la femme musulmane
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la femme musulmane
Depuis les années 90, dans le monde arabo-musulman des femmes et des hommes se mobilisent contre les meurtres accomplis par les familles contre les femmes soupçonnées d’avoir eu une conduite immorale entachant l’honneur du clan. Nombre de médias, en particulier au Moyen-Orient, se sont fait l’écho d’une manifestation qui a rassemblé, le 7 mai 2005, à Ramallah en Cisjordanie, environ trois cents personnes demandant au Conseil législatif palestinien la promulgation et l’application d’une loi protégeant les femmes [1]
[1]
En Jordanie, une campagne avait été lancée durant…. Cette manifestation faisait suite à une escalade de ce type de meurtres en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, six cas avaient, en effet, été répertoriés, ainsi que trois tentatives entre février et mai dont quatre meurtres commis d’avril à mai. Depuis, là comme ailleurs, ces crimes d’honneur continuent de se perpétrer. Et le 13 septembre 2005, le WCLAC (Centre pour l’aide légale et le conseil aux femmes) a lancé un appel pour la protection des droits des femmes, en réaction, entre autres, au meurtre.
2Le 31 août 2005, Hiyam Mohammad Ali, 29 ans, enceinte de sept mois, est empoisonnée par sa famille. Combien de femmes sont tuées chaque année au nom de l’honneur ? Il n’existe pas de statistiques fiables, car ces décès peuvent être déclarés comme des “suicides” ou des accidents avec la complicité de la communauté. En outre, certaines femmes, victimes de harcèlement moral, sont poussées à mettre fin à leurs jours.
3Nous pouvons toutefois apporter quelques indications. Selon le WCLAC, qui s’appuie sur des sources policières, en 2002, 31 cas de “crimes d’honneur” auraient été recensés dans les Territoires palestiniens. Entre 2002 et 2004, on en dénombrerait 21 dans la seule bande de Gaza (Lire aussi l’article d’Islah Jad, dans ce numéro, pour les années 1988- 1993).
4La crispation sur le comportement sexuel des femmes doit être appréhendée à la lumière des contextes spécifiques à chaque pays. Or, au Moyen-Orient, ces crimes ont tendance à diminuer, ce qui n’est pas le cas chez les Palestiniens. Il ne faut pas oublier qu’ils s’inscrivent dans le contexte de l’occupation, et de la seconde Intifada [2]
[2]
Cet article s’appuie sur une recherche réalisée en vue de….
Les crimes dits “d’honneur”, assujettissement des femmes
5Les espaces géographiques arabes et musulmans ne sont pas les seuls où ces crimes sont en usage, par le fait qu’on y est particulièrement sensible à un honneur qui s’arrime à la “bonne conduite” des femmes. Ils sont fréquents en Jordanie, au Liban, en Égypte, en Syrie, en Irak, dans les Territoires palestiniens, au Pakistan, en Afghanistan, en Iran, en Turquie, au Maghreb… Ils ont cours également dans des pays d’Afrique noire, en Inde, au Bangladesh… Les organisations de droits de l’homme et de défense des femmes les dénoncent également au Pérou, au Brésil, en Argentine… et partout où, dans les pays occidentaux, des personnes issues de ces cultures reproduisent cette coutume. En décembre 2004, lors de la conférence de Stockholm, l’ONU avançait le chiffre de 5000 femmes victimes de crimes d’honneur chaque année dans le monde.
6Sans détailler les aspects juridiques prévalant dans les pays concernés, mentionnons que ces homicides sont souvent entérinés par des articles de lois accordant aux meurtriers des circonstances atténuantes, en raison du déshonneur qu’ils ont subi.
7Si la sexualité des femmes est effectivement garante de l’honneur masculin, le code de l’honneur se décline différemment selon les pays, les régions, les zones de résidence, les milieux sociaux. Ainsi, une femme peut être tuée à cause d’une rumeur, parce qu’un courrier intercepté laisse supposer une relation illicite ou une simple attirance. Un regard furtif peut être interprété comme une invitation, un coup de téléphone jugé suspect. Dire simplement bonjour à quelqu’un peut même susciter des soupçons. Une tenue estimée incorrecte, un maquillage trop appuyé, peuvent entraîner la mort. L’opposition à un mariage arrangé peut également provoquer la disparition de celle qui, par son refus, déshonore sa famille en l’obligeant à revenir sur sa parole. En cas de viol, c’est bien souvent la victime qui perd la vie, assassinée par l’un de ses parents.
8Le meurtrier est le plus souvent un homme, habituellement un frère, il peut être un membre quelconque de la famille. Il arrive qu’une mère tue sa propre fille. Le meurtrier peut être le violeur même.
Ordre social et ordre religieux
9Ces crimes relèvent de règles de conduites traditionnelles entre les sexes. Elles sont significatives de systèmes sociaux où l’honneur de l’homme, de sa famille, de sa com
[1]
En Jordanie, une campagne avait été lancée durant…. Cette manifestation faisait suite à une escalade de ce type de meurtres en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, six cas avaient, en effet, été répertoriés, ainsi que trois tentatives entre février et mai dont quatre meurtres commis d’avril à mai. Depuis, là comme ailleurs, ces crimes d’honneur continuent de se perpétrer. Et le 13 septembre 2005, le WCLAC (Centre pour l’aide légale et le conseil aux femmes) a lancé un appel pour la protection des droits des femmes, en réaction, entre autres, au meurtre.
2Le 31 août 2005, Hiyam Mohammad Ali, 29 ans, enceinte de sept mois, est empoisonnée par sa famille. Combien de femmes sont tuées chaque année au nom de l’honneur ? Il n’existe pas de statistiques fiables, car ces décès peuvent être déclarés comme des “suicides” ou des accidents avec la complicité de la communauté. En outre, certaines femmes, victimes de harcèlement moral, sont poussées à mettre fin à leurs jours.
3Nous pouvons toutefois apporter quelques indications. Selon le WCLAC, qui s’appuie sur des sources policières, en 2002, 31 cas de “crimes d’honneur” auraient été recensés dans les Territoires palestiniens. Entre 2002 et 2004, on en dénombrerait 21 dans la seule bande de Gaza (Lire aussi l’article d’Islah Jad, dans ce numéro, pour les années 1988- 1993).
4La crispation sur le comportement sexuel des femmes doit être appréhendée à la lumière des contextes spécifiques à chaque pays. Or, au Moyen-Orient, ces crimes ont tendance à diminuer, ce qui n’est pas le cas chez les Palestiniens. Il ne faut pas oublier qu’ils s’inscrivent dans le contexte de l’occupation, et de la seconde Intifada [2]
[2]
Cet article s’appuie sur une recherche réalisée en vue de….
Les crimes dits “d’honneur”, assujettissement des femmes
5Les espaces géographiques arabes et musulmans ne sont pas les seuls où ces crimes sont en usage, par le fait qu’on y est particulièrement sensible à un honneur qui s’arrime à la “bonne conduite” des femmes. Ils sont fréquents en Jordanie, au Liban, en Égypte, en Syrie, en Irak, dans les Territoires palestiniens, au Pakistan, en Afghanistan, en Iran, en Turquie, au Maghreb… Ils ont cours également dans des pays d’Afrique noire, en Inde, au Bangladesh… Les organisations de droits de l’homme et de défense des femmes les dénoncent également au Pérou, au Brésil, en Argentine… et partout où, dans les pays occidentaux, des personnes issues de ces cultures reproduisent cette coutume. En décembre 2004, lors de la conférence de Stockholm, l’ONU avançait le chiffre de 5000 femmes victimes de crimes d’honneur chaque année dans le monde.
6Sans détailler les aspects juridiques prévalant dans les pays concernés, mentionnons que ces homicides sont souvent entérinés par des articles de lois accordant aux meurtriers des circonstances atténuantes, en raison du déshonneur qu’ils ont subi.
7Si la sexualité des femmes est effectivement garante de l’honneur masculin, le code de l’honneur se décline différemment selon les pays, les régions, les zones de résidence, les milieux sociaux. Ainsi, une femme peut être tuée à cause d’une rumeur, parce qu’un courrier intercepté laisse supposer une relation illicite ou une simple attirance. Un regard furtif peut être interprété comme une invitation, un coup de téléphone jugé suspect. Dire simplement bonjour à quelqu’un peut même susciter des soupçons. Une tenue estimée incorrecte, un maquillage trop appuyé, peuvent entraîner la mort. L’opposition à un mariage arrangé peut également provoquer la disparition de celle qui, par son refus, déshonore sa famille en l’obligeant à revenir sur sa parole. En cas de viol, c’est bien souvent la victime qui perd la vie, assassinée par l’un de ses parents.
8Le meurtrier est le plus souvent un homme, habituellement un frère, il peut être un membre quelconque de la famille. Il arrive qu’une mère tue sa propre fille. Le meurtrier peut être le violeur même.
Ordre social et ordre religieux
9Ces crimes relèvent de règles de conduites traditionnelles entre les sexes. Elles sont significatives de systèmes sociaux où l’honneur de l’homme, de sa famille, de sa com
lamtini- Postulant
- Messages : 260
Date d'inscription : 22/05/2023
Re: la femme musulmane
Le meurtrier est le plus souvent un homme, habituellement un frère, il peut être un membre quelconque de la famille. Il arrive qu’une mère tue sa propre fille. Le meurtrier peut être le violeur même.
Ordre social et ordre religieux
9Ces crimes relèvent de règles de conduites traditionnelles entre les sexes. Elles sont significatives de systèmes sociaux où l’honneur de l’homme, de sa famille, de sa communauté est une valeur centrale, quasi sacrée, d’autant que des références religieuses restreignent la liberté sexuelle, a fortiori celle des femmes. Et ceci, en particulier dans des pays où la pratique religieuse, chrétienne ou musulmane, est largement suivie, au sein de sociétés néopatriarcales dans lesquelles la suprématie masculine demeure une prérogative ; les préceptes religieux répondent à la préoccupation de pouvoir répondre avec certitude de la filiation paternelle.
10Les principes chrétiens confortent ce système social, dans la mesure où, dans cette religion, l’acte sexuel ne se conçoit qu’au sein du mariage. Catholiques et orthodoxes voient dans le mariage un sacrement ; les protestants le considèrent comme un engagement solennel nécessitant la bénédiction de Dieu. L’homme quitte ses parents et s’attache à une femme afin qu’ils s’unissent en une seule chair. Cette loi, stipulée dans la Genèse (2, 24), est réaffirmée dans le Nouveau Testament, et plus précisément dans les évangiles de Matthieu (19,5) et de Marc (10, 7-8). L’acte sexuel est en premier lieu lié à la fonction reproductrice : sa finalité concerne la constitution d’une famille, comme l’indique le verset 1, 28 de la Genèse : “Soyez féconds”. En dehors du mariage, l’acte sexuel est considéré comme un péché.
11C’est à la femme, surtout, qu’il incombe de respecter le “plan de Dieu”, sans doute afin que l’homme puisse avoir la certitude de sa paternité. En outre, pèse sur Eve le poids de la “Chute”, le “péché originel”, dans la mesure où elle a entraîné Adam à désobéir à Dieu.
12Dans la religion musulmane, le mariage n’est pas un sacrement. Il n’en demeure pas moins que le respect de l’islam exige une conduite honorable sur le plan sexuel. Le plaisir sexuel est valorisé comme l’avant-goût du paradis, et la jouissance conçue comme une voie d’accès au divin. Mais toute relation sexuelle en dehors du mariage est un acte illicite, un acte de débauche, nommé zinâ. Cela concerne autant l’adultère que l’amour prénuptial, et par extension tous les comportements jugés indécents, illicites et donc sanctionnables.
13Dans La Sexualité en Islam, Abdelwahab Bouhdiba explique que très tôt dans la civilisation islamique, le désir masculin prime et s’impose. Il démontre que, dans ce contexte, la sexualité se caractérise par une forme de “misogynie”, “car la société arabo-musulmane est restée largement encore andrôlatre dans son essence et dans ses apparences, dans ses structures profondes, comme dans ses manifestations superficielles. Dans le meilleur des cas, la femme est perçue comme un être d’appoint [3]
[3]
Abdelwahab Bouhdiba, La Sexualité en Islam, Paris, PUF, 1998,…”.
14Rappelons que, dans les récits religieux des trois monothéismes, la femme ayant été créée après l’homme, elle lui est subordonnée, ce qui peut contribuer à lui imposer des restrictions plus strictes sur sa sexualité : une manière d’assurer la domination de l’homme !
Sacralisation de la virginité
15On peut même affirmer que l’impensé de la sexualité féminine hors du mariage, et en particulier avant l’union nuptiale, s’apparente à un tabou dans le sens défini par Roger Caillois : “Le tabou se présente comme un impératif catégorique négatif. Il consiste toujours en une défense, jamais en une prescription… On ne doit pas l’enfreindre pour la seule et unique raison qu’il est la loi et qu’il définit absolument ce qui est permis et ce qui ne l’est pas... [4]
[4]
Roger Caillois, L’Homme et le Sacré, Paris, Gallimard, 1950,…” Ainsi une femme ne peut pas assouvir librement sa sexualité sans mettre en grand danger sa propre personne et la société. La transgression porte atteinte à la famille, salie et donc “contaminée” par cet acte, donc déshonorée.
16Le crime d’honneur vise donc à sauver l’honneur de la famille, à la “décontaminer”, mais la “décontamination” est rarement achevée : il reste difficile pour les soeurs célibataires de se marier, par exemple. Cette solution est néanmoins bien souvent la seule à être envisagée. Le divorce, la répudiation même, ne constitueraient pas une réaction suffisamment honorable. Le meurtre rituel est bien un sacrifice expiatoire. Il lave la faute, évite la propagation des “mauvaises” conduites. Là où se pratiquent les crimes d’honneur, on assiste à une sorte de sacralisation de la virginité des femmes assimilée à la pureté. Aussi, si les femmes soupçonnées d’adultère sont en danger, les jeunes filles, quant à elles, font l’objet d’une préoccupation particulière.
17Chez les chrétiens, la valorisation de la “pureté-virginité” des filles trouve son origine dans la conception même de Jésus en dehors du tout rapport sexuel et le mythe persistant de Marie toujours vierge, en dépit du fait que nombre d’exégètes s’accordent à dire qu’elle a eu d’autres enfants conçus charnellement.
18Dans la religion musulmane, la virginité des femmes correspond à un idéal de jouissance masculine. En effet, dans la représentation du jana, du paradis, qui attend les hommes, des houris, vierges éternelles, sont à leur disposition.
19Les femmes sont les gardiennes passives de leur propre virginité.
20L’homme a un rôle actif, protégeant ce qui est d’abord la “propriété” de la famille, qui ne doit pas perdre de sa valeur, car la famille perdrait alors sa renommée. De plus, la femme priverait son époux de ce qu’elle lui doit. Avec la question de la virginité, il apparaît qu’une partie intime de son corps, l’hymen, est le bien intangible de l’époux, seul en droit de le déflorer.
L’honneur dans la tradition arabo-musulmane
21Les interprétations des livres saints incitant à une vigilance quant à la conduite sexuelle des femmes, conjuguées avec la notion d’honneur communautaire, conduisent à appréhender les crimes d’honneur à la lumière de traditions patriarcales.
22Dans les sociétés arabo-musulmanes, l’honneur structure les rapports so
Ordre social et ordre religieux
9Ces crimes relèvent de règles de conduites traditionnelles entre les sexes. Elles sont significatives de systèmes sociaux où l’honneur de l’homme, de sa famille, de sa communauté est une valeur centrale, quasi sacrée, d’autant que des références religieuses restreignent la liberté sexuelle, a fortiori celle des femmes. Et ceci, en particulier dans des pays où la pratique religieuse, chrétienne ou musulmane, est largement suivie, au sein de sociétés néopatriarcales dans lesquelles la suprématie masculine demeure une prérogative ; les préceptes religieux répondent à la préoccupation de pouvoir répondre avec certitude de la filiation paternelle.
10Les principes chrétiens confortent ce système social, dans la mesure où, dans cette religion, l’acte sexuel ne se conçoit qu’au sein du mariage. Catholiques et orthodoxes voient dans le mariage un sacrement ; les protestants le considèrent comme un engagement solennel nécessitant la bénédiction de Dieu. L’homme quitte ses parents et s’attache à une femme afin qu’ils s’unissent en une seule chair. Cette loi, stipulée dans la Genèse (2, 24), est réaffirmée dans le Nouveau Testament, et plus précisément dans les évangiles de Matthieu (19,5) et de Marc (10, 7-8). L’acte sexuel est en premier lieu lié à la fonction reproductrice : sa finalité concerne la constitution d’une famille, comme l’indique le verset 1, 28 de la Genèse : “Soyez féconds”. En dehors du mariage, l’acte sexuel est considéré comme un péché.
11C’est à la femme, surtout, qu’il incombe de respecter le “plan de Dieu”, sans doute afin que l’homme puisse avoir la certitude de sa paternité. En outre, pèse sur Eve le poids de la “Chute”, le “péché originel”, dans la mesure où elle a entraîné Adam à désobéir à Dieu.
12Dans la religion musulmane, le mariage n’est pas un sacrement. Il n’en demeure pas moins que le respect de l’islam exige une conduite honorable sur le plan sexuel. Le plaisir sexuel est valorisé comme l’avant-goût du paradis, et la jouissance conçue comme une voie d’accès au divin. Mais toute relation sexuelle en dehors du mariage est un acte illicite, un acte de débauche, nommé zinâ. Cela concerne autant l’adultère que l’amour prénuptial, et par extension tous les comportements jugés indécents, illicites et donc sanctionnables.
13Dans La Sexualité en Islam, Abdelwahab Bouhdiba explique que très tôt dans la civilisation islamique, le désir masculin prime et s’impose. Il démontre que, dans ce contexte, la sexualité se caractérise par une forme de “misogynie”, “car la société arabo-musulmane est restée largement encore andrôlatre dans son essence et dans ses apparences, dans ses structures profondes, comme dans ses manifestations superficielles. Dans le meilleur des cas, la femme est perçue comme un être d’appoint [3]
[3]
Abdelwahab Bouhdiba, La Sexualité en Islam, Paris, PUF, 1998,…”.
14Rappelons que, dans les récits religieux des trois monothéismes, la femme ayant été créée après l’homme, elle lui est subordonnée, ce qui peut contribuer à lui imposer des restrictions plus strictes sur sa sexualité : une manière d’assurer la domination de l’homme !
Sacralisation de la virginité
15On peut même affirmer que l’impensé de la sexualité féminine hors du mariage, et en particulier avant l’union nuptiale, s’apparente à un tabou dans le sens défini par Roger Caillois : “Le tabou se présente comme un impératif catégorique négatif. Il consiste toujours en une défense, jamais en une prescription… On ne doit pas l’enfreindre pour la seule et unique raison qu’il est la loi et qu’il définit absolument ce qui est permis et ce qui ne l’est pas... [4]
[4]
Roger Caillois, L’Homme et le Sacré, Paris, Gallimard, 1950,…” Ainsi une femme ne peut pas assouvir librement sa sexualité sans mettre en grand danger sa propre personne et la société. La transgression porte atteinte à la famille, salie et donc “contaminée” par cet acte, donc déshonorée.
16Le crime d’honneur vise donc à sauver l’honneur de la famille, à la “décontaminer”, mais la “décontamination” est rarement achevée : il reste difficile pour les soeurs célibataires de se marier, par exemple. Cette solution est néanmoins bien souvent la seule à être envisagée. Le divorce, la répudiation même, ne constitueraient pas une réaction suffisamment honorable. Le meurtre rituel est bien un sacrifice expiatoire. Il lave la faute, évite la propagation des “mauvaises” conduites. Là où se pratiquent les crimes d’honneur, on assiste à une sorte de sacralisation de la virginité des femmes assimilée à la pureté. Aussi, si les femmes soupçonnées d’adultère sont en danger, les jeunes filles, quant à elles, font l’objet d’une préoccupation particulière.
17Chez les chrétiens, la valorisation de la “pureté-virginité” des filles trouve son origine dans la conception même de Jésus en dehors du tout rapport sexuel et le mythe persistant de Marie toujours vierge, en dépit du fait que nombre d’exégètes s’accordent à dire qu’elle a eu d’autres enfants conçus charnellement.
18Dans la religion musulmane, la virginité des femmes correspond à un idéal de jouissance masculine. En effet, dans la représentation du jana, du paradis, qui attend les hommes, des houris, vierges éternelles, sont à leur disposition.
19Les femmes sont les gardiennes passives de leur propre virginité.
20L’homme a un rôle actif, protégeant ce qui est d’abord la “propriété” de la famille, qui ne doit pas perdre de sa valeur, car la famille perdrait alors sa renommée. De plus, la femme priverait son époux de ce qu’elle lui doit. Avec la question de la virginité, il apparaît qu’une partie intime de son corps, l’hymen, est le bien intangible de l’époux, seul en droit de le déflorer.
L’honneur dans la tradition arabo-musulmane
21Les interprétations des livres saints incitant à une vigilance quant à la conduite sexuelle des femmes, conjuguées avec la notion d’honneur communautaire, conduisent à appréhender les crimes d’honneur à la lumière de traditions patriarcales.
22Dans les sociétés arabo-musulmanes, l’honneur structure les rapports so
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