Présidentielle 2027: la clairvoyance de la députée LFI Garrido

par **Jean-Louis de Toqueville** Sam 4 Nov 2023 - 17:50

Dans le JDD, Raquel Garrido a déclaré que les Français ne sont pas prêts à élire « quelqu’un qui est immigré ». La députée insoumise juge que la xénophobie imprègne trop l’état d’esprit des Français pour qu’ils puissent placer un immigré à la tête du pays.

Interrogée sur sa potentielle candidature à l’Élysée, la députée Garrido ne s’inclut pas sur cette liste de successeurs présidentiables. « Je ne pense pas que la France soit prête à mettre à l’Élysée quelqu’un qui est immigré », a-t-elle déclaré jeudi sur le plateau de BFMTV, avant de s’épancher sur son parcours personnel.

Je suis complètement de son avis et elle a le courage d'énoncer une cruelle vérité. Le corps social français n'est pas unanime sur ces questions. Elle aurait pu même ajouter qu'être femme pour une telle candidature n'est pas nécessairement un avantage. Si l'on poursuit dans l'examen des défauts de présentation, voire des tares que peuvent avoir les candidats, se positionner sur un parti ou des idées non conformistes (extrêmes... gauche notamment en ce moment) est également un boulet; l'inverse (lisse, conformiste, être un peu de droite et un peu de gauche) est plutôt un avantage.

L'âge semble aussi être un handicap: on pourra reprocher un manque d'expérience à un très jeune candidat, de même qu'un âge avancé, voire très avancé (tel Mélenchon) est un handicap, l'opinion intégrant que la fonction présidentielle exige disponibilité, grande forme physique et absence de déficience cognitive.

Et comme tout peut être pris en compte par un corps électoral par nature versatile, d'autant qu'une bonne partie de ses composantes n'a pas des idées politiques tout à fait arrêtées, ni sur le parti, ni sur le candidat, l'élégance et le paraître des candidats peuvent influencer les électeurs, outre l'éloquence verbale. On sait par exemple que Lecanuet était le chouchou de ces dames. Chirac et Mitterrand ont aussi intéressé les dames....

Pour rejoindre ce qu'a dit Garrido, je ne pense pas qu'un homme comme Barak Obama aurait pu être élu en France, en dépit de sa classe, de son élégance et du fait qu'il était un homme exceptionnel, brillant et visionnaire, qui a marqué son époque et la présidence des États-Unis du temps de son magistère. Et c'est là que l'on voit l'un des effets pernicieux d'une forme de racisme, la circonstance qu'un homme de ce talent et de ce calibre puisse, par le jeu délétère de la démocratie populaire, être écarté pour une futile et dérisoire question de couleur de peau ! Expliquer cet exemple fictif aux racistes avec une pédagogie adaptée pourrait être élevé au rang d'une "ardente obligation", comme l'avait dit en son temps Michel Rocard pour le plan.
Les électeurs français n'auraient certes pas massivement repoussé un tel homme, mais il aurait peut-être manqué de voix dans le sprint final pour l'emporter. Je ne forme là qu'une hypothèse qu'on peut ne pas partager.

Sur un registre comparable et en dépit des progrès considérables faits en France sur la mixité, une candidate femme ne semble pas être nécessairement un avantage. On a certes eu deux Premières ministres en France, toutes deux brillantes (heuuu... surtout la seconde...), mais elles n'ont pas été élues, simplement nommées, ce qui n'est pas du tout la même chose.

Et pour conclure, quel parti ou coalition dont le candidat(e) serait susceptible d'emporter une telle élection a-t-il eu le courage de soutenir au nom de son organisation un candidat(e) a priori marqué par l'un de ces petits inconvénients ? Je n'en vois guère, sauf s'il s'agit d'une femme de grande qualité, auquel cas sa féminité sera un avantage. Je pense à Simone Veil ou éventuellement, mais sur un registre différent, à Christine Lagarde.

Bien sûr, le PS et LR ont présenté chacun une femme en 2022, mais ces partis savaient bien que leurs candidates n'étaient pas en position éligible. Certes, il y a eu Ségolène Royal en 2007, mais son propre parti ne l'a guère soutenue....A l'inverse, par le passé, les grands partis n'ont jamais sélectionné de femmes pour les représenter à l'élection présidentielle, à l'exception notable du FN/RN, pour raison familiale...

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