dans le vague pour que le fantasmatique le pénètre et s'en serve. Cette guerre sans trêve dans le tissu quotidien, de position, d'escarmouche, de constant rappel à l'ordre, est devenue constitutive de l'identité communautaire et de ses frontières invisibles.
A DU FASCISME NATIONAL-SOCIALISTE AU
SYSTEME DES POPULISMES
1 Les racismes - fatales perversions de
l'économie du profit - et la stratégie capitaliste
de l'immigration
a/ Le riche n 'a pas de faciès et le pauvre n 'a pas
d'identité
Vous avez proposé une morale citoyenne, une éthique de la praxis.
Je peux même subsumer ces expressions par celle de spiritualité laïque. Il faut les assumer et même les
revendiquer. C'est ce qui est accompli par la praxis et qui s'intègre aussi dans les traditions de spiritualité. Le divin
horloger, avec nous ! Mais il est vrai que toute une conceptualisation des rapports de la praxis, du socialisme, du spirituel est à faire.
Le Pen n'a pas de ces états d 'âme !
Rester sur son terrain, justement, c'est faire son jeu. Mais il est vrai aussi que c'est au niveau du politique qu'il faut
intervenir d'urgence, trouver une riposte immédiate.
Ce sera vos travaux pratiques, la mise en pratique, sur le terrain,
des catégories proposées. Ce sera la mesure de leur fiabilité.
On verra si elles apportent un plus, d'abord dans renonciation politique, puis dans la résolution. Les
observateurs, interprètes, commentateurs des médias ont témoigné d'une impuissance conceptuelle fondamentale,
aussi inquiétante que l'irruption politique de Le Pen elle-même. Le journalisme politique a révélé ses limites. Il lui manque la conceptualisation philosophique, trop souvent réduite aussi au journalisme. Les exégètes sont restés pantois devant la clientèle électorale du Front National. Elle leur est apparue comme un incompréhensible syncrétisme qui ne ferait que corroborer la prétention lepéniste d'une synthèse d'un front de toutes les composantes de la nation.
Le Pen nous a appris qu'il fallait au moins deux racismes — divergents, mais complémentaires - pour faire un populisme, à l'égard du castor et de l'Arabe, de Rothschild et de l'immigrant. C'est qu'il y a une logique des racismes. Hitler ne s'en prenait qu'au castor en particulier et aux races inférieures en général. Il ne disposait pas de la dimension que l'Arabe apporte.
Notre thèse : les racismes ne sont — en leur essence, en leur nature — que des déviations fatales de l'économie du profit, la dégénérescence fatale du chrématistique. De même que l'accumulation primitive est l'origine criminelle du capitalisme, les racismes déterminent la relation dialectique du pauvre et du riche.
La paupérisation menaçante, c'est une race : l'Arabe. La richesse interdite, c'est une race : le castor. « On » est désigné comme race. Les états de pauvre ou de riche sont ramenés à un principe originel, matriciel, général. Le racisme est à double face : il prétend à une supériorité, mais surtout il est la désignation de l'altérité comme une erreur ontologique qui associe la contingence et la malfaisance. L'Autre est de trop.
Il n'est qu'une excroissance cancéreuse de la Création. Il n'a rien et il n'est rien : c'est normal, puisqu'il est pure contingence. Il n'est que la forme vide : une race.
Le pauvre, c'est l'immigrant, l'immigrant c'est l'Arabe.
Ainsi se constitue une race, un homme vide de toute culture, de tout contenu qui n'est plus qu'une forme : un faciès. Le lepéniste reconnaît la race par le faciès. L'Arabe, dira-t-il, a le faciès de sa race. C'est le signe extérieur qui ne peut être camouflé, le stigmate, la tache indélébile. Le faciès, c'est l'aveu de la race. Et ce pauvre, ce faciès, est un envahisseur, incroyable paradoxe.
Il est nul et il menace l'identité nationale ! Quel scandale ! La stratégie de l'immigrant aurait consisté à contourner... Poitiers, le lieu officiel de l'arrêt de l'invasion Arabe. Ce qui n'a pu être réalisé au sommet peut l'être en pénétrant la base. C'est un entrisme de masse qui glisse l'Arabe au cœur même du peuple. Ce dernier, dira Le Pen, doit se mettre en état de légitime défense. Autrement nous deviendrons tous des Arabes, c'est-à-dire des pauvres. Le discours raciste cache la peur de la régression sociale, de la crise, de la paupérisation.
L'Arabe est bien plus qu'un bouc émissaire. Il est la relation de l'identitaire et de l'altérité dans l'économie de marché.
Si l'envahisseur menace, s'il peut être encore repéré et désigné par la vigilance nationaliste, l'autre ennemi de l'identitaire a déjà pénétré dans la place : le castor. Il est l'autre face de l'altérité. L'identitaire est menacé à la fois par la paupérisation et par la richesse, par les propres limites du chrématistique. Le castor a été désigné par l'Eglise comme l'usurier, le prêteur, celui qui profite. Mais cette stigmatisation ne suffit pas à expliquer l'antisémitisme. Il est l'ennemi intérieur qui n'a pu s'enrichir qu'en profitant de l'institution nationale sans participer aux frais. Corollaire :
l'enrichissez-vous est impossible. C'est le castor qui détient et qui conserve les moyens du chrématistique, qui dispose des postes de création et de gestion. Les deux racismes sont complémentaires : l'un à l'égard du pauvre, l'autre à l'égard du riche. La peur de devenir pauvre s'exaspère de la colère de ne pouvoir devenir riche.
L'économie politique s'est faite constitutive de la relation du français lepéniste avec le castor et l'Arabe. Les racismes disent la relation à la paupérisation et à l'enrichissement.
Bien plus que des boucs émissaires, ils représentent les deux
perversités de l'économie du profit. Ils ne font que cacher une stratégie du capitalisme que la plupart des antiracistes méconnaissent. Autrement dit, les bons sentiments ne suffisent pas à débusquer la bête immonde. Certains militants font même le jeu de cette stratégie en défendant la cause de l'immigrant à l'encontre de la logique de l'immigration, en la réduisant au combat de l'homme libre contre une administration bureaucratique.
b/ L'odyssée de l'immigrant
Je ne ferai ici qu'indiquer le schéma de la stratégie capitaliste. Tout d'abord, il faut arracher aux pays en voie de développement les moyens de ce développement. Le capitalisme veut conserver ce sous développement car il représente les meilleures conditions du post-colonialisme (c'est toujours la mainmise sur l'énergie, les ressources minières, la main d'oeuvre). En priorité, arracher les forces vives de ces pays, la main d'œuvre des hommes jeunes sans qualification professionnelle pour les « expulser » vers les pays post-industriels. J'emploie le terme expulser car c'est le départ de gens qui ne voudraient pas quitter le pays et qui y sont forcés. Etrangers en leur pays, déjà.
Cet immigrant, en son pays « d'accueil », doit jouer le rôle d'un « sous-prolétariat ». Il doit servir à casser le prolétariat, la classe ouvrière, le mouvement social. Ouvrier sans qualification professionnelle, il sert de manœuvre, de force productive directe, la formation professionnelle - sommaire — se faisant sur le tas. C'est une main d'œuvre taillable et corvéable à merci, la couverture sociale étant inexistante.
Ainsi s'est constituée une « fracture » sociale au sein même des travailleurs manuels. Cette division ne peut que ratifier le schéma marxiste des rapports du sous-prolétariat et de la classe ouvrière. Mais avec cette fondamentale nouveauté :
c'est le travailleur étranger qui est devenu le sous-prolétariat.
Ultime opération du post-colonialisme : cet immigrant renvoie des devises aux pays d'origine. Les potentats locaux, après s'être débarrassés des forces vives et potentiellement révolutionnaires, empochent le fruit du travail étranger. C'est un profit sans investissement productif; d'où l'impossible développement des pays en voie de développement.
Tels sont les moments essentiels de la stratégie capitaliste, l'odyssée de l'immigrant, avec en prime, bien installé dans la demeure, un conflit de génération pour occuper les longues journées du chômage. Bien sûr, il peut y avoir des variantes, avec la flexibilité et la mondialisation...
c/ Une guerre civile invisible
La vie quotidienne s'est soumise à ce conditionnement. L'immigrant est vite repéré, montré du doigt, ennemi invisible à la tête bien connue : un faciès, la tête du passage à l'acte, au délit. Sous l'immigré, l'Arabe, et sous l'Arabe, le délinquant. Ainsi se constitue la plus grande « fracture sociale » qui soit possible, toute une guerre symbolique et fantasmatique.
Derrière la coexistence communautaire une guerre civile invisible, du coin de rue, du métro, du comptoir. Elle se camoufle dans le terme lui-même qui la désigne : la violence. Comme si c'était la même chose, une bouffe à la récré ou une bombe atomique sur Hiroshima. Le prétendu concept indique une telle extension qu'il n'a plus de consistance en compréhension. Le terme générique doit rester dans le vague pour que le fantasmatique le pénètre et s'en serve. Cette guerre sans trêve dans le tissu quotidien, de position, d'escarmouche, de constant rappel à l'ordre, est devenue constitutive de l'identité communautaire et de ses frontières invisibles.
Plaristes Evariste- Vénérable
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Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
On peut alors mesurer toute la portée de la menace Front National. C'est celle d'un populisme moderne qui traduit et récupère l'inquiétude d'une société en crise, qui a normalisé le permissif mais qui reste toujours dépendante des effets contradictoires de la crise
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Et est-ce que de Gaulle était d'extrême droite? Si oui qu'est-ce qui le différentie de l'OAS de Petain et des gens qui ont perpétué les attentats du petit Clamart?
Tain parce-que classer Asselineau à l'extrême droite....
Tain parce-que classer Asselineau à l'extrême droite....
Plaristes Evariste- Vénérable
- Messages : 25190
Date d'inscription : 04/06/2020
Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Aujourd'hui 8/12= 11 Fake :faux attentat déjoué .mdr
Le 10, 11 ou le 29 décembre il y aura certainement un faux fait divers retentissant ou un faux attentat (fausse attaque au couteau)
Le nombre 11 chiffre satanique des Francs sionistes
Le 10, 11 ou le 29 décembre il y aura certainement un faux fait divers retentissant ou un faux attentat (fausse attaque au couteau)
Le nombre 11 chiffre satanique des Francs sionistes
Invité- Invité
Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
El Lobo a écrit:Cet article a d'abord été publié sur Contretemps.
Notes
[1] La réponse se trouve dans les attentats commis par des militants fascistes – de Breivik à Tarrant – ces dernières années au nom de la lutte contre l’ « islamisation » de l’Occident ou le « grand remplacement ».
[2] Extrait d’un texte signé par de nombreuses organisations : « La dissolution du CCIF validée par le Conseil d’État : les associations en danger ! ».
https://blogs.mediapart.fr/ugo-palheta/blog/071221/zemmour-le-pen-et-l-antifascisme
El Lobo- Postulant
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
https://politique.forum-actif.net/t30960-zemmour-le-pen-et-lantifascisme#435532
par Plaristes Aujourd'hui à 13:10
"""Arrêtez de sucer les libéraux tenez par les couilles ........ !"""
Mais c'est qui ce charretier ? Il veut convaincre avec des insultes ??
par Plaristes Aujourd'hui à 13:10
"""Arrêtez de sucer les libéraux tenez par les couilles ........ !"""
Mais c'est qui ce charretier ? Il veut convaincre avec des insultes ??
El Lobo- Postulant
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
El Lobo a écrit:El Lobo a écrit:Cet article a d'abord été publié sur Contretemps.
Notes
[1] La réponse se trouve dans les attentats commis par des militants fascistes – de Breivik à Tarrant – ces dernières années au nom de la lutte contre l’ « islamisation » de l’Occident ou le « grand remplacement ».
[2] Extrait d’un texte signé par de nombreuses organisations : « La dissolution du CCIF validée par le Conseil d’État : les associations en danger ! ».
https://blogs.mediapart.fr/ugo-palheta/blog/071221/zemmour-le-pen-et-l-antifascisme
Il faut le marteler car bien peu nombreux sont ceux qui le réalisent vraiment. On leur dit mille fois par jour que le danger pour la France c est l islam, mais jamais on ne leur dit que ce pseudo danger est une création sioniste étasunienne. Il faut lire le bouquin de Samuel Huntington Le choc des civilisations. Tout est dit et programmé. Depuis sa publication en 1993, cet objectif est en marche et en passe de réussir si personne ne réagit. >
La théorie foireuse de < choc des civilisations > est une invention infame d un certain Bernard Lewis un castor sioniste ancien conseiller de...Benyamin Nethanyahou
.Huntington n a fait que reprendre ce concept idiot pour le rendre célèbre.
< Le choc des civilisations >, c est le rève du castor SAMUEL Hungtington de voir les Blancs et les Arabes s entretuer pour le plus grand profit d Israel , qui s en partagera les dépouilles . Les castors sioniste parviennent à manipuler les foules.
Diviser pour mieux régner.
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
le 11 c'est le monde parrallèle (Terre et Cieux) !Marie 24 a écrit:Aujourd'hui 8/12= 11 Fake :faux attentat déjoué .mdr
Le 10, 11 ou le 29 décembre il y aura certainement un faux fait divers retentissant ou un faux attentat (fausse attaque au couteau)
Le nombre 11 chiffre satanique des Francs sionistes
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
aPOTRE a écrit:le 11 c'est le monde parrallèle (Terre et Cieux) !Marie 24 a écrit:Aujourd'hui 8/12= 11 Fake :faux attentat déjoué .mdr
Le 10, 11 ou le 29 décembre il y aura certainement un faux fait divers retentissant ou un faux attentat (fausse attaque au couteau)
Le nombre 11 chiffre satanique des Francs sionistes
Tu les as apercus, ils te les ont montrés en chair en os les islamistes ..??
BFM te l'as dit et c'est crédible
Je me marre avec des neuneus naïfs comme vous
Vous n'avez pas honte à votre âge d'être con et naïf??
Mdr
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Plaristes a écrit: ....... Tain parce-que classer Asselineau à l'extrême droite....
S'il était d'extrême gauche, ça se saurait.
El Lobo- Postulant
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Franchement t'es trop binaire et dans les extrêmes.
Ceci dit il a programme plus à gauche que la FI. Il prévoit plus de nationalisation, et son plan B c'est pas le frexit, non ça c'est son plan A, le plan B c'est le socialisme direct !
Merci la section Marxiste léniniste de l'UPR !
Ceci dit il a programme plus à gauche que la FI. Il prévoit plus de nationalisation, et son plan B c'est pas le frexit, non ça c'est son plan A, le plan B c'est le socialisme direct !
Merci la section Marxiste léniniste de l'UPR !
Plaristes Evariste- Vénérable
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
c'est toi la petite démarcheuse de mélenchon ???Marie 24 a écrit:aPOTRE a écrit:le 11 c'est le monde parrallèle (Terre et Cieux) !Marie 24 a écrit:Aujourd'hui 8/12= 11 Fake :faux attentat déjoué .mdr
Le 10, 11 ou le 29 décembre il y aura certainement un faux fait divers retentissant ou un faux attentat (fausse attaque au couteau)
Le nombre 11 chiffre satanique des Francs sionistes
Tu les as apercus, ils te les ont montrés en chair en os les islamistes ..??
BFM te l'as dit et c'est crédible
Je me marre avec des neuneus naïfs comme vous
Vous n'avez pas honte à votre âge d'être con et naïf??
Mdr
Frère Barnabé- Vénérable
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Franchement Lobo Mélenchon c'est un Bourricot, choisi quelqu'un d'autre, même Jadot il est plus sérieux et surtout moins pro-russe.
Francis XV- Sage
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El Lobo- Postulant
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Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Franchement je n'en vois que 2 pour faire barrage au fascisme, Pécresse ou Hildalgo. Les autres sont soit des fascistes eux-mêmes soit des bourricots qui vont se planter.
Francis XV- Sage
- Messages : 6981
Date d'inscription : 28/07/2020
Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Francis XV a écrit:Franchement je n'en vois que 2 pour faire barrage au fascisme, Pécresse ou Hildalgo. Les autres sont soit des fascistes eux-mêmes soit des bourricots qui vont se planter.
L'israélien Attali avait prévu une femme en 2022 et le chaos avant 2022.
Il y a 3 possibilités : une alliance droite-extreme droite ou bien Pécresse ou alors Macron restera en place.
Les élites sionistes nous refont les années 1930, une dictature. Que ce soit la droite ou l'extreme-droite qui passe, il n'y a rien de bon à attendre surtout pour les musulmans.
Les faux attentats et faux faits divers vont se multiplier jusqu'à ce qu'on atteigne leur but ultime : la guerre contre les musulmans pour servir les intérets des puissants.
Valérie Pécresse est membre de la Grande Loge Féminine de France (GLFF). Elle a participé à la réunion du Bilderberg en 2013. Et elle est Young Leader 2002 de la French American Foundation.
Invité- Invité
Re: Zemmour, Le Pen et l’antifascisme
Le voici le faux fait divers retentissant qui va nous occuper jusqu'au 11 décembre chiffre satanique des Francs maçons
J'avais raison.
Peut-être même qu'ils vont nous rajouter une fausse attaque au couteau
Un Fake :plus c'est gros et plus ça passe.
https://www.letribunaldunet.fr/faits-divers/thais-descufon-sequestree-agressee-sexuellement-domicile.html
Invité- Invité
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