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Chronique du quatre août de l’an de disgrâce vingt-deux.
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Chronique du quatre août de l’an de disgrâce vingt-deux.
Une courte chronique...
Chronique du quatre août de l’an de disgrâce vingt-deux.
Où il est question d’une Restauration très achevée.
Deux cent trente-trois plus tôt, en l’an de grâce mil sept cent quatre-vingt-neuf, les Sans-Culottes avaient mis fin aux privilèges de la caste des aristocrates. Au Royaume du Grand Cul-par-dessus-Tête, depuis l’avènement de Notre Poudreux Dauphin, c’était la Grande Restauration. Les Riches étaient mignotés, recevant tant de gains que leurs cassettes en débordaient. Les rangs des nécessiteux ne cessaient de croître de la même manière. Le président de la Chambre Haute, le gros baron de l’Arche, fit voter nuitamment la suppression d’une obole, laquelle eût été pure gabegie. Les pauvres usaient si mal de l’argent qu’on leur distribuait trop généreusement qu’il valait mieux les en priver.
A la Chambre Basse, les Dévots pourfendaient les Insoumis, les couvrant d’opprobre et d’ignominie, cependant que les Haineux étaient cajolés, tendrement bisouillés et élevés au rang de pairs de la Startupenéchionne. On gouvernait le pays de concert. Le Sieur Du Pont de Morte-Ethique se signala une fois de plus par un discours des plus virulents contre les Nupésiens. Outrés, ces derniers et dernières quittèrent les lieux en signe de protestation contre cette nouvelle éructation du Chambellan aux Balances.
Les fidèles de Sa Cynique Malfaisance étaient récompensés. Tel ou telle se voyait attribuer une charge honorifique fort bien rétribuée. Ainsi en alla-t-il pour la duchesse du Noirgond, bien que des députés se fussent en majorité opposés à sa nomination. Par la grâce du Roy, cette aimable courtisane obtint le titre fort convoité de présidente de la Commission des Combustibles. Quand l’hiver viendrait, Madame du Noirgond servirait à merveille les desseins de son suzerain. Les Riens et les Riennes devaient se préparer à claquer des dents.
Notre Immoral Jouvenceau avait mis le pays en émoi. Le Prince héritier du royaume de l’Arabie, que le Gotha appelait fort simplement M' Bey Hesse, avait annoncé sa visite. Ce prince était connu pour sa cruauté. Les habitants du royaume voisin du sien avaient été impitoyablement réduits en miettes par ses canons.
Il avait fait hacher menu tous ceux qui n’avaient point l’heur de lui plaire. Un pamphlétaire avait ainsi perdu sa pauvre vie dans l’ambassade où il avait vainement tenté de trouver refuge. Il en allait de même avec les androgames, férocement pourchassés et décapités. Le prince possédait dans notre pays un château des plus somptueux, où il s’était établi avec sa nombreuse suite. Le Grand Econome, le baron de l’Amer, était allé l’accueillir avec tous les honneurs de la Startupenéchionne à sa descente de son aéroplane.
Ce fut ensuite le Roy qui le reçut avec force bisouilleries et autres tendresse au Château. Un souper des plus fins fut servi dans les plus belles porcelaines. Dans les chaumières, on ne manqua de s’interroger et de s’inquiéter pour les Mignons du Roy, les petits ducs de l’Attelle et des Hospices. On les fustigea tout en même temps. On ne les avait point entendu protester du sort qui était réservé à leurs semblables dans le royaume de l’Arabie. Son Obséquieuse Bonimenterie était fort colère, s’offusquant de ce que ces maudits Insoumis osassent se répandre en récriminations contre son cousin le prince. Il convenait tout au contraire de se féliciter de ces bonnes relations, qu’on s’était promis d’entretenir. Il en allait des intérêts bien compris des deux royaumes, et de leurs souverains.
Là-dessus, Notre Fieffé Colonialiste s’envola dans son aéroplane pour la lointaine et mystérieuse Afrique. Il y rencontra les souverains de ces pays, qu’il considérait comme ses vassaux et leur administra une de ces leçons qu’il affectionnait tant. « On doit aider à réguler les sujets de corruption qui sont un fléau pour le continent africain » plaida Sa Morgueuse Suffisance auprès du vieux souverain du royaume du Kameroune, lequel par bonheur était sourd comme un pot. A moins qu’il ne feignît de l’être pour ne point avoir à supporter l’outrage.
Ainsi en allait-il au Royaume du Grand-Cul-par-dessus-Tête, au mitan de l’été. La terre craquelait sous l’impitoyable sécheresse.
La journée du Quatre Août de l'an de disgrâce vingt-deux s'acheva en apothéose : le duc du Troudebalkini fut élargi. Il croupissait dans une méchante geôle. La justice ayant à lui reprocher d'avoir confondu ses intérêts avec la chose publique et vice-versa, on l'avait condamné à cinq années d'emprisonnement. Dans sa bonne ville de Le Valet, on se préparait à des libations.
Texte Julie d'Aiglemont
Illustration Bridget Jaune
Chronique du quatre août de l’an de disgrâce vingt-deux.
Où il est question d’une Restauration très achevée.
Deux cent trente-trois plus tôt, en l’an de grâce mil sept cent quatre-vingt-neuf, les Sans-Culottes avaient mis fin aux privilèges de la caste des aristocrates. Au Royaume du Grand Cul-par-dessus-Tête, depuis l’avènement de Notre Poudreux Dauphin, c’était la Grande Restauration. Les Riches étaient mignotés, recevant tant de gains que leurs cassettes en débordaient. Les rangs des nécessiteux ne cessaient de croître de la même manière. Le président de la Chambre Haute, le gros baron de l’Arche, fit voter nuitamment la suppression d’une obole, laquelle eût été pure gabegie. Les pauvres usaient si mal de l’argent qu’on leur distribuait trop généreusement qu’il valait mieux les en priver.
A la Chambre Basse, les Dévots pourfendaient les Insoumis, les couvrant d’opprobre et d’ignominie, cependant que les Haineux étaient cajolés, tendrement bisouillés et élevés au rang de pairs de la Startupenéchionne. On gouvernait le pays de concert. Le Sieur Du Pont de Morte-Ethique se signala une fois de plus par un discours des plus virulents contre les Nupésiens. Outrés, ces derniers et dernières quittèrent les lieux en signe de protestation contre cette nouvelle éructation du Chambellan aux Balances.
Les fidèles de Sa Cynique Malfaisance étaient récompensés. Tel ou telle se voyait attribuer une charge honorifique fort bien rétribuée. Ainsi en alla-t-il pour la duchesse du Noirgond, bien que des députés se fussent en majorité opposés à sa nomination. Par la grâce du Roy, cette aimable courtisane obtint le titre fort convoité de présidente de la Commission des Combustibles. Quand l’hiver viendrait, Madame du Noirgond servirait à merveille les desseins de son suzerain. Les Riens et les Riennes devaient se préparer à claquer des dents.
Notre Immoral Jouvenceau avait mis le pays en émoi. Le Prince héritier du royaume de l’Arabie, que le Gotha appelait fort simplement M' Bey Hesse, avait annoncé sa visite. Ce prince était connu pour sa cruauté. Les habitants du royaume voisin du sien avaient été impitoyablement réduits en miettes par ses canons.
Il avait fait hacher menu tous ceux qui n’avaient point l’heur de lui plaire. Un pamphlétaire avait ainsi perdu sa pauvre vie dans l’ambassade où il avait vainement tenté de trouver refuge. Il en allait de même avec les androgames, férocement pourchassés et décapités. Le prince possédait dans notre pays un château des plus somptueux, où il s’était établi avec sa nombreuse suite. Le Grand Econome, le baron de l’Amer, était allé l’accueillir avec tous les honneurs de la Startupenéchionne à sa descente de son aéroplane.
Ce fut ensuite le Roy qui le reçut avec force bisouilleries et autres tendresse au Château. Un souper des plus fins fut servi dans les plus belles porcelaines. Dans les chaumières, on ne manqua de s’interroger et de s’inquiéter pour les Mignons du Roy, les petits ducs de l’Attelle et des Hospices. On les fustigea tout en même temps. On ne les avait point entendu protester du sort qui était réservé à leurs semblables dans le royaume de l’Arabie. Son Obséquieuse Bonimenterie était fort colère, s’offusquant de ce que ces maudits Insoumis osassent se répandre en récriminations contre son cousin le prince. Il convenait tout au contraire de se féliciter de ces bonnes relations, qu’on s’était promis d’entretenir. Il en allait des intérêts bien compris des deux royaumes, et de leurs souverains.
Là-dessus, Notre Fieffé Colonialiste s’envola dans son aéroplane pour la lointaine et mystérieuse Afrique. Il y rencontra les souverains de ces pays, qu’il considérait comme ses vassaux et leur administra une de ces leçons qu’il affectionnait tant. « On doit aider à réguler les sujets de corruption qui sont un fléau pour le continent africain » plaida Sa Morgueuse Suffisance auprès du vieux souverain du royaume du Kameroune, lequel par bonheur était sourd comme un pot. A moins qu’il ne feignît de l’être pour ne point avoir à supporter l’outrage.
Ainsi en allait-il au Royaume du Grand-Cul-par-dessus-Tête, au mitan de l’été. La terre craquelait sous l’impitoyable sécheresse.
La journée du Quatre Août de l'an de disgrâce vingt-deux s'acheva en apothéose : le duc du Troudebalkini fut élargi. Il croupissait dans une méchante geôle. La justice ayant à lui reprocher d'avoir confondu ses intérêts avec la chose publique et vice-versa, on l'avait condamné à cinq années d'emprisonnement. Dans sa bonne ville de Le Valet, on se préparait à des libations.
Texte Julie d'Aiglemont
Illustration Bridget Jaune
Vladimir de Volog- Vénérable
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Date d'inscription : 22/01/2018
Localisation : Nouvelle Aquitaine
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